VII Téchouva sur les fautes envers le Créateur et envers son prochain (13 §). Torat Hamoadim
Téchouva envers son prochain
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Septième Chapitre du livre de Rav David Yossef – Torat Hamoadim – Partie sur le mois d’Eloul les Séli’hoth et les Yamim Noraïm
Téchouva sur les fautes envers le Créateur et envers son prochain
1) [2–ז-א] Pendant les dix jours de pénitence [jours compris entre Roch Hachana inclus et Kippour inclus] il faut examiner ses actes afin de revenir dans une Téchouva complète (un retour vers D.ieu, une repentance) sur les mauvaises actions que nous avons commises tout au long de l’année.
Même si l’acte commis présente un doute pour savoir si on a commis une faute ou pas, il faut faire Téchouva sur cet acte, et au contraire, une doute sur une faute demande une plus grande repentance qu’une faute certaine, car on regrette plus [facilement, avec plus d’intensité] une faute qu’on sait avoir commise qu’une faute que nous ne sommes pas sûr d’avoir commise.
Chacun s’efforcera, pendant les dix jours de pénitence, d’augmenter les Mitsvoth, les actes de générosité et les bonnes actions afin de faire en sorte que la balance penche du bon côté (c’est à dire que lorsqu’on examinera, là-haut, nos actes on trouvera plus de positif que de négatif).
Les sages nous ont enseigné (Talmoud Qiddoushin 40b et de même le Rambam Hilkhot Téchouva, Ch. 3 Halakha 4) :
- Chacun doit se considérer tout au long de l’année comme s’il était à moitié méritant et à moitié déméritant (coupable) et que le monde entier est à moitié méritant et à moitié déméritant. S’il commet une faute, il provoque que la balance qui examine ses actions va pencher du côté de la culpabilité et, de même, il provoque que la balance qui examine les actions du monde entier va pencher du côté de la culpabilité et il y aura « destruction ». S’il fait une seule Mitsva alors il provoque pour lui même et pour le monde entier que la balance va pencher du côté de l’acquittement et donc provoquer pour lui même et pour le monde entier le mérite [d’être méritant] et la survie.
Il est bien dans cette période d’augmenter l’étude des livres de Moussar (Ethique), plus que pendant le reste de l’année comme le livre Chaâré Téchouva (les portes du repentir) de Rabbénou Yona (de Gérone en Espagne) et les lois de la Téchouva du Rambam.
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2) [2–ז-ב] Il est convenable que chacun prenne sur lui de se mettre des barrières pendant les dix jours de pénitence, chacun selon ses possibilités. Par exemple, si une personne ne veille pas tout au long de l’année à acheter du pain d’un boulanger juif il devra veiller, pendant les dix jours de pénitence, à ne consommer que du pain provenant d’un boulanger juif [chacun fera selon son contexte personnel]
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3) [2–ז-ג] On ne doit pas se dire que la Téchouva ne s’applique qu’aux fautes faites avec un acte comme, par exemple, les relations interdites, le vol ou le rapt, mais de la même manière qu’il faut revenir (faire Téchouva) sur ces fautes il faut examiner ses mauvaises traits de caractère, et ainsi de faire Téchouva sur la colère, la haine, la jalousie le moquerie, la course après la richesse ou après les honneurs ou la course après la (bonne) nourriture ou tout ce qui s’apparente à ces défauts ; sur tout type de faute il faut faire Téchouva.
D’ailleurs, il est plus difficile de faire Téchouva sur ces dernières fautes que sur celles qui sont faites avec un acte, car lorsque quelqu’un sombre dans ce type de mauvais traits de caractère, il lui est plus difficile de s’en séparer ; à ce propos il est écrit (Isaïe Ch. 55 v7)
יַעֲזֹב רָשָׁע דַּרְכּוֹ, וְאִישׁ אָוֶן מַחְשְׁבֹתָיו; וְיָשֹׁבאֶל-ה׳וִירַחֲמֵהוּ, וְאֶל-אֱלֹהֵינוּ כִּי-יַרְבֶּה לִסְלוֹחַ.
Que le pervers abandonne sa voie, et l’impie ses machinations, qu’il revienne à l’Eternel, il aura pitié de lui, à notre Dieu, car il prodigue son pardon!
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4) [2–ז-ד] Une personne qui a fait Téchouva (en hébreu Baâl Téchouva) ne doit pas se considérer comme étant loin du niveau atteint par les Tsadikim (justes) à cause de ses péchés et de ses fautes, car il n’en est pas ainsi ! Il est aimé et chéri devant le Créateur comme s’il n’avait strictement jamais fauté. Et même plus, sa récompense est très importante car il a goûté à la faute et s’en est séparé et à surmonté son penchant à la faute (au mal)
Les sages enseignent qu’à l’endroit où se tiennent les personnes qui ont fait Téchouva, les justes parfaits ne peuvent se tenir ! C’est à dire que leur élévation (spirituelle) est plus forte que celle de ceux qui n’ont jamais fauté de leur vie car ils doivent plus maîtriser leur mauvais penchant que les Tsadikim parfaits.
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5) [2–ז-ד] L’essence (le principal) de la Téchouva est de se détacher de la faute, c’est à dire que la personne doit se détourner de la faute et l’éloigner de son esprit et ait en son cœur l’intention de ne plus jamais recommencer comme il est écrit (Isaïe Ch. 55, v7).
יַעֲזֹב רָשָׁע דַּרְכּוֹ, וְאִישׁ אָוֶן מַחְשְׁבֹתָיו;
Que le pervers abandonne sa voie, et l’impie ses machinations,
Il doit regretter les fautes commises dans le passé comme il est écrit (Jérémie Ch. 31, v18)
כִּי-אַחֲרֵי שׁוּבִי, נִחַמְתִּי
Oui, rentré en moi-même, je me suis repenti; [plus littéralement : car après mon retour j’ai regretté]
(A tel point) que D.ieu, qui connaît l’intimité de sa conscience, pourra témoigner qu’il ne reproduira plus jamais cette faute. Comme il est écrit (Osée Ch. 14 v4)
וְלֹא-נֹאמַר עוֹד אֱלֹהֵינוּ, לְמַעֲשֵׂה יָדֵינוּ
et nous ne dirons plus: « Nos dieux! » à l’œuvre de nos mains;
[tout ce texte est du Rambam, Hilkhot Téchouva Ch. 2, §2]
Malgré tout, il est bon, qu’en plus de ce qui a été mentionné ci dessus, le repentant prenne sur lui des « réparations » pour racheter ses fautes. Les sept jours qui se trouvent entre Roch Hachana et Yom Kippour sont en corrélation avec les sept jours de la semaine. Pendant chacun de ces jours (entre Roch Hachana et Yom Kippour) on doit se repentir selon ses forces ; on aura la pensée de racheter ainsi toutes les fautes commises au long de l’année ce jour là ; par exemple le dimanche (qui est entre Roch Hachana et Yom Kippour) on pensera à réparer toutes les fautes commises les dimanches tout au long de l’année passée; le lundi on pensera à réparer toutes les fautes commises les lundis tout au long de l’année passée etc.
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6) [2–ז-ו] Il est enseigné dans le Talmoud (Yoma 85b) que les fautes commises envers son prochain ne sont rachetées par le jour de Kippour que lorsque cette personne est pardonnée (agréée) par ce prochain, comme il est écrit (Lévitique Ch. 16)
כִּי-בַיּוֹם הַזֶּה יְכַפֵּר עֲלֵיכֶם, לְטַהֵר אֶתְכֶם: מִכֹּל, חַטֹּאתֵיכֶם, לִפְנֵי ה׳, תִּטְהָרוּ.
Car en ce jour, on fera propitiation sur vous afin de vous purifier; vous serez purs de tous vos péchés devant l’Éternel.
Certains disent que si quelqu’un ne s’est pas repenti des fautes commises envers autrui alors en conséquence le Tout Puissant ne lui pardonne même pas les fautes commises envers Lui (l’Eternel) et à plus forte raison si quelqu’un a commis une faute envers autrui qui est aussi une faute envers l’Eternel comme par exemple s’il a dénigré verbalement son prochain (il y a donc une faute envers son prochain) et a ainsi également transgressé le commandement de la Torah « Tu aimeras pour ton prochain comme toi même » ואהבת לרעך כמוך ou tout cas similaire.
En conséquence, si quelqu’un a commis une faute financière envers son prochain comme par exemple s’il lui a volé de l’argent ou lui a prêté avec intérêt (qui sont à la fois interdits par la Torah et sont des fautes envers le prochain), ou tout cas similaire, il faut d’abord rendre l’argent dû qui a été pris illicitement, et bien que l’argent ait été rendu on n’est pardonné du Très Haut qu’après avoir apaisé son prochain [s’être fait pardonné]. Les sages ont enseigné dans le Midrash : « une séah (mesure) emplie de fautes, la faute qui accuse en premier est le vol ! ».
En conséquence, quelqu’un qui a un litige financier avec son prochain ne doit pas s’autoriser à prendre ce qu’il croit lui être dû, car un individu ne peut accepter (facilement) devoir quelque chose (Talmoud Shabbath 119). Il faudra qu’il aille avec l’autre partie voir un érudit compétent auprès duquel ils exposeront chacun leurs arguments avec honnêteté et ils exécuteront tout ce que cet érudit leur ordonnera. Même si son prochain ne réclame rien, il faut être quitte « auprès du Ciel » en interrogeant un érudit comme on le dit dans les Pirké Avoth (« Maximes de nos pères ») « Prends un Rav et il t’éloignera du doute » [il ne faut pas profiter de la timidité, la réserve, l’esprit de conciliation d’autrui pour s’attribuer un droit que nous n’aurions peut être pas]
Même si on n’a blessé notre prochain « que » par la parole il faut l’apaiser (se faire pardonner). Les sages, que leur souvenir soit une bénédiction, ont enseigné (Talmoud Bava Méçiâh 58b) « La tromperie par la parole est plus importante que celle par l’argent, car la première l’atteint dans son corps et l’autre dans ses deniers ». A plus forte raison si on a fait honte et fait pâlir notre prochain en public; les Sages ont enseigné [ibidem] dans ce cas, que celui qui a fait honte et fait pâlir son prochain en public est considéré comme s’il avait versé du sang (l’avait assassiné) ; les Sages ont également enseigné [ibidem] Il vaut mieux tomber dans un four ardent plutôt que de faire pâlir son prochain en public.
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7) [2–ז-ז] Si quelqu’un demande pardon à son prochain et que ce prochain n’est pas prêt à s’apaiser et lui pardonner il faut retourner demander pardon une seconde et une troisième fois. A chaque fois il faut être accompagné par trois hommes, qui vont dire des paroles différentes d’apaisement.
Si ce prochain n’est pas prêt à pardonner après ces trois fois, il ne faut plus s’en préoccuper.
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8) [2–ז-ח] Ce qui a été dit précédemment (§7) est valable lorsque quelqu’un a commis une faute envers son prochain, par contre si quelqu’un a commis une faute envers son Rav, même si ce Rav n’est pas celui dont il a appris la majorité de ses connaissances en Torah, il faut aller le voir pour l’apaiser (obtenir son pardon) et même aller le voir mille fois jusqu’à ce qu’il s’apaise.
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9) [2–ז-ט] Les sages enseignent (Talmoud Yoma 87b) que toute personne qui sait passer outre ses ressentiments, alors on [c’est-à-dire le Très Haut] passe sur (efface) toutes ses fautes.
En conséquence, une personne qui est dans une situation de pardonner à son prochain ne doit pas être cruelle et ne pas pardonner à celui-ci car s’il refuse de pardonner à son prochain on lui appliquera le même traitement dans « le ciel » et il ne sera pas pardonné de ses fautes. Il faut pardonner avec bon cœur et en plein consentement.
Si l’intention de la personne qui refuse de pardonner est pour le bien de celui qui demande pardon, comme, par exemple, s’il agit ainsi afin de « soumettre » le cœur de son prochain et l’amener à ne plus réitérer son mauvais comportement (sa « folie »), on a le droit d’agir ainsi et ne pas pardonner immédiatement.
De même, si l’intention de celui qui ne veut pas pardonner est pour son bien propre, car il considère que le fait de pardonner va lui porter préjudice, il a le droit de ne pas pardonner immédiatement.
Si une personne a sorti un mauvais renom [une mauvaise réputation] sur une autre personne, cette dernière n’a pas l’obligation de pardonner; malgré tout il est bon d’être magnanime même dans ce cas.
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10) [2–ז-י] Si quelqu’un a commis une faute envers son prochain et que ce dernier est décédé, il faut aller à la tombe de cette personne, accompagné de dix personnes et dire : « j’ai fauté envers l’Eternel D.ieu d’Israël et envers untel qui est enterré ici ».
Si la faute est financière, il faut rendre l’argent aux héritiers.
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11) [2–ז-יא] Si quelqu’un a fauté envers son prochain et souhaite l’apaiser (se faire pardonner) il faut d’abord qu’il aille en personne apaiser son prochain et ne pas envoyer un émissaire ou une lettre (d’excuses).
Malgré tout, cela dépend des circonstances, si la personne ayant subi le préjudice est réputée pour être arrangeante (pardonner facilement), il est préférable d’aller la voir en personne afin de l’apaiser. C’est seulement dans le cas où il s’agit d’une personne difficile à apaiser, et la personne qui doit se faire pardonner estime que l’autre pourra être plus facilement apaisée s’il lui envoie un de ses proches qu’il pourra agir ainsi. Par la suite [après l’apaisement], il ira lui même avec de nombreuses paroles de demande de pardon comme il se doit et il sera pardonné.
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12) [2–ז-יב] Chacun doit demander pardon, la veille de Kippour, à son père et sa mère sur tout ce qu’il a fauté envers eux et porté atteinte à leur honneur. Toute personne qui n’agit pas ainsi est appelée « pécheur » et dénigre l’honneur de son père et sa mère. En effet, si vis à vis de son prochain les sages nous ont obligé de demander pardon avant Kippour, à plus forte raison faut-il le faire envers son père ou sa mère car presque aucune personne n’est à l’abri de cette faute chaque jour.
Malgré tout, si le fils est fou (ou simple d’esprit) et n’a pas demandé pardon à ses parents ou a eu un empêchement de force majeure, les parents lui pardonneront et diront explicitement « voici, nous pardonnons à notre fils untel sur les fautes commises envers nous tout au long de l’année ; qu’il ne soit pas puni, à D.ieu ne plaise, à cause de nous ».
De même, un mari et une épouse devront se pardonner mutuellement de ce qu’ils ont fauté l’un envers l’autre tout au long de l’année et ce qu’ils se sont dit sous le coup de la colère et qui est infondé. De même, tout élève qui a son Rav dans la ville devra lui demander pardon avant Kippour.
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13) [2–ז-יג] Il est convenable et bien que chacun dise, la veille de Kippour, qu’il pardonne à toute personne qui a fauté envers lui que ce soit envers son corps (ou son honneur) ou envers son argent. Certains ont l’habitude que l’officiant annonce le soir de Kippour avant le « kol Nidré » et dise : « Messieurs, pardonnez vous les uns les autres » et tous répondent : « nous avons pardonné ». C’est une belle habitude !
Les sages ont enseigné (Pirké dé Ribbi Eliêzer Ch. 46) que le Satan qui a l’habitude d’accuser le peuple d’Israël tout au long de l’année, plaide en notre faveur le jour de Kippour en disant : «Maître du monde, tu as un peuple sur terre qui ressemble aux Anges du Service Divin ; de la même manière que les Anges du Service sont propres (sans faute), les enfants d’Israël sont propres (sans faute). De même que la paix règne entre les Anges du Service, la paix règne entre les enfants d’Israël». Alors l’Eternel écoute son témoignage et pardonne (rachète) toutes leurs (nos) fautes.
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