XV Lois concernant les quatre coupes de vin (14§)
1) [2–טו-א] Les Sages ont instauré de boire quatre coupes de vin le soir de Pessa’h ; ces quatre coupes sont en regard des quatre langages de délivrance utilisés pour la sortie d’Egypte (Exode Ch. 6 versets 6-7) :
- וְהוֹצֵאתִי: Je veux vous soustraire
- וְהִצַּלְתִּי: et vous délivrer
- וְגָאַלְתִּי: je vous affranchirai
- וְלָקַחְתִּי: Je vous adopterai
Les quatre coupes doivent être bues dans l’ordre dans lequel elles ont été instaurées, c’est à dire qu’il faut boire la première coupe pour le Qiddoush, la seconde sur la Haggadah, la troisième pour les actions de grâce après le repas et la quatrième sur le Hallel. Si quelqu’un a bu les quatre coupes l’une après l’autre et pas dans l’ordonnancement instauré par les sages il n’est pas quitte de son obligation (de boire les quatre coupes de vin).
L’habitude des Séfaradim et des juifs orientaux est de faire la bénédiction « Boré Péri Hagguéfen » sur la première coupe de vin et de rendre quitte, par cette bénédiction, la seconde coupe puis de refaire la bénédiction sur la troisième coupe après les actions de grâce (car les actions de grâce font interruption) et par cette bénédiction on rend quitte la quatrième coupe de vin.
Les Ashkénazim font la bénédiction « Boré Péri Hagguafen » sur chacune des quatre coupes de vin.
2) [2–טו-ב] Les femmes sont tenues de boire les quatre coupes de vin lors du Séder de Pessah et sont tenues d’accomplir toutes les Mitsvoth du soir de Pessa’h. En conséquence si un groupe de femmes souhaite faire un Séder entre femmes et qu’elles sont connaisseuses dans les lois de Pessa’h et savent faire le Séder de Pessa’h comme il faut, elles ont le droit de procéder ainsi et elles doivent faire toutes les bénédictions de la soirée Pascale et accomplir toutes les Mitsvoth du Séder de Pessa’h.
Il y a une Mitsva à donner du vin aux enfants qui sont arrivés en âge d’éducation et comprennent le récit de la sortie d’Egypte. Il n’y a aucune obligation à leur donner un Réviîth de vin (86 millilitres) ; malgré tout il est bon d’être sévère et de leur donner (au moins) 86 millilitres de jus de raisin qui ne présente aucune possibilité d’être ivre ou qui entraînerait qu’ils dorment.
C’est une Mitsva de donner aux enfants des grains grillés, des noix et des douceurs afin qu’ils ne dorment pas et qu’ils voient, ainsi, des différences avec tous les jours, ce qui entraîne qu’ils vont poser des questions.
3) [2–טו-ג] Même un pauvre qui fait l’aumône aux portes des maisons est tenu de boire les quatre coupes de vin ; il devra vendre ses vêtements ou les mettre en gage ou bien « louer ses services » pour pouvoir avoir du vin pour les quatre coupes.
S’il ne dispose que de quoi boire un seul verre de vin, il l’utilisera pour la première coupe qui est le Qiddoush.
Celui qui n’a pas du tout de vin fera le Qiddoush sur les Matsoth c’est à dire qu’il se lavera les mains en faisant la bénédiction habituelle, fera ensuite la bénédiction « Hamotsi » (à la place de Boré Péri Hagguéfen dans le Qiddoush) puis ensuite la bénédiction « Asher Ba’har Banou Mikkol âm » puis la bénédiction Shéhé’héyanou puis la bénédiction « Âl Halhilath Matsah » puis consommera la Matsa.
Ensuite, il prendra du Karpass (céleri) trempé dans de la saumure (eau salée) puis ensuite dira «Ma Nishtana et lira le reste de la Haggada jusqu’à la bénédiction « Gaal Israël » puis ensuite, il fera la bénédiction sur les herbes amères « âl akhilath maror » et consommera du Maror, puis ensuite le Korekh (c’est à dire en même temps de la Matsa et du Maror) et terminera les autres Mitsvoth du Séder de Pessa’h.
4) [2–טו-ד] Même si une personne est très dérangée en buvant du vin il faudra qu’elle se force à boire les quatre coupes de vin du soir du Séder de Pessa’h ; on peut être plus souple et boire du vin cuit ou du vin de raisins secs (même si a priori il ne faut pas prendre ce type de vin pour les quatre coupes du soir de Pessa’h, voir §7) ou du jus de raisin.
Malgré tout, si par le fait de boire les quatre coupes de vin, il y a lieu de craindre qu’une personne soit malade ou bien qu’elle soit alitée alors cette personne est exemptée de boire les quatre coupes ; elle fera le Qiddoush sur du « pain » (comme vu au § précédent pour une personne qui n’a pas de vin).
Le vin valable pour les quatre coupes
5) [2–טו-ה] y a une Mitsva d’acquérir du vin pour accomplir la Mitsva des quatre coupes ; l’habitude des Séfaradim est de prendre du vin rouge, même si le vin blanc est meilleur. Cependant si quelqu’un a du vin qui n’est pas si blanc que ça et qui est meilleur que le vin rouge il devra prendre ce vin « blanc » (du rosé par exemple).
En cas de force majeure, si on n’a pas d’autre vin on est quitte de la Mitsva avec du vin blanc.
6) [2–טו-ו] Il est permis de prendre du vin pasteurisé pour les quatre coupes, en conséquence on est quitte par les vins achetés de nos jours bien qu’ils soient pasteurisés. De même, il est permis de prendre du jus de raisin naturel pasteurisé pour les quatre coupes et même a priori, et, au contraire, si quelqu’un a peur que la consommation de vin entraîne qu’il ne pourra pas accomplir les Mitsvoth du soir de Pessah (si quelqu’un est facilement ivre ou malade par exemple) il faut donner la préférence au jus de raisin qui n’est pas alcoolisé (et ne rend pas ivre).
7) [2–טו-ז] Dans un cas de force majeure, lorsque quelqu’un n’a que du vin cuit ou du vin fait à base de raisins secs qui ont été cuits dans leur eau et qui ont été ensuite filtrés (pour ne garder que le liquide), il aura le droit de prendre un tel « vin » pour les quatre coupes de vin du soir du Seder. Par contre, du vin cuit qui est devenu très épais tellement il a été cuit, on ne peut être quitte de notre obligation par un tel vin.
Du vin qui a été fait en laissant tremper des raisins secs pendant (au moins) trois jours complets (72 heures) est préférable à du vin fait à partir de raisins secs qui ont été cuits. Il s’avère d’après ce qui vient d’être énoncé que l’ordre de préférence des vins (du meilleur au moins bien) est le suivant :
- Vin rouge ou jus de raisin rouge (même pasteurisé)
- Du vin fait à partir de raisins secs qui ont trempé dans de l’eau pendant trois jours (72 heures)
- Du vin cuit, ou du vin fait à partir de raisins secs qui ont été cuits, ou du vin blanc.
8) [2–טו-ח] Il est permis de prendre du vin fait avec des raisins de la septième année (Shéviîth) pour les quatre coupes ; il faudra faire attention à ne pas verser le vin de la septième année lorsqu’on dit les dix plaies (utiliser un autre vin) car, pour les fruits de la septième année, il est écrit « pour en consommer » (des fruits de la terre) c’est à dire pas pour en jeter.
Le verre et son volume
9) [2–טו-ט] Quatre choses ont été dites à propos du verre qui sert au Quiddoush ; il a besoin de שטיפה הדחה חי מלא les premières lettres de ces quatre mots formant le mot שׂמחה (la joie) et nous avons un signe à ce propos dans le verset (Psaumes Ch. 104 v15) וְיַיִן, יְשַׂמַּח לְבַב-אֱנוֹשׁ « et le vin réjouira le cœur de l’homme ».
Traduisons ces quatre termes (plus de précisions sont données par la suite):
- שטיפה : le verre doit être lavé
- הדחה: le verre doit être rincé
- חי: le vin doit être « Vivant = pur » [sans mélange]
- מלא: le verre doit être plein
Le lavage et le rinçage, comment faut il procéder ? On lave le verre à l’extérieur et on le rince à l’intérieur, afin qu’il soit propre et apte à ce qu’on puisse faire la bénédiction dessus. Si le verre est propre, il n’y a pas besoin, d’après la loi pure de « laver et rincer ». Malgré tout, d’après le sens profond des choses, on lave et on rince le verre même s’il est propre.
Le verre ne doit pas être « abîmé » c’est à dire qu’on n’a pas goûté du vin qui y est contenu, qui était dans le verre avant. Si on a rajouté un peu d’un autre vin dans le verre (qu’on a goûté) alors le verre de vin a été réparé de son défaut.
10) [2–טו-י] Le vin doit être « vivant» de quoi s’agit-il ? Il faut d’abord verser dans le verre le vin non mélangé (pur) et ensuite verser de l’eau ; d’après le sens mystique il faut verser de l’eau trois fois de suite.
En ce qui concerne des « vins » qui ne sont pas forts comme du jus de raisin ou du vin de raisins (comme vu plus haut) ou des vins qui sont déjà mélangés avec de l’eau, d’après la loi pure il n’est pas nécessaire de rajouter de l’eau mais malgré tout d’après le sens mystique on rajoutera trois « goutes » d’eau (l’une après l’autre) mais on ne rajoutera pas trop d’eau de crainte de ne plus avoir le gout du vin.
On a l’habitude qu’un tiers [une autre personne] remplisse le verre le soir de Pessa’h et on ne se le verse pas soi même et ce en signe de liberté.
11) [2–טו-יא] Il faut faire la bénédiction sur un verre plein; les sages ont enseigné dans le Talmoud (Bérakhoth 51a) que celui qui fait la bénédiction sur un verre plein on lui donne un héritage sans limites, comme il est écrit (Deutéronome Ch. 33 v 23)
, וּמָלֵא בִּרְכַּת ה״ ; יָם וְדָרוֹם, יְרָשָׁה.
comblé des bénédictions de l’Eternel, que le couchant et le midi soient ton héritage! »
Les sages ont également enseigné (ibidem) que celui qui fait la bénédiction sur un verre plein mérite et hérite des deux mondes, ce monde ici-bas et le monde futur.
Malgré tout, cela n’est « que » pour la Mitsva mais n’est pas éliminatoire (c’est-à-dire que si on a fait la bénédiction sur un verre qui n’est pas plein on est tout de même quitte de la Mitsva) car, dès qu’il y a dans le verre un Réviîth de vin (86.4 millilitres), ce verre est apte a être utilisé pour faire la bénédiction dessus.
12) [2–טו-יב] Il faut faire attention à avoir un verre « complet » qui ne soit ni cassé ni fêlé (ou autre) ; s’il y a sous le verre un trou (une fuite) et que le vin coule par ce trou ou cette fêlure, le verre n’est pas valable pour y faire Qiddoush et même en cas de force majeure.
13) [2–טו-יג] Le verre doit pouvoir contenir au moins un quart de Log (ce qu’on appelle Réviîth) ; ce quart de log représente 27 Dérhém (une mesure utilisée dans les pays arabes) ce qui donne environ 86 grammes ou 86 millilitres (car un Dérhém pèse 3.2 grammes soit en tout 86.4 millilitres ou grammes).
A priori, il faut boire un Réviîth (86.4 grammes) d’un seul trait, et au moins pour le Qiddoush il faut boire un Réviîth d’un seul trait (et de même pour le dernier verre afin de pouvoir faire la bénédiction après). Si cela est très difficile à quelqu’un, il lui faudra boire au minimum la majorité d’un Réviîth (c’est à dire 44 millilitres ou grammes).
Si un verre est grand et contient plus qu’un Réviîth il n’y a pas besoin de boire tout le verre même a priori, et il suffit de boire du verre un Réviîth, lorsque le Réviîth est la majorité du verre. S’il est impossible à quelqu’un de boire un Réviîth alors il boira au minimum la majorité d’un Réviîth (c’est à dire 44 millilitres ou grammes).
14) [2–טו-יד] Il faut boire la coupe de vin d’un seul trait et boire au moins la majorité d’un Réviîth d’un seul trait. Si quelqu’un a bu « avec interruption » c’est à dire qu’il a bu en deux ou trois gorgées il n’est pas quitte et il lui faut recommencer et boire la majorité d’un Réviîth d’un seul trait (pour le quatrième verre il faudra boire un Réviîth d’un seul trait sinon on ne peut pas faire la bénédiction après avoir bu).
Malgré tout, quelqu’un qui est très dérangé par le vin ou qui ne pourra pas accomplir les Mitsvot du Séder de Péssa’h [s’il boit trop de vin], a postériori, s’il a bu en plusieurs fois n’aura pas besoin de boire à nouveau.
Publié initialement le 28 mars 2015 – Mis à jour le 18 avril 2019, 13 Nissan jour de la Hiloula de notre maître Rabbi Yossef Caro – Marane Habeth Yossef
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