Paracha Béréchit – Le Jardin de la Torah
Paracha Béréchit
Nous vous proposons trois Divré Torah pour cette première Parasha :
- Shiouré Harashal
- Ben Ish Hay Déroushim
- Rashi expliqué
Premier Dévar Torah
Shiouré Harashal T1 – Paracha Béréchit P. 133
Dans notre Paracha de Béréchit, il est écrit (Genèse Ch. 1 v. 5) :
וַיִּקְרָא אֱלֹקִים לָאוֹר יוֹם, וְלַחֹשֶׁךְ קָרָא לָיְלָה; וַיְהִי-עֶרֶב וַיְהִי-בֹקֶר, יוֹם אֶחָד.
D.ieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit. Il fut soir, il fut matin, un jour.
Avec cette « lumière », le premier Homme, Adam Harishon, voyait d’un bout du monde à l’autre, il n’avait aucune limitation. Avec la lumière à notre disposition, si on la voile, immédiatement il fait sombre, tandis qu’avec la lumière qu’a créée le Saint béni soit-il et qu’Il a mise à disposition de Adam, avant la faute, il n’y avait rien qui pouvait la voiler. Le Saint béni soit-il a vu que cette lumière était bonne mais qu’elle ne correspondait pas aux pécheurs alors Il l’a cachée pour la mettre à disposition des Tsadiqim (justes) dans le monde futur.
Dans le Midrash, nous remarquons, à propos de notre verset qu’il est écrit וַיִּקְרָא אֱלֹקִים לָאוֹר יוֹם, « D.ieu appela la lumière jour ». D.ieu associe Son nom au Bien mais ne l’associe pas au Mal et en conséquence il n’est pas écrit וְלַחֹשֶׁךְ קָרָא אֱלֹקִים לָיְלָה car Hashem n’associe Son nom qu’au Bien.
Se pose alors la question : l’habitude de la Torah n’est elle pas de ne pas mettre de redondance dans les termes, et c’est pour cela que le nom Eloquim אֱלֹקִים n’a été écrit qu’une seule fois, et l’intention du verset n’est elle pas évidemment de dire que « D.ieu appela la lumière jour » et qu’également Il appela les ténèbres « nuit » ? Comme on le voit dans un verset dans la suite au verset 10
וַיִּקְרָא אֱלֹקִים לַיַּבָּשָׁה אֶרֶץ, וּלְמִקְוֵה הַמַּיִם קָרָא יַמִּים; וַיַּרְא אֱלֹהִים, כִּי-טוֹב.
D.ieu nomma le sol la Terre, et l’agglomération des eaux, Il la nomma les Mers. Et D.ieu considéra que c’était bien.
et la Torah ne dit pas qui a nommé « les mers », et évidemment il s’agit de la suite du verset et c’est Hashem qui a appelés « les mers » par leur nom.
L’explication est la suivante, comme il est connu le jour suit la nuit, il y a d’abord le jour et ensuite la nuit comme il est écrit
; וַיְהִי-עֶרֶב וַיְהִי-בֹקֶר, יוֹם אֶחָד
Il fut soir, il fut matin, un jour.
et en conséquence le verset aurait du dire : D.ieu appela les ténèbres Nuit et la lumière jour. Comme Hashem n’associe pas son nom au mauvais alors le verset à inversé (l’ordre normal) et a écrit : D.ieu appela la lumière jour, et les ténèbres, il les appela Nuit.
Les Sages nous ont enseigné « Un homme doit toujours entrer avec Ki Tov et sortir avec « Ki Tov » ». « Ki Tov » est l’expression de notre verset qui signifie « est bonne ». C’est à dire que quelqu’un ne doit voyager que lorsqu’il fait jour afin d’être protégé des crevasses et des puits [pour ne pas y tomber] et également des créatures malfaisantes.
On rapporte l’histoire d’un aubergiste qui était un mécréant, il était associé à une bande de brigands. Son habitude était de faire sortir les clients de l’auberge pendant la nuit. Il avait préalablement convenu avec ses compères les brigands qu’à telle heure sortirait untel, un riche personnage, qui avait l’habitude de se diriger vers tel endroit. Ainsi les brigands pouvaient attaquer cette personne et le dépouiller de tous ses biens.
Une fois, Rabbi Méir [Baal Hanness] résida dans cette auberge ; l’aubergiste lui dit de sortir au milieu de la nuit parce qu’il y a avait trop d’affluence. Rabbi Méir répondit : « j’ai un frère dont le nom est Ki Tov » et je l’attends avec impatience, lorsqu’il viendra, je partirai avec lui.
« Où est ton frère ? », demanda l’aubergiste, « A la synagogue » répondit Rabbi Méir. L’aubergiste partit à la synagogue et rechercha un dénommé « Ki Tov » ; il rechercha en vain une telle personne.
Il dit à Rabbi Méir : « J’ai recherché ton frère à la synagogue et ne l’ai point trouvé ». Rabbi Méir lui répondit : « peut être est-il dans une autre synagogue »
Lorsque le matin arriva, l’aubergiste vit Rabbi Méir partir. Il lui demanda « où est ton frère dont tu m’as parlé » ?
Rabbi Méir lui répondit : « Ki Tov », c’est le jour, et il est interdit de sortir alors qu’il fait nuit. En conséquence, c’est seulement lorsqu’il fait jour que je sors ….
*
Second Dévar Torah
Livre Ben Ish ‘Hay Déroushim de Rabbi Yossef Haym de Baghdad Zatsal page 1a (Paracha Béréchit)
Dans notre Parasha, il est écrit (Genèse Ch. 1 v. 1) :
בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.
Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre.
Il me semble, avec l’aide du ciel, que la première Mitsva de la Torah est פְּרוּ וּרְבוּ « Croissez et multipliez! ». Les Sages nous enseignent que, par cette Mitsva subsistent les cieux et de la terre [en tout cas l’objectif de la création des cieux et de la terre]. Car cette Mitsva permet le Tiqoun (la réparation) de toutes les âmes ce qui est le fondement de la création des cieux et de la terre (le but).
Il est connu que la lettre ב en début de mot vient en lieu et place du mot בעבור « à cause de/en raison de/en vue de ». C’est ce que dit la Torah « בְּרֵאשִׁית » « en vue de Réshith » [début/premier] c’est à dire dans le but de la première Mitsva de la Torah qui est de procréer, D.ieu créa le ciel et la terre.
Il me semble pouvoir expliquer que c’est pour cela que la dernière Mitsva de la Torah est que chaque homme doit écrire un Séfer Torah. Cette Mitsva a été écrite en dernier pour nous dire qu’elle est comme la première Mitsva de la Torah c’est à dire que l’homme doit « croître et multiplier » dans la Torah. Par l’étude de la Torah, nous créons des âmes. Comme nous le voyons à propos de Ben Azay (qui ne voulait pas se marier), les sages l’ont réprimandé car il ne s’adonnait pas à « croissez et multipliez » ne s’étant pas marié. Il leur répondit « que puis-je faire ? Mon âme est attachée complètement à l’étude de la Torah. De plus je n’annule pas la Mitsva de « croissez et multipliez » mais je la réalise par l’étude de la Torah.
Par cela nous comprenons le verset (Isaïe Ch. 46 v10) מַגִּיד מֵרֵאשִׁית אַחֲרִית « Dès le début, j’annonce les choses finales », c’est à dire que par la première Mitsva j’annonce comment il faut faire la dernière Mitsva. Par cela nous comprenons également ce que nous disons dans (dans le Kéter du Moussaf de Shabbath par exemple) :
הן גאלתי אתכם אחרית כראשית להיות לכם לאלקים אני ד’ אלקיכם
Voici Je vous délivrerai à la fin (des temps) comme la première fois (à la sortie d’Egypte) afin d’être pour vous D.ieu. Je suis l’Eternel votre D.ieu.
C’est à dire que la délivrance finale par le fait que vous accomplirez la dernière Mitsva qui est d’écrire un Séfer Torah, mais faite de la même manière que la première Mitsva qui est de « croitre et multiplier » (c’est à dire qu’en étudiant la Torah [« écrire un Séfer Torah »] et en créant des âmes nous obtenons la délivrance finale).
On peut expliquer d’une autre manière le verset d’Isaïe rapporté ci-dessus מַגִּיד מֵרֵאשִׁית אַחֲרִית « Dès le début, j’annonce les choses finales ». La discussion entre décisionnaires dans le cas où deux personnes s’associent dans l’écriture d’un Séfer Torah. Sont-ils tous les deux quitte de la Mitsva ou bien est-il nécessaire que chacun est-il nécessaire que chacun d’entre eux en écrive un. Certains pensent qu’il est nécessaire que chacun en écrive un et d’autres considèrent qu’il est possible de nous acquitter de notre obligation en nous associant.
Pour ceux qui considèrent qu’il est nécessaire que chacun en écrive et qu’une association ne convient pas pour s’acquitter de la Mitsva, nos versets collent bien !
On a vu que la première Mitsva est de procréer (« croissez et multipliez »), pour nous dire que la première Mitsva doit être comme la dernière Mitsva. Donc, de la même manière qu’une femme ne peut avoir deux maris, un Séfer Torah ne peut être écrit par deux personnes (c’est à dire deux associés dans l’écriture ou l’acquisition d’un Séfer Torah ne sont pas quittes de leur obligation). Ainsi le verset rapporté מַגִּיד מֵרֵאשִׁית אַחֲרִית se comprend bien appliqué à notre cas, c’est à dire que la première Mitsva nous montre la loi sur le dernière Mitsva.
Troisième Dévar Torah – Rachi Paracha Béréchit
Nous poursuivons cette rubrique inaugurée l’an dernier dans laquelle nous allons décortiquer le commentaire de Rashi sur quelques versets de la Parasha. Les explications sont tirées du livre « Rashi Hamméforash ». Le texte de Rashi en Français est tiré principalement du site « sefarim.fr » et est en fait celui du « Houmach avec Rachi » des éditions Gallia. J’y ai apporté de très légères modifications.
Le texte en gras et en rouge est celui de la Torah ; le texte normal est celui de « Rashi Hamméforash » qui explicite le commentaire de Rashi et le texte en gras est la traduction de Rashi proprement dite.
Les merveilles de Rashi !!
Genèse Ch. 1 v. 1 :
בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹהִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre
בְּרֵאשִׁית. אָמַר רַבִּי יִצְחָק לֹא הָיָה צָרִיךְ לְהַתְחִיל אֶת הַתּוֹרָה אֶלָּא מֵהַחֹדֶשׁ הַזֶּה לָכֶם שֶׁהִיא מִצְוָה רִאשׁוֹנָה שֶׁנִּצְטַוּוּ יִשְׂרָאֵל וּמַה טַּעַם פָּתַח בִּבְרֵאשִׁית מִשּׁוּם (תְּהִלִּים קי »א) כֹּחַ מַעֲשָׂיו הִגִּיד לְעַמּוֹ לָתֵת לָהֶם נַחֲלַת גּוֹיִם שֶׁאִם יֹאמְרוּ אוּמוֹת הָעוֹלָם לְיִשְׂרָאֵל לִסְטִים אַתֶּם שֶׁכְּבַשְׁתֶּם אֲרָצוֹת שִׁבְעָה גּוֹיִם הֵם אוֹמְרִים לָהֶם כָּל הָאָרֶץ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא הִיא הוּא בְּרָאָהּ וּנְתָנָהּ לַאֲשֶׁר יָשַׁר בְּעֵינָיו בִּרְצוֹנוֹ נְתָנָהּ לָהֶם וּבִרְצוֹנוֹ נְטָלָהּ מֵהֶם וּנְתָנָהּ לָנוּ:
Au commencement Rabi Yits‘haq a enseigné : La Tora, [en tant qu’elle constitue essentiellement un code de lois], dont l’objet est de donner des enseignements et des commandements aux Enfants d’Israël, aurait dû commencer par : « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois » (Shémoth, 12, 2), puisque c’est par ce verset qu’est édictée la première Mitswa prescrite à Israël, car le commandement de « croître et multiplier », celui de la circoncision et de l’interdiction de consommer du « nerf sciatique » [Guid Hanashé], bien qu’ils aient été donnés précédemment malgré tout ils ont été redonnés aux Enfant d’Israël au mont Sinaï après qu’ait été promulgué le commandement « Ce mois-ci est pour vous le commencement des mois ». Pourquoi débute-t-elle avec Beréchith ? C’est-à-dire pour quelle raison la Torah fait elle précéder le récit de la création avant de parler des commandements ? Car « la puissance de Ses hauts faits, Il l’a révélée à Son peuple, en lui donnant l’héritage des nations » (Tehilim 111, 6), afin de pouvoir donner à Israël la terre d’Israël qui était initialement donnée en héritage aux nations, Il a montré à Son peuple Israël la puissance de Ses Hauts faits et Il a détaillé tout l’ordre de la création du monde et des événements qui l’ont suivi jusqu’à l’entrée en terre d’Israël, et ceci afin qu’ainsi, si les nations du monde viennent à dire à Israël : « Vous êtes des voleurs, vous avez conquis les terres des sept nations ! », Israël [on] pourra leur répondre : « Toute la terre appartient au Saint béni soit-Il. C’est Lui qui l’a créée et Il l’a donnée à qui bon lui a semblé. (Cf. Yirmeya 27, 5). C’est par Sa volonté qu’Il les a données à ces peuples, et c’est par Sa volonté qu’Il les leur a reprises et qu’Il nous les a données ! » (Yalqout chim‘oni, Bo 187).
בְּרֵאשִׁית בָּרָא. אֵין הַמִּקְרָא הַזֶּה אוֹמֵר אֶלָּא דָּרְשׁוּנִי כְּמוֹ שֶׁאָמְרוּ רַבּוֹתֵינוּ זִכְוֹנָם לִבְרָכָה, בִּשְׁבִיל הַתּוֹרָה שֶׁנִּקְרֵאת (מִשְׁלֵי ח’) רֵאשִׁית דַּרְכּוֹ וּבִשְׁבִיל יִשְׂרָאֵל שֶׁנִּקְרְאוּ (יִרְמְיָה ב’) רֵאשִׁית תְּבוּאָתָהּ. וְאִם בָּאתָ לְפָרְשׁוֹ כִּפְשׁוּטוֹ כָּךְ פָּרְשֵׁהוּ בְּרֵאשִׁית בְּרִיאַת שָׁמַיִם וָאָרֶץ וְהָאָרֶץ הָיְתָה תֹּהוּ וָבֹהוּ וְחֹשֶׁךְ וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים יְהִי אוֹר. וְלֹא בָּא הַמִּקְרָא לְהוֹרוֹת סֵדֶר הַבְּרִיאָה לוֹמָר שֶׁאֵלּוּ קָדְמוּ שֶׁאִם בָּא לְהוֹרוֹת כָּךְ הָיָה לוֹ לִכְתּוֹב בָּרִאשׁוֹנָה בָּרָא אֶת הַשָּׁמַיִם וְגוֹ’ שֶׁאֵין לְךָ רֵאשִׁית בַּמִּקְרָא שֶׁאֵינוֹ דָּבוּק לַתֵּבָה שֶֶׁלְֹּאַחֲרָיו כְּמוֹ בְּרֵאשִׁית מַמְּלֶכֶת יְהוֹיָקִים. רֵאשִׁית מַמְלַכְתּוֹ. רֵאשִׁית דְּגָנְךָ אַף כָּאן אַתָּה אוֹמֵר בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים וְגוֹ’ כְּמוֹ בְּרֵאשִׁית בָּרוּא וְדוֹמֶה לוֹ תְּחִלַּת דִּבֶּר ה’ בְּהוֹשֵׁעַ כְּלוֹמָר תְּחִלַּת דִּבּוּרוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא בְּהוֹשֵׁעַ וַיֹּאמֶר ה’ אֶל הוֹשֵׁעַ וְגוֹ’. וְאִם תֹּאמַר לְהוֹרוֹת בָּא שֶׁאֵלּוּ תְּחִלָּה נִבְרְאוּ וּפֵרוּשׁוֹ בְּרֵאשִׁית הַכֹּל בָּרָא אֵלּוּ וְיֵשׁ לְךָ מִקְרָאוֹת שֶׁמְּקַצְּרִים לְשׁוֹנָם וּמְמַעֲטִים תֵּבָה אַחַת כְּמוֹ כִּי לֹא סֻגַּר דַּלְתֵי בִּטְנִי וְלֹא פֵּרַשׁ מִי הַסּוֹגֵר, וּכְמוֹ יִשָּׂא אֶת חֵיל דַּמֶּשֶׂק וְלֹא פֵּרַשׁ מִי יִשָּׂאֶנּוּ, וּכְמוֹ אִם יַחֲרוֹשׁ בַּבְּקָרִים וְלֹא פֵּרַשׁ אִם יַחֲרוֹשׁ אָדָם בַּבְּקָרִים, וּכְמוֹ מַגִּיד מֵרֵאשִׁית אַחֲרִית וְלֹא פֵּרַשׁ מַגִּיד מֵרֵאשִׁית דָּבָר אַחֲרִית דָּבָר. אִם כֵּן תָּמַה עַל עַצְמְךָ שֶׁהֲרֵי הַמַּיִם קָדְמוּ שֶׁהֲרֵי כְּתִיב וְרוּחַ אֱלֹהִים מְרַחֶפֶת עַל פְּנֵי הַמָּיִם וַעֲדַיִן לֹא גִּלָּה הַמִּקְרָא בְּסִדּוּר הַקּוֹדְמִים וְהַמְּאוּחָרִים כְּלוּם בְּרִיַּת הַמַּיִם מָתַי הָיְתָה הָא לָמַדְתָּ שֶׁקָּדְמוּ הַמַּיִם לָאָרֶץ. וְעוֹד שֶׁהַשָּׁמַיִם מֵאֵשׁ וּמַיִם נִבְרְאוּ עַל כָּרְחֲךָ לֹא לִמֵּד הַמִּקְרָא בְּסֵדֶר הַמּוּקְדָמִים וְהַמְּאוּחָרִים כְּלוּם:
Au commencement, Eloqim créa Ce texte demande, en fait, à être explicité, car il ne peut être expliqué selon son sens littéral, c’est à dire que la Torah est venu nous apprendre que les premières créations de D.ieu furent les cieux et la terre, comme on le montrera plus loin. Mais il y a lieu de l’expliquer comme nos maîtres l’ont expliqué (Otiyoth de Rabbi Aqiva §2), que l’expression « Béréchit a créé » signifie : pour une chose qui s’appelle « Réshith » « commencement » Eloqim a créé les cieux et la terre, c’est à dire que le monde a été créé pour la Tora qui est appelée « le “commencement” de Sa voie » (Michlei 8, 22), et pour Israël qui est appelé « le “commencement” de Sa moisson » (Yirmeya 2, 3).
Mais si tu veux l’expliquer selon le sens littéral, fais-le ainsi : Au commencement de la création des cieux et de la terre, au début de la création des cieux et de la terre alors que la terre était tohou et vohou et que les ténèbres…, alors Eloqim a dit : « que la lumière soit ! » Mais ce texte ne vient pas nous donner l’ordre de la création, nous dire que ces éléments, les cieux et la terre, ont été créés en premier. Si tel était le cas, le texte aurait dû porter barichona (« en premier lieu »), et non « Béréchit », car on ne rencontre jamais le mot « Réshith » dans la Bible sans qu’il soit lié au mot suivant, car le mot « Réshit » n’est pas un mot indépendant mais vient toujours associé au mot suivant, comme « Au commencement du règne » ou « les prémices du blé ». Comme par exemple : « Au commencement (beréchith) du règne de Yehoyaqim » (Yirmeya 26, 1), « le commencement (réchith) de son royaume » (Béréchit/Genèse 10, 10), et de même « les prémices (réchith) de ton blé » (Devarim 18, 4). Ici, de même, tu dois expliquer : « Au commencement, Eloqim créa… » : beréchith bero, « au commencement de l’acte de la création » au commencement (té’hilath) de la création des cieux et de la terre, à rapprocher de ce que trouvons dans Hoché’a : « au commencement (te‘hilath) où Hachem parla à Hoché‘a » (Hoché‘a 1, 2), ce qui ne vient pas nous dire qu’au tout début Hashem a parlé avec Hoché’a, mais le mot « Té’hilat » [commencement] se rapporte au mot « Davar » [parole] , c’est-à-dire : « le commencement de la parole adressée par le Saint béni-Soit-Il à Hoché‘a était, Hachem dit à Hoché‘a. ».
Peut-être persisteras-tu à soutenir que ce qu’on nous apprend ici, c’est qu’ils [à savoir le ciel et la terre] ont été créés en premier, et que le texte veut dire : « au commencement de tout, Eloqim créa le ciel et la terre », et le fait que la Torah ait omis l’expression « de tout » il n’a aucune preuve que l’explication du texte n’est pas cette dernière [au commencement de tout] car il arrive que certains textes bibliques, dans leur concision, omettent un mot, lorsque le sujet se comprend de lui-même, comme ce que nous trouvons à propos de Job (Iyov) dans le verset : « pour n’avoir pas tenu closes les portes du sein qui m’avait conçu » (Iyov 3, 10) où l’on ne précise pas qui les a fermées. Et comme dans « On emportera les richesses de Damas » (Yecha’ya 8, 4), où l’on ne dit pas qui les emportera. Ou comme dans « le laboure-t-on avec des bœufs ? » (‘Amos 6, 12), sans que l’on précise si c’est un homme qui laboure avec des bœufs. Ou comme dans « Dès le début, j’annonce la fin » (Yecha’ya 46, 10), où l’on ne dit pas : « j’annonce dès le début des choses la fin des choses », où dans tous ces versets le texte est concis et omet un mot car l’intention du texte se comprend d’elle-même. Mais dans notre cas on ne pas dire ainsi car dans ce cas où la Torah viendrait nous apprendre l’ordre de la création du monde tu devrais être toi-même étonné, car les eaux ont précédé la terre, puisqu’il est écrit après : « et le souffle de Eloqim planait sur la face des eaux » (verset 2), alors que le texte ne nous a pas encore révélé quand les eaux ont été créées. Il faut donc en conclure que les eaux ont existé avant la terre. De plus, une autre preuve que le texte ne donne pas l’ordre de la création du monde, du fait que les cieux (chamayim) ont été formés à partir du feu (éch) et de l’eau (mayim) (‘Haguiga 12a), et donc nous sommes obligés de dire que le feu et l’eau ont été créés en premier (en non le ciel et la terre). Et donc force est donc d’admettre que le texte ne nous enseigne absolument pas l’ordre chronologique de la création (Beréchith raba 1, 6, Wayiqra raba 36,4).
בָּרָא אֱלֹהִים. וְלֹא אָמַר בָּרָא ה’ שֶׁבַּתְּחִלָּה עָלָה בְּמַחֲשָׁבָה לִבְרֹאתוֹ בְּמִדַּת הַדִּין וְרָאָה שֶׁאֵין הָעוֹלָם מִתְקַיֵּם וְהִקְדִּים מִדַּת רַחֲמִים וְשִׁתְּפָהּ לְמִדַּת הַדִּין וְהַיְנוּ דִּכְתִיב בְּיוֹם עֲשׂוֹת ה’ אֱלֹהִים אֶרֶץ וְשָׁמָיִם:
Eloqim créa Il n’est pas dit : « Hachem créa », mais « Eloqim créa »… Lorsqu’Il vient dire qui a créé le monde, il aurait dû mentionner l’Essence du Saint Béni soit-Il et non le nom « Eloqim » qui n’est qu’un nom qualifiant le saint béni soit-Il lorsqu’il rend justice. Mais comme l’intention première de Dieu avait été de créer le monde selon l’attribut de justice, [Eloqim étant le nom de Dieu lorsqu’Il exerce la justice], mais Il s’est rendu compte qu’il ne subsisterait pas. Aussi a-t-Il fait passer au premier plan l’attribut de miséricorde [Hachem étant le nom de Dieu lorsqu’Il agit avec miséricorde] et l’a-t-Il associé à celui de la justice. C’est ainsi qu’il est écrit : « le jour où Hachem-Eloqim fit terre et cieux » (infra 2, 4) (Beréchith raba 12, 15), ainsi à la fin du récit de la création Il a mentionné également le nom « Hashem » qui montre l’attribut de miséricorde et il l’a fait précéder le nom « Eloqim » qui montre l’attribut de justice. Nous sommes ainsi forcés de dire comme nous l’avons dit ci-dessus, c’est –à-dire que le début de la création était uniquement avec l’attribut de justice et seulement ensuite lorsqu’Il vit que la création ne pouvait subsister il a fait précéder l’attribut de miséricorde.
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Mis en ligne le 13 octobre 2014 – Mis à jour le 24 septembre 2019