Pirké Avot Chapitre 2 (Mishnayot choisies et commentées) Rav David Pitoun
Pirké Avot chapitre 2
Mishna 1
« Sois vigilent aussi bien vis-à-vis d’une Mitsva apparemment facile que vis-à-vis d’une Mitsva difficile… »
Midrash Tan’houma (Ki Tétsé) :
Rabbi A’ha dit : Il y a 248 commandements positifs dans la Torah, et ils correspondent aux 248 organes du corps humain. Chaque organe dit à l’être humain : « Fais moi accomplir une Mitsva qui me fera vivre par son mérite, et tu auras une longue vie ! » De même, il y a 365 interdictions dans la Torah, et ils correspondent aux jours du calendrier solaire. Dès le lever du soleil jusqu’à son coucher, le « jour » dit à l’être humain : « Fais attention à ne pas commettre en moi une transgression, car tu pourrais te faire pencher – toi ainsi que le monde entier – vers la condamnation ! »
C’est pourquoi le Tana nous met en garde en nous disant de nous montrer toujours vigilent vis-à-vis de toutes les Mitsvot, afin de faire vivre tous les organes du corps, et afin de nous préserver et préserver l’univers de la condamnation.
Histoire
Rabbenou Don Its’hak ABRABANEL était le ministre des finances du roi Alfonso V du Portugal (15ème siècle).
Le roi appréciait particulièrement Don Its’hak, ce qui éveilla la jalousie des autres ministres.
Ils s’adressèrent au roi en lui disant :
« Tu donnes toute ta confiance à ce juif, mais met le à l’épreuve et tu verras de toi-même s’il est réellement digne de confiance. »
Le roi accepta et les ministres proposèrent au roi qu’il demande à Don Its’hak de lui présenter par écrit le détail de tout ce qu’il possède dans sa fortune personnelle.
3 jours après, Don Its’hak présenta au roi le détail de sa fortune qui s’élevait précisément à la somme de 700 000 pièces d’or.
En entendant ce montant, les ministres se mirent à rire en disant au roi que la maison personnelle de Don Its’hak s’élevait à elle-même au double de la somme annoncée par Don Its’hak, et ceci, sans compter les différents champs de vignes d’une valeur très importante. Le roi fut irrité d’apprendre que son fidèle ministre l’avait trompé. On fit venir un expert qui estima effectivement la fortune personnelle de Don Its’hak à une somme beaucoup plus élevée que celle qu’il avait annoncé au roi.
Le roi entra dans une colère enflammée contre Don Its’hak.
Une deuxième chose vient irriter le roi à l’encontre de Don Its’hak.
En effet, Don Its’hak avait un serviteur non juif qui le servait avec dévouement, mais en échange de pots de vins, le serviteur vola des documents secrets appartenant à Don Its’hak et connus seulement de lui même et du roi.
Il les remit au ministre des affaires étrangères qui haïssait farouchement Don Its’hak.
Lorsque le ministre des affaires étrangères se présenta devant le roi, il signifia au roi qu’il était au courant du contenu des documents secrets. Le roi lui demanda comment il en avait eut connaissance, et le ministre répondit que Don Its’hak lui avait dévoilé l’existence des ces documents et de leur contenu.
A ce moment, le roi fut définitivement résolu à punir Don Its’hak pour l’avoir trahi de la sorte et décida sa condamnation à mort. Cependant, Don Its’hak bénéficiait d’une grande popularité dans le pays pour les allègements fiscaux qu’il appliquait au peuple, et de ce fait, le roi hésitait à le mettre à mort publiquement. Il convoqua Don Its’hak afin de lui confier une mission. Il lui remit une lettre cachetée du sceau royal en lui demandant d’aller la remettre au propriétaire d’une usine de briques qui se trouvait à l’extérieur de la ville. Le contenu de la lettre ordonnait au propriétaire de l’usine de jeter le porteur de la lettre dans la fournaise où les briques étaient fabriquées. Don Its’hak exécuta les ordres du roi et demanda à son fidèle serviteur non juif d’atteler son carrosse et de l’accompagner à cette usine. En chemin, le serviteur aperçut au loin un homme à l’apparence juive, qui faisait signe au carrosse de s’arrêter. Don Its’hak ordonna au serviteur de s’arrêter, et l’homme s’adressa à Don Its’hak et lui dit :
« Ma femme a accouchée d’un garçon il y a 8 jours, et c’est aujourd’hui le jour de sa Mila. Or, j’avais commandé les services d’un Mohel qui n’est toujours pas arrivé, et comme nous sommes proches de l’heure du coucher du soleil, et que je ne voudrais pas perdre cette Mitsva si précieuse, je vous demande s’il vous plait de venir pratiquer la Mila sur mon fils puisque vous êtes réputé pour être un Mohel expert. »
En entendant cela, Don Its’hak fut pris de doutes. Il devait d’une part remplir la mission que le roi lui avait confiée, mais d’autre part, pouvait-il négliger l’accomplissement d’un commandement d’Hashem qui ordonne dans la Torah de pratiquer la Mila à 8 jours ?!
Il décida d’envoyer son serviteur remettre la lettre au propriétaire de l’usine de briques, et lui dit qu’il viendrait le chercher dès que la Mila sera terminée.
Don Its’hak suivit le père et alla pratiquer la Mila de l’enfant, pendant que son serviteur se rendit à l’usine de briques pour remettre le courrier royal au propriétaire.
Lorsque le propriétaire de l’usine de briques ouvrit la lettre du roi et lut son contenu, il ordonna immédiatement que l’on prenne le porteur de la lettre et qu’on le jette dans la fournaise où sont fabriquées les briques.
Quelques heures plus tard, Don Its’hak arriva à l’usine pour reprendre son serviteur, mais quelle ne fut sa stupéfaction d’entendre qu’il avait été précipité dans le feu sur ordre du roi ! Le propriétaire ajouta que le serviteur avait même avoué avant de mourir qu’il méritait cette mort pour avoir trahit son maître en lui dérobant des documents secrets pour le compte du ministre des affaires étrangères.
Don Its’hak pris conscience à ce moment précis du miracle dont il venait de bénéficier, et adressa des louanges à Hashem pour son infinie bonté.
Le lendemain, Don Its’hak retourna auprès du roi.
En le voyant, le roi fut pris de panique et lui demanda :
« As-tu été à l’usine de briques ?! »
Don Its’hak lui raconta en détails ce qui s’était passé, ainsi que les aveux du serviteur qui avait dérobé les documents secrets pour le compte du ministre des finances.
Le roi lui répondit :
« Maintenant je sais que tu es un homme droit et intègre, puisque Hashem t’as maintenu en vie. »
Le roi ordonna immédiatement que l’on pende le ministre des affaires des étrangères.
Ensuite, le roi s’adressa à Don Its’hak et lui dit :
« Il me reste malgré tout un grief contre toi. Lorsque je t’ai demandé le détail de ta fortune personnelle, pourquoi m’as-tu adressé un rapport qui n’atteint pas le tiers de ce que tu possèdes ? »
Don Its’hak répondit :
« Majesté ! Il est vrai que je possède une grande fortune, mais je ne considère pas qu’elle m’appartienne, car Sa Majesté pourrait à tout moment décréter une confiscation de tous mes biens. C’est pourquoi, je t’ai adressé uniquement le détail de ce que j’ai offert à la Tsédakka, car cet argent est de façon certaine ma possession exclusive, et personne ne pourrait s’en emparer puisqu’il est gardé la haut dans le ciel ! »
Le roi fut satisfait de la réponse de Don Its’hak et le remercia pour son honnêteté et sa fidélité.
Pour avoir montré autant d’importance envers un ordre « apparemment facile » qu’envers un ordre « apparemment difficile », Rabbenou Don Its’hak ABRABANEL fut sauvé d’un terrible danger.
Pirké Avot Chapitre 2 Mishna 15
Réchauffe-toi auprès du feu des Sages, veille à ne pas te laisser brûler par leur braise, car leur morsure est aussi redoutable que celle du renard, leur piqûre est aussi douloureuse que celle du scorpion, leur murmure est aussi fulgurant que celui d’un ange, et toutes leurs paroles sont comme des braises ardentes.
Cet enseignement vient nous mettre en garde contre tout comportement de manquement envers les Talmidé ‘Ha’hamim (les érudits en Torah).
Toute personne qui manque de respect envers un Talmid ‘Ha’ham, s’expose très fortement à un châtiment très lourd.
Même s’il y a une grande Mitsva à respecter – de façon générale – toute personne qui étudie la Torah, malgré tout, l’essentiel de ce respect s’adresse aux véritable Talmidé ‘Ha’hamim.
On raconte qu’il y a environ 200 ans, un homme du nom de Rabbi Moshé de la ville de KORITZ, et ses enfants, Rabbi Shemouel Abba et Rabbi Pin’hass – qui étaient des imprimeurs hautement qualifiés (car leur père avait été lui aussi imprimeur de métier) – prirent l’initiative d’ouvrir une imprimerai dans la ville de Slowita (Russie), et d’y imprimer l’intégralité du Talmud, dans une édition de luxe, comme il est dit : « IL est mon Dieu, et je l’embellirai… » Embellie toi devant LUI, dans les Mitsvot (Gmara Shabbat 133b)
Lorsque Rabbi Moshé et ses enfants entamèrent ce saint travail, ils consultèrent les Grands de la Génération, afin qu’ils leur accordent leur approbation par une lettre manuscrite dans laquelle il serai stipulé que durant les 10 premières années après la publication du Talmud par les éditions de Slowita, nul ne serai autorisé à imprimer de nouveau le Talmud, car il y a aurai là une transgression de la loi de Massig Guevoul (empiéter sur le domaine d’autrui).
Les Rabbanim approuvèrent et acceptèrent de signer un tel document, donnant l’exclusivité durant une période de 10 ans, aux éditeurs de Slowita.
Parmi les Grands de cet génération, se trouvaient le Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER, ainsi que l’auteur du ‘Hatam Sofer , et d’autres Rabbanim…
C’est ainsi que Rabbi Moshé et ses enfants eurent le mérite d’imprimer tout le Talmud durant 5 ans, dans des éditions de prestige. De nombreux clients sautèrent sur l’occasion d’acheter un Shass (le Talmud) aussi luxueux. En l’espace de quelques années à peine, la quasi totalité des exemplaires édités, furent vendus.
En 5594 (1834), Rabbi Moshé et ses enfants envisagèrent de rééditer de nouveau le Talmud dans leur imprimerie.
Mais ils apprirent qu’un autre imprimeur du nom de Rabbi Mena’hem MANN, de la ville de Vilna – le père de la célèbre famille REEM (l’édition du Talmud dans laquelle nous étudions de nos jours, est l’édition de cette famille) avait lui aussi entreprit – avec ses associés de la ville de Horodna – d’éditer le Talmud dans la ville de Vilna, et cela, bien que le délai des 10 années d’exclusivité sur les droits d’impression du Talmud, n’avait pas encore expiré.
Les éditeurs de Slowita se tournèrent vers les Grands de la génération – parmi lesquels se trouvait le Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER – en suggérant que les Rabbanim proclament un interdit sur les éditeurs de Vilna– en se basant sur le premier accord des droits d’exclusivité – afin qu’ils ne s’avisent pas d’éditer le Talmud, tant que le délai des 10 années n’avait pas expiré.
Le Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER – dont les décisions Hala’hic étaient suivies par l’ensemble des communautés d’Europe de l’Est à cette époque – après avoir pris connaissance des revendications des deux parties, trancha la Hala’ha.
Selon sa décision – compte tenu du fait que les éditeurs de Slowita avaient quasiment écoulés leur stock d’éditions du Talmud, et compte tenu également que les éditeurs de Vilna étaient prêts à racheter tous les derniers exemplaires édités par Slowita, qui restaient – les éditeurs de Slowita ne pouvaient donc pas empêcher l’impression à Vilna, et la famille REEM était autorisée à imprimer de nouveau le Talmud à Vilna, pour le prestige de la Torah.
Il y eu certes quelques Rabbanim qui donnèrent raison aux éditeurs de Slowita, mais les paroles du Gaon Rabi ‘Akiva IGUER firent pencher la balance au profit des éditeurs de Vilna.
Mais Rabbi Moshé et ses enfants – les éditeurs de Slowita – voyant qu’il y avait malgré tout quelques Rabbanim de leur côté – firent l’erreur de suivre le conseil de gens mal attentionnés, et diffusèrent publiquement qu’il ne fallait pas se fier à la décision du Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER, qui autorisait les éditeur de Vilna à imprimer le Talmud. Ils prétextèrent que le Rav était très âgé (il avait plus de 70 ans), et que tous ses actes étaient régentés par son fils – le Gaon Rabbi Shelomo IGUER – qui influençait son père dans toutes ses décisions Hala’hic.
Lorsque le Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER entendit tout cela, il entra dans une très grande colère, et de tels propos le sortirent de son humilité, pour l’honneur de la Torah, puisque l’on prétendait qu’il avait été influencé à trancher contre la volonté de la Torah, et aussi à cause de la grande discorde que ces évènements provoquèrent.
Le Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER exprima donc son avis de façon très claire à travers une lettre (datée du 4 Tevet 5596 – 1836) dont voici les termes :
« …mon cœur gémit en constatant l’effronterie et l’insolence des éditeurs de la ville de Slowita, dont les propos sont insultant, non seulement envers mon fils le Gaon qui – selon leurs dires – influe dans mes décisions, mais aussi envers moi-même, puisque selon eux, je suis si vulnérable que l’on peut m’inciter à trancher de façon contraire au Din. Alors qu’en réalité, sur tous les documents d’approbation que m’ont fais parvenir les éditeur de Slowita, je n’en ai trouvé aucun de concret qui puisse leur donner gain de cause, pas le moindre, et puisqu’ils veulent se comporter avec dureté, je ne leur pardonne pas du tout leur attitude, car il est impossible de pardonner l’humiliation de la Torah. ‘Akiva Ben Moshé GINZ. Fin de citation.
Le Rav se plaça fasse au Aron Ha Kodesh, à la synagogue, et déclara avec peine et tristesse :
« Maître du Monde ! C’est Ta Torah que j’étudie ! Et c’est selon Ta Torah que je tranche ! Même si je pardonne le manquement à mon respect, toi, tu ne peux pardonner le manquement au respect de la Torah !! »
Cette phrase eu des conséquences dramatiques !
En effet, à cette même époque, un ouvrier de l’imprimerie de Slowita – dans un moment d’ivresse et d’égarement – se pendit à l’intérieur de l’imprimerie.
L’Europe de l’Est était marquée à cette époque par la présence du mouvement des Maskilim – des juifs intellectuels laïcs qui désiraient réformer la Torah, sous prétexte de modernité d’esprit. L’existence d’une imprimerie juive où l’on imprimait des livres sacrés ne pouvait que déranger les Maskilim, et c’est pourquoi, ils utilisèrent la mort accidentelle de cet ouvrier, pour colporter des mensonges auprès des autorités. C’est le juif renégat, le maudit Michael BENDERSKY (que le nom des impies moisisse !), connu pour sa haine du peuple d’Israël, qui alla faire de la délation devant le chef de la police à Saint-Pétersbourg, et il mit la responsabilité du meurtre sur les éditeurs de Slowita. Deux autres juifs renégats de Saint-Pétersbourg ajoutèrent sur ce chef d’inculpation, que les éditeurs de Slowita imprimaient leurs ouvrages sans l’autorisation de la censure qui contrôlait tous les écrit imprimés dans le pays, et que c’est justement parce que cet ouvrier avait l’intention de les dénoncer que les éditeurs l’avaient tué.
Les autorités russes virent une belle occasion d’exprimer une fois de plus toute leur haine à l’égard d’Israël, et s’empressèrent donc d’arrêter les frères éditeurs (leur père était trop âgé pour être emprisonné), avec une enquête très poussée, chaque jour, durant 3 années qu’ils passèrent en prison en compagnie de gens de la pire espèce, et en subissant les pires souffrances. En définitif, une cruelle sentence fut rendue par le Tribunal russe, et selon cette sentence, les frères furent condamnés à passer entre deux rangées de soldats armées de bâtons, et devront recevoir chacun 1 500 coups de bâtons. S’ils restent en vie, ils devront partir en exil en Sibérie à perpétuité.
Cette cruelle sentence fut exécutée la veille de Rosh ‘Hodesh Elloul 5599 (1839).
On disposa sur une grande place, deux rangées de soldats, l’une face à l’autre, et chaque rangée était constituée de 250 soldats armés de bâtons. Chacun des frères accusés devait passer 3 fois entre les deux rangées, et recevoir les coups et les flagellations. Les policiers s’approchèrent de l’un des frères et le déshabillèrent jusqu’à le laisser torse nu, en ne lui laissant que sa Kippa, puisque c’était là sa dernière requête que les autorités russes lui accordèrent. Dans un murmure, il confia son souffle à son Dieu, les mains attachées, le corps dénudé, il donna son dos aux frappeurs.
Les bâtons se levèrent et se baissèrent en frappant son dos nu. Soudain, il s’arrêta de marcher alors que les bâtons continuaient de la frapper. Sa Kippa blanche venait de tomber de sa tête. Il ne pouvait pas la ramasser puisqu’il avait les mains attachées, mais il ne voulait pas non plus marcher la tête nue. A ce moment là, le bâton de l’un des soldats lui frappa l’œil droit, ce qui lui laissa une cataracte, le restant de ses jours. L’un des soldats compris ce qui se passait, ramassa la Kippa et la replaça sur la tête du supplicié. Il continua à marcher entre les deux rangées de soldats 3 fois et resta en vie. Après l’avoir emmener à l’hôpital, on fit passer le deuxième frère, qui reçut lui aussi 1 500 coups de bâtons.
Ce drame activa la fin de leur père, et il décéda en 5600 (1840).
Après d’importantes tentatives de la part des Hassidim des villes de Koritz et de Slowita, les frères reçurent une « grâce » impériale du maudit Tsar Nicolaï 1er (que le nom des impies moisisse !). La sentence d’exil en Sibérie fut commutée en emprisonnement à vie, à Moscou. Ce n’est qu’après la mort du Tsar Niocolaï (que son nom soit effacé !), lorsqu’ Alexandre II monta sur le trône de Russie en 5616 (1846), qu’il libéra les frères.
Les frères éditeurs acceptèrent le Jugement céleste qu’ils avaient subis, en châtiment pour avoir porté atteinte au respect du Gaon Rabbi ‘Akiva IGUER.
Ils répétaient sans cesse – jusqu’à la fin de leurs vies – la Mishna qui enseigne
« Réchauffe toi auprès du feu des Sages, veille à ne pas te laisser brûler par leur braise, car leur morsure est aussi redoutable que celle du renard, leur piqûre est aussi douloureuse que celle du scorpion, leur murmure est aussi fulgurant que celui d’un ange, et toutes leurs paroles sont comme des braises ardentes.»
Pirké Avot Chapitre 2 Mishna 18 :
Rabbi Shim’on dit : Sois vigilant vis-à-vis de la lecture du Shema’ et de la prière. Lorsque tu pries, ne fais pas de ta prière un poids, mais plutôt une demande de miséricorde et des supplications devant Hashem.
Il est évident qu’une prière faite avec concentration (Kavana) ne peut qu’entraîner à l’homme un grand bonheur et le sauver du malheur, car même si nos maîtres enseignent dans la Guemara Mo’ed Katan (28a) : Les enfants, la vie et la subsistance matérielle ne dépendent pas du mérite mais seulement du destin (Mazal), malgré tout, grâce à la prière l’homme peut tout changer pour le bien. Notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF Zatsal cite une référence à cela à travers un verset qui dit :
« Vous servirez Hashem votre D. » Voici la prière. « …Il bénira ton pain et ton eau » Voici la subsistance matérielle « Il n’y a aura pas en toi de femme stérile » Voici les enfants. « J’augmenterais le nombre de tes jours » Voici la vie.
Tout ceci à condition que la prière soit dite avec concentration. Il incombe donc chacun d’être très vigilant – non seulement sur la concentration dans la prière – mais aussi sur le fait de toujours dire les 3 prières quotidiennes de façon digne et dans la sérénité. Même si l’on est très occupé par ses affaires, on se doit de libérer un moment pour dire les 3 prières dans la sérénité. De même les femmes – qui ne sont soumises selon le Din qu’à une seule prière par jour – doivent être vigilantes et dire leur prière dans la sérénité et dans une totale concentration. C’est pourquoi, la femme doit agir avec sagesse et choisir un moment où elle n’a aucune occupation afin de prier de manière digne.
On raconte qu’un jour le Gaon Rabbi Eliyahou MANI z.ts.l – qui était le Av Beit Din de la ville de ‘Hevron il y a plus de 100 ans – voyagea en Egypte lors d’une année de disette afin de rapporter du pain et de la nourriture aux habitants de ‘Hevron. Le Rav fut hébergé chez un juif du nom de Katawi Pacha qui était le ministre des finances du gouvernement égyptien, et qui avait un immense respect envers les Talmidé ‘Ha’hamim (A cette époque, de nombreux juifs occupaient des places importantes en Egypte, comme des scientifiques, des artistes, des hommes politiques de premier rang). Le ministre reçu le Rav avec beaucoup d’honneur et le convia au repas de midi. Lorsqu’ils terminèrent le repas, le ministre s’excusa auprès du Rav en lui disant qu’il était dans l’obligation de s’absenter car il devait se rendre au palais royal pour une réunion avec le roi. Au cours de cette réunion, on devait procéder à un appel d’offre concernant la fabrication de vêtements pour 5 000 soldats de l’armée. Le ministre des finances devait lui aussi faire une proposition sur le type de vêtements ainsi que sur le prix. C’est pourquoi il devait se rendre auprès du roi. Le Rav lui souhaita la réussite dans ce qu’il entreprendra, mais il lui adressa une seule et unique demande : d’être vigilant afin de ne pas trop s’étendre dans les discussions et ainsi risquer de perdre la prière de Min’ha, car nos maîtres ont enseigné (Bera’hot 6b) : on doit toujours être vigilant vis-à-vis de la prière de Min’ha car Eliyahou Ha-Navi ne fut répondu que lors de la prière de Min’ha. Le ministre promis de respecter les paroles du Rav et qu’il ferai tout pour ne pas perdre la prière de Min’ha.
Après un long débat mené par le roi et ses conseillers au sujet des différentes propositions qui furent présentées lors de l’appel d’offres, le ministre Katawi regarda sa montre et constata que dans quelques instants le soleil allait se coucher, et s’il attendait qu’arrive son tour afin de présenter lui aussi sa proposition, il perdrait le moment de prier Min’ha. Il s’excusa à voix basse auprès du ministre qui siégeait à ses côtés, et se leva pour se rendre dans la pièce à côté afin de prier Min’ha. Pendant qu’il priait, s’accomplit sur lui le verset : « Avant même qu’ils m’implorent je leur répond, pendant qu’ils parlent je les exauce », Hashem écouta sa prière car il était quelqu’un de très généreux et très bon vis-à-vis de son peuple. Hashem incita le roi et les ministres à accepter l’offre du ministre Katawi. Le roi voulut le féliciter mais Katawi n’était pas là. Ses collègues dirent au roi que le ministre Katawi s’est absenté quelques instants pour prier. Ils attendirent que Katawi finisse sa prière. Lorsqu’il retourna sur le lieu de la réunion, le roi félicita Katawi pour sa réussite dans l’appel d’offre. Le roi lui demanda : « Depuis quand es-tu devenu aussi Tsaddik et ‘Ha’ham pour te lever en plein conseil des ministres avec le roi, pour aller prier ? » Le ministre Katawi lui répondit : « Un très grand Sage et très grand Tsaddik d’Israël est arrivé chez moi, et je lui ai promis de prier. C’est pourquoi je me suis levé afin de tenir ma promesse. »
Lorsque les autres ministres quittèrent le palais, le roi demanda à s’entretenir en privé avec le ministre Katawi. Le roi lui dit : « J’ai une fille malade qui est alitée depuis des mois. J’ai convié les plus grands médecins mais aucun n’a réussi à la guérir. J’ai même demandé à des religieux – les Sheiks arabes – de prier pour elle mais sans le moindre succès. De grâce, fais venir ce Rav qui est chez toi afin qu’il la bénisse, peut être qu’il parviendra à la guérir ! »
Le ministre exauça la demande du roi, et demanda à Rabbi Eliyahou MANI de se rendre avec lui au palais royal afin de prier pour la guérison de la fille du roi. le Rav accepta et lorsqu’il arriva au palais, le roi l’introduisit dans la chambre de sa fille. Le Rav se mit à prier Hashem afin qu’Il sanctifie Son Nom dans le monde, et qu’Il envoie une totale guérison à la fille du roi. La prière du Tsaddik fut exaucée et 3 jours plus tard la fille du roi se leva de son lit et guérit de sa maladie. Le roi fut très heureux et convia de nouveau le Rav à se rendre au palais royal.
Lorsqu’il arriva, le roi exprima toute sa reconnaissance au Rav car grâce à sa prière, sa fille avait guérit. Le roi demanda au Rav : « Quelle la raison de ta venue en Egypte ? »
Le Rav répondit qu’il n’y avait plus de nourriture en Israël, car la famine devenait très dure. Le roi ordonna immédiatement d’envoyer plusieurs sacs de récolte à l’adresse du Rav à ‘Hevron, et récompensa le Rav avec des pièces d’or. Le Rav quitta l’Egypte avec beaucoup de richesses au profit des habitants de ‘Hevron, et le Nom d’Hashem fut sanctifié par l’intervention du Rav.
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN – France 5773
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
Article Pirké Avot Chapitre 2 Rav David Pitoun (Michnayot choisies et commentées). Article initialement publié le 27 Avril 2015 et mis à jour le 25 Mai 2020