Se rendre aux toilettes pendant une consommation – Rav David Pitoun

Se rendre aux toilettes pendant une consommation – Rav David Pitoun

Se rendre aux toilettes pendant une consommation

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SOURCES ET DÉVELOPPEMENT

Nous avons déjà expliqué que lorsqu’une personne sort – pendant le repas – de la pièce où elle prend son repas, pour se rendre dans une autre pièce, même s’il ne faut pas agir ainsi Lekhate’hila (à priori), malgré tout, si on a agi ainsi, il ne faut pas réciter de nouveau la Bérakha sur ce que l’on va continuer à consommer.

Nous pouvons déduire de là pour le cas de la personne qui se rend aux toilettes pendant son repas, qu’il est certain que ce déplacement ne nécessite pas de réciter de nouveau les Bérakhot sur ce qu’elle va consommer.

En particulier, selon ce que l’on a écrit au sujet d’un déplacement qui est réalisé contre le gré de la personne (par exemple lorsqu’on se déplace à cause d’une urgence) n’est pas considéré comme un changement d’endroit pendant le repas, lorsqu’on avait l’intention de retourner sur le lieu initial.

Selon cela, le fait de se rendre aux toilettes pendant le repas est – de façon certaine – considéré comme forcé, et n’est pas considéré comme un changement d’endroit pendant le repas. Même Lekhate’hila (a priori), il est permis de se rendre aux toilettes pendant le repas, et au retour, nous ne devons pas réciter de nouveau la Bérakha de HaMotsi sur le pain que l’on continue à consommer.

Cependant, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal écrit dans son livre Halikhot ‘Olam (tome 2 page 44) que s’il s’agit d’aliments qui ne nécessitent pas de réciter la Berakha finale sur le lieu de leur consommation, par exemple des fruits ou des boissons ou autre, si l’on se rend aux toilettes pendant leur consommation, et qu’en sortant, on désire poursuivre la consommation, il faudra de nouveau réciter la Bérakha de l’aliment, car les toilettes représentent un lieu où l’on ne peut pas réciter une Berakha, ce qui constitue une interruption dans la consommation, que l’on peut assimiler au fait de sortir totalement de l’endroit où l’on se trouve, pour aller à l’extérieur.

Mais tout ceci concerne les Berakhot sur les aliments.

Mais qu’en est-il de la Netilat Yadaïm s’il s’agit d’un repas constitué de pain ?

Est-ce que le fait d’avoir été aux toilettes pendant un repas constitué de pain, oblige cette personne à faire de nouveau la Netilat Yadaïm avec le Keli en versant l’eau 3 fois sur chaque main (hormis le fait qu’elle doit se laver les mains pour avoir été aux toilettes), et en récitant la Berakha de « ‘Al Netilat Yadaïm », ou non ?

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MARAN tranche dans le Shoul’han ‘Aroukh (O.H 164-2) que lorsqu’on est entré en contact avec les parties intimes du corps pendant un repas, il faut de nouveau se laver les mains avec le Keli en versant l’eau 3 fois sur chaque main, et réciter la Berakha de « Al Netilat Yadaïm ».

La raison à cette obligation est simplement à cause du fait que l’obligation de procéder à la Netilat Yadaïm avant de manger du pain repose sur le fait de purifier les mains. Or, le fait d’être entré en contact avec des parties intimes du corps rend les mains de nouveau impures, et pour pouvoir continuer à consommer du pain, il faut de nouveau les purifier.

A fortiori lorsqu’il s’agit de se rendre aux toilettes pendant le repas, selon l’opinion de MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Aroukh, on doit de nouveau se laver les mains, exactement comme la personne qui s’apprête à consommer du pain. Si cette personne désire encore consommer du pain, elle doit d’abord se laver les mains en récitant de nouveau le Berakha de ‘Al Netilat Yadaïm. Puisque cette personne s’est rendue aux toilettes, le simple fait de s’y être rendu lui impose l’obligation de se laver de nouveau les mains. C’est pourquoi, on doit dans ce cas se laver les mains 3 fois au moyen d’un Keli (ustensile pour la Netila), et réciter la Berakha de « ‘Al Netilat Yadaîm ».

Après avoir réciter la Berahka de ‘Al Netilat Yadaïm, on récite la Berahka deAsher Yatsar.

Cependant, le Gaon MAHARSHAL (Rabbi Shelomo LOURIA) – dans son livre Yam Shel Shelomo (sur ‘Houlin chap.8 section 41) – conteste l’opinion de MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Aroukh, et il écrit que même si l’on doit de nouveau se laver les mains, ce n’est qu’à titre d’hygiène, et non à titre d’obligation de Netilat Yadaïm avec un Keli et 3 fois. Selon le MAHARSHAL, il est certain qu’il ne faut pas réciter de Berakha sur cette ablution qui n’a pas réellement le Din d’une Netiila pour le repas.

De nombreux A’haronim citent ces propos du MAHARSHAL en tant qu’Halakha. Tel est l’usage chez les Ashkenazim.

Mais de nombreux autres Poskim maintiennent l’opinion de MARAN et tranchent qu’il faut réciter la Berakha de « ‘Al Netilat Yadaïm ».

Selon le principe de « Safek Berakhot Lehakel » (lors d’un doute sur la récitation d’une Bérakha, nous allons à la souplesse et nous ne la récitons pas), il semble que tel est l’usage même chez les Sefaradim qui pourtant ont accepté les décisions Halakhiques de MARAN, malgré tout, puisqu’il s’agit là d’un risque de récitation de Berakha en vain, on ne récite pas la Berakha de « ‘Al Netilat Yadaîm » dans un tel cas. Tel est l’usage chez de nombreuses personnes Sefaradim. Lorsqu’elles sortent des toilettes au milieu du repas, même si elles se lavent les mains 3 fois au moyen d’un Keli, conformément à l’opinion de MARAN, malgré tout, elles ne récitent pas la Bérakha sur cette ablution, afin de prendre en considération l’opinion du MAHARSHAL.

Mais le Gaon Rabbi David YOSSEF Zatsal– dans son livre Halakha Beroura (tome 8 chap.164 page 312) – écrit que selon un principe cité à de nombreuses reprises par notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal dans son livre Shou’t Yabiya’ Omer, il semble que du point de vue de la décision Halakhique, lorsqu’on s’est rendu aux toilettes au milieu du repas, et que l’on désire poursuivre la consommation de pain, on doit se laver les mains avec la Berakha (« ‘Al Netilat Yadaïm »).

En effet, notre maître le Rav Zatsal écrit à de nombreux endroits de ses ouvrages le principe cité par notre maître le RADBAZ (tome 2 chap.626) et aussi par notre maître le ‘HYDA dans son livre Shem Ha-Guedolim (tome 2 page 92a), principe que voici :

Bien que nous craignons le risque de réciter des Berakhot (en vain), malgré tout, lorsque la Ma’hloket (divergence d’opinion Halakhique) se situe non pas au niveau de la Berakha mais au niveau de la Mitsva – par exemple dans notre cas, où la divergence ente MARAN et le MAHARSHAL n’est pas pour définir s’il faut réciter la Berakha sur la Netilat Yadaïm ou pas, mais plutôt sur la Mitsva de Netilat Yadaïm en elle-même, faut-il oui ou non dans ce cas refaire Netilat Yadaïm en tant que Netilat Yadaïm obligatoire pour le repas, c’est-à-dire, au moyen d’un Keli et 3 fois, ou bien l’obligation de se laver les mains n’est qu’une mesure d’hygiène uniquement, et dans ce cas, la Berakha n’est que conséquente à la Ma’hloket – dans un tel cas, on ne prend pas en considération le risque de réciter des Berakhot en vain à l’encontre de l’opinion de MARAN l’auteur du Shoul’han ‘Aroukh, car la décision de la Halakha au sujet de la Mitsva, est fixée selon l’opinion de MARAN dont nous avons accepté les décisions Halakhiques, il faut donc réciter la Berakha sur la Mitsva dans un tel cas.

(Attention !! Il est évident qu’il ne faut faire la Bérakha de « ‘Al Netilat Yadaïm » uniquement si l’on a l’intention de consommer la quantité minimale de Kabetsa qui correspond à environ 54 g de pain, car le cas contraire, on ne récite pas cette Bera’ka.)

Rédigé et adapté par R. David A. PITOUN France 5769 [email protected] (à partir des écrits du Gaon Rabbi Ya’akov SASSON shalita)

Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/

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