Paracha Vayétsé Rabbi Yérouham Leibovitch: une confiance épurée.
Paracha Vayétsé Rabbi Yérouham
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Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
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Paracha Vayétsé Cours de Rabbi Yérou’ham Leibovitch Zatsal (Mashguia’h de la Yéshiva de Mir).
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Nous avons déjà fait remarquer l’importance du principe de « l’imperturbabilité », de devenir un « mur » devant les événements de notre vie qui est un niveau au-delà de la création, qui est au-delà du niveau qu’un homme peut atteindre par son travail spirituel (Torah et Mitsvoth) dans la matière. Car à n’importe quel niveau de perception divine que ce soit, il sera toujours dans une situation de précarité spirituelle, dépendant toujours de ses perceptions, dans un état fluctuant qui peut à tout moment disparaître. Il y a un état que l’homme doit atteindre à chaque niveau qu’il franchit, devenir maître de ses sens. C’est ce à quoi tout homme doit avoir l’ambition d’aspirer. C’est le summum de la perfection. C’est le principe des patriarches et du peuple d’Israël.
Peut-on se définir comme étant des « murs »? Comment arriver à ce niveau de conscience impénétrable? A priori, nous ne pouvons atteindre cet état de stabilité uniquement par la perception de miracles dévoilés, tels que la sortie d’Egypte, l’ouverture de la mer ou le don de la Torah. Car comment peut-il en être autrement? N’y a-t-il pas plus clair qu’un miracle pour dévoiler la vérité de la vie et ancrer en l’homme cette foi inébranlable en D-ieu qui est enfouie en lui? Cependant, nous avons pu observer que D-ieu a dirigé le peuple dans le désert de deux manières: par une conduite miraculeuse, dévoilement de sa face et une conduite dite naturelle, en cachant sa face derrière les lois de la nature, cette conduite existant afin d’éprouver le cœur des enfants d’Israël s’ils acceptent mes décrets et s’ils ne les contestent pas. C’est par cette conduite que l’on peut devenir un « mur ». Le but de toute notre vie étant de ne pas L’éprouver et de ne pas contester Ses décrets. Et ceci ne peut se réaliser que dans cette conduite faite d’épreuves amères et d’incompréhension dans la conduite divine dans ce monde. Ce principe ne vient pas d’une vision claire de la réalité. Cette sérénité à toute épreuve construite par notre esprit ne s’est pas révélée par de grandes théories issues de l’intellect et des miracles dévoilés que les sens ont perçus. Les preuves et les évidences ne sont que du niveau de « vérités fluctuantes ». Les vérités que l’homme perçoit uniquement dans « l’obscurité », dans l’incompréhension, sans aucune construction logique, en elles est implantée cette sérénité qui va endurcir l’homme au point de devenir un « mur » face aux événements de la vie qui ne sont que des épreuves pour connaître son niveau de confiance devant D-ieu.
Avraham notre père a eu moins de révélations divines que Moshé notre maître et pourtant il était d’un niveau de stabilité spirituelle beaucoup plus élevée que lui. Il est rentré dans la fournaise ardente sans aucune appréhension, ne voyant pas un feu dévorant mais une matérialisation de la volonté divine dans ce monde, bonté extrême que D-ieu diffuse à chaque instant. L’homme qui observe, comprendra que sa confiance divine ne se construit qu’à partir de situations inextricables où la sensation de domination et de conduite logique n’existe plus et où il agit sans ressentir qu’il en est la cause et l’élément essentiel. Lorsque l’homme agit de façon « consciente » ressentant qu’il est maître de ses actes, alors il se trouvera toujours dans une situation fluctuante, bougé au gré des événements car en vérité, sa « conscience » n’est que justement la conséquence de ses actes. L’acte apparaît, la conscience apparaît, l’acte se termine, la conscience disparaît. La notion de « mur », de sérénité et d’impassibilité naît d’une construction mentale inverse où il ne faut pas chercher à se mettre en avant, essayer de comprendre et de ressentir que nous comprenons ce qu’il nous arrive. Avraham devant la fournaise, a abandonné sa compréhension intellectuelle pour s’effacer et ne voir devant lui qu’une énergie divine et donc le bien parfait. La compréhension aurait de suite jugé l’événement soit bon soit mauvais, donc la « panique » serait apparue un tant soit peu car ne dominant pas la situation, mais si au moment de la perception par les sens de l’événement, je fais taire cette conscience qui veut juger car en fait c’est encore une fois l’événement qui a créé cette « conscience », alors, je ne la juge plus et donc je ne suis plus dépendant de lui. Et au contraire, à ce moment je le domine en comprenant réellement sa véritable nature qui est « volonté divine » et ainsi je ressens et je dévoile la divinité dans ce monde. C’est en arrêtant de juger, que nous ressentirons la véritable réalité de ce monde. Lorsque je juge, je ne fais que dire que je domine les événements, que je les dirige car je me permets de les juger. En les jugeant je ressens l’impression de pouvoir les changer. Lorsque Aharon a appris la mort de ses enfants, il s’est tu, c’est-à-dire qu’il a accepté l’événement tel qu’il est, n’essayant pas de le dominer mais d’être complètement investi par cette énergie divine qui est en train de se déverser sur lui.
C’est le principe du verset: « et tu as trouvé son cœur confiant devant toi » ! Le principe de la confiance divine: s’effacer ou plutôt devenir de plus en plus conscient. Développer une conscience issue du libre-arbitre et non être ballotté au gré des événements. Dominer l’événement ne veut pas dire l’interpréter car en fait l’interprétation est une conséquence de ma fragilité et de mon manque de confiance divine. Rationaliser est en fait la conséquence d’une « non-harmonie » de l’esprit.
Le but de toutes les sagesses et de tous les dévoilements est d’arriver au dépouillement total, ressentir le message tel qu’il est, sans aucune « enveloppe pulsionnelle » c’est-à-dire sans essayer de « comprendre » l’événement ! C’est ce que nos sages enseignent dans le verset: « l’homme et la bête, D-ieu sauvera« , cela fait référence aux hommes qui sont nus dans leurs connaissances et se mettent au niveau de la bête ». Le fait de se dépouiller de toutes ses connaissances, fait que l’homme devient un « animal » c’est-à-dire sans logique, sans se servir de son esprit cognitif. Car seulement par ce travail de confiance divine, l’homme se dépouillera de son intellect et par cela, pourra atteindre ce niveau de sérénité qui nous fera percevoir D-ieu comme il nous l’est demandé!
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