Sur la faute que nous avons commise devant toi en enlevant le joug divin
Cours de Rabbi Yérou’ham – Mashguia’h de la Yéshiva de Mir
« על חטא שחטאנו לפניך בפריקת עול »
רבינו ירוחם – יום הכפורים
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
La gravité de la faute n’est pas tellement la faute en elle-même mais les conséquences qu’elle engendre. Car la faute va créer une impression de détachement où le corps se libère de son harnachement fait d’épaisses cordes tissées par l’esprit, les Mitsvot et la Torah. C’est sur cela que nous dirigeons notre prière par ces mots « sur la faute que nous avons commise devant toi en enlevant le joug divin » qui se matérialise en nous sous divers aspects comme par exemple: « ne pas se soucier de sa Torah » » fauter en toute conscience » « être en état de rébellion pour une chose précise ou envers toute la Torah, par envie où pour montrer une colère, pour se libérer de ce carcan que sont la Torah et ses Mitsvot pour en arriver à faire tout ce que l’âme nutritive envoie comme messages « pulsionniques ».
Les fautes épaississent ce carcan qu’est l’âme nutritive ou animale, elles amènent l’homme à ressentir le monde d’une manière dichotomique où l’ego prédomine et asphyxie le souffle, רוח, où âme cognitive, rendant de plus en plus matériel ce monde c’est-à-dire ressentant de plus en plus une impression d’isolement et de séparation dans la matière attirant cette énergie diffuse dans la matière vers nous pour l’intégrer en nous, créant l’illusion d’être une entité séparée jusqu’à ne plus ressentir l’énergie divine qui se diffuse dans la matière qui n’est en réalité qu’énergie divine elle-même, unité parfaite d’avec le divin. C’est cela la plus grosse conséquence de la faute. Ce détachement d’avec le divin, cette sensation de liberté, de séparation. Et ainsi le Rav Lévinstein a compris les conséquences de la faute: » si tout ce qui est dans la création ne peut être que selon la volonté divine, donc même la faute est selon la volonté divine, il ne peut en être autrement! Donc comment se fait-il que le fauteur soit puni? En fait la punition vient du fait qu’il croit qu’il a transgressé la volonté divine car il était à ce moment de la faute dans un état de dichotomie totale où l’âme animale qui anime le corps dominait et créait un ego tel qu’il pensait être autonome et indépendant, une intelligence séparée et donc lui-même une divinité en quelque sorte créant son monde et le dominant . » nous pouvons comprendre ainsi les paroles du Ramhal dans l’introduction de » la voie des justes »: » l’homme doit chercher et atteindre ce que D-ieu veut de lui, quel est son but dans Son Monde », pourquoi dans » son monde » et non dans « le monde »? Car le monde de la dualité n’existe que par notre prisme. Réellement, le monde ne peut être une entité séparée, seules mes perceptions sensitives et cérébrales faites de pulsions électro-chimiques, donnent une réalité séparée à la création, donc il devient « Mon Monde ». Notre travail dans la création est de se ré-intégrer à l’unité divine et de ce fait toute la création entière ré-intègre l’unité divine puisqu’à ce moment précis, la dichotomie illusoire disparaîtra pour ne laisser place qu’à l’unité divine qui n’a jamais disparue mais qui est cachée par l’épaisseur de l’ego qui se matérialise par la perception dualiste de la création.