Parachat Chémot Rav Moché Shapira
Parachat Chémot Rav Shapira
Traduit et adapté par Rav Michaël Smadja
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Parachat Chémot Rav Moché Shapira
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״et voici le dénombrement des enfants d’Israël »
Rashi: » Bien qu’ils aient déjà été comptés dans leurs vies et par leurs noms, ils sont recomptés au moment de leurs morts pour montrer l’amour que leur porte D-ieu car il les compare aux étoiles qu’il fait sortir et rentrer en les comptant et en leur donnant un nom ».
D-ieu sort les étoiles avec un nombre et par un nom. Que vient nous enseigner ce Midrash? Quel est son but? Pourquoi avoir besoin de les sortir en les comptant et pourquoi leur donner un nom? « leur donner un nom » cela veut dire « leur donner une mission précise dans la création ». Les étoiles sont des canaux qui vont servir à diffuser la conduite divine dans le monde. Par la disposition des étoiles et des planètes dans le ciel, par leur course autour du soleil, va se dégager des influences divines par l’intermédiaire de vibrations, symphonie lyrique du cosmos. Par exemple le signe astrologique du mois de Tichré, est la balance, c’est-à-dire que c’est la période où D-ieu diffuse son jugement dans le monde. Les astres sont placés d’une manière telle que ce que l’on peut définir dans la matière comme étant un jugement, va s’élaborer.
Mais que veut dire alors « les sortir par un compte« ?
Il est dit: »et il l’a sorti à l’extérieur et D-ieu dit à Avraham notre père: si tu peux compter les étoiles, ainsi sera ta descendance« .
Les étoiles sont en elles-mêmes une réalité sans compte. Bien qu’elles soient des créations, elles ne rentrent pas, ne peuvent se définir, se limiter par des barrières fabriquées par les chiffres. Elles sont au-delà des limites de la nature du chiffre. « Il est impossible de compter les étoiles » cela veut dire que le chiffre ne peut saisir, encadrer la réalité d’une étoile. Par les chiffres, nous pouvons avoir des informations sur sa composition, sa vitesse, sa position cosmologique. Mais sa nature profonde ne pourra jamais être saisie par le chiffre. Car le chiffre ne commence qu’avec la création. Avec le big-bang, d’après les scientifiques. Le mot qui désigne un compte dans le langage saint est « מספר » « mispar ». Sa racine est composée des 3 lettres qui forment le mot « livre » « ספר » « sépher ». Il y a aussi avec cette même racine les mots « סיפור » « sipour », un récit et « תספורת » « tisporet » des ciseaux. La racine de tous ces mots indique la notion de limites.
Lorsqu’un homme compte, il arrête la profusion divine car le recensement est en soit une limite. En comptant, j’enferme ce que je compte dans une limite et donc la « ברכה » « bérakha » la bénédiction, qui est illimitée car venant de l’au-delà de la limite, précédant la création et ses limites, s’estompe pour laisser place à la réalité de la matière. Ma récolte, tant qu’elle ne rentre pas dans un compte est sujette au développement car c’est cela l’infini, ce qui est en perpétuelle évolution.
Lorsque je compte, mon but est de saisir, de dominer la bénédiction, de la percevoir avec mon esprit issus de mes sens. Conscience primitive qui ne peut saisir que ce que les sens appréhendent. L’infini se transforme en monde quantifiable. C’est le nom divin « ש-די » « chadaï ». L’univers a été créé par ce nom qui a développé une énergie incroyable qui s’est répandue avec une propension exponentielle jusqu’à ce que D-ieu arrête cette expansion en disant « די » « daï » « cela suffit ». Donc par définition, la matière est finie, limitée. Le compte que va émettre D-ieu en sortant les étoiles sert en fait à placer les étoiles dans un processus qui va engendrer les limites de la matière.
Nous voyons uniquement à propos des cheveux que l’outil qui sert à le couper s’appelle « תספורת », « tisporet » car un cheveu est en perpétuel développement lorsqu’il pousse, mais lorsque je le coupe, je lui fixe sa limite. Le roi se coupe les cheveux tous les jours, le grand prêtre, tous les trente jours. Par contre le nazir, l’ascète, à l’interdiction de se couper les cheveux, car celui-ci veut se séparer de la matière, c’est-à-dire des limites issus de cette matière et donc laisse ses cheveux pousser afin que se propage l’infini en lui. Lorsqu’un homme coupe des légumes, il ne lui met pas des limites. De même un livre, ספר, est une sorte de limite car celui-ci va encadrer le sujet exposé par l’auteur. Un début- une fin et ainsi le récit pourra être perçu, appréhendé par l’esprit issus des sens.
En vérité, le chiffre lui-même est au-dessus de la quantification. Un nombre en dehors d’un compte n’a pas de limite. On peut toujours lui rajouter un chiffre. Mais lorsque l’on englobe le nombre dans un compte, on le place dans une limite. ( les scientifiques pour percevoir des informations d’avant le big-bang, ont eu recours aux nombres imaginaires. Car les nombres réels qu’ils soient simples, relatifs ou fractionnaires ne peuvent quantifier que ce qui est créé c’est-à-dire à partir de cette explosion d’énergie phénoménale appelée « big-bang ». Pour percevoir l’au-delà du big-bang, il faut passer par des nombres imaginaires. Par exemple, les nombres négatifs. Encore mieux, les scientifiques s’appuient sur un nombre infini qu’ils ont réussi à percevoir par leurs calculs. Pi : 3,14………….. Un nombre qui n’a pas de fin. C’est avec ce nombre disent-ils que l’univers a été créé. Avec ce nombre 7 chiffres après la virgule, ils arrivent à calculer le diamètre de l’univers. Incroyable. Encore plus incroyable, le nom divin « ש-די » a la valeur numérique de ……..314).
C’est cela la profondeur de cet enseignement. D-ieu sort les étoiles en les dénombrant. C’est parce qu’en elles-mêmes, les étoiles sont au-delà des limites que le maître du monde les sort par un dénombrement. Le monde a été créé par le maître du monde qui est sans limite, sans but, sans fin mais le monde en soit est limité par ce compte, devenant une création mesurable, quantifiable bien que sa matrice est sans limite. Le maître du monde a créé les étoiles dont les racines sont enfouies dans l’infini. Elles sont au-delà d’un compte, c’est-à-dire qu’il est impossible de les limiter par un compte, d’appréhender leur nature par un compte puisque leur essence tire leur source de l’infini. Seulement le créateur les a sortis par ce compte de leur racine, de l’infini pour leur donner une mission. C’est par ces étoiles que D-ieu dirige le monde et cette conduite qui tire sa source de l’infini doit forcément être limitée dans la matière et donc D-ieu a sorti ces étoiles de leur nature infinie pour les faire rentrer dans le fini. Comment? En introduisant en eux cette notion quantifiable de compte, de limite qui stoppe toute progression vers l’infini. Les nombres réels qui sont des nombres finis. Le big-bang. Le Ramhal explique que la plus grande difficulté est de saisir pour notre esprit fini que l’infini puisse engendrer le fini. Être en même temps infini et fini. Il est le fini dans l’infini, la transformation sans être lui-même altéré. Il est la limite sans être limité. Une conduite mesurée par un compte. C’est cela l’innovation de » celui qui fait sortir ses légions par un compte ». C’est-à-dire que D-ieu a transformé leur réalité. Car il est possible de les compter mais puisque leur mission était de conduire ce monde limité donc il a fixé en eux des limites. De même le fait de les nommer, les enchaîne à un cycle astrologique.
Le cheveu dans sa correspondance spirituelle nous relie à l’infini. C’est comme les « taguim », les signes apposés sur les lettres du rouleau de Torah. Ainsi les cheveux et les poils de barbe nous relient à une dimension spirituelle et infinie. Lorsque l’on coupe le cheveu, on lui met une limite. Pour cela, l’outil qui sert à couper les cheveu s’appelle « tisporet ». Les enfants d’Israël qui arrivent en Égypte, D-ieu par amour pour eux, les recompte à chaque moment. Les enfants d’Israël ont l’éternité en eux, l’infini. Ils ne sont pas quantifiables, n’ont pas de limites. Ils sont au-delà des limites comme les étoiles. Et par eux, D-ieu va conduire le monde et cette conduite du monde oblige à ce qu’il compte les enfants d’Israël bien qu’il soit interdit de les compter car ils sont reliés à l’infini.
Il y a écrit: » il sera le compte des enfants d’Israël comme le sable de la mer qui ne peut être ni mesuré ni compté ». Dans le Talmud, il est remarqué une contradiction entre le début et la fin du verset. Au début, il est fait mention d’une quantification des enfants d’Israël » il sera le compte des enfants d’Israël » et la fin du verset, il est dit » qui ne peut être ni mesuré ni compté ». La réponse ne se fait pas attendre: lorsqu’ils font la volonté divine, « ils seront sans limite ». Et lorsqu’ils ne font pas la volonté divine « et il sera son compte ». Il est intéressant de remarquer que ce n’est que lorsque les enfants d’Israël accomplissent les commandements de D-ieu, c’est-à-dire les limites qu’il a fixées en eux pour diffuser sa conduite dans le monde, qu’ils retrouvent leur lien avec l’infini. Alors que lorsqu’ils veulent se désolidariser de leur mission, sortir de leurs limites fixées par D-ieu, ils deviennent alors complètement limités, coupés de leurs racines. C’est cela la sanction de « karet », l’âme retranchée c’est-à-dire dissociation de l’homme et de sa dimension infinie.
En fait cela veut dire que les enfants d’Israël sont une association de deux réalités, de deux dimensions. Une réalité dans le compte, conscience animale rattachée à la matière et une réalité au-delà du compte, une dimension rattachée à l’infini, conscience universelle. Lorsque les enfants d’Israël sont dans leur véritable dimension de la réalité, dans cette conscience universelle, il est dit : » qui ne peuvent être comptés ». Mais lorsqu’ils sont dans cette dimension illusoire, empêtrés dans une conscience fluctuante, changeante au gré des humeurs de cette matière alors il est dit sur eux: » et sera le compte des enfants d’Israël ». Cela veut aussi dire qu’ils peuvent voyager d’une dimension à une autre dimension, d’une conscience animale personnelle et basse à une conscience universelle hautement élevée, une réalité qui dépasse les limites de la matière. La comparaison qu’il y a entre les étoiles et les enfants d’Israël est que ces deux réalités véhiculent la volonté divine dans ce monde. La forme (צורה) (tsoura) dans ce monde, c’est Israël. C’est lui qui va mettre une forme c’est-à-dire une direction à l’univers. Si Israël est en adéquation avec sa réalité extrême alors la bénédiction descend sur l’univers. Par contre si Israël n’est pas en adéquation avec sa réalité primordiale, alors le monde va subir des changements négatifs, il va se rabaisser, devenir de plus en plus obscur et matériel.
Les soixante dix âmes qui sont descendues en Égypte, symbole de la matière, correspondent aux soixante dix nations qui peuplent ce monde. La source des enfants d’Israël, c’est Yaacov et les douze tribus. C’est le fondement du peuple d’Israël. Mais il y a encore une autre dimension qui est » les soixante dix âmes ». C’est le peuple d’Israël en relation avec le monde. Et ainsi il est dit: » je vous ai placés soixante dix âmes en Égypte pour vous multiplier comme les étoiles ». Ce compte fait référence au niveau de la communauté d’Israël en relation avec les peuples du monde. Mais lorsque nous sommes nous-mêmes sans aucune relation avec eux, il n’y a aucune réalité à cette dimension qu’est » les soixante dix âmes ». La conduite de ce monde est fixée selon les enfants d’Israël.
Il y a un enseignement dans le Talmud qui exprime cette vérité: » Il n’y a pas de destinée, de « mazal » pour Israël ». D’où sait-on cette vérité? Car il a été dit: » et D-ieu a sorti Avraham à l’extérieur. Avraham demanda à D-ieu: » est-ce mon serviteur qui va être mon héritier? » D-ieu lui répondit qu’il aura un descendant. Alors Avraham lui rétorqua que cela était impossible car » j’ai vu dans mon astrologie que je ne pouvais avoir d’enfant ». Alors D-ieu lui répondit: » sors de ton destin astrologique ». C’est cela qui est enseigné: » il n’y a pas de destinée pour Israël ». Sors de cette conduite induite par les étoiles. D-ieu lui annonce que son fils sera son héritier et Avraham lui répond que son destin exprime le contraire! A quoi correspond ce dialogue? Avraham est en train de dire que son destin ne peut être changé?! L’explication est ainsi: Avraham vient avec une vérité: si tu changes la nature, alors le décret s’annulera de lui-même et ce changement doit se percevoir dans l’univers, dans la course astrologique car ainsi le monde est conduit. Si le monde est conduit par les étoiles et que D-ieu promet quelque chose, cette promesse doit se concrétiser dans la matière, le changement doit être percevable inéluctablement. Pourquoi alors n’y a-t-il pas de changement au niveau des astres? Puisque l’homme est dirigé au moyen des étoiles et si D-ieu ordonne un changement, automatiquement cela doit passer par les étoiles elles-mêmes. Si une nouvelle conduite doit se matérialiser dans le monde, elle doit se faire par un changement dans la conduite astrale. Car ainsi D-ieu a créé son monde, avec des règles. Alors D-ieu créa une nouvelle conduite divine en dehors de l’influence des étoiles et dit ainsi à Avraham: » sors de ta destinée astrale » ce cheminement ne s’applique plus à toi, à priori. C’est l’innovation. La conduite naturelle des astres ne le touche plus, n’a plus d’influence sur sa réalité profonde. Cet enchaînement de lois physiques qui gère ta vie n’est plus généré par le compte des étoiles, il est engendré par un enchaînement beaucoup plus élevé. Il est engendré non pas par le compte des étoiles et leur course mais par les étoiles elles-mêmes qui sont au-delà d’un compte. Tu n’es plus sous l’influence des vibrations astrales, de leur compte, tu es au-delà. Tout ce qui est apte à ta réalité n’a pas besoin de passer par une annulation du cosmos car cela ne passe plus par cette conduite matérielle.
Ainsi est la réalité du peuple d’Israël. Mais cette réalité disparaît lorsque nous entrons dans l’exil, car nous entrons à ce moment-là dans une autre dimension qui est limitée. Nous entrons dans une sorte de prison qui se matérialise par l’étroitesse de notre esprit. En créant des limites, des barrières à notre esprit. L’entrée dans l’exil est un passage dans une dimension qui n’est pas notre réalité profonde. C’est cela qui s’appelle en vérité: nous introduire en prison, Mitsraïm, l’Egypte, est exactement la dimension de la prison. Le mot « Mitsarïm » vient de la racine « Métser » qui veut dire « limites » ou bien « Métser yam », la limite de la mer. Une étroitesse de l’esprit limité par les sens.
« et voici les noms des enfants d’Israël qui viennent en Egypte« Le Midrash explique que tous les noms des tribus font référence à la délivrance. « Réouven » car j’ai vu leur souffrance. « shimon » car D-ieu a entendu leurs cris. Par ces noms, D-ieu s’est uni à leur souffrance.
Et cela veut surtout dire qu’au moment de l’entrée en Égypte, au moment de cette fermeture d’esprit, a été programmé en filigrane une puissance qui va en fin de compte nous expulser de cette prison de l’esprit et nous délivrer de l’exil. Donc nous voyons encore une fois un type de création relié à l’infini tout en étant placé dans des limites, l’infini dans le fini. C’est-à-dire que dans ces limites se trouvent les racines qui vont engendrer la délivrance, c’est-à-dire l’accès à l’infini et à l’illimité. Et encore plus, ce n’est que par la l’exil et uniquement par elle que la délivrance peut se développer. Nous voyons bien que ne luisent les étoiles que dans l’obscurité. Cette lumière générée par les étoiles, ne se diffuse que par l’intermédiaire d’un compte, par des limites des prismes car sans ces limites, cette lumière ne peut pas se laisser appréhender car trop puissante. Et uniquement dans l’obscurité, elle se laisse percevoir.
Dans le Talmud, il est enseigné: » D-ieu a exilé le peuple d’Israël parmi les nations afin de rassembler les convertis ». Cela est incompréhensible. Tous les malheurs que subissent les enfants d’Israël pour ramener un tant soit peu de convertis? De plus la loi stipule qu’un étranger qui veut se convertir, doit être repoussé dans un premier temps car » les convertis sont pour Israël comme des boutons de lèpre. Le peuple d’Israël est dans son fondement de même nature que les étoiles, au-delà d’un compte mais D-ieu nous a placés parmi les nations comme les étoiles dans le cosmos pour diriger le monde et pour cela il nous a placés dans la limite d’un compte: les soixante dix âmes.
Il est vrai qu’il est impossible de compter les étoiles mais le peuple d’Israël, il est possible de le compter, tous les êtres humains, il serait possible matériellement de les compter. Que se cache derrière les mots » le peuple d’Israël est au-delà du compte »? En vérité nous sommes illimités sans fin et sans but car ainsi il en a été décrété. Lorsqu’un converti s’associe à nous, il devient un fils de Avraham Itshak et Yaacov. C’est-à-dire qu’il change le compte et donc cela prouve que le peuple d’Israël est sans compte. Le peuple d’Israël peut alors s’étendre à tout l’univers. Le nom Avraham veut dire » le père d’une multitude de peuples ». C’est le père de tout celui qui vient se réfugier sous les ailes de la proximité divine. Il est le père de tous les convertis. Ils ne sont pas de sa descendance mais se relient à lui, ils deviennent ses enfants. Les limites du peuple d’Israël ne sont pas en réalité des limites. D-ieu nous a placés dans les peuples du monde afin de nous relier par cela à l’infini. Par le fait de nous placer dans l’obscurité de l’exil, il a enfoui au plus profond de nous la possibilité de retourner vers l’infini. Un nombre lorsqu’on lui rajoute un chiffre, il change de dimension ainsi le peuple d’Israël, le changement dans la limite, est le signe que la limite n’est pas une limite, que cela est le signe de l’illimité.
Le Ari Zal explique cette enseignement sur les convertis ainsi: au don de la Torah, le maître du monde est apparu dans un grand feu qui est le feu de son dévoilement. Ce feu s’est propagé sur nous et que pour nous. Lorsque les tables de la loi se sont brisées alors ce même feu s’est disloqué et s’est dispersé dans tous les recoins de la terre. Depuis, tous les exils sont une conséquence de la brisure des tables. Ce dévoilement du don de la Torah se trouve toujours dans le monde mais ce feu s’est disloqué et s’est transformé en étincelles qui se sont propagées dans tous les recoins du monde. « Les convertis » représentent en fait ces étincelles de sainteté qui doivent revenir à leur état originel. Et ainsi en vérité, lorsque le peuple d’Israël est dispersé parmi les nations, la Torah est perçue avec un prisme différent selon les nations et les époques. A chaque exil la Torah s’est dévoilée de manière différente. Soixante dix facettes du dévoilement de la Torah par rapport aux soixante dix nations. Et si les tables n’avaient pas été brisées, nous aurions pu percevoir la Torah par ces soixante dix interprétations en une seule fois. D-ieu nous a placés en exil pour réunir les convertis c’est-à-dire toutes les manières de recevoir la Torah afin de pouvoir percevoir et saisir les étincelles de ce grand feu qui s’est dispersé dans le monde. Chaque fois qu’un enfant d’Israël étudie la Torah en exil alors l’étincelle de lumière qui s’est disloquée de ce grand feu revient à sa source.
Comment peut-on d’une dimension limitée se rattacher à une dimension illimitée? Le peuple d’Israël est une réalité qui tire sa source de l’illimité. La réunion de tout le peuple d’Israël est en fait la réunion de toutes les étincelles de sainteté qui se trouvent dans la Torah. Toutes les interprétations de la Torah sont en fait les émanations des six cent mille âmes juives. Tout rajout en fait est une extension de la nature d’Israël. Tout celui qui acquiert Torah, renforce la nature même de la Torah et par cela rajoute à l’essence du peuple d’Israël. Lorsque nous sommes enfermés dans cette prison qu’est notre esprit, l’exil, nous sommes malgré tout en contact permanent avec l’infini au-delà de la limite que notre esprit génère. L’exil est dans la réalité, le temps de la gestation. La naissance et l’éveil à l’infini se sont faits par la sortie d’Égypte. Plus l’obscurité est dense plus les étoiles sont visibles et dévoilent de plus en plus leur nature de l’infini. Ainsi le maître du monde conduit le peuple d’Israël comme les étoiles. Le dévoilement de cette intemporalité, de ce non-compte, de cette relation d’avec l’infini ne peut s’effectuer que dans l’obscurité de l’exil. Dans la lumière, nous ne percevons que ce que la lumière veut nous laisser voir mais nous ne pouvons pas percevoir ce qui est au-delà de cette lumière. En fait la lumière que nous percevons est en elle-même une limite. Car la véritable couleur de la lumière est le blanc. Mais le prisme qu’est la couche d’ozone disloque l’unité de cette lumière en la décomposant en sept rayons qui se distinguent dans l’arc-en-ciel. Les sept couleurs primordiales. Plus l’obscurité est dense, plus l’unité de la lumière peut se percevoir, l’unité de l’infini, l’impossibilité de compter les étoiles.
Le chemin qui conduit à l’exil est tracé par les noms des tribus qui annoncent le dévoilement de la délivrance. Ainsi le peuple d’Israël est entré dans la l’exil. L’infini dans le fini. Cette obscurité dégagée par la matière et ce monde qui est sa propagation, dévoile à celui qui veut voir, le lien qui nous uni à l’infini. Plus nous entrons dans cette limite, plus nous percevons que nous sommes d’une dimension beaucoup plus élevée ou les limites n’existent pas.
La délivrance est la révélation que nous sommes liés à cette dimension de l’infini ( ressentir réellement le point de passage qui fait le pont entre cette dimension de la matière et l’infini). Et cette dimension de l’infini se trouve avec nous dans l’obscurité de l’exil.
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