XXI Magguid – Lois concernant le récit de la sortie d’Egypte (18§)
1) [2–כא-א] C’est un commandement positif de la Torah de raconter la sortie d’Egypte le premier soir de Pessa’h comme il est écrit (Exode Ch. 13 v3) :
זָכוֹר אֶת-הַיּוֹם הַזֶּה אֲשֶׁר יְצָאתֶם מִמִּצְרַיִם
Qu’on se souvienne de ce jour où vous êtes sortis d’Égypte.
D’où sait on qu’il s’agit du soir du 15 Nissan ? Comme il est écrit au verset 8 :
וְהִגַּדְתָּ לְבִנְךָ, בַּיּוֹם הַהוּא לֵאמֹר: בַּעֲבוּר זֶה, עָשָׂה ה׳ לִי, בְּצֵאתִי, מִמִּצְרָיִם
Tu donneras alors cette explication à ton fils: C’est dans cette vue que l’Éternel a agi en ma faveur, quand je sortis de l’Égypte
Les sages ont expliqué que «dans cette vue » se rapporte au moment où la Matsa et le Maror sont posés devant soi, et que toute personne qui prolonge (augmente) le récit de la sortie d’Egypte est digne de louanges.
2) [2–כא-ב] L’essentiel dans le récit de la sortie d’Egypte est de le raconter à ses fils qui n’ont pas encore atteint l’âge des Mitsvoth (moins de treize ans), et ce dès qu’ils connaissent et comprennent le récit de la sortie d’Egypte.
Même s’ils ne savent pas questionner par eux même, on leur enseignera selon leurs capacités. Le fils est prioritaire sur tout autre dans le cadre de cette Mitsva. Il est bon d’enseigner également à ses filles le récit de la sortie d’Egypte et de même il y a une Mitsva à enseigner le récit de la sortie d’Egypte à ses petits-fils ; plus on est proche familialement plus on est prioritaire.
Malgré tout, celui qui n’a pas d’enfants ou de petits-enfants a une Mitsva de raconter la sortie d’Egypte aux personnes attablées chez lui. Et même si quelqu’un est seul il doit raconter le récit de la sortie d’Egypte.
3) [2–כא-ג] Les sages ont institué l’ordre du récit de la sortie d’Egypte dans la Haggadah. Chacun est tenu de dire toute la Haggadah.
C’est une Mitsva de rajouter et raconter avec les midrashim et les belles explications sur la Haggadah de Pessah. Même si toute la maisonnée est constituée de sages et de personnes fins connaisseurs du récit de la sortie d’Egypte, c’est une Mitsva pour eux de rajouter des commentaires à leurs connaissances, chacun selon ses capacités (intellectuelles/connaissances).
Certains ont l’habitude qu’une personne lise la Haggadah à voix haute et que les autres écoutent et se rendent quitte par sa lecture ou lisent en même temps que lui à voix basse, afin de se concentrer sur sa lecture. D’autres ont l’habitude que tous lisent ensemble la Haggadah à voix haute. D’autres ont l’habitude que chacun à son tour lise un passage à voix haute et les autres lisent à voix basse. Chacun fera selon son usage.
4) [2–כא-ד] On dira toute la Haggadah avec joie et flamme. Les sages nous enseignent dans le Zohar Haqqadosh (Parashath Bo, page 40b) :
- Toute personne qui raconte la sortie d’Egypte et se réjouit de ce récit, se prépare à se réjouir avec la Shékhina (la présence divine) dans le monde futur. Le Saint béni Soit-Il, se réjouit de ce récit, et à ce moment rassemble toute la cour céleste et leur dit : «partez écouter le récit à Mon éloge que Mes fils racontent ; et ils se réjouissent de leur délivrance ». Toute la cour céleste se rassemble et se joint aux enfants d’Israël et écoute le récit d’éloge du Saint béni soit-Il et la joie ressentie par les enfants d’Israël à propos la délivrance faite par l’Eternel. Ensuite, toute la cour céleste retourne et ils reconnaissent devant l’Eternel tous les miracles et les puissances démontrées et lui sont reconnaissants à propos de ce peuple saint que le Saint béni soit-Il possède ici-bas, qui se réjouit de la délivrance que lui a donnée l’Eternel …. »
En conséquence, tout homme doit se renforcer dans le récit de la sortie d’Egypte, selon les possibilités qu’Hashem lui a données, et il ne doit pas aller rapidement dans la Haggadah afin de la terminer (disons de s’en débarrasser) et à plus forte raison ne doit il pas avaler des mots et des lettres (car on dit « celui qui avale la Matsa est quitte de son obligation ; celui qui avale la Haggadah n’est pas quitte de son obligation »…).
Malgré tout il ne faudra pas prolonger la Haggadah et le récit de la sortie d’Egypte, avant le repas, plus que de raison afin de pouvoir terminer le Hallel (louanges) qui est dit après le repas, avant la moitié de la nuit et afin que ses enfants petits (en bas âge mais qui comprennent le récit de la sortie d’Egypte) restent réveillés au moment où on mange la Matsa et le Maror.
Si quelqu’un désire poursuivre le récit de la sortie d’Egypte après avoir dit le Hallel (dit après la fin du repas) et même toute la nuit, il est digne de louanges.
5) [2–כא-ה] Les femmes sont tenues, par la Torah, de faire le récit de la sortie d’Egypte le soir de Pessa’h autant que les hommes. En conséquence elles peuvent rendre quitte les hommes, par le récit qu’elles font.
6) [2–כא-ו] Celui qui n’a pas de Matsa ou de Maror est tout de même tenu de raconter la sortie d’Egypte le soir de Pessa’h car il s’agit de Mitsvoth indépendantes et si on ne peut faire l’une cela n’empêche pas de faire l’autre.
7) [2–כא-ז] Il est interdit de s’interrompre en parlant pendant le récit de la sortie d’Egypte (pour parler d’autre chose). Malgré tout, s’il y a un grand besoin, on peut parler (d’autre chose). Il est bon d’être sévère et ne pas manger ou fumer au milieu de la Haggadah ou pendant le Hallel.
8) [2–כא-ח] A priori, il faut terminer de dire la Haggadah avant la moitié de la nuit ; cependant si quelqu’un a eu un empêchement et n’a pu terminer avant la moitié de la nuit il la dira (continuera) après la moitié de la nuit.
Il terminera la bénédiction à la fin de la Haggadah (Asher Guéalanou végaal avoténou) en disant (malgré tout) le nom Divin.
9) [2–כא-ט] Avant de faire le récit de la Haggadah, on lève le plateau dans lequel sont les Matsoth et les autres Mitsvoth du soir de Pessa’h et on dit « Ha la’hma ânia » et « Ma Nishtana » et ensuite on demande d’enlever le plateau de la table comme si on avait fini de manger afin que les enfants voient (cette étrangeté) et posent des questions.
Ainsi ils sauront qu’on n’a pas le droit de manger avant d’avoir fini le récit de la sortie d’Egypte. Certains ont l’habitude de ne pas enlever le plateau mais juste demandent de l’enlever.
10) [2–כא-י] Après avoir dit « Ma Nishtana » on (lui) remplit le second verre afin que les enfants posent la question « pourquoi boit-on un second verre avant le repas ? » (contrairement à d’habitude où après le Qiddoush on se lave immédiatement les mains et on consomme le pain).
Le fils questionne avec « Ma nishtana » [Qu’est ce qui différencie ?] ; si on n’a pas d’enfant, l’épouse questionnera ; s’il est seul il se posera la question à lui-même.
Même les sages (en Torah) se poseront l’un à l’autre la question « Ma nishtana ». On doit poser les quatre questions. Si on ne pose qu’une question, on n’est pas quitte des autres questions.
Après que les enfants aient posé les questions, ou l’épouse, les autres personnes attablées se rendent quitte des questionnements en disant « Ma nishtana ».
11) [2–כא-יא] Après avoir dit « Ma Nishtana », on ramène le plateau dans lequel sont les Matsoth et on laisse celles-ci découvertes et on poursuit par « Âvadim Haynou » [nous fûmes esclaves] ; on peut dire la Haggadah assis ou debout.
Les décisionnaires ont une discussion pour savoir si on peut s’accouder pendant la lecture la Haggadah ; celui qui souhaite se baser sur les décisionnaires qui pensent qu’on peut s’accouder pendant la lecture de la haggadah en a le droit.
12) [2–כא-יב] Lorsqu’on dit le passage וְהִיא שֶׁעָמְדָה לַאֲבוֹתֵינוּ וְלָנוּ « C’est cette promesse qui a soutenu nos pères et nous soutient nous-mêmes » on prend la coupe de vin à la main et on recouvre les Matsoth. Et lorsqu’on finit ce passage (מַצִּילֵנוּ מִיָּדָם), on repose le verre et on découvre à nouveau les Matsoth et ce jusqu’à la fin de la Haggadah qui est lorsqu’on dit le passage לְפִיכָךְ אֲנַחְנוּ חַיָּבִים (après avoir débuté le Hallel) où on reprend le verre et on recouvre les Matsoth.
13) [2–כא-יג] Lorsqu’on dit le passage וָאֵשׁ. וְתִמְרוֹת עָשָׁן on a l’habitude de verser un peu de vin de la coupe (on ne le fera pas avec le doigt en poussant le liquide mais on penchera un peu le verre) ; on versera dans un verre cassé ou dans une assiette.
On procède de même lorsqu’on dit les dix plaies et pendant les abréviations qui sont dites après l’énoncé des dix plaies (Détsakh ….) où on verse du vin après chaque mot jusqu’à ce qu’on vide la coupe complètement.
En tout, on aura versé seize fois. Ensuite, on vide l’assiette de son vin, on rince la coupe et on la remplit une seconde fois.
14) [2–כא-יד] Lorsqu’on arrive au passage « Matsa Zou Shéana’hnou Okhélim » « Cette Matsa que nous consommons », on prend la Matsa coupée qui est dans le plateau et on la montre aux personnes attablées et ce afin de leur faire chérir cette Mitsva.
On fait de même lorsqu’on est au passage suivant « Maror Zé Shéana’hnou Okhélim » « Ces herbes amères que nous consommons ».
Par contre, lorsqu’on dit « Péssah Zé Shéana’hnou Okhélim » « Ce sacrifice Pascal que nous consommons » on ne prend pas l’épaule grillée (qui est dans le plateau) et qui est en souvenir du sacrifice Pascal, car cela apparaitrait comme si on sanctifiait cette viande pour le Sacrifice Pascal. On le montrera simplement aux autres avec la main.
15) [2–כא-טו] On peut s’asseoir lorsqu’on dit les premiers chapitres du Hallel qui sont à la fin de la Haggada ; certains ont l’habitude d’être debout. Celui qui est plus exigeant et est debout pendant cette lecture du début du Hallel, qu’il reçoive la bénédiction !
On termine par la bénédiction « Asher Guéalanou … » jusqu’à sa fin et on boit alors la seconde coupe de vin en étant accoudé du côté gauche. On ne fait pas la bénédiction « Boré, Péri Hagguéfen » avant de boire la seconde coupe. Les Ashkénazim ont le Minhagh de faire la bénédiction « Boré, Péri Hagguéfen » avant de boire la seconde coupe.
Si quelqu’un a bu cette seconde coupe sans s’accouder il devra reboire en s’accoudant (si quelqu’un n’a pas l’habitude de boire du vin pendant le repas, il est comme quelqu’un qui a détourné son attention et doit, s’il a oublié de s’accouder lorsqu’il boit la seconde coupe de vin, refaire la bénédiction « Boré, Péri Hagguéfen » avant de reboire la seconde coupe de vin).
Une femme qui a bu sans s’accouder n’a pas besoin de boire à nouveau en s’accoudant.
Après avoir bu la seconde coupe de vin, on n’a pas à faire la bénédiction faite après avoir bu du vin, car les actions de grâce faites à l’issue du repas nous rendent quitte de cette bénédiction.
16) [2–כא-טז] Celui qui n’a pas de vin fera la bénédiction à la fin de la Haggadah « Asher Guéalanou … » malgré l’absence de vin.
17) [2–כא-טז] Si le soir de Pessa’h est un vendredi soir (Shabbath) il est interdit de lire la Haggadah à la lueur d’un luminaire (bougie, veilleuse, torche …) si on ne la connaît pas bien et même si de ce fait on ne peut plus accomplir la Mitsva de lire la Haggadah, il ne faut pas être souple dans ce cas [de crainte d’essayer d’arranger la flamme].
S’il y a quelqu’un qui surveille et qui va nous rappeler de ne pas « arranger » la lumière, on a le droit d’utiliser ce luminaire. Tout ceci est vrai pour une lumière (non électrique) mais si on lit à la lumière d’une lampe électrique on en a le droit même à priori (c’est à dire qu’il n’y a strictement aucun problème de lire à la lueur d’une lumière électrique, l’interdit de lire à la lueur d’une lampe ne concerne qu’une lampe non électrique qu’on est tenté facilement d’améliorer).
18) [2–כא-יח] Une personne aveugle est tenue de dire la Haggadah le soir de Pessa’h et dit « Matsa Zou Shéana’hou Okhélim » « Cette Matsa que nous consommons », comme une personne voyante. De même un converti est tenu de dire le récit de la sortie d’Egypte et dit « Âvadim Haynou Léfarôh Bémitsraym » « Nous fûmes esclaves de Pharaon en Egypte ».