Parachat »vayaquel »
Rav Moshé Shapira
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Pourquoi revenir plusieurs fois sur la construction du Mishkan, de la tente des rendez-vous et de ses ustensiles, demande le Ramban ? Il répond que cette répétition montre l’amour de D-ieu envers le Mishkan pour dire qu’il désire ces travaux. Par cela, il mentionne sa construction de nombreuses fois pour donner le salaire à celui qui s’occupe de sa construction comme ce que le Middrash explique à propos de la répétition du récit de Eliézer lorsqu’il est allé chercher une femme pour le fils de Avraham: « est plus chéri le récit des serviteurs des patriarches que la Torah de leurs enfants ».
Dans la construction du Mishkan, il y a cette notion de »est plus chéri le récit des serviteurs », le « récit de sa construction est belle » et non en tant que » la Torah de ses enfants ». Comment rentre ici cette règle de « est plus chéri le récit »? Quel lien y a-t-il entre la construction du Mishkan et cet enseignement du Midrash?
« La tente de rendez-vous, le Mishkan est appelé le saint, Mikdach et le saint Mikdach est appelé la tente de rendez-vous, Mishkan » enseigne le Talmud. C’est la même loi. La Mitsva de la construction du temple a été apprise, d’après le Ramban des mots « et vous me ferez un sanctuaire et je résiderai parmi vous ».
A chaque fois que la Torah mentionne la Mitsva de la construction du Mishkan, dans la Paracha »ki tissa » et dans la Paracha »vayaquel », elle commence par l’ordre de la garde du Shabbat. La construction du Mishkan s’est ouverte par l’ordre sur le Shabbat. C’est-à-dire que le Shabbat dans le temps est ce que le Mishkan est dans l’espace. Tout ce que représente le Mikdash dans l’espace, le Shabbat est sa représentation dans le temps. Le Shabbat est le Mikdash du temps et le temple est le shabbat de l’espace. Le point commun entre ces deux notions est expliqué dans le Maharal de Prague: « le temps et l’espace sont un seul et même sujet comme il est su de ceux qui comprennent« . Car le temps et l’espace sont une seule notion.
Un homme pour aller d’un endroit à un autre endroit doit emprunter un cheminement pour passer, pour traverser d’ici à là-bas. L’espace oblige le temps à exister. Le temps signifie une continuation. Lorsque je suis dans un endroit, je ne peux être dans un autre endroit. Si D-ieu avait créé le monde d’une manière que l’homme soit à l’endroit où il doit être à tout moment, alors il n’y aurait aucune continuation, aucune impression de processus. Je serais ici et là-bas. Je ne me déplacerai que par le moyen de la pensée. La chose est où elle doit être. Aucune limite qui l’empêcherait d’y être. Il n’y aurait pas besoin d’un cheminement de cause à effet pour y arriver. Celui qui a le mérite d’avoir raccourcissement du chemin, cela ne veut pas dire comme ce que les enfants imaginent « volant dans les airs ». Mais cela veut dire: « je dois être là-bas, alors je suis là-bas ». C’est-à-dire échapper au processus de « cheminement » qui passe par le temps. C’est ce qui s’appelle « miracle ». Tous les miracles sont des « raccourcissements du chemin ». Il y a des cheminements très très longs qui peuvent faire que l’eau devienne sang mais lorsqu’en Égypte, l’eau s’est transformée en sang, cela s’est fait par l’abstraction de ce cheminement. L’eau est sang, c’est tout. Toute la création a été créée comme un cheminement vers quelque chose qui est un but. Et ce but lui-même n’est pas la finalité de ce cheminement mais c’est le début d’un autre processus. C’est ce que le Talmud dit: les justes n’ont pas de repos ni dans ce monde ni dans le monde futur comme il est dit: « ils iront d’une perception à une autre perception, d’une vérité à une autre vérité ». Mais ce cheminement ne s’interrompt pas, il continue à jamais. Lorsque le créateur a créé le monde, il a créé un cheminent, un processus, un développement. Dans ce monde nous pouvons aller d’une vérité à une erreur et d’une erreur à une autre erreur. Et des fois nous pouvons aller d’une vérité à une autre vérité ou bien même d’une erreur à une vérité. Mais le processus normal de ce monde, ne peut se faire d’une vérité à une autre vérité. Mais dans tous les cas, cela passe par un processus d’un enchaînement car toute la création elle-même n’est qu’un développement. D-ieu nous a mis dans un processus c’est-à-dire dans un temps. L’ordre du temps est exactement un processus d’enchaînements. Les événements ne survenant uniquement par un développement.
Il est écrit: « Car D-ieu a fait six jours les cieux et la terre la mer et tout ce qu’il y a dedans et le septième jour il s’est reposé ». Il aurait été plus exact d’écrire « car en 6 jours » et non « car 6 jours », puisqu’à priori, il a fait le monde en six jours, le temps seul et l’espace seul mais dans le verset, il est écrit qu’il a créé la terre et le ciel six jours qui vont à la rencontre de Shabbat et le Shabbat est le repos. La création n’est que six jours exactement. C’est un processus pour aller à la rencontre de quelque chose. Toute chose qui se trouve dans la création existe en tant qu’enchaînement qui va à la rencontre de. Il n’y a rien d’autre dans la création. C’est la création elle-même. Le problème est que nous voyons, nous percevons les choses autrement. Par exemple, le fait d’exister, la vie elle-même est une chose et le fait de vieillir, une autre. Mais cela s’entre-maille, la vie s’écoulant en même temps que la vieillesse apparaît. Mais dans cette manière de réfléchir, le temps ne fait pas partie de la vie elle-même. Le temps traverse la vie mais n’est pas partie intégrante de celle-ci. Mais en vérité, le temps est un élément de la vie elle-même. Le temps est un chaînon obligatoire de la création. La création est les six jours. Une création qui existe, qui se réalise dans les six jours. Les six mille ans étant les six jours de la création de l’univers. Le Shabbat étant le but de la création de ces six jours c’est-à-dire les six jours allant à la rencontre du but, les six jours étant la définition du chemin qui amène là où je veux aller. D-ieu a créé un chemin pour accéder à un but. Un chemin et une destination où arriver.
« Au commencement Elokim a créé les cieux et la terre ». Le mot ‘terre’ ‘érets » vient de la racine ‘ratson’ volonté, ‘ritsa’, une course c’est-à-dire que la terre veut et court pour faire la volonté de son maître. La terre est elle-même un cheminement pour arriver. Et pour arriver où? Là-bas, lécham. Le mot ‘chamaïm » ‘les cieux’ veut dire: ce qui englobe tous les « là-bas » tous les ‘cham’, tous les buts qu’il y a dans le monde. Tout but en fin de compte se trouve dans les cieux. C’est-à-dire que D-ieu a créé au départ, la volonté qui est le processus qui va vers et la destination exacte où aller. Mais une fois que nous sommes arrivés à la destination, cette même destination continue d’avancer mais là-bas le chemin est clair. Ce qui n’est pas le cas maintenant car le chemin s’appelle chemin et non destination car il n’est pas clair. Il y a d’innombrables destinations fausses dans le monde comme si elles sont réellement des ‘cieux’. Le véritable ‘ciel’ est annulé par tous ces innombrables fausses destinations. La terre veut, la terre court, va vers et où? Là-bas. Tout « là-bas » qu’il y a dans le monde, s’associe pour être ‘chamaïm’. La différence entre la terre et le ciel est que la terre est un chemin qui n’est pas clair mais lorsque l’on arrive à la véritable destination alors le chemin devient clair mais il n’y a pas de repos. Le véritable repos est lorsque la chose est arrivée à destination qui perdure toute seule et qui obligatoirement arrive à la véritable destination.
Le mot « mohed » veut dire « temps ». On fait la bénédiction »Celui qui sanctifie Israël et les temps » sur les ‘moh’adim’. »moh’ed » ‘la fête’ c’est le temps et le ‘hoel moh’ed’ la »tente des rendez-vous » c’est l’espace, l’endroit, le lieu. C’est-à-dire que le lieu et le temps vont les deux ensembles dans la même direction, vers le but final. L’endroit est la matérialisation du chemin qui doit nous amener au but et le temps lui-même est ce même lien qui va à la même finalité.
Pourquoi tous les ordres des Mishnaïot sont dans un langage pluriel alors que l’ordre des ‘fêtes’ est appelé dans un langage singulier »moh’ed »? Car en fait tous les ‘moh’adim’, toutes les fêtes sont elles-mêmes des cheminements qui amènent au but ultime au moh’ed, à la fête unique. Le ‘hoël moh’ed’ est l’endroit qui est la fin du chemin, l’endroit où tout le monde doit arriver pour célébrer la fête trois fois par an. Les fêtes sont aussi appelées ‘régalim’ dont la racine est ‘jambe’ du fait du cheminement. Pour cela, a été construit le Mishkan, afin qu’il y ait une destination où tout le monde doit aller où tous doivent arriver là-bas. Et cet endroit lui-même, la première fois qu’il a été dévoilé à Yaacov en rêve, a été appelé la ‘porte des cieux’, d’ici nous arrivons aux cieux. Le véritable « chamaïm ». Le véritable but pour lequel la création a été créée. Tous les ‘Moh’adim’ sont une destination. Shabbat est le commencement des rendez-vous saints, est écrit dans la prière. C’est le commencement de tous les Moh’adim. Dans le Talmud, il est enseigné que Shabbat n’est pas appelé Moh’ed. Il n’y a pas d’obligation d’aller au temple le Shabbat car le Shabbat est lui-même une destination. Shabbat est le but de la création des cieux et de la terre. C’est ce que l’on dit dans la prière. Pour cela, l’ordre du shabbat s’associe à l’ordre de la construction du Mishkan. En dehors du repos de la construction du Mishkan, il y a un repos en lui-même de la création du monde. Repos ne veut pas dire s’arrêter, s’interrompre mais arriver au but, à la finalité du repos. Chévita, s’arrêter, ne veut pas dire s’empêcher de faire mais « que tout ton travail soit considéré à tes yeux comme s’il était terminé ». Cela s’appelle shabbat, arriver à la destination. Le Rambam écrit qu’à yom Kippour, la Mitsva est »se reposer de la nourriture et de la boisson ». C’est-à-dire que nous ne sommes pas ordonnés de jeûner mais d’arrêter d’avoir faim car nous avons fini de manger. De la même manière que tout celui qui se repose le Shabbat, mais qu’en pensée ces travaux lui pèsent, le préoccupent, peut-être qu’il ne transgresse pas le Shabbat mais il ne fait pas le repos du Shabbat. Celui qui s’ennuie le Shabbat car il n’a rien à faire et ressent qu’il est en prison, cela ne s’appelle pas ‘chévita’, l’arrêt. Ainsi celui qui pense à la nourriture Yom Kippour, ne se repose pas de la nourriture et de la boisson.
Nous essayons de comprendre l’association du Shabbat et de la construction du Mishkan comme il est écrit: « six jours sera fait le travail ». Puis le verset décrit les travaux du Mishkan. Il y a ici comme deux Shabbat, un Shabbat des mots « six jours, il a fait les cieux et la terre » témoignage de la création du monde, un Shabbat qui est la destination finale du temps. Le deuxième Shabbat est la destination de l’espace. Cet endroit qui se saisit comme une conduite, un cheminement, un développement, un processus. Tout endroit dans le monde est un chemin. L’homme a été créé comme un cheminement. Il va dans un chemin, il a été créé pour aller, bouger c’est-à-dire d’aller depuis la terre vers les cieux, d’ici vers là-bas, du profane au Shabbat, du profane au sacré. Pour cela, nous sommes créés.
Dans le « livre de la création », la création est divisée en trois dimensions:
1/ olam: qui représente l’espace, la réalité de de ce monde la matérialisation de l’endroit. Cela s’appelle »Makom » que le livre de la création appelle »olam »
2/ chana: tout l’ordre du temps. Il est appelé »chana » car c’est un développement complet qui recommence. Mais c’est un développement qui commence et qui se termine. Une boucle complète.
3/ néfech: c’est-à-dire l’homme qui retient en lui toute la réalité de cette matérialisation, toute la création est dessinée en lui, se réalise en lui. C’est lui-même qui chemine et c’est lui-même qui arrive. C’est lui qui doit prendre le chemin et c’est lui qui doit arriver.
Ce sont les trois dimensions de toute l’existence entière. Toute l’histoire du monde:
1/ c’est-à-dire le passé le présent et le futur. Tout l’ordre du temps, entièrement, c’est une face de l’existence, une face de la création.
2/ tout ce qui entoure la création: les cieux la terre au-dessus des cieux, dans les mers. Tout leur cheminement extraordinaire avec le cheminement du temps. Le temps n’est pas qu’un seul temps. Il y a une multitude de temps dans le monde. Il y a une multitude de créatures sans fin dans la création et à chacune d’elle, il y a un ordre de temps. Chaque créature va dans son monde avec son cheminement particulier pour arriver à sa destination et toutes ces destinations cheminent vers un seul endroit que D-ieu a créé pour chacune de ces réalités.
3/ De même que le ‘olam’ c’est-à-dire l’espace et la ‘chana’ c’est-à-dire le temps sont tous des chemins ainsi en est-il du ‘Néfech’, de l’âme. L’âme est appelé ‘Néfech’ du fait de sa volonté comme il est écrit dans les versets: « si vous avez envie ». L’essence du mot ‘Néfech’ est dans la ‘volonté’. Pourquoi les sages ont choisi ce mot « Néfech » pour évoquer la volonté, pour matérialiser cette dimension de la réalité? Car toute la création n’a été créée que pour dévoiler cette volonté. Le mot « Néfech » inclut en lui et ‘volonté’ et ‘sérénité’, c’est l’association de la volonté et du repos, de la sérénité. C’est écrit à propos du Shabbat: » Shavat vayinafach » »il a chômé et il s’est reposé ». Cela veut dire « ne pas s’empresser, ne pas aller, ne pas cheminer » et pourquoi spécialement cela? Car c’est est un langage de volonté. Lorsque nous parlons de volonté de Néfech, nous parlons de la partie qui puise, de la partie du Néfech qui se déplace, la partie qui aspire, qui va vers. Le Néfech ne se matérialise pas par la partie mouvante mais par le repos qui vient après le cheminement. Ceci est le but du Néfech. Le verset dit que le sang est le Néfech. Le mot Néfech s’associe à la vie: « et l’homme fut une âme de vie ». Le Néfech est la force de vie qui réunit l’homme vivant avec l’appréhension de la vie. Faire couler une goutte de sang s’apparente à une mort car l’homme est le Néfech et chaque goutte de sang est considérée comme une goutte de vie, comme une goutte d’âme, quelque chose de la vie.
Dans l’explication du Gaon de Vilna sur Michlé [Proverbes] sur le verset: »Aussi sans conscience, l’âme n’est pas bonne ». « Néfech » signifie « tov » »bon ». C’est-à-dire qu’en elle-même le Néfech est le bien. La différence entre ‘volonté’ et ‘Néfech’ bien que les deux soient des représentations de la volonté, est que par le mot ‘volonté’ c’est-à-dire par mes désirs superficiels, la chose n’est bonne que parce que je la désire alors que par le ‘Néfech », ma réalité profonde, je désire parce que la chose est bonne. C’est-à-dire que le mauvais penchant utilise et détourne cette énergie développée par le Néfech pour en faire une volonté qui est attirée par les désirs matériels qui transforment tout ce que cette volonté appréhende en bien. Comment le mauvais penchant détourne cette énergie? Par le fait du manque d’attention « aussi sans conscience ». Mais si la conscience se développe, alors le Néfech va développer une volonté qui va automatiquement rechercher le bien absolu car le Néfech est la matérialisation du bien. Je le veux car cela est bien. En général, le mauvais penchant nous montre une multitude de biens dans le monde. Mais si nous observons bien les choses, ces choses ne sont bonnes que parce que nous les désirons. Lorsque l’on arrête de la désirer, il n’y a plus rien de bien dans la chose. Aucune réalité dans la chose. C’est la volonté, le désir qui crée le bien dans la chose. Il a été implanté en nous cette volonté, ce désir. Et cette volonté crée en nous ce cheminement, cet arrangement, cette disposition qui va donner de la valeur à toutes ces choses qui manquent de valeur. Toutes ces choses qui n’ont de valeur que pour notre imaginaire. Cela n’est bon que parce que nous les voulons. Pourquoi nous les voulons? Parce que nous les voulons. Sans aucune raison. A la volonté, il n’y a pas de raison. Je veux car en moi je veux. Je le veux donc cela devient bien car ceci rempliera ma volonté. Le Néfech est la correspondance du bien. Cette même Néfech sur laquelle il est écrit: » et l’homme sera une âme de vie ».
L’âme réclame le bien c’est-à-dire qu’elle réclame une chose qui amène la sérénité. Il y a un but où il faut arriver, c’est cela le Néfech. De la même manière qu’il y a un Moh’ed au olam et à la chana, il y a un Moh’ed au Néfech. Le Moh’ed du Néfech est le bien, la sérénité. Le Moh’ed de l’espace c’est la tente de rendez-vous, le Moh’ed temporel c’est le Shabbat car tous les Moh’adim sont une conséquence du Shabbat. C’est le commencement de tous les Moh’adim. La source de tous les Moh’adim. Nous avons été créés dans un processus qui va à la rencontre d’une finalité, d’un but.
La garde du Shabbat est éternelle. « Mes Shabbatot vous garderez et mon sanctuaire vous craindrez ». Ce que la garde du Shabbat est éternelle, ainsi la crainte du sanctuaire est éternelle. C’est-à-dire que la crainte du sanctuaire est obligatoire sur nous, même après sa destruction mais le Shabbat se trouve toujours en nous. Le Shabbat dans toute sa réalité, dans toute sa pureté se trouve avec nous, en nous il est toute la semaine. Le Temple ne se trouve pas avec nous. Nous avons des temps qui sont en nous et des temps qui sont dans leurs destructions. C’est notre situation. La matérialisation de la finalisation du Mishkan nous a été ordonnée comme toutes les autres Mitsvot de la Torah. Dans la construction du Mishkan, la Torah redouble son ordre, il y a son ordre et sa conception. Il y a des paroles de Torah qui sont des Mitsvot et il y a des paroles de Torah qui sont des actes que nous réalisons. L’action que l’on fait en tant que réalisation de la Mitsva étant aussi Torah. L’ordre étant Torah ainsi l’action est Torah. Cela ne veut pas dire que la Torah est l’ordre que nous accomplissons mais bien que l’accomplissement est partie intégrante de Torah. Toute la Torah doit être accomplie. Le peuple d’Israël a été ordonné: « faites-moi un sanctuaire et je résiderai parmi eux » il y a un ordre et un accomplissement dans ce verset. C’est-à-dire que « et ils me feront un sanctuaire » est l’ordre, c’est Torah, que je dois accomplir. L’acte n’étant pas Torah mais la mise à exécution de l’ordre mais par les mots « et je résiderai parmi eux » la construction elle-même devient Torah, elle devient éternelle, que le temple soit existant ou non. En étudiant la Torah, nous faisons résider la présence divine en nous et ainsi nous construisons le Mishkan à tout moment et en tout lieu. De la même manière qu’il nous est donné la possibilité d’atteindre le Shabbat, ainsi même du temps où le temple est dans sa destruction, nous pouvons atteindre sa puissance spirituelle, sa dimension surnaturelle.
Ce que le Ramban fait ressembler cette répétition de l’ordre de la construction du Mishkan aux actions des serviteurs des patriarches est que dans la Torah de leurs enfants il n’y a pas de répétition car ce sont des ordres qui sont donnés pour être expliqués pour être mis en application. Il n’y a pas de raison à les répéter. Les récits des serviteurs ont été donnés comme Torah et cette répétition est claire. Cela raconte ce qui s’est passé et le récit de ce qui s’est passé. Il n’y a pas lieu à interprétation. Qu’y a-t-il de plus beau dans le récit de leurs actions plus que dans la Torah elle-même? Que peut-on apprendre de plus beau que les ordres de la Torah? Le Talmud dit que chaque instant de vie de nos sages doit être apprécié en tant que Torah. « Car son fruit est donné en son temps et ses feuilles ne se fanent pas ». Même leurs feuilles ne se fanent pas c’est-à-dire même ce qui n’est pas le fruit lui-même mais ses feuilles, ce qui se trouve à l’intérieur des feuilles est l’essence de l’arbre et par la feuille peut de développer l’arbre. Ainsi en est-il du récit des actes de nos sages et des serviteurs des patriarches. Les récits profanes sont une étude. Nous avons besoin d’apprendre d’eux car pour nous, cela est Torah. Ils sont les feuilles qui protègent les fruits que sont les patriarches et qui ont en eux la potentialité du fruit et de l’arbre. Les récits des serviteurs des patriarches incluent en potentialité la Torah des enfants. Les patriarches ont en eux toute la Torah de tous les enfants. Les récits des serviteurs ont en eux la force de sortir à la réalité la potentialité de la Torah des patriarches. La Torah des enfants sont des détails, le récit des serviteurs inclut à l’intérieur la potentialité de tout l’arbre. L’amour supérieur que D-ieu dévoile par le fait que la Torah répète un sujet, a pour conséquence que cela devienne lui-même Torah. D’un potentiel, la répétition transforme l’enseignement en réalité. C’est cela la force du « et je résiderai parmi eux« .
Lorsque nous recevons le Shabbat, nous chantons « viens mon préféré » il ne parle de Shabbat que dans les trois premiers paragraphes. Tout le reste du chant parle de Jérusalem et du temple. En fait la rencontre vers le Shabbat est l’espérance elle-même de la délivrance. Celui qui reçoit Shabbat sans espérer la délivrance, soit il ne sait pas ce que veut dire « recevoir » sur lui ou bien il ne sait pas ce qu’est Shabbat. Recevoir Shabbat, c’est aller à la rencontre du Shabbat. L’espérance elle-même est la réception du Shabbat. Le Rambam explique que celui qui veut recevoir Shabbat comme il faut, il faut s’abandonner à cette espérance de la délivrance. Celui qui sort à la rencontre du roi, c’est exactement l’espoir de la délivrance. Le but c’est le Shabbat avec le temple reconstruit que nous espérons tous les jours.