Torath Hamoadim
XIV Les prières de Chavouot (18§)
Les prières de Chavouot
Le soir de Chavouot
1) [2–יד-א] C’est un Minhagh [une habitude] répandu dans tout Israël que de faire les prières des jours de fêtes avec les airs, en chantant. Cela fait partie de la Mitsva de se réjouir pendant la fête.
2) [2–יד-ב] Nous avons l’habitude de dire le soir de la fête, avant la prière de Ârvith (du soir) le psaume 68 :
לַמְנַצֵּחַ לְדָוִד, מִזְמוֹר שִׁיר. ב יָקוּם אֱלֹהִים, יָפוּצוּ אוֹיְבָיו; וְיָנוּסוּ מְשַׂנְאָיו, מִפָּנָיו.
Au chef des chantres. De David. Psaume. Cantique. 2 Que Dieu se lève! Que ses ennemis se dispersent, que ceux qui le haïssent s’enfuient crevant sa face!
Ensuite nous disons le demi-Qaddish puis « Barékhou ». On ne dit pas « wéhou Ra’houm ». (Il est permis d’être assis pendant la récitation du Qaddish. C’est seulement un jour de fête qui tombe un Shabbath qu’il y a lieu d’être debout ; la fête de Chavouot ne tombe jamais un Shabbath).
Ensuite nous avons l’habitude de dire le verset « Ellé Moâdé » (Lévitique Ch. 23 v. 4)
אֵלֶּה מוֹעֲדֵי ה’, מִקְרָאֵי קֹדֶשׁ, אֲשֶׁר-תִּקְרְאוּ אֹתָם, בְּמוֹעֲדָם.
Voici les solennités de l’Éternel, convocations saintes, que vous célébrerez en leur saison.
Certains ont l’habitude de dire le verset (Lévitique Ch. 23 v. 44)
וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה, אֶת-מֹעֲדֵי ה’, אֶל-בְּנֵי, יִשְׂרָאֵל.
Et Moïse exposa les solennités de l’Éternel aux enfants d’Israël.
Le Minhagh des originaires d’Iraq est de dire les deux versets.
3) [2–יד-ג] Dans la prière du soir à l’entrée de la fête, dans la Âmida on termine la bénédiction « Atta Bé’hartanou » « Tu nous as choisis » par
ברוך אתה ה’ מקדש ישראל והזמנים
Source de bénédictions, Tu es, Ô Eternel, qui sanctifie Ysraël et les « temps ».
Si quelqu’un s’est trompé et a seulement dit מקדש ישראל (sans dire והזמנים), il est quitte.
4) [2–יד-ד] Si le soir de Chavouot est un Samedi soir (sortie de Shabbath) on dit (dans la Amida, prière debout en solitaire) « Vatodiênou » (« Tu nous as fait connaître ») dans la bénédiction « Atta Bé’hartanou » (« Tu nous as choisis »).
Si quelqu’un a oublié de le dire et s’en rend compte ensuite au milieu de la bénédiction, il reviendra en arrière (il recommencera) pour dire Vatodiénou ; s’il a débuté la bénédiction (« Baroukha Atta Hashem») même s’il n’a pas terminé la bénédiction (et n’a pas dit « Méqadesh Ysrael Véhazémanim) alors il ne reviendra pas en arrière car il va faire la Havdalla plus tard sur le verre de vin (du Quiddoush).
Une femme qui a oublié et n’a pas dit « Vatodiénou » dans la prière, devra dire avant d’allumer les lumières (de la fête) « Baroukh Hamavdil Ben Qodesh lé’hol » « Source de bénédictions, celui qui sépare entre le sacré et le profane » sans dire le nom de D.ieu ».
[Il faudra veiller à dire dans « Vatodiénou » le bon texte, comme mentionné au chapitre 13 §5 à propos du Quiddoush]
5) [2–יד-ה] Une personne qui prie le soir du jour de fête et fait la Amida (prière debout en solitaire), si lorsqu’elle arrive à Modim (« Nous reconnaissons ») elle a un doute et ne sait plus si elle a dit « Yaalé Véyavo » « que monte, parvienne » (qui se trouve au milieu de la partie « Atta Bé’hartanou » (« Tu nous as choisis ») et a poursuivi comme il faut c’est à dire qu’elle a dit « Véhassiénou » et a terminé la bénédiction comme il se doit [Méqadesh Ysrael Véhazémanim] ou bien peut-être a-t-elle poursuivi la bénédiction par « Hama’hazir shékhinato létsione » comme à Rosh Hodesh (premier jour du mois) ou à Hol Hamoêd (demi-fêtes) et il s’avèrerait alors qu’elle n’a pas terminé du tout la bénédiction « Atta Béhartanou », cette personne doit recommencer et dire « Véhassiénou » et reprendre dans l’ordre normal à partir de là.
On ne dit pas dans ce cas « on s’abstient de dire une bénédiction si on a un doute à son égard » car, dans l’ordre des choses (la grande majorité des cas), cette personne a terminé par « Hama’hazir Shékhinato Létsione » (ce qui est le plus courant) après avoir dit « Yaalé Véyavo ».
6) [2–יד-ו] Après la Âmida, l’officiant fait le « Quaddish Titqabal ». Le Minhagh des Séfaradim est de dire ensuite le psaume 122 [שִׁיר הַמַּעֲלוֹת, לְדָוִד:
שָׂמַחְתִּי, בְּאֹמְרִים לִי– בֵּית ה״ נֵלֵךְ.] puis ensuite le Quaddish « Yéhé Shélama » puis on conclut par Âlénou Léshabéya’h [Il nous appartient de louer le maître de tout »].
Prières du jour de Chavouot.
7) [2–יד-ז] Le jour de Chavouot le matin, au lever du jour, après être resté éveillé toute la nuit, on se lave les mains trois fois alternativement [une fois à droite puis à gauche, ceci trois fois de suite] de la même manière que nous nous lavons les mains tous les matins au lever (car certains décisionnaires pensent que nous nous lavons les mains au matin du fait que la nuit est passée et le matin est arrivé, et selon leurs propos, même le jour de Chavouot [alors que nous n’avons pas dormi] lorsque le matin est arrivé, il faut se laver les mains. N.B. c’est à dire que le devoir de se laver les mains, était selon eux lié à la nuit et non au fait de dormir). Malgré tout, on ne fait pas la bénédiction « Al nétilath Yadaym », mais on se lave les mains sans bénédiction (car certains décisionnaires pensent que la raison pour laquelle nous nous lavons les mains le matin est que le sommeil entraine une impureté sur les mains ou bien qu’il y a lieu de craindre que, en dormant, nous n’ayons touché des parties du corps habituellement couvertes.
Selon ces avis, puisque nous sommes restés éveillés toute la nuit, l’impureté ne peut venir sur les mains. En conséquence, pour ce qui concerne la bénédiction, il faut s’abstenir de la faire compte tenu du principe « on s’abstient de dire une bénédiction si on a un doute à son égard »).
Si quelqu’un a besoin de faire ses besoins avant de se laver les mains au matin, il fera seulement la bénédiction « Asher Yatsar ».
8) [2–יד-ח] Après s’être lavé les mains on fait les bénédictions du matin « Birkot Hasha’har » et les bénédictions sur la Torah « Birkoth Hattorah » en disant le nom de D.ieu. Même ceux qui restent éveillés toute la nuit font les bénédictions du matin en disant le nom de D.ieu. Telle est la tradition qui s’est répandue chez les Séfaradim et les juifs orientaux (et lorsqu’un Minhagh s’est propagé on ne dit pas « on s’abstient de dire une bénédiction si on a un doute à son égard »).
Cependant, les Ashkénazim ont l’habitude d’écouter les bénédictions du matin faites par quelqu’un qui a dormi la nuit [un somme fixe] ; ils répondent après chaque bénédiction « Amen » et se rendent quitte ainsi des bénédictions du matin.
9) [2–יד-ט] On ne fait les bénédictions du matin et les bénédictions sur la Torah (faites chaque matin) qu’après le lever du jour et pas avant (sauf si on a dormi dans un lit un « somme fixe », et dans ce cas on fait ces bénédictions au lever même avant le lever du jour).
Le lever du jour est une heure douze minutes, en heures proportionnelles, avant le lever du soleil. Voir l’explication précise sur le lever du jour au chapitre 3 §3.
Après avoir fait les bénédictions du matin et celles sur la Torah, on revêt le Talith avec bénédiction ; il y a lieu d’être vigilent à ne revêtir le Talith qu’après au moins six minutes après le lever du jour.
10) [2–יד-י] Il faut se renforcer comme un lion pour la prière du matin le jour de Chavouot afin de ne pas laisser nos yeux s’endormir et nos paupières somnoler. En effet, si quelqu’un dort au milieu de sa prière il va perdre (en dormant) ce qu’il a gagné (en restant éveillé toute la nuit). Souvent, lorsqu’on s’endort au milieu de la prière ou au milieu des psaumes (dans la prière du matin) ou dans les bénédictions du Quériath Shéma on va avoir un doute et ne plus savoir avec certitude où nous sommes (dans la prière).
De même, il faut être vigilant pendant la lecture de la Torah, qui est la lecture des «dix Paroles » (les dix commandements), de ne pas se laisser prendre par le sommeil. Les sages nous ont déjà enseigné (dans le Yalquouth Shimoni) que le Saint béni soit-Il dit à Israël : « Mes enfants, lisez les dix Paroles chaque année (pendant Chavouot) et Moi je vous considèrerai comme si vous vous teniez au mont Sinaï et receviez la Torah ».
11) [2–יד-יא] On fait la prière du matin comme les autres jours de fête. Après la répétition de la Amida, on fait le Hallel (Louanges) complet avec les bénédictions. Ensuite on dit le Qaddish Titqabbal et on sort des rouleaux de la Torah ; au premier Séfer Torah, nous faisons monter 5 personnes et la lecture est dans la Parasha de Ytro depuis « Ba’hodesh Hashélishi » jusqu’à la fin de la Parasha (Exode Ch. 19 v. 1 jusqu’au Ch. 20 v. 23).
Après la lecture dans le premier Séfer Torah on dit le demi-Qaddish et celui qui va dire la Haftara (partie des prophètes) lit dans le second Séfer Torah le passage concernant les prémices « Ouvyom Habbikourim » (Nombres Ch. 28 v. 36-31) qui est le passage relatif aux sacrifices de la fête de Chavouot. Après la bénédiction à l’issue de la lecture du second Séfer Torah on dit le demi-Qaddish puis celui qui est monté fera la Haftara en lisant le passage sur le « Maassé Merkava » dans le livre d’Ezéchiel (Ch. 1 Versets 1-28) et il termine en lisant le verset וַתִּשָּׂאֵנִי רוּחַ (Ch. 3 v. 12) puis il fera les bénédictions dites à l’issue de la lecture de la Haftara.
12) [2–יד-יב] Certains ont l’habitude de se lever pendant la lecture des dix Paroles (dix commandements). Le Rambam (Maimonide) a écrit que ce Minhagh n’est pas conforme à la Halakha car il y a lieu de craindre que les hérétiques disent que seule cette partie de la Torah provient des cieux et pas le reste (à D. ne plaise). Il est bon de capter leur attention, avec amabilité, et de leur demander de ne pas poursuivre cette habitude.
S’ils ne souhaitent pas cesser leur habitude, il est bon de leur enseigner de rester debout pendant toute la lecture de la Torah pendant Chavouot, ou tout au moins pendant toute la lecture de celui qui monte au passage contenant les dix Paroles, c’est à dire quelques versets avant les dix Paroles, et pas uniquement pendant la lecture des dix Paroles ; et dans ces conditions ils ont le droit de procéder ainsi (de même une personnes dont le père ou le Rav monte à la Torah dans la montée qui contient les dix Paroles, devra être debout devra rester debout pendant toute cette montée qui débute quelques versets avant les dix Paroles).
13) [2–יד-יג] Celui qui se trouve dans une synagogue dans laquelle la communauté se lève pendant la lecture des dix Paroles (dix commandements) et n’a pas la possibilité de faire changer cette habitude, et également ne souhaite pas rester assis parmi les personnes qui sont [toutes] debout car ce n’est pas convenable, se lèvera plus tôt dès le début de la lecture de la Torah ou tout au moins au début de la montée à la Torah qui contient les dix Paroles qui débute quelques versets avant les dix Paroles ;
14) [2–יד-יד] Les Ashkénazim ont l’habitude de lire à Chavouot les « Haqdamoth » avant la prière du Moussaf. Certains Séfaradim ont l’habitude de lire les Azharoth à Chavouot (voir plus haut au chapitre 13 §15).
15) [2–יד-טו] Les Ashkénazim ont l’habitude de lire à Chavouot le livre de Ruth dans un parchemin Kasher. Certains ont l’habitude de lire en faisant la bénédiction (en disant le nom de D.ieu) « על מקרא מגילה» « Sur la lecture de la Méghilla » (ils ont de même l’habitude pendant Hol Hamoêd de Pessa’h de lire le Cantique des Cantiques dans un parchemin en faisant la bénédiction »).
Cependant, les Séfaradim n’ont pas du tout cette habitude. Une personne de rite Séfarade qui lit le livre de Ruth dans un parchemin Kasher pour les besoins de personnes de rite Ashkénaze afin que ceux-ci se rendent quitte de leur obligation, n’aura pas du tout le droit de faire la bénédiction sur cette lecture.
16) [2–יד-טז] En dehors d’Israël nous faisons le lendemain de Chavouot, [c’est à dire le lendemain du premier jour] le second jour de fête spécifique à la diaspora. On fait la prière des fêtes comme le premier jour. Après la répétition de la Amida (après la prière du matin) on fait le Hallel complet avec bénédictions. Puis on dit le Qaddish Titqabal et on sort deux Sifré Torah (deux rouleaux de la Torah).
Dans le premier livre on lit le passage « Kol Habékhor » (Deutéronome Ch. 15 v. 19 jusqu’à Ch. 16 v. 17). A l’issue de la cinquième montée on dit le Demi-Qaddish et la personne qui lit la Haftara lit dans le second Séfer Torah le passage correspondant aux sacrifices spécifiques à la fête de Chavouot comme le premier jour de fête. Puis on dit le Demi-Qaddish puis on lit la Haftara וה״, בְּהֵיכַל קָדְשׁוֹ (Habacuc Ch. 2 v. 20 jusqu’à Ch. 3 v. 19). Les Ashkénazim commencent au Ch. 3 v 1 תְּפִלָּה, לַחֲבַקּוּק הַנָּבִיא et terminent au verset 19.
Si le second jour de Chavouot est un Shabbath on fait monter sept personnes au premier Séfer Torah. On y lit « Kol Habékhor » simplement on débute plus haut (Deutéronome Ch. 14 v. 22) « Asser Téâsser ».
Après la lecture de la Torah on range les rouleaux de la Torah. Ensuite on prie Moussaf des fêtes et on termine la prière comme le premier jour de fête.
17) [2–יד-יז] En Israël, le jour qui suit Chavouot [le 7 Sivan] s’appelle « Isrou Hagh » et c’est une Mitsva d’exprimer en ce jour un peu de joie en mangeant et buvant (mieux que d’ordinaire). Il est interdit d’y jeûner et d’y dire des oraisons funèbres. Par contre il est permis de faire une oraison funèbre pour un érudit en Torah et en présence du corps du défunt. (c’est à dire au moment de l’accompagnement du corps lors de l’enterrement).
On ne dit pas les confessions ni Néfilath Appaym à Isrou Hagh. Certains endroits ont l’habitude de ne pas travailler ce jour là.
18) [2–יד-יח] L’habitude des Séfaradim et des juifs orientaux est de ne pas dire les confessions ni Néfillath Appaym (psaume 25) ni le psaume 20 יענך ה’ ביום צרה ni le psaume 86 « תפלה לדוד הטה ה’ אזנך ענני» depuis Rosh Hodesh Sivan [le début du mois de Sivan] et jusqu’au 12 Sivan. Le 12 Sivan également on ne dit ni les confessions ni Néfillath Appaym [ni les autres Psaumes cités ci-dessus].
La raison de cette habitude en est qu’à l’époque du temple de Jérusalem on pouvait amener les Sacrifices de la montée à Jérusalem pour la fête de Pèlerinage (qu’est Chavouot) jusqu’à 7 jours après la fête qui se terminent le 12 Sivan.
L’habitude des Ashkénazim est de dire les confessions et Néfillath Appaym à partir du 8 Sivan (le lendemain de Isrou Hagh).