Parasha Vayshla’h Yéhouda Moshé Charbit (5775)
Parasha Vayshla’h Charbit
בס״ד
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Parasha Vayshla’h Yéhouda Moshé Charbit (5775)
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Après avoir enfin quitté son oncle, Yaakov retourne vers sa terre natale d’où il s’est enfui, il y a de cela 34 ans. Cependant, Essav, son frère, représente toujours un danger puisqu’il souhaite sa mort. Pour tenter de calmer la colère d’Essav, Yaakov lui envoie des émissaires chargés de présents. À leur retour, ces derniers annoncent à Yaakov qu’Essav, accompagné de 400 hommes, est également en route vers lui. Yaakov décide donc de séparer son camp en deux, afin de minimiser les risques d’attaques, tout en continuant d’offrir des cadeaux à son frère par le biais de ses émissaires. Avant de retrouver son frère, le troisième patriarche est contraint de combattre un homme, que nos sages disent être un ange, car ce dernier lui bloque la route. Baroukh Hachem, Yaakov sort victorieux du combat, quoi que blessé à la hanche. Suite à cela, Yaakov rencontre son frère dont la compassion fut miraculeusement éveillée et qui s’empresse de le saisir dans ses bras. Après la réconciliation des deux frères, la Torah raconte comment, deux des fils de Yaakov, Chimone et Lévy, décimèrent toute une ville à cause du viol de leur sœur Dina. Yaakov se voit, à la suite, de nouveau béni par Hakadoch Baroukh Hou, qui donne à Yaakov le nom d’Israël. Avant d’énoncer les descendants respectifs d’Israël et d’Essav, la paracha annonce la naissance de Binyamin, second fils de Rahel Iménou, qui a rendu ‘âme en le mettant au monde.
Dans le chapitre 34 de Béréchit, la torah dit :
:א/ וַתֵּצֵא דִינָה בַּת-לֵאָה, אֲשֶׁר יָלְדָה לְיַעֲקֹב, לִרְאוֹת, בִּבְנוֹת הָאָרֶץ
1/ Elle sortit, Dina la fille de Léa, que celle-ci avait enfanté de Yaakov, pour voir les filles du pays.
:ב/ וַיַּרְא אֹתָהּ שְׁכֶם בֶּן-חֲמוֹר, הַחִוִּי–נְשִׂיא הָאָרֶץ; וַיִּקַּח אֹתָהּ וַיִּשְׁכַּב אֹתָהּ, וַיְעַנֶּהָ
2/ Il la vit, Ch’hem, le fils de ‘Hamor, le ‘Hévéen, le prince du pays. Il la prit, il cohabita avec elle et lui fit violence.
:ג/ וַתִּדְבַּק נַפְשׁוֹ, בְּדִינָה בַּת-יַעֲקֹב; וַיֶּאֱהַב, אֶת-הַנַּעֲרָ, וַיְדַבֵּר, עַל-לֵב הַנַּעֲרָ
3/ Son âme s’attacha à Dina, la fille de Yaakov, il aima la jeune fille et parla au cœur de la jeune fille.
:ד/ וַיֹּאמֶר שְׁכֶם, אֶל-חֲמוֹר אָבִיו לֵאמֹר: קַח-לִי אֶת-הַיַּלְדָּה הַזֹּאת, לְאִשָּׁה
4/ Ch’hem dit à ‘Hamor, son père, en disant : « Prends pour moi cette jeune fille comme femme ».
:ה/ וְיַעֲקֹב שָׁמַע, כִּי טִמֵּא אֶת-דִּינָה בִתּוֹ, וּבָנָיו הָיוּ אֶת-מִקְנֵהוּ, בַּשָּׂדֶה; וְהֶחֱרִשׁ יַעֲקֹב, עַד-בֹּאָם
5/ Yaakov entendit qu’il avait souillé Dina, sa fille ; et ses fils étaient avec son troupeau dans le champ ; Yaakov se tut jusqu’à ce qu’ils viennent.
:ו/ וַיֵּצֵא חֲמוֹר אֲבִי-שְׁכֶם, אֶל-יַעֲקֹב, לְדַבֵּר, אִתּוֹ
6/ ‘Hamor sortit, lui, le père de Ch’hem, chez Yaakov pour lui parler.
Nos sages enseignent « מעשה אבות סימן לבנים les actions des pères sont un signe pour leurs fils ». La vie de nos ancêtres est particulièrement détaillée dans le livre de Béréchit, car ce qu’ils ont vécu est le bourgeon de ce que nous, leurs enfants, allions vivre plus tard. Le cas de Yaakov en particulier est édifiant. Il semble que son parcours soit similaire à celui de l’histoire générale du peuple juif. Cette dernière parcourt quatre grands exils au terme desquels, la rédemption sera apportée au travers du machia’h. Rav David Cohen (dans son livre, maassé avot simane labanim, tome 1, page 7) se pose donc la question de savoir où se trouve l’équivalent de l’exil grecque dans la vie de Yaakov. Le premier des quatre exils, celui de Babel est facilement repérable dans l’histoire de Yaakov. En effet, notre paracha fait suite au départ de ‘Harane où il vivait chez son oncle Lavane. Yaakov y a passé une vingtaine d’année au cours desquelles il a vécu le calvaire de supporter le vice total de son oncle qui n’était autre qu’un araméen. L’araméen était la langue que parlaient les bné-Israël durant l’exil de Babylonie et à ce titre la torah fait une allusion pour nous permettre de lier notre premier exil à celui de notre ancêtre. Le second passage des péripéties de Yaakov se trouve être sa confrontation avec Essav son frère qui se produit dans notre paracha. Lorsque Yaakov aperçoit son frère au loin, il se prosterne. Selon le sens simple cette action est destinée à éviter l’affrontement. À l’opposé de cela, plus tard, un descendant de Yaakov s’opposera à un descendant d’Essav en refusant de se soumettre. Ainsi, Mordé’haï ne se prosternait pas devant Amane Haracha. La corrélation se poursuit par le fait que suite à la rencontre avec Essav, la torah dit (chapitre 33, verset 17) que Yaakov a voyagé jusqu’à Souccot et y a construit sa « maison ». De façon similaire, la suite des évènements de Pourim a mené le peuple à la construction du second temple. La quatrième exil du peuple juif est celui dans lequel nous nous trouvons actuellement, celui d’Édom. D’après le Ramban (cf, Béréchit, chapitre 43, verset 17), cette étape de l’histoire correspond à celle de la descente de Yaakov en Égypte.
Tout cela nous conduit à un constat, le troisième exil de l’histoire juive, celui de la Grèce, ne peut se refléter qu’au travers du seul événement douloureux de la vie de Yaakov dont nous n’avons pas encore parlé : le viol de sa fille Dina. Une analyse méticuleuse nous permet de nous rendre compte à quel point, ce passage rejoint les évènements de l’exil grecque et plus précisément ceux de ‘Hanouka.
D’après le Rambam (cf hil’hot ‘Hanouka, chapitre 3, hala’ha 1) huit niveaux de souffrances ont été imposés aux bné-Israël durant cette période : 1- Ils ont imposé de lourds décrets à leur encontre et tenté de supprimer leurs lois, 2- ils ont interdit l’étude et la pratique des mitsvot, 3- ils ont saisi leur argent ainsi que leurs filles, 4- ils sont entrés dans le sanctuaire, 5- ils y ont ouvert des brèches, 6- ils ont profané ce qui était pure, 7- ils ont opprimés le peuple, 8- ils ont fait peser une lourde pression sur le peuple.
De même, huit étapes ont permis leur délivrance : 1- Hachem a finalement eu pitié d’eux, 2- les a délivrés de leur emprise, 3- les a sauvés, 4- a renforcé les ‘hachmonaïm qui étaient les cohanim guédolim, 5- a tué les ennemis, 6- les bné-Israël se sont soustraits à eux, 7- Hachem a placé un roi issu des ‘Hachmonaïm, 8- la royauté d’Israël s’est vue renforcer durant deux cents ans, jusqu’à la destruction finale du deuxième beth hamikdach.
La similitude entre ces différentes étapes et celle des évènements concernant Dina est frappante, le seul écart se trouve peut-être dans la chronologie.
ils ont interdit l’étude et la pratique des mitsvot :
Le midrach explique que les souffrances de Dina sont apparues parce que Yaakov a tardé a accomplir sa promesse de construire un autel pour Dieu à Beth-El. Ce n’est que plus tard, dans le chapitre 35, verset 6, lorsque Yaakov arrive dans la ville de Louz qu’il accomplit ce vœu. À cet instant, le midrach rabba explique qu’il est arrivé à cet endroit accompagné de mitsvot et de bonnes actions. Cela insinue que jusqu’alors ce n’était pas le cas, à l’image des bné-Israël qui étaient privés du droit d’accomplir la volonté de Dieu sous domination grecque.
ils ont saisi leur argent ainsi que leurs filles :
Parallèlement, Ch’hem, l’agresseur de Dina, parvient à convaincre son peuple de passer un accord avec la famille de Yaakov en leur promettant d’obtenir leur argent et leurs filles en contrepartie. D’autant que Yaakov a dû payer un lourd tribut pour obtenir une terre parmi eux (100 pièces!). Plus encore, lorsque le Rambam parle du fait de prendre les filles des bné-Israël, il souligne l’abomination du droit de cuissage que pratiquaient les grecques ! Cela rappelle évidement le type d’agression qu’a subi Dina : un viol !
ils ont opprimé le peuple – ils ont fait peser une lourde pression sur le peuple :
Face à cela, la torah atteste de la souffrance et de la grande peine des frères et la famille de Yaakov à l’entente du drame qu’a vécu Dina (cf verset 7 du chapitre en question). Cette colère a engendré la vengeance de Chimone et Lévi qui ont détruit l’intégralité des hommes de Ch’hem à eux seuls, de la même manière qu’Hachem a procuré la victoire à une poignée d’hommes (les ‘hachamonaïm) contre la puissante armée grecque ! a renforcé les ‘hachmonaïm qui étaient les cohanim guédolim :
La punition du violeur de Dina est intervenue par le biais de Lévi, ancêtre des cohanim et évidement, la victoire de ‘Hanouka intervient grâce aux cohanim qu’étaient les ‘hachmonaïm.
De façon plus générale, il est également intéressant de noter que, suite aux profanations idolâtres du beth hamikdach par les grecques, les ‘hachmonaïm ont eu à sanctifier le temple à nouveau. Or, immédiatement après les évènements de Dina, la torah souligne que Yaakov enjoint l’ensemble de sa famille à se séparer de toute forme d’idolâtrie ! Cette injonction surprend lorsque nous savons que les fils de Yaakov étaient tout sauf idolâtres ! Et pourtant Yaakov insiste de même que les ‘hachamonaïm vont être méticuleux et redonner toute sa sainteté au beth hamikdach. Plus encore, Yaakov a érigé à cet instant un monument sur lequel il versa de l’huile (cf chapitre 45, verset 14)
Une dernière remarque se trouve dans le procédé de victoire de Chimone et Lévi : ils ont demandé aux habitant de Ch’hem de faire la brit mila ! Cette même mitsvah qui sera particulièrement réprimée par les grecques !
La corrélation entre ces deux événements est donc plus que frappante et évidemment cela n’est pas dépourvu de sens. Si Hachem nous enseigne cet événement c’est pour nous fournir un enseignement. En effet, au terme de cette section, la torah conclut le sujet en disant (chapitre 34) :
ל/ וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב אֶל-שִׁמְעוֹן וְאֶל-לֵוִי, עֲכַרְתֶּם אֹתִי, לְהַבְאִישֵׁנִי בְּיֹשֵׁב הָאָרֶץ, בַּכְּנַעֲנִי וּבַפְּרִזִּי; וַאֲנִי, מְתֵי מִסְפָּר, וְנֶאֶסְפוּ עָלַי וְהִכּוּנִי, וְנִשְׁמַדְתִּי אֲנִי וּבֵיתִי׃
30/Yaakov dit, à chimone et Lévi : « Vous m’avez troublé en me rendant détestable parmi les habitants du pays, parmi les Cananéens et les Phariséens, et moi je ne suis qu’un petit nombre, ils vont se liguer contre moi, et me frapper ; je serais détruit, moi et ma maison ».
:לא/ וַיֹּאמְרוּ: הַכְזוֹנָה, יַעֲשֶׂה אֶת-אֲחוֹתֵנוּ
31/ Ils dirent : « Est-ce que comme une prostituée il fera de notre soeur » ?
Yaakov reproche à ses fils d’avoir pris le risque de mener la guerre, mais la torah donne le dernier mot à Chimone et Lévi. Dans le sens où l’intervention des frères correspond à l’attitude qu’Hachem attend de nous dans une menace comme celle de ‘Hanouka. Effectivement il existe une grande différence dans la réaction qu’a été la nôtre lors de Pourim et celle de ‘Hanouka. À Pourim, Aman voulait éradiquer le peuple juif physiquement. Face à cela notre réaction s’est orientée vers la prière, le repentir et le jeune. C’est par cela que nous avons obtenu la victoire. Par contre, la menace grecque était d’un tout autre ordre. Ils ne cherchaient pas notre disparition. Ce qu’ils visaient était la disparition du judaïsme, de la loi de Dieu sur terre, de l’accomplissement d’actes spirituels ! Ainsi, lorsque c’est notre néchama qui a été visée, la réaction juive s’est vue beaucoup plus virulente : notre victoire s’est faite par la prise des armes, la guerre ! Lorsque nos ennemis cherchent à supprimer notre lien avec Dieu, alors nous ne réfléchissons plus, notre réaction est la colère et la lutte, car notre proximité avec Dieu est pour nous la plus précieuse des choses! C’est pourquoi la torah conclut par les paroles de Chimone et Lévi et non celle de Yaakov ! Lorsque leur sœur s’est vue humilier et souiller par l’abomination du mauvais penchant de Ch’hem, les frères ont choisi la prise des armes pour sauver leur sœur, à l’image des ‘hachmonaïm, qui ont lutté pour notre survie !
Yéhi ratsone qu’Hachem nous donne de nouveau son appui et que la fête de ‘Hanouka qui se profile soit le symbole du rayonnement définitif d’Hachem dans ce monde amen véamen !!
Chabbat Chalom.
Fin de Parasha Vayshla’h Yéhouda Moshé Charbit (5775)
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