Un Cœur intègre Parashat Lékh Lékha Rabbi Yérou’ham
Lékh Lékha Rabbi Yérou’ham
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Paracha Lékh Lékha Cours de Rabbi Yérou’ham (Mashguia’h de la Yéshiva de Mir)
« Un cœur intègre »
Les actions de l’homme se subdivisent selon leur nature. Tout homme peut ressentir cela. Lorsqu’il fait une bonne action, de suite, il ressent sa tête s’alourdir, devenir pesante, ressentant être rattaché à quelque chose d’imperceptible, ne se sentant pas « planer » dans l’air au gré du vent. Et le contraire, lorsque cet homme fait une action dont la source est le mauvais côté, de suite, il perd sa stabilité, sans aucun point de repère et ressent au plus profond de lui qu’il est suspendu en l’air au gré du vent.
« Ils iront après la vanité et ils deviendront eux-mêmes vanité, néant« . Le principe du mal étant l’inconsistance, sans stabilité ni construction. L’envie, le désir n’ont aucune construction, ils ne sont basés sur aucun plan ni au début ni à la fin sur aucune réflexion. Ces pulsions surgissent d’un coup et disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues ! Aucune continuité dans leur matérialisation, elles ne surgissent que pour être assouvies (ou pas) puis disparaissent. Aucune consistance, aucun lien entre une première pulsion et celle qui la suit, comme un brin de paille ballotté au gré du vent! Ainsi est le principe des actes mauvais, les actions elles-mêmes étant sans construction, leur seul but étant d’être assouvies ! L’homme étant soumis à leurs dominations, ne trouve aucune stabilité psychologique, avec cette impression étrange que le sol se dérobe sous ses pieds. Chaque moindre petit souffle, chaque moindre petite volonté le déstabilise, réveillant la confusion dans son esprit, le laissant sans attache ni point de repère!
« Heureux est l’homme qui ne va pas derrière les conseils des mécréants….mais qui trouve son plaisir dans la loi de l’éternel…il sera comme un arbre planté auprès des cours d’eau…« (Téhilim 1)
C’est le principe d’un implant, lorsqu’un homme accomplit de bonnes actions, il devient comme implanté dans la terre, relié à sa source divine, il a le mérite d’atteindre une stabilité où aucun souffle ne peut le faire bouger, où aucune tempête ne peut le déraciner. Il ne devient pas le contraire de ce qu’il était le moment d’avant. D’aucune manière, il ne peut être déraciné de son endroit.
Il n’en est pas ainsi des mécréants, ils ont traversé la ligne et se trouvent de l’autre côté où c’est tout le contraire car son principe étant la déstabilisation, où son affect est déraciné, planant dans les airs au gré de ses pulsions « comme de la paille qui est balayée par le vent« . La moindre petite perturbation psychique, le désempare, le rend vulnérable: « les mécréants comme la mer, ils sont chassés« . C’est la représentation spirituelle du mécréant, comme une mer déchaînée, sans aucune stabilité, sans racine, déraciné de sa racine, suspendu dans les airs.
Cette notion de stabilité est le principe même de nos saints patriarches. Ce sont des racines implantées en profondeur. Toutes leurs actions avaient pour but d’enraciner au plus profond de leur âme des racines fortes. Un arbre dont ses racines ne sont pas implantées profondément, est un arbre qui peut à chaque instant, bouger trembler au moindre coup de vent alors qu’une racine, il est impossible de la bouger et il est impossible de la déraciner de son endroit de n’importe qu’elle manière. C’est ce que prophétise Bilaam le mécréant: « car du sommet des montagnes, je les vois et des vallées je les observe« . Rashi expliquant ce verset ainsi: « je regarde ses ancêtres et le début de ses racines et je les vois bien implantés et forts comme des montagnes et des vallées« . Il est impossible de déstabiliser le peuple d’Israël de son endroit spirituel car ses racines ne peuvent être déracinées. C’est la remontrance qui a été faite à Moshé notre maître: « et Mon nom de quatre lettres je ne leur ai pas fait connaître« . Rashi explique: « les patriarches n’ont pas murmuré sur mes qualités que je développe dans ce monde« . D-ieu promet à Avraham que de Itshak, il aura une descendance, puis il lui demande de sacrifier son fils Itshak ! Et Avraham s’est exécuté sans se remettre en question, car ses racines ne peuvent à jamais être bougées ! C’est cela qu’exprime ce verset: « et tu as trouvé son cœur intègre devant toi« . Car le principe de l’intégrité, de la confiance אמונה qui vient du verset: « un pieu en tant qu’intégrité » qu’il est impossible de bouger, que rien ne peut atteindre.
Nous pouvons maintenant comprendre la faute de Moshé notre maître à propos des eaux de la rébellion où il lui est reproché, alors qu’il a frappé le rocher au lieu de lui parler « car vous n’avez pas été intègres avec moi » alors que selon nos sages, le reproche fait à Moshé a été le fait de s’être mis en colère ! Il lui est reproché en fait cette infime instabilité qui est apparue en lui ! Et c’est ce reproche qui lui est fait « du fait que tu n’as pas été intègre avec moi » ! Car dans une situation de « et tu as trouvé son cœur intègre » dans une situation de stabilité extrême, il est impossible le moindre changement, la moindre pulsion qui pourrait le déstabiliser. Pour cela, cet infime soubresaut est reproché à Moshé en disant « car vous n’avez pas été intègres avec moi« .
Nous pouvons avoir une petite impression de ce que peut être une véritable volonté générée par nos pulsions, véritable tremblement de terre qui arrive à nous déstabiliser comme une tour qui pourrait être complètement détruite, réduisant en poussière toutes ses fondations!
Nous pouvons maintenant comprendre l’importance essentielle de ce que peut nous apporter la sérénité. C’est le principe du monde futur, sans aucune perturbation, unité totale avec le divin. Et ainsi nous pouvons interpréter ces paroles de nos sages: « tout celui qui répond « amen » de toutes ses forces, lui sont ouvertes les portes du jardin d’Eden« . Car dans le mot « amen » est contenue toute la force stabilisante de l’intégrité (amen voulant dire »croyance » et aussi »vérité ») qui amène l’homme à une stabilité éternelle où rien ne peut l’atteindre. Ceci étant la préparation parfaite pour atteindre le monde futur. Les portes du jardin d’Eden lui sont alors ouvertes.
Il se trouve donc que tout le travail de l’homme est de prêter attention à tous ses gestes, à toutes ses pensées, à toutes ses paroles, à toutes ses actions et de les rattacher au divin d’une manière forte où aucune ne pourra les bouger. Et lorsqu’un homme ressent que la moindre petite contrariété le perturbe, il doit se soucier de savoir s’il ne s’est pas déconnecté de sa source divine. Car combien il est difficile de se rattacher à cette source génératrice qu’est la vie éternelle.
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