Parashat Shoftim – Itsik Elbaz
Parashat Shoftim
Dvar Torah Parashat Shoftim Par Itsik Elbaz
שֹׁפְטִים וְשֹׁטְרִים, תִּתֶּן-לְךָ בְּכָל-שְׁעָרֶיךָ, אֲשֶׁר ה” אֱלֹהֶיךָ נֹתֵן לְךָ, לִשְׁבָטֶיךָ; וְשָׁפְטוּ אֶת-הָעָם, מִשְׁפַּט-צֶדֶק.
Tu institueras des juges et des magistrats dans toutes les villes que l’Éternel, ton Dieu, te donnera, dans chacune de tes tribus; et ils devront juger le peuple selon la justice
צֶדֶק צֶדֶק, תִּרְדֹּף–לְמַעַן תִּחְיֶה וְיָרַשְׁתָּ אֶת-הָאָרֶץ, אֲשֶׁר-ה” אֱלֹהֶיךָ נֹתֵן לָךְ.
Justice, la justice tu pourchasseras, afin que tu vives – hérites du pays que Hashem ton D.ieu, te donne.
La paracha nous enjoint cette semaine, de nommer des représentants de l’autorité afin que ceux fassent régner l’ordre et la justice. Et si l’on applique cette justice, le verset nous promet la vie et l’héritage de notre Terre Plusieurs questions peuvent se poser à nous :
(1) Quelle relation peut exister avec le fait de rendre la justice et la promesse de longévité et d’hériter de notre Terre ?
(2) Pourquoi le mot Justice est-il répété deux fois ?
Afin d’apporter une réponse à la première question, le Talmud (Traité Pessa’him 8a) rapporte : Si on donne à la Tsédaqa en disant : « Par ce mérite, que vive mon fils » ou encore : « Que je sois parmi ceux du monde à venir », on le considère comme un juste parfait.
Les Tossefot rapportent les Pirké Avot (Maximes de Pères 1 ; 3) et posent la contradiction : אל תהיו כעבדים המשמשין את הרב על מנת לקבל פרס « Ne soyez pas comme ces serviteurs qui servent leurs Maitres dans le but de recevoir un salaire » Comment peut-on comprendre qu’une personne qui donne la Tsédaka (charité) avec à priori un but de recevoir un salaire quelconque soit considérée comme un juste parfait ?
En fait, dans le cas présent, l’homme avait l’intention de faire de la Tsédaka et le fait de recevoir un mérite n’était pas son but premier. Après avoir voulu effectué la Mitsva, il s’est rajouté la possibilité de bénir son fils grâce à ce mérite.
De la même manière, dans le cas présent, la justice ne doit pas être induite pas un désir de longévité ou d’accès à un héritage. Etant donné que justice est rendue, il nous est alors possible de rajouter de nombreuses bénédictions par le biais de ce mérite.
On peut aborder maintenant la redondance du mot « justice », donnons d’abord cette explication du OR HA’HAYM Haqadosh (Ribbi Haym Ben Attar Zatsal). Il nous enseigne que ce verset vient nous sensibiliser au fait que lorsqu’il y a dans la villes deux personnes extrêmement sages et deux autres qui sont sages également mais pas aussi sages que les deux premiers il ne faut pas se dire que puisque ces deux derniers sont capables de donner la Halakha et de trancher la halakha avec justice (et justesse) alors je ne vais pas « fatiguer » ce qui sont extrêmement sages pour les nommer juges ou bien je ne vais pas affronter les difficultés pour les nommer juges et je vais me contenter de nommer les autres qui sont moins compétents ; le verset vient nous dire « Tsédek Tsédek Tirdof », « Justice, la Justice tu pourchasseras », c’est à dire que même si tu disposes de Dayanym (de juges) qui conviennent, il faut que tu ailles chercher ceux ui sont meilleurs qu’eux.
La redondance du mot justice nous renvoie à une idée importante : la justice possède de multiples facettes, de nombreux paramètres, et rendre le jugement est différent pour chaque cas, car aucun d’entre eux n ‘est identique. Et même si des cas sont identiques, les circonstances de ces cas ou d’autres paramètres peuvent émettre un verdict tout à fait opposé. Pour mieux expliquer ce point, l’on rapportera une parabole :
Un jour, le Vent et le Soleil firent un pari, celui qui réussirait à retirer la veste d’un voyageur. Le Vent commença, et se mit à souffler fort sur le voyageur, au point de faire voler son chapeau. Mais le voyageur remit son chapeau, resserra son manteau et continua sa route. Le soleil prit la relève : Il se mit à luire avec une intensité légèrement plus forte, engourdissant le voyageur. Celui-ci décida de faire une halte et enleva sa veste pour se reposer. Ainsi, en est-il de même pour nous : la justice vient de celui qui connait tous les paramètres et agit de manière avisée.
Aussi, la Michna (Bérakhot Chap. 5 Loi 3) : Si on entend quelqu’un dire dans la prière, à deux reprises, les mots אמת ou מודים, on se doit de le faire taire, car la redondance exprime une notion de dualité (de pluralité, dans ce cas de plusieurs divinités).
De la même manière, on se doit de pourchasser la justice qui exprime ces notions de dualité/pluralité. L’on peut alors lire ce passage de la façon suivante : « Et la justice [à deux visages/facettes] tu pourchasseras, afin que tu vives et que tu hérites de la Terre ». On comprend mieux alors le passage parlant de l’interdiction de prendre des pots-de-vin, même si on va rendre une sentence équitable) (comme le dit Rashi) car ceux-ci feraient irrémédiablement incliner le cœur du juge envers le corrupteur, en n’ayant plus cette clarté d’esprit pour prendre en compte toutes les facettes du sujet.
Le Lé’hem Léfi HaTaf rapporte un indice à ce sujet : Si l’on prend le mot שחד (pot-de-vin), et qu’on change chaque lettre en de ce mot avec la lettre qui la suit, on obtient תטה (pencher, incliner).
Car celui qui se corrompt finit toujours par s’incliner !
מתי אפשר להינות מאחרים
ברכות דףי: « אמר אביי ואיתימא רבי יצחק הרוצה להנותי הנה כאלישע, ושאינו רוצה להנות אלי הנה כשמואל הרמתי ».
ובמאירי כתב « אדם המקבל הנאה או חסד מאחרים יקבלנה על דעת שישלם גמול אחר שיודע בעצמו שבידו לשלם, והרוצה לעשות עצמו זר אצל העולם ושלא לקבל הנאה מהם או כבוד, יעשה דבר זה בדרך שלא יחזיקו יוהרא במדותיו »
Quand peut-on profiter des autres ?
Il est écrit dans la Guemara Béra’hot (10a) « Celui qui veut profiter, profitera comme Elicha et celui qui refuse de profiter, il le fera comme le Prophète Chmouel ». Le Méiri nous éclaire quant au sens de cette phrase : il s’agit du profit que l’on tire du ‘Hessed d’autrui, des services que l’on nous rend. Sur ceci, on nous enseigne que si la personne garde à l’esprit qu’à notre tour nous rendront ce service dans le futur alors il aurait droit de profiter. Celui qui ne veut même pas profiter de ce genre de relation et de service pourra le faire en prenant bien garde à ce que son refus ne soit pas interprété comme une preuve d’orgueil et d’un sentiment de supériorité envers son prochain. (Par le Rav Yossi Guigui)
Etincelles de Lumière
La nuit ne dure pas toujours
Un soir, lors de la 1ère Guerre Mondiale, le ‘Hafets ‘Haïm faisait des remontrances à des gens qui étaient alors totalement découragés par les terribles malheurs de leur époque.
Il leur dit avec douceur : « Pourquoi désespérez-vous ? Nos sages nous ont raconté (Talmud Avoda Zara 8a) : Le jour où Adam fut créé, au moment où le soleil se couchait, il s’écria, « Malheur à moi ! Etant donné que j’ai fauté, le monde s’obscurcit et retourne au néant, voici donc la mort que le Ciel m’a décrété ». Il pleura et jeuna toute la nuit aux cotés de sa femme. A l’aube, il en conclut qu’il s’agissait de l’habitude du monde.
On comprend de là que Adam n’a paniqué que le premier soir, étant trop inexpérimenté encore pour comprendre la nature de ce mystérieux phénomène.
Ainsi, il a pensé que le monde retournait au néant et que les ténèbres ne s’estomperaient plus. Mais lorsque l’aube apparut, il comprit qu’après la nuit vient le jour, et après les ténèbres, la lumière. Il prit donc conscience de cette habitude du monde.
Je vous pose la question, demanda le ‘Hafets ‘Haim, est-ce la première nuit d’obscurité qui couvre la terre que notre Peuple traverse ? Est-ce notre première tourmente, pour que nous soyons saisis de terreur et d’effroi ?
Depuis que nous sommes devenus Peuple, nous avons été harcelés à maintes reprises par les peuples. Ce n’est pas la première nuit que nous passons, et ce n’est pas le premier ennemi qui se dresse contre nous.
Et le Saint Béni Soit-il nous a sauvés des mains de nos ennemis, car nous sommes toujours présents. Alors pourquoi cette nuit serait-elle différente des autres nuits que nous avons passées ?
Et de conclure : Nous devons savoir que la nuit n’est pas éternelle, et que même si l’obscurité et les ténèbres nous entourent, finalement, la Lumière se dévoilera comme l’aube : car telle est l’habitude du monde. »
L’accomplissement des Mitsvot
Le ‘Hafets ‘Haïm avait pour habitude de dire : Un Juif se doit d’accomplir les Mitsvot sans chercher à les réussir nécessairement.
Car la réussite de ces Mitsvot ne dépendent uniquement du Saint Béni Soit-Il, alors « Pourquoi te mêlerais-tu des comptes de H.achem ?
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