Et comment Pharaon m’écoutera-t-il ? Paracha Vaéra JardindelaTorah. Zéra Chimchon Darouch 4
comment Pharaon m’écoutera-t-il ?
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Ce Dévar Torah est dédié Léilouy Nishmat de mon beau père Z »L Aharon Ben Mbarka 5778
Zera Chimchon – Darouch 4 page 519 dans la nouvelle édition (5778)
Avant de commencer le Dévar Torah proprement dit rappelons les paroles de Hashem à Avraham Avinou dans le Bérit Ben HaBétarim (alliance entre les morceaux) Béréshit Ch. 15 v. 12-14 (l’essentiel). D’abord en Hébreu puis en Français :
וַיְהִי הַשֶּׁמֶשׁ לָבוֹא, וְתַרְדֵּמָה נָפְלָה עַל-אַבְרָם; וְהִנֵּה אֵימָה חֲשֵׁכָה גְדֹלָה, נֹפֶלֶת עָלָיו.
יג וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם–אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה.
יד וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי; וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל.
Le soleil étant sur son déclin, une torpeur s’empara d’Abram: tandis qu’une angoisse sombre profonde pesait sur lui.
Dieu dit à Abram: « Sache-le bien, ta postérité séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans.
Mais, à son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par Moi; et alors ils la quitteront avec de grandes richesses.
Mais en réalité l’esclavage d’Egypte n’a duré que 210 ans.
Zera Chimchone – Darouch 4 page 519 dans la nouvelle édition (5778)
Et comment Pharaon m’écoutera-t-il ?
A propos du verset de notre Parasha (Exode Ch. 6 v. 12)
וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה, לִפְנֵי יְהוָה לֵאמֹר: הֵן בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, לֹא-שָׁמְעוּ אֵלַי, וְאֵיךְ יִשְׁמָעֵנִי פַרְעֹה, וַאֲנִי עֲרַל שְׂפָתָיִם.
Mais Moïse s’exprima ainsi devant l’Éternel: « Quoi! les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté et Pharaon m’écouterait, moi qui ai la parole embarrassée! »
Rashi commente : Et comment Pharaon m’écoutera-t-il. On trouve l’un des dix raisonnements a fortiori [קל וחומר -à plus forte raison] qui figurent dans la Tora (au nom du Midrach – Beréchith rabba).
On a une objection explicite à ce raisonnement a fortiori : dans quel état étaient les enfants d’Israël ? Ils avaient l’esprit oppressé [ce qui n’était pas le cas de Pharaon plus susceptible d’écouter Moshé] comme nous le voyons dans le verset (Exode Ch. 6 v 9) :
וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה כֵּן, אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל; וְלֹא שָׁמְעוּ, אֶל-מֹשֶׁה, מִקֹּצֶר רוּחַ, וּמֵעֲבֹדָה קָשָׁה.
Moïse redit ces paroles aux enfants d’Israël mais ils ne l’écoutèrent point, ayant l’esprit oppressé par une dure servitude.
De plus, une autre difficulté se présente à nous, lorsque notre verset mentionne « moi qui ai la parole embarrassée » que vient-il rajouter au raisonnement a fortiori ? Il ne s’intègre pas dans ce raisonnement a fortiori. La raison pour laquelle les enfants d’Israël n’ont pas écouté Moshé n’est pas due au fait qu’il était « avait la parole embarrassée ». Et de plus, on objecte au verset (Exode Ch. 4 v 1) où Moshé dit à Hashem :
וַיַּעַן מֹשֶׁה, וַיֹּאמֶר, וְהֵן לֹא-יַאֲמִינוּ לִי, וְלֹא יִשְׁמְעוּ בְּקֹלִי: כִּי יֹאמְרוּ, לֹא-נִרְאָה אֵלֶיךָ יְהוָה.
Moïse prit la parole et dit : « Mais certes, ils ne me croiront pas et ils n’écouteront pas ma voix, parce qu’ils diront : L’Éternel ne t’est point apparu. »
D’où Moshé pouvait-il savoir si les Hébreux allaient l’écouter ou non ?
Pour répondre à ces questions, introduisons d’abord ce que les sages enseignent dans le premier chapitre du traité de Talmoud Bérakhot (page 9 folio b) à propos du verset avant la sortie d’Egypte
דַּבֶּר-נָא, בְּאָזְנֵי הָעָם; וְיִשְׁאֲלוּ אִישׁ מֵאֵת רֵעֵהוּ, וְאִשָּׁה מֵאֵת רְעוּתָהּ, כְּלֵי-כֶסֶף, וּכְלֵי זָהָב.
Dis s’il te plait au peuple que chacun ait à demander [emprunter] à son voisin et chacune à sa voisine, des ustensiles d’argent et des ustensiles d’or.
Le Talmoud commente ce verset de la manière suivante « Va vers le peuple, et dis leur, s’il vous plait, que chacun demande à son voisin (un prêt) afin que ce Tsadik (Avraham Avinou) ne puisse pas dire que le décret [dans Guézérat Ben Habétarim] qui spécifiait «où elle sera asservie et opprimée » a été accompli (en Egypte par l’esclavage) mais que la fin du même décret « alors ils la quitteront avec de grandes richesses » n’a pas été réalisé.
Une promesse est une promesse
Là aussi nous avons une difficulté !!! Si Hashem a promis qu’après que ce soit réalisé « où elle sera asservie et opprimée » se réalisera également « alors ils la quitteront avec de grandes richesses », pourquoi faut-il cette demande (de demander aux voisins) qui ressemble à une ruse et une tricherie ? [C’est un prêt qui ne sera pas rendu]. Hashem aurait dû leur donner cette grande richesse directement, explicitement.
De plus que signifie « pour que ne dise pas ce tsaddik ? », c’est comme si Hashem agissait ainsi afin qu’Avraham n’ait pas de ressentiment ; mais indépendamment de cela Hashem, qui peut tout, était tenu d’accomplir la parole qu’il a promise « Mais, à son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par moi ; et alors ils la quitteront avec de grandes richesses ».
Pour répondre à toutes ces interrogations, il nous faut remarquer qu’à chaque fois que l’on relate dans la Parasha que Hashem veut délivrer Israël d’Egypte, la Torah mentionne également l’oppression לחץ et le dur asservissement que leur ont fait subir les Egyptiens.
C’est ce que nous voyons au début de la parole de Hashem à Moshé (Exode Ch. 3 v7)
וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו
L’Éternel poursuivit: « J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances.
Une difficulté se présente, car pourquoi faire dépendre la raison de la délivrance d’Israël d’Egypte de la difficulté de l’exil [les souffrances] ? Apprend le du fait que le temps de la délivrance est révolu et si ce temps de la délivrance n’est pas encore révolu pourquoi le verset (ch. 3 v 16) dit-il פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם je me suis souvenu de vous, et pourtant ce ne serait pas encore le moment de se souvenir. Mais c’est évident qu’il faut dire que du fait qu’il y avait la dureté de l’asservissement [que mentionne la Torah] alors on a moyen de réfléchir et dire que cette dureté de l’esclavage a complété le temps prévu (400 ans) de l’esclavage comme l’ont expliqué les commentateurs.
Cependant cette réponse convient selon l’attribut de miséricorde (midat harahamim), qui lorsqu’il y a un doute à égalité (50/50) alors l’attribut de miséricorde fait tendre vers la bonté, mais l’attribut de justice rigoureuse (Midat Hadin) a encore une porte ouverte pour dire que le temps n’est pas encore révolu. C’est pour cette raison que chaque fois que la Torah mentionne la délivrance d’Israël elle mentionne également les duretés de l’asservissement. C’est-à-dire que c’est cette dureté de l’asservissement qui induit de les faire sortir d’Egypte, car même si tu dis que la dureté ne complète pas [les années manquantes], malgré tout ils doivent sortir de l’emprise de l’Egypte tout de même car il les a tyrannisé avec dureté בפרך [Rashi : Avec dureté (befarèkh) Avec un dur servage, qui brise (mefarèkheth) le corps et le met en pièces] au contraire du din/de la loi [c’est-à-dire que l’esclavage en Egypte était d’une dureté et d’une oppression bien au-delà que celle décrétée par Hashem ; les Hébreux étaient en esclavage pas en camps d’extermination] comme nous avons développé cette notion pour la Parasha de Shémot à propos du verset :
וַיָּשָׁב מֹשֶׁה אֶל-יְהוָה, וַיֹּאמַר: אֲדֹנָי, לָמָה הֲרֵעֹתָה לָעָם הַזֶּה–לָמָּה זֶּה, שְׁלַחְתָּנִי.
Moïse retourna vers le Seigneur et dit : « Mon Dieu, pourquoi as-tu rendu ce peuple misérable ? Dans quel but m’avais-tu donc envoyé ?
(Voir Zera Chimchone parashat Chémot – Drouch 15)
C’est pourquoi, Hashem a dit à Moshé (Exode ch. 3 v7) au début (de sa mission)
וַיֹּאמֶר יְהוָה, רָאֹה רָאִיתִי אֶת-עֳנִי עַמִּי אֲשֶׁר בְּמִצְרָיִם; וְאֶת-צַעֲקָתָם שָׁמַעְתִּי מִפְּנֵי נֹגְשָׂיו, כִּי יָדַעְתִּי אֶת-מַכְאֹבָיו.
L’Éternel poursuivit : « J’ai vu, j’ai vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte; j’ai accueilli sa plainte contre ses oppresseurs, car je connais ses souffrances.
וָאֵרֵד לְהַצִּילוֹ מִיַּד מִצְרַיִם, וּלְהַעֲלֹתוֹ מִן-הָאָרֶץ הַהִוא, אֶל-אֶרֶץ טוֹבָה וּרְחָבָה, אֶל-אֶרֶץ זָבַת חָלָב וּדְבָשׁ–אֶל-מְקוֹם הַכְּנַעֲנִי, וְהַחִתִּי, וְהָאֱמֹרִי וְהַפְּרִזִּי, וְהַחִוִּי וְהַיְבוּסִי.
Je suis donc descendu pour le délivrer de la puissance égyptienne et pour le faire monter de cette terre-là dans une contrée fertile et spacieuse, dans une terre ruisselante de lait et de miel, où habitent le Cananéen, le Héthéen, l’Amorréen, le Phérézéen, le Hévéen et le Jébuséen.
C’est-à-dire du fait qu’il les a tyrannisés « Béfarekh », avec une dureté extrême je veux les sauver des mains des Egyptiens, et au moins les faire monter de cette terre-là [et pourquoi le verset précise-t-il « de cette terre-là » qui semble en trop ?] et seulement de celle-ci, c’est-à-dire qu’ils ne termineront pas le temps de la Galout (de l’exil) en Egypte mais dans d’autres exils. Et de même on voit un peu plus loin (Exode Ch. 3 v9 et 19) :
וְעַתָּה, הִנֵּה צַעֲקַת בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל בָּאָה אֵלָי; וְגַם-רָאִיתִי, אֶת-הַלַּחַץ, אֲשֶׁר מִצְרַיִם, לֹחֲצִים אֹתָם.
9. Oui, la plainte des enfants d’Israël est venue jusqu’à Moi; oui, j’ai vu la tyrannie dont les Égyptiens les accablent.
וַאֲנִי יָדַעְתִּי–כִּי לֹא-יִתֵּן אֶתְכֶם מֶלֶךְ מִצְרַיִם, לַהֲלֹךְ: וְלֹא, בְּיָד חֲזָקָה
19. Or, je sais que le roi d’Égypte ne vous laissera point partir, pas même en présence d’une puissance supérieure.
Et Rashi explique : Le roi d’Egypte ne vous donnera pas la permission de partir si je ne lui montre pas « une main forte » [fin du verset], c’est-à-dire : aussi longtemps que je ne lui aurai pas fait connaître ma main puissante, il ne vous permettra pas de partir.
C’est-à-dire que Pharaon aura un argument de dire que les duretés de l’asservissement n’ont pas complété le compte des années, et il ne les laissera pas sortir. Et Moi je viendrai vers lui avec « une main puissante », dans une approche « de deux choses l’une » même si tu n’acceptes pas, toi Pharaon, que le compte est fini malgré tout, tu les as tyrannisés avec une trop grande dureté (Béfarekh), contrairement au dine (la loi) et il faut que tu les renvoies et qu’ils complètent le décompte dans d’autres endroits.
C’est ce que signifie « פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם, וְאֶת-הֶעָשׂוּי לָכֶם בְּמִצְרָיִם » Je me suis souvenu de vous et de ce qui vous a été fait en Egypte. C’est-à-dire que d’un côté פָּקֹד פָּקַדְתִּי אֶתְכֶם « je me suis souvenu de vous » c’est-à-dire que d’après le côté « bonté » (Hessed) les difficultés du l’asservissement ont complété le compte des années. Et si le côté justice rigoureuse vient accuser que les années ne sont pas révolues, alors il y a la suite du verset וְאֶת-הֶעָשׂוּי לָכֶם בְּמִצְרָיִם « et ce qui vous a été fait en Egypte » du fait qu’il ont eu un asservissement trop fort, et comme le fait que les duretés de l’asservissement ont complété ou non les années d’esclavages n’est pas un argument complètement probant [clair], Israël ne peut pas réclamer avec certitude la grande richesse que Hashem leur a promis car cela ne dévient automatique qu’après avoir fini les années d’esclavage et « celui qui fait sortir de son prochain doit apporter la preuve » (Hamotsi Méhavéro Alav Haréaya) et de ce fait Hashem leur a ordonné de faire ce stratagème de demander aux Egyptiens. Mais après que cette richesse soit passée entre les mains des Hébreux, ce sont les Egyptiens qui sont demandeurs et qui veulent faire sortir des mains des Hébreux (les richesses prêtées), et c’est eux qui doivent apporter la preuve de considérer avec certitude que les difficultés de l’Esclavage n’ont pas complété le décompte (des 400 ans) [à eux s’applique maintenant le principe « Hamotsi Méhavéro Alav Haréaya »]
Lorsque Moshé a entendu cela il a dit (Exode Ch. 6 v. 12) « Quoi ! Les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté et Pharaon m’écouterait, moi qui ai la parole embarrassée ! », c’est-à-dire, peut être les enfants d’Israël ne vont pas me croire lorsque je leur dirai que « les difficultés de l’esclavage n’ont pas complètement complété le décompte et alors ils n’écouteront pas ma voix de demander aux Egyptiens (les richesses) avec ce stratagème, car ils diront Hashem (Havaya) ne t’est pas apparu, (Hashem) c’est-à-dire l’attribut de miséricorde (Havaya), car du point de vue de l’attribut de miséricorde, il est évident que la rudesse de l’asservissement a complété le nombre des années et ils doivent bénéficier de cette grande richesse sans aucune ruse. Et c’est ce que disent nos sages (dans le Talmud Bérakhot rapporté plus haut) « afin que ce Tsaddik (Avraham) ne dise pas «où elle sera asservie et opprimée » a été accompli (en Egypte par l’esclavage) et du point de vue de l’attribut de bonté, qui est la qualité d’Avraham, la rudesse de l’asservissement a complété les années mais que la fin « alors ils la quitteront avec de grandes richesses» n’a pas été réalisé.
De même la Torah nous dit (Exode ch. 6 v 5)
וְגַם אֲנִי שָׁמַעְתִּי, אֶת-נַאֲקַת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֲשֶׁר מִצְרַיִם, מַעֲבִדִים אֹתָם; וָאֶזְכֹּר, אֶת— בְּרִיתִֽי.
Et Moi aussi, j’ai entendu les gémissements des enfants d’Israël, asservis par les Égyptiens et je me suis souvenu de mon alliance.
לָכֵן אֱמֹר לִבְנֵי-יִשְׂרָאֵל, אֲנִי יְהוָה, וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם מִתַּחַת סִבְלֹת מִצְרַיִם, וְהִצַּלְתִּי אֶתְכֶם מֵעֲבֹדָתָם; וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם בִּזְרוֹעַ נְטוּיָה, וּבִשְׁפָטִים גְּדֹלִים. ז וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם, וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים
Donc, parle ainsi aux enfants d’Israël: ‘Je suis l’Éternel! Je veux vous faire sortir des tribulations de l’Égypte et vous délivrer de sa servitude; et je vous délivrerai avec un bras étendu, à l’aide de châtiments terribles. Je vous prendrai pour peuple, je deviendrai votre Dieu;
Les quatre termes de délivrance
La Torah utilise les 4 termes de délivrances, en regard des 4 autres exils afin de nous dire (en allusion) que cette délivrance ne sera pas complète, car la dureté de l’asservissement n’a pas complètement finalisé le décompte des années (les 400 ans) mais seulement Hashem veut les faire sortir d’Egypte et ensuite compléter les années d’Exil dans les autres exils. Et de même on voit cela dans le verset (Exode Ch 6 v11)
בֹּא דַבֵּר, אֶל-פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרָיִם; וִישַׁלַּח אֶת-בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, מֵאַרְצוֹ
Va, dis à Pharaon, roi d’Égypte, qu’il laisse partir de son pays les enfants d’Israël.
C’est-à-dire qu’il les fasse sortir de son pays [qui est superflu], même s’ils ont à compléter le décompte ailleurs par la suite.
Et lorsque Moshé Rabbénou a tenu ces propos aux enfants d’Israël ils ne l’ont pas écouté (ils n’ont pas accepté) que la raison de la délivrance était « ayant l’esprit oppressé par une dure servitude. » מִקֹּצֶר רוּחַ, וּמֵעֲבֹדָה קָשָׁה que les Egyptiens leur faisaient subir, comme le montrent les quatre langages de délivrance qui indiquent qu’il leur faut compléter les années. C’est pour cela que Moshé dit à Hashem הֵן בְּנֵי-יִשְׂרָאֵל, לֹא-שָׁמְעוּ אֵלַי Quoi ! les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté, pour être délivrés, car la dureté de l’asservissement n’a pas complété le décompte [des 400 ans], , וְאֵיךְ יִשְׁמָעֵנִי פַרְעֹה et comment Pharaon m’écouterait-il ? (de ce même argument). Et maintenant le raisonnement a fortiori marche bien et on ne peut plus le contredire.
L’intention du verset lorsqu’il rajoute שְׂפָתָיִם , וַאֲנִי עֲרַל « moi qui ai la parole embarrassée » c’est pour dire « moi je ne peux pas dire à Pharaon que les duretés de l’asservissement ont complété le décompte des années » ou aussi dire que le moment de la Guéoula, de la délivrance est venu car si c’était vraiment le temps de la délivrance était arrivé je ne serais pas avec la bouche embarrassée et c’est sûr que si j’ai la bouche embarrassée cela signifie qu’Israël n’a pas encore été réparé et ils ne sont pas aptes à la délivrance, c’est-à-dire que lors du don de la Torah Moshé a été guéri (comme on le voit dans le Midrash Rabba , 1,1) car à ce moment la Zohamat Hanahash, l’impureté du serpent, a été annulée de nos ancêtres (Voir Talmoud Chabbat 146a) et s’ils n’avaient pas fauté avec le veau d’or ils auraient été libres de l’asservissement aux autres nations.
Il est connu qu’en Egypte Israël a réparé le פגם / le défaut de quatre générations qui les ont précédé : la génération de Enoch, celle du déluge (Maboul), celle de Sédom et celle de la tour de Babel (Dor Hahaflagua), ce que nous voyons des premières lettres des mots du verset (Exode Ch. 6 v7) הַמּוֹצִיא אֶתְכֶם, מִתַּחַת סִבְלוֹת sont les premières lettres de הפלגה, אנוש, מבול, סדום. Et face à ça Moshé Rabbénou a également été réparé car il était équivalent à tout Israël comme l’ont écrit les Mékoubalim (voir à ce propos Assara Maamarot de Rabbi Menahem Azaria Mipano). En effet :
- En regard du fait que l’océan a envahi le tiers de la planète (voir Rachi sur Genèse Ch. 6 v4) lors de la génération de Enoch, alors a été décrété que tout nouveau-né mâle serait jeté dans le fleuve(ce que Moshé à subi);
- En regard de la génération du déluge pour laquelle Noa’h a eu l’ordre עֲשֵׂה לְךָ תֵּבַת עֲצֵי-גֹפֶר Fais-toi une arche de bois de gôfèr; il est dit à propos de Moshé Rabbénou (Exode Ch. 2 v3) וְלֹא-יָכְלָה עוֹד, הַצְּפִינוֹ, וַתִּקַּח-לוֹ תֵּבַת גֹּמֶא, Ne pouvant le cacher plus longtemps, elle lui prépara un berceau de jonc (une arche).
- En regard des gens de Sedom (lors du sauvetage de Loth) אֶת-הָאֲנָשִׁים אֲשֶׁר-פֶּתַח הַבַּיִת, הִכּוּ בַּסַּנְוֵרִים Et les hommes qui assiégeaient l’entrée de la maison, ils les frappèrent d’éblouissements ; et donc le berceau de Moshé était complètement fermé et il y est resté dans l’obscurité ce qui n’était pas le cas de l’arche de Noa’h.
- Et en regard de la génération de la tour de Bavel (Dor Hahaflagua) dont le langage a été confondu (avant il y avait une seule langue et ensuite il y a eu séparation entre plusieurs langues), Moshé a eu la parole embarrassée (עֲרַל שְׂפָתָיִם)
Et Pharaon a bien répondu en disant que s’il est véridique que tous les פגמים défauts ont été réparés, et que le moment de la Guéoula / délivrance est arrivé alors Moshé n’aurait pas dû rester avec la parole embarrassée car s’ils avaient terminé le temps de l’exil (les 400 ans) alors tous les défauts auraient été réparés, et toute la Zohamat Hanahash (l’impureté du serpent) aurait été annulée même avant le don de la Torah.
Retrouvez le texte de la Paracha sur Sefarim.fr
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L’article « Et comment Pharaon m’écoutera-t-il ? Paracha Vaéra » a été publié le 7 janvier 2018. Remis à jour le 18 janvier 2020