Parashat Térouma (5774) – Yéhouda Moshé Charbit
Parashat Térouma Charbit
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בס״ד
PARASHAT Térouma
Bien qu’il ait dit aux bné-Israël qu’ils seraient guidés par un ange, Hachem demande à Moshé de lui fabriquer un sanctuaire grâce auquel il résiderait parmi eux. Ainsi, Hakadoch Baroukh Hou demande à chacun de prélever, exclusivement en son nom, de leur fortune, afin d’obtenir de quoi fabriquer tous les ustensiles requis pour la construction du michkan. Ce prélèvement sera composé d’or, d’argent, d’azur, de pourpre, d’Ecarlate, de lin, de poils de chèvres, de peaux de bélier teintes en rouges, de peaux de té’hach[1], de bois de chittim, d’huile, d’encens, de pierres de choham et de pierres à sertir. Une fois ce prélèvement ordonné à Moshé, Hachem explicite à ce dernier les détails de la construction de chacun des ustensiles destinés à servir dans la tente d’assignation qui deviendra, une fois construite, le lieu de rendez-vous entre Hachem et Moshé. Ce sont donc les plans et l’agencement de l’arche (qui contiendra les tables de la loi) et de son couvercle sur lequel se trouvaient les deux chérubins, de la table et de ses ustensiles, de la ménorah (candélabre) et de ses ustensiles, des dix tentures du michkan, des onze tentures de la tente d’assignation, des rideaux et de l’autel, qui sont dévoilés visuellement à Moshé Rabbénou lorsqu’il se trouve sur le mont Sinaï.
Dans le chapitre 25 de Chémot, la torah dit :
א/ וַיְדַבֵּר יְהוָה, אֶל-מֹשֶׁה לֵּאמֹר׃
1/ Hachem parla à Moshé en disant.
ב/ דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, וְיִקְחוּ-לִי תְּרוּמָה: מֵאֵת כָּל-אִישׁ אֲשֶׁר יִדְּבֶנּוּ לִבּוֹ, תִּקְחוּ אֶת-תְּרוּמָתִי׃
2/ Parles aux bné-Israël qu’ils prennent pour moi un prélèvement ; de tout homme que son cœur rendra généreux vous prendrez pour un prélèvement.
ג/ וְזֹאת, הַתְּרוּמָה, אֲשֶׁר תִּקְחוּ, מֵאִתָּם: זָהָב וָכֶסֶף, וּנְחֹשֶׁת׃
3/ Et voici le prélèvement que vous prendrez d’eux : or, argent et cuivre.
ד/ וּתְכֵלֶת וְאַרְגָּמָן וְתוֹלַעַת שָׁנִי, וְשֵׁשׁ וְעִזִּים׃
4/ De l’azur, de la pourpre, de l’écarlate, du lin et des poils de chèvres.
ה/ וְעֹרֹת אֵילִם מְאָדָּמִים וְעֹרֹת תְּחָשִׁים, וַעֲצֵי שִׁטִּים׃
5/ Et des peaux de béliers teintes en rouge, et des peaux de Té’hach et des bois de chittim.
ו/ שֶׁמֶן, לַמָּאֹר; בְּשָׂמִים לְשֶׁמֶן הַמִּשְׁחָה, וְלִקְטֹרֶת הַסַּמִּים׃
6/ De l’huile pour la ménorah, des baumes pour l’huile d’onction et pour l’encens des parfums.
Le midrach enseigne : « dès l’instant où les bné-Israël ont accepté la torah dans la joie et qu’ils ont dit « כל אשר דיבר ה’ נעשה ונשמע Tout ce qu’Hachem nous dira nous ferons et nous écouterons », immédiatement Hakadoch Baroukh Hou a dit à Moshé de leur demander de lui construire un michkan ».
Il semble donc que le don de la torah soit ce qui a amené Hachem a résidé parmi son peuple. Sur un sens simple, nous comprenons parfaitement que lorsque le peuple accepte la torah, devant la joie de voir un peuple qui suit sa volonté, Hachem décide de s’installer parmi lui. Toutefois, une lecture pointilleuse du midrach semble connoter une nécessité de construire le michkan. Effectivement, Hachem a immédiatement demandé à Moshé la construction, comme si l’acceptation de la torah avait engendré un besoin absolu de créer le michkan. Quel est donc ce besoin ?
Nos sages dévoilent une conséquence fondamentale au don de la torah. Comme nous le savons, la torah n’a pas était donnée n’importe où. Hachem s’est dévoilé aux bné-Israël au mont Sinaï. Le nom de cette montagne n’est pas anodin dans la mesure où il connote la haine. Car, en effet, dès l’instant où les bné-Israël ont accepté la torah, ils ont éveillé la haine et la jalousie à leur égard. C’est à cet instant précis de l’histoire que le peuple hébreu est devenu un ennemi aux yeux du reste du monde.
Évidement, l’apparition de cette haine universelle aura pour conséquence un affrontement, celui de la vérité face au mensonge. Dans la mesure où le peuple d’Israël est dorénavant détenteur de la vérité absolue, il sera donc confronté à toutes les formes de mensonge de l’histoire dans l’objectif de faire éclore le bien. Ce qui explique pourquoi l’histoire des bné-Israël est constamment jonchée des périls de ce peuple qui, tour à tour, se mesure aux grandes idéologies du monde. Ainsi, chaque fois qu’une puissance internationale est apparue, elle a tenté d’éradiquer les juifs qui respectaient un dogme et une culture littéralement opposée à la culture locale. Et évidement, le résultat est constamment le même, malgré les périls et les souffrances imposés à notre peuple, l’ennemi disparaît tandis que nous survivons. Démontrant ainsi que nous représentons l’unique vérité qui triomphe logiquement du mensonge.
Ainsi le don de la torah a mis en place les futurs combats auxquels les bné-Israël allaient être confrontés. Toutefois, loin d’être un simple débat philosophique, le combat dont nous parlons est un violent affrontement qui met en péril la vie des protagonistes. En effet, le bien et la vérité s’opposent par définition au mal et au mensonge. De sorte, que la vérité est la seule réalité concrète tandis que le mensonge n’est que pure invention. Il apparaît donc clairement qu’au terme de chaque affrontement, un des deux protagonistes doit nécessairement disparaître. Ainsi, chaque fois que le judaïsme affrontera une culture se prétendant détentrice de la vérité, son existence sera remis en cause. La conséquence est donc extrêmement grave : le don de la torah a créé plus qu’une simple haine des nations à notre égard, il a créé un désire de nous exterminer !
Le risque est donc grand. C’est pourquoi, immédiatement après le don de la torah, il est nécessaire de mettre en place les mérites qui assureront notre survie. Dès lors, le midrach nous enseigne ce qu’Hachem a fait : il nous ordonne de construire le michkan !
En quoi le michkan est-il le garant de notre protection future ?
Pour comprendre cela, il faut mettre en évidence ce que recèle ce monument. Une compréhension simpliste de cette fabrication nous amène à croire qu’il s’agit de créer un lieu d’accueil pour Hachem. Mais bien évidement, l’enjeu est beaucoup plus profond. Le michkan est le lieu chargé de concentrer la présence divine qui se manifestera au dessus du tabernacle contenant la torah. Dans un aspect plus symbolique, il s’agit de réaliser que le lieu du dévoilement d’Hachem est le lieu qui renferme la torah, la vérité absolue. Ce monument est donc dans un sens, ce qui « protège » cette vérité. Or comme nous l’avons vu, l’apparition de cette vérité lors du don de la torah a engendré l’apparition simultanée de la haine des nations qui ont alors pour objectif d’éradiquer le peuple hébreu. Il apparaît donc que le michkan est la ligne de démarcation de ces deux notions : d’un côté, il est le garant de la vérité, d’un autre, il nous vaut de nombreuses joutes ennemis.
Suivant cette notion Hachem demande au peuple de prélever la תרומה (térouma). Nos sages remarquent que les lettres qui composent ce mot peuvent être reformulées en תורה- מ. Le מ a pour valeur numérique quarante et la torah a justement été donné en quarante jours. Ainsi, nous pouvons constater que l’objectif du prélèvement de la térouma est le maintien de la torah ! Ce maintient signifie la victoire de la vérité face à toute idéologie mensongère qui chercherait à s’imposer dans le monde. C’est donc dans ce sens que le choix des prélèvements en questions se fera.
Les versets que nous avons cité, détail la composition de ce prélèvement, et évidement les matériaux ne sont pas choisis au hasard. Le midrach Tan’houma nous dévoile que le premier prélèvement, l’or, vient nous protéger du premier grand ennemis d’Israël, à savoir Babylone. Ainsi le mérite d’avoir fait don de notre or pour assurer le lieu de repos de la torah accompagnée de la présence divine, va être le garant de la survie de la torah face à l’empire Babylonien. Et en effet, bien qu’ayant subit de lourdes pertes, les bné-Israël ont survécu à cette période de l’histoire, tandis que l’empire ennemis s’est effondré. Toutefois, il ne s’agit pas là du seul défit des bné-Israël. Suite à l’empire Babylonien, l’empire Perse est celui qui s’est confronté aux juifs, notamment lors de l’épisode de Pourim. C’est pourquoi, pour prévenir cette attaque et nous donné les mérites nécessaires à notre survie, Hachem devance les évènements. Il nous demande de prélever de l’argent pour la construction du michkan. L’argent est justement le symbole que la torah emploie pour parler de l’empire Perse. Ainsi encore, le mérite de notre survie est mis en place immédiatement après le don de la torah par la construction du michkan. Il en va de même pour les deux exils suivant qui ne sont autres que l’exil imposé par les Grecques ainsi que celui imposé par les Romains et dans lequel nous nous trouvons encore. Pour ces deux exils, de nouveau, Hachem demande un prélèvement chargé de nous protéger, il s’agit respectivement du cuivre et des peaux de bélier teintes en rouge qui, dans la torah, représentent les grecques et les romains.
Nous comprenons donc pourquoi Hakadoch Baroukh Hou s’empresse de demander la construction du michkan suite au don de la torah. Car la torah est symbole de la mise en place des périls du peuple juif, et les dons pour le michkan sont ce qui nous protègent au fils des siècles.
Le Hatam Sofer souligne à quel point ses dons sont les garants de la survie de la vérité de la torah. Effectivement, en même temps qu’ils sont le symbole de notre protection, ils représentent la torah elle-même. Cela se voit lorsque nous analysons chaque lettre des trois premiers prélèvements demandés par Hachem. Il s’avère que chacune de ses lettres renvoi aux jours de lecture de la torah dans toutes les synagogues du monde. Ainsi Hachem a demandé de prendre זָהָב (de l’or) puis כֶסֶף (de l’argent) et enfin נְחֹשֶׁת (du cuivre).
Le premier mot, זָהָב (de l’or) fait référence aux trois jours de la semaine dans lesquels nous lisons la torah. Comme le montre la valeur numérique des trois lettres de ce mot :
- ז qui vaut sept, renvoi à la lecture de la torah au septième jour de la semaine, le chabbat ;
- ה et ב ont respectivement pour valeur cinq et deux, ramenant à la lecture du deuxième et cinquième jour de la semaine, le Lundi et le Jeudi.
Vient ensuite le mot כֶסֶף (de l’argent). Chacune des lettres de ce mot nous projette à un jour précis de l’année dans lequel nous lisons la torah :
- le כ renvoi au jour de כפור (Kippour) dont il est la première lettre ;
- le ס aux sept jours de סוכות (Souccot) ;
- et le ף aux jours de פסח (Pessa’h) et de פורים (Pourim).
Et enfin, le mot נְחֹשֶׁת (du cuivre) dont les lettres font référence aux jours suivants :
- le נ, pour les נרות (bougies) de Hanouka où nous lisons la torah ;
- le ח, pour חודש, c’est-à-dire chaque nouveau mois ;
- le ש, pour שבועות (Chavouot), שמיני־עצדת (Chémini Atseret) et שמחת־תורה (Simha Torah) ;
- et le ת, pour les jours de תענית (jeûnes).
Il s’avère donc bien que ses dons sont le symbole de la torah et de la protection nécessaire face à la haine qu’elle engendre et face aux combats idéologiques vers lesquels elle nous conduit. Le choix de chacun des objets renvoi à la torah et la protection qu’elle requiert comme nous la montrer le midrach.
Toutefois la citation que nous avons fait était incomplète. Ce même midrach qui annonce les quatre exils au travers des ustensiles à prélever, se conclut par une note positive. Dans le verset 6, la torah demande de prélever de l’huile pour la ménorah. Le midrach explique la symbolique de cette huile de la façon suivante : « Hakadoch Baroukh Hou dit : Bien que vous constatez quatre royautés s’élever et se diriger contre vous, je jure sur vos vies que je ferais fleurir la délivrance depuis la servitude ! Comme le précise le verset « שֶׁמֶן, לַמָּאֹר de l’huile pour la ménorah« . Cela fait référence au Machia’h comme il est dit dans le téhilim 132 : « שָׁם אַצְמִיחַ קֶרֶן לְדָוִד; עָרַכְתִּי נֵר, לִמְשִׁיחִי Là je ferai grandir la corne de David, j’allumerai le flambeau de mon Oint« . ». Que cette promesse puisse bientôt se réaliser amen ken yéhi ratsone.
Chabbat Chalom.
[1] Il s’agit d’une bête qui n’a existé qu’à ce moment et qui était multicolore. (cf. guémara chabbat page 28)