Le principe de l’énergie Rav Fish
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »
« Annulation de soi devant D-ieu »
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Le « Tania » enseigne que la seule différence qu’il y a entre la situation d’avant la création et la situation d’après la création, est qu’avant la création, tout était « un », aucune pluralité, unité parfaite et qu’après la création, il y a la notion de restriction (tsimtsoum) de cette unité parfaite qui fait apparaître cette illusion de dualité afin de permettre à l’existence de se matérialiser. Apparition des limites par l’intermédiaire des »Séfirot », dévoilement de la limite dans l’illimité. La limite contenant l’illimité, le »Eïn Sof ». Et bien que même à ce niveau de la création d’un point de vue de la réalité vraie, il n’y a aucune différence comme il est écrit: « Je suis D-ieu, je n’ai pas changé » et que tout n’est qu’unité divine, malgré cela au niveau des créatures, il y a un changement afin que ces créatures puissent ressentir la dualité de la création. La perception de mon monde va se faire par la dualité, par les limites que JE vais percevoir (moi et le monde, grâce au »MOI » qui est ma limite, le monde va se créer). Au niveau des créatures il y a une restriction du dévoilement divin. C’est cette vérité qui est, il me semble, propagée dans la bénédiction sur le soleil et la lune que l’on exprime au moment de leur renouvellement. Car selon les sciences astronomiques, le soleil et la lune sont à tout moment dans la même situation. Dans leur essence même, il n’y a aucune notion de changement et encore moins de nouvelle naissance. Ce n’est qu’au niveau de la perception des créatures qu’il semble qu »il y ait une naissance de ces deux luminaires, conséquence de leur situation au regard de la terre. Cette perception de la réalité vraie (mort et renaissance) de ces deux astres est due à un voilement de la réalité de la création. C’est le niveau de perception qui va fixer la réalité du moment. Et ce qui ne peut être perçu par l’être créé, n’a aucun lien avec les limites fixées par la nature et son prisme.
Nous pouvons par cela expliquer le verset: « le juste, par sa confiance il vivra« . Le véritable « juste » (se pourrait-il qu’il y ait de « faux justes »?) c’est-à-dire celui qui a atteint l’essence même de la réalité de son existence, se trouve dans une »bassesse » véritable et perçoit avec clairvoyance que tout ne provient que de l’unité divine, que tout n’est qu’unité où la notion de « ANI » d’ego, de réalité propre n’a aucune consistance, car l’ego n’est que la limite qui permet de percevoir le monde de la matière. Comme ce qui est écrit à propos de Moshé et de Aaron « que sommes-nous?« . À priori ce niveau de perception pourrait amener le juste à un manque de sérénité du fait de sa précarité, de sa dissolution, de sa non-existence, de sa non-éternité de sa vacuité de tous les instants. Sur cela le verset répond « le juste, par sa confiance il vivra« . Lorsque le juste s’annule complètement, sa pleine confiance en D-ieu, source bienfaisante, diffusera continuellement en lui cette énergie divine qui n’est que bonté éternelle et ainsi il se libérera de ses peurs que son corps diffuse pour l’emprisonner, (pulsions qui se traduisent par des pensées source de l’ego que son corps diffuse afin que son âme reste attachée à lui). C’est cela la vérité du verset « le juste, par sa confiance il vivra« . Au contraire de la perception voilée que nous procurent nos sens, par lesquelles la dualité peut se matérialiser qui va diffuser en nous une illusoire sensation d’éternité qui se régénère en fait à chaque instant, apparaissant et disparaissant avant même de pouvoir la saisir, comme cette impression de la renaissance du soleil et de la lune. Car le temps lié à la matière est un temps discontinu en perpétuel mouvement, aussitôt créé, il disparaît car lié à de malédiction de la mort (tic-tac, tic-tac). Car seulement ainsi, la dichotomie peut se matérialiser. Le temps éternel est un temps hors de la forme, déconnecté de la matière, énergie évolutive et en mouvement. Uniquement par la confiance divine, source de l’annulation de soi, le juste pourra arriver à atteindre cette perception de l’unique et de l’indivisible, remonter au niveau d’avant la création.
Par ce prisme, nous pouvons comprendre ce verset de la Torah: « tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis D-ieu ». Car à priori, comment est-ce possible qu’un homme puisse aimer son prochain comme lui-même ? Mais si l’homme réussit à s’annuler complètement en D-ieu jusqu’à n’avoir aucune réalité personnelle, ne plus ressentir sa réalité comme une existence séparée comprenant que son « moi » n’est que partie intégrante du D-ieu suprême, réinjectant sa pensée créatrice à chaque instant dans la matière, n’étant qu’une existence en perpétuel renouvellement, par cette impression d’existence aléatoire, de vie et de mort à chaque instant, l’homme se détachera de sa réalité dualiste et ressentira une conscience en lui beaucoup plus vaste qui englobera tout l’univers et par ceci, il pourra arriver à ce niveau d’unité divine qui le fera aimer son prochain comme lui-même car il appréhendera par son intellect séparé (extra-sensoriel) qu’il n’y a aucune différence et ni de séparation selon la réalité unificatrice entre lui et celui qui se trouve en face de lui. D-ieu est « un » et donc nous sommes tous une partie de ce « un », ne donnant aucune réalité vraie à une conscience séparée. De la même manière qu’un homme n’a pas de préférence entre sa main droite et sa main gauche, ne privilégiant aucune des deux, ainsi il ne peut exister qu’un homme puisse s’aimer lui-même plus que son prochain, lorsqu’il s’élève et atteint cette perception extraordinaire que lui et son prochain et toute la création ne sont que des membres d’un même corps qu’est l’unité divine.
La valeur numérique de
ואהבת לרעך כמוך אני י–ה–ו–ה
Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis Hachem est la même que
« ואהבת את י–ה–ו–ה אלהיך«
Tu aimeras Hachem ton D-ieu »
qui est de 907. Car par l’amour que l’on peut développer envers D-ieu, nous pouvons atteindre ce niveau extrême d’aimer son prochain comme soi-même car son prochain est aussi une partie intégrante du divin. L’amour de D’ieu ne peut passer que par l’annulation de SOI car l’unité ne pourra être perçue que si JE m’annule. Sans cela, la dualité perdurera. Et donc par le fait de ressentir D-ieu, automatiquement, je ne peux que me fondre dans mon prochain pour ne devenir qu’un.
Ainsi nous pouvons comprendre l’enseignement de nos maîtres: « tout un chacun d’Israël est solidaire est responsable de l’autre » car en vérité leur racine est commune. Pour cela, il est évident que de la même manière que la main droite est solidaire et responsable de la main gauche et lorsque celle-ci a mal, tout le corps est malade, ainsi lorsqu’un juif faute, tout Israël a le devoir de réparer cette dégradation causée par la faute car tout le peuple d’Israël n’est qu’une entité unique.
Le Tania explique que c’est seulement par la prise de conscience de la vanité de ce corps qui enveloppe notre âme, que nous pouvons arriver à atteindre la véritable joie qu’est la joie spirituelle ressentie par l’âme divine qui est en nous et par cela accomplir de manière »instinctive » la Mitsva « tu aimeras ton prochain comme toi-même » car le monde des âmes tire sa source directement de l’émanation divine, unique source de vie, D-ieu étant notre »père » et donc toute âme divine d’Israël est appelée « frère » du fait de leur racine commune qui est source de l’unité inhérente.
Toutes les âmes d’Israël forment un corps dans lequel la présence divine réside. Chacun de nous doit ressentir au plus profond de lui que ce qui est le meilleur pour son prochain est aussi le meilleur pour lui-même, de la même manière que si chaque membre du corps est en parfaite santé, tout le corps entier est rempli d’une vie qui se diffuse jusqu’au plus profond de ses atomes.
Ainsi le Talmud explique que les justes sont devant la présence divine comme une bougie devant une torche. La flamme d’une bougie s’approchant de trop près de la flamme d’un torche n’aurait plus d’existence et de réalité propre mais s’annulerait et s’intégrerait à la flamme de la torche ainsi les justes s’annulent et retournent à leur source divine.
Il est enseigné par le Ari zal que bien qu’il y a la mitsva de « tu aimeras ton prochain comme toi-même » si un homme veut partir de son endroit pour son profit et son élévation spirituelle, il est autorisé à abandonner ceux qui recevaient de lui, s’ils continuent de recevoir de ses influences par le moyen d’autres personnes et qu’il n’y a aucune conséquence désastreuse du fait de son départ, si non, il aurait l’interdiction de partir.
C’est pour cette raison peut-être que nous mettons le Téphiline du bras sur la « pomme » du biceps car c’est de cet endroit que naît la pensée idolâtre « c’est ma force et la puissance de mon bras qui fait cette guerre« . Cet endroit du corps est le symbole de la force de l’homme, pour cela, nous avons l’obligation de poser le téphiline dans lequel il y a écrit le chapitre du « Shéma » pour montrer que D-ieu est unité et que nous n’avons aucune force particulière indépendante de son influence divine. De même que nous remarquons que Pharro portait un bracelet à cet endroit en forme de serpent car il avait ressenti la force de la klippa, de l’écorce du principe qui s’appelle « la rigueur » à cet endroit du corps.