Rabbi Israel Salanter
Des propos au sujet de la crainte et de l’appréhension spirituelle de la Torah (2)
Rabbi Israel Salanter – La lumière d’Israël (2)
Adapté par Rav Michael Smadja
Ce cours est la suite de :
Il est connu que le service divin est séparé en 2 parties.
1/ la partie expérimentale : l’accomplissement des Mitsvoth et de la Torah activement: « écartes-toi du mal et prodigues le bien ».
2/ l’accomplissement de la Torah par la purification de la pensée. Il y a de nombreux niveaux dans cette partie du service. Et voici que le fondement du service qui est incontournable et indispensable est l’accomplissement des commandements de façon active. Par l’accomplissement de toute la Torah et de ses Mitsvoth, l’homme est qualifié de serviteur de D-ieu. La pureté de la pensée n’est que le moyen d’atteindre la perfection dans ce service divin.
La crainte de la punition a son principe dans l’âme animale qui se réalise par les pulsions naturelles produites par le corps. Car la source de la puissance que peut développer la crainte est ancrée dans tous les recoins de l’âme animale. Et même si l’homme n’est guidé que par les pulsions et les désirs de son cœur, frappé et sali par les fautes, la crainte de la punition ne le quittera jamais et à tout moment cette crainte peut le réveiller de sa torpeur même au plus profond de l’abîme.
Pour cette raison la crainte de la punition précède toutes les Mitsvoth car c’est le déclencheur en vérité qui va rallumer en nous la flamme qui s’est éteinte par l’accumulation des fautes et qui va nous diriger toute notre vie afin d’être craintif dans l’accomplissement de toute la Torah et de ses préceptes. Cette crainte animale ne nous quitte jamais.
Si nous voulons comprendre ce qu’est cette crainte enfouie au plus profond de notre âme, il faut avoir à l’image la peur viscérale qui habite un animal toute sa vie. Tout lui fait peur, il est aux aguets, à tout moment, de la plus petite à la plus grosse des bêtes : instinct de survie. Ainsi, nous devons développer cette peur viscérale, mais en la dirigeant vers la spiritualité, avoir peur de la faute comme avoir peur d’un animal féroce.
Cependant, le niveau le plus élevé de cette crainte est la crainte de Sa majesté, craindre l’infini, une sorte de peur du vide. C’est la connaissance parfaite d’une perception intellectuelle de l’infini. Et pour arriver à cette appréhension, il faut évacuer son ego qui est la source des désirs matériels, des mauvaises qualités qu’un homme peut développer et des fautes qu’il peut exprimer. Tout ceci n’est qu’un voile qui sépare les aspirations de l’homme au sacré.
Tout le temps qu’il fera le mal aux « yeux » de D-ieu, en transgressant Son alliance et en se révoltant contre Sa sainte volonté, l’homme ne pourra pas réveiller en lui cette grande crainte et ne pourra arriver en aucun cas à ce niveau de proximité de D-ieu si ce n’est en se débarrassant de ces tumultes petit à petit et en se dépouillant de ses habits sales que sont les vanités de ce monde et les désirs honteux et ainsi, il se purifiera de ses défauts qui le détruisent et se sanctifiera de l’impureté engendrée par son corps en gardant et en accomplissant toute la Torah et ses Mitsvoth. Alors, il pourra s’envoler et se propulser sur les ailes de la crainte de la majesté divine, et ainsi comprendre et percevoir spirituellement la vérité de Sa grandeur sans limite. De craindre et de trembler d’une peur vertigineuse de Sa présence et ainsi franchir les degrés jusqu’à arriver à l’ultime but qui est l’amour et la proximité divine. Il se trouve donc que le niveau extrême de la crainte et l’amour de D-ieu, est la conséquence directe de l’accomplissement de Torah et de ses Mitsvoth. Cependant, ce même acte de réalisation de Torah et de Ses Mitsvoth dépend d’une cause qui est la crainte de la punition.