Parachat Vayéra 5775 Yéhouda Moshé Charbit
Parachat Vayéra
בס״ד
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Pour la refoua chelema de Ilan Youval Haï ben Sandra ninette , Haim Ben Rahrmouna et tout les autres malade…
PARACHAT VAYÉRA
Encore dans les douleurs de la circoncision, Avraham se poste à l’entrée de sa tente pour guetter les passants. Hachem lui envoi la visite de trois anges, sous apparence humaine, qu’Avraham se hâte de recevoir en tant qu’invités. Chacun des trois anges a une mission spécifique. Le premier est venu lui annoncer la naissance prochaine d’un fils; Yitshak. Le second est présent afin de guérir Avraham de la circoncision. Et le troisième est là pour mettre Avraham au courant de la destruction prochaine de Sédome et Amora. Malgré la tentative d’Avraham de prier pour le salut de ces villes, Hachem ne change pas d’avis. Cependant, par le mérite de son oncle, Loth habitant de Sédome échappe au massacre. Après cela, Avraham connait de nouveau l’épreuve de voir sa femme prise par un roi ; Avimelekh. Comme il le fit en Égypte, Hakadoch Baroukh Hou intervient pour sauver Sarah et Avimelekh la libère. Après ces évènements, Avraham, sur demande de Sarah, chasse Ichmaël et sa mère à cause des tensions qu’engendrait la cohabitation d’Ichmaël et Yitshak. La paracha se conclue par l’épreuve ultime imposée à Avraham, celle du sacrifice de son fils Yitshak, qu’il a tant peiné à avoir. Avraham surmonte l’épreuve et Hachem lui demande de ne pas sacrifier son fils voyant à quel point Avraham l’aimait.
Dans le 18ème chapitre du livre de Béréchit, la torah dit :
ח/ וַיִּקַּח חֶמְאָה וְחָלָב, וּבֶן-הַבָּקָר אֲשֶׁר עָשָׂה, וַיִּתֵּן, לִפְנֵיהֶם; וְהוּא-עֹמֵד עֲלֵיהֶם תַּחַת הָעֵץ, וַיֹּאכֵלוּ׃
8/ Il prit de la crème et du lait et le veau qu’il avait fait et les plaça devant eux ; il se tenait près d’eux sous l’arbre et ils mangèrent.
ט/ וַיֹּאמְרוּ אֵלָיו, אַיֵּה שָׂרָה אִשְׁתֶּךָ; וַיֹּאמֶר, הִנֵּה בָאֹהֶל׃
9/ Ils lui dirent : « Où est Sarah ton épouse ? », il dit : « Voici, elle est dans la tente ».
י/ וַיֹּאמֶר, שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה, וְהִנֵּה-בֵן, לְשָׂרָה אִשְׁתֶּךָ; וְשָׂרָה שֹׁמַעַת פֶּתַח הָאֹהֶל, וְהוּא אַחֲרָיו׃
10/ Il dit : « Je reviendrais sûrement vers toi à cette même époque de vie, et voici, il y aura un fils pour Sarah ton épouse » et Sarah écoutait à l’entrée de la tente, et il était derrière lui.
Beaucoup d’évènements se produisent dans notre paracha, mais un détail, ou plutôt une absence, se fait sentir. Effectivement, Ichmaël est totalement absent de tout le récit de la semaine. Son absence n’est pas physique, bien au contraire, dans la mesure où plusieurs passages le concerne. Toutefois, son nom disparaît totalement. Lorsque la torah veut parler de lui, elle le surnomme « le fils d’Agar » ou encore « l’enfant », mais jamais son nom ne prend place dans le développement, comme si la torah cherche à ne pas le mentionner. Aussi bien au moment de la visite des anges, du renvoi d’Agar de la maison d’Avraham ou encore de la akédat Yitshak, bien que présent, jamais son nom ne figure ! La question peut surprendre dans la mesure où Ichmaël n’est un personnage de l’ampleur des avot pour que son nom soit systématiquement cité. Toutefois, constater l’omission récurrente nous pousse à penser que cela est volontaire. Pourquoi la torah ne caractérise plus Ichmaël par son nom ?
Pour tenter de comprendre ce qui se passe dans notre paracha, penchons-nous sur ce que représente Ichmaël. Comme chacun le sait, Ichmaël est celui de qui descend le monde oriental. Face à lui, un autre des descendants d’Avraham engendrera une partie importante du monde, il s’agit d’Essav, père de l’occident. Ces deux peuples sont ceux qui, au cour de l’histoire, n’auront de cesse de s’opposer aux bné-Israël et de les persécuter. Nos sages qualifient Essav et ses descendants par la haine qu’ils nous portent. En effet, Rabbi Chimone Bar Yohaï enseigne qu’il est connu que « עשו שונא ליעקב Essav a la haine de Yaakov ». En ce qui concerne Ichmaël et ceux qui le suivront, le mot que nos sages emploient est «אויב ennemi ». Effectivement, le verset 18, du téhilim 132 dit :
אוֹיְבָיו, אַלְבִּישׁ בֹּשֶׁת; וְעָלָיו, יָצִיץ נִזְרוֹ
Ses ennemis, je les revêtirai de honte et sur sa tête brillera son diadème
Sur cela, le Yalkout Chimoni (sur la paracha le’h lé’ha) explique que les ennemis en question sont les descendants d’Ichmaël. D’autres exemples pourraient encore être cités, mais l’important est de définir l’essence de ces adjectifs que nos sages emploient contre les enfants respectifs d’Essav et d’Ichmaël.
Le terme employé pour Essav se comprend. Essav est l’aîné d’Yitshak, celui qui doit lui succéder. Toutefois, c’est Yaakov qui le devance et prend le titre de troisième patriarche duquel découle les bné-Israël. Il est facile de concevoir une certaine rancoeur à l’égard de Yaakov, dans la mesure où il représente tout ce qu’aurait dû être Essav. La jalousie est donc de mise, ce qui conduit Essav à haïr son frère. C’est cette haine qu’il va transmettre à ses enfants, qui, au fil des générations, vont s’en prendre aussi souvent que possible aux bné-Israël. Par contre le terme employé concernant Ichmaël interpelle. En quoi les bné-Israël sont des « ennemis » pour lui ? D’où provient ce sentiment, cette rivalité qui anime ce peuple ?
Une réponse se trouve peut-être dans une analyse du Maharal de Prague sur le rêve de Daniel, dans le chapitre sept. En effet, dans ce dernier, Daniel à la vision de quatre créatures auxquelles nos sages attributs les quatre grands exils. La première représente un lion, qui renvoi à l’exil de Babylonie. La seconde a l’apparence d’un ours et préfigure l’exil Perse. La troisième est une panthère et fait référence à l’exil Grecque. La quatrième est par contre indescriptible. Elle est la plus effrayante de toute. D’après le Ramban, elle renvoi à l’exil occidental dans lequel nous sommes actuellement.
Face à cela, le Maharal de Prague se pose une question légitime. Le peuple d’Ichmaël constitue un de nos plus grands oppresseurs. Si, en effet, la vision de Daniel est annonciatrice des exils à venir, comment se fait-il qu’elle ne traite pas d’Ichmaël ? De façon générale, à plusieurs reprises dans la torah, nos sages analysent des versets comme faisant référence aux quatre exils que les bné-Israël vont connaître. Mais jamais ces exils ne mentionnent celui d’Ichmaël. Pourquoi ne parlons-nous que de quatre exils, de quatre grands peuples qui opprimeront les bné-Israël, sans jamais considérer un de nos plus grands opposants, qui n’est autre qu’Ichmaël ?
À cela, le Maharal expose une notion particulièrement intéressante. D’après lui, toute la raison pour laquelle le rêve de Daniel, ainsi que toutes les autres exégèses de nos sages, omettent Ichmaël, se trouve dans l’objectif même de ce peuple. L’objectif premier d’Ichmaël n’est pas de régner mais d’être l’élu à notre place, d’être le représentant de Dieu, sans même avoir accepté sa torah ! Cela tombe sous le sens lorsque nous analysons les mots de nos sages concernant Essav et Ichmaël. À savoir qu’Essav est haineux, il jalouse Yaakov qui est celui va régner ! À ce titre, nous remarquons que les quatre grandes royautés qui vont nous faire face, vont chercher à gouverner le monde, à dominer sans partage et à annihiler le peuple juif ! Non pas par esprit de compétition mais par nécessité de supprimer la connaissance de Dieu dans le monde. Car Hachem est le vrai roi et sa connaissance par l’homme empêche l’expression totale des autres royautés. À l’opposer se trouve le peuple d’Ichmaël, qui nous considère comme ses ennemis. Cela est motivé par son désir de représenter la divinité. Il s’oppose à nous parce qu’il vise l’objectif qui est le notre : être l’élu de Dieu ! Il n’est d’ailleurs pas anodin de souligner que le monde oriental, au travers de l’islam, se revendique comme cet élu qui a supplanté le peuple juif. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles, il est le seul peuple avec les bné-Israël à comporter le nom de Dieu (אל el) dans son substantif. Car il revendique ses actions comme étant la volonté de Dieu, il se considère comme l’émissaire divin. C’est pourquoi nous sommes ses ennemis car nous aussi avons cette vocation. Le seul détail qui nous sépare est que, contrairement à lui, nous le faisons en ayant accepté la torah ! À savoir que nous ne dictons pas nous même la volonté de Dieu, c’est bien l’inverse qui nous caractérise.
C’est là que se trouve toute l’incohérence de ce peuple qui, d’une part choisie de refuser la pratique de la torah lorsqu’Hachem la propose à tous les peuples, mais d’autre part, prétend représenter la volonté de Dieu !
Cette contradiction peut trouver une explication dans la provenance d’Ichmaël. En effet, rappelons que ce dernier est le fils qu’Avraham a eut avec Agar, la servante de Sarah. Cette dernière provient de l’Égypte où elle était la fille du roi. Or, comme chacun le sait, plus tard, les bné-Israël seront asservis en Égypte. Le choix de ce pays comme exil n’est pas hasardeux. Nos sages expliquent qu’Israël s’oppose frontalement à l’Égypte ! La terre d’Israël concentre la sainteté, tandis que celle d’Égypte se focalise sur l’impureté, le mal. Les bné-Israël, peuple de la vérité, devaient donc se confronter aux Égyptiens qui incarnent le mensonge des forces du mal. Ainsi, Ichmaël résulte de la rencontre entre la vérité et le mensonge. Avraham est le père de la foi, celui qui comprend la vérité et la transmet à sa descendance. À ce titre, l’objectif d’atteindre la vérité se trouve dans l’essence même d’Ichmaël. Par contre, Agar lui transmet le mensonge duquel elle est issue. L’origine de son fils se base sur le refus de la vérité ! D’où l’absurdité de sa quête : il cherche la vérité mais la refuse en même temps ! Il veut être le représentant de Dieu mais refuse sa torah et donc sa volonté! Au contraire, il crée sa propre définition du bien ! Il brandit le mensonge comme étant la vérité.
Grâce à ce développement, nous pouvons porter à regard adéquat sur notre question. Le midrach que nous avons cité plus haut enseigne une chose passionnante qui résume ce qui se passe dans notre paracha. L’ennemis que représente Ichmaël est celui sur lequel pousse le machia’h ! À savoir que, ce peuple se revendiquant de la vérité divine ne peut exister qu’à condition que la « vraie » vérité ne soit pas connue des hommes. Plus l’ignorance sera grande, plus la pseudo vérité qu’est Ichmaël montera. Toutefois, à son sommet, se trouve machia’h qui, lorsqu’il se dévoilera, annulera le mensonge pour faire briller la connaissance réelle de Dieu.
C’est en somme ce qui se passe dans notre paracha. En effet, cette dernière annonce la venue d’Yitshak, le légitime successeur d’Avraham. Avant l’arrivée de ce dernier, Ichmaël était le seul enfant d’Avraham, il avait de l’importance, le mensonge qu’il représentait pouvait encore s’exprimer. Par contre, l’entrée en scène d’Yitshak éclaire sur ce qu’est la vérité ! Dès qu’Yitshak apparaît, dès que la vérité se présente, alors Ichmaël et le mensonge, disparaissent ! Ichmaël et Agar ont cru être ceux qui succèderont à Avraham ! Et la paracha de la semaine dernière nous le prouve lorsque nous constatons qu’avec sa grossesse, Agar a méprisé Sarah, se pensant subitement supérieure à elle. Durant un temps, le mensonge a existé, Ichmaël était le fils d’Avraham ! Mais Yitshak est celui qui supprime cette fausse réalité.
Cela est sous-entendu dans les versets que nous avons cité. En effet, les derniers mots du verset 10, « וְהוּא אַחֲרָיו et il était derrière lui » font référence d’après le Targoum Yonathan ben Ouziel à Ichmaël. Il est celui qui est caché lorsque les anges annoncent la futur naissance d’Yitshak. La venue d’Yitshak insinue la mise en arrière d’Ichmaël qui n’est maintenant plus que caché par des surnoms et ne prend plus place aux côtés d’Avraham mais à l’arrière de la tente !
Notre paracha est un prélude de la fin des temps. Notre génération ne connait que trop bien ce que représente Ichmaël ! Les souffrances qu’il nous fait endurer trouvent leurs justifications dans le fait que nous sommes leur antithèse ! Notre existence sous-tend leur erreur et leur mensonge. Le Maharal de Prague disait que la guerre qui se déroulera à la fin des temps sera une guerre d’idéologie ! Une idéologie atteindra des sommets avant de s’effondrer face à l’arrivé de la vérité d’Hakadoch Baroukh Hou ! Cette guerre idéologique est celle que nous vivons aujourd’hui. Le seul remède à cette guerre, la garantie du succès se trouve dans l’affirmation de nos convictions. Nous savons que nous détenons la vérité absolue. Nous sommes ceux qui avons choisi de suivre la torah, de nous plier à la volonté d’Hakadoch Baroukh Hou et non d’inventer ce que serait cette volonté. Telle est notre mission sur terre, suivre les commandements qu’il nous a transmis et par cela faire rayonner sa grandeur dans le monde. C’est ce chemin qui nous conduira à effacer les fausses vérités, à éradiquer le mal et les mensonges de nos opposants. Yéhi rastone, qu’Hachem nous accorde son aide pour pouvoir évoluer dans l’accomplissement de sa torah et de ses mitsvot qui nous mèneront rapidement à l’avènement du bien lors de la venue de machia’h tsidkénou biméra béyaménou, amen véamen.
Chabbat Chalom
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