Les causes profondes de l’asservissement en Egypte Paracha Chémot שמות Rabbi Moshé Alsheikh
Causes profondes de l’asservissement en Egypte
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Livre Vé’ham Hashémesh de Rav Shalom Messas Zal au nom de Rabbi Moshé Alsheikh Hakaddosh.
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Divré Torah pour l’élévation de mon beau-père Aharon (Halévy) ben Brakha Z’’L
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Les causes profondes de l’asservissement en Egypte Rabbi Moshé Alsheikh
La Parasha débute par le nom et le décompte des enfants d’Israël qui descendirent en Egypte (du fait de la famine). (Nous sommes au premier chapitre de l’Exode)
וְאֵלֶּה, שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, הַבָּאִים, מִצְרָיְמָה: אֵת יַעֲקֹב, אִישׁ וּבֵיתוֹ בָּאוּ
(1) Et voici les noms des fils d’Israël, venus en Égypte; ils y accompagnèrent Jacob, chacun avec sa famille:
רְאוּבֵן שִׁמְעוֹן, לֵוִי וִיהוּדָה – יִשָּׂשכָר זְבוּלֻן, וּבִנְיָמִן – דָּן וְנַפְתָּלִי, גָּד וְאָשֵׁר
(2) Ruben, Siméon, Lévi et Juda; (3) Issachar, Zabulon et Benjamin; (4) Dan et Nephtali, Gad et Aser.
וַיְהִי, כָּל-נֶפֶשׁ יֹצְאֵי יֶרֶךְ-יַעֲקֹב–שִׁבְעִים נָפֶשׁ; וְיוֹסֵף, הָיָה בְמִצְרָיִם
(5) Toutes les personnes composant la lignée de Jacob étaient au nombre de soixante-dix. Pour Joseph, il était déjà en Égypte.
וַיָּמָת יוֹסֵף וְכָל-אֶחָיו, וְכֹל הַדּוֹר הַהוּא.
(6) Joseph mourut, ainsi que tous ses frères, ainsi que toute cette génération.
וּבְנֵי יִשְׂרָאֵל, פָּרוּ וַיִּשְׁרְצוּ וַיִּרְבּוּ וַיַּעַצְמוּ–בִּמְאֹד מְאֹד; וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ, אֹתָם
(7) Or, les enfants d’Israël avaient augmenté, pullulé, étaient devenus prodigieusement nombreux et ils remplissaient la contrée.
וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ, עַל-מִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע, אֶת-יוֹסֵף.
(8) Un roi nouveau s’éleva sur l’Égypte, lequel n’avait point connu Joseph.
וַיֹּאמֶר, אֶל-עַמּוֹ: הִנֵּה, עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל–רַב וְעָצוּם, מִמֶּנּוּ.
(9) Il dit à son peuple: « Voyez, la population des enfants d’Israël surpasse et domine la nôtre.
הָבָה נִתְחַכְּמָה, לוֹ: פֶּן-יִרְבֶּה, וְהָיָה כִּי-תִקְרֶאנָה מִלְחָמָה וְנוֹסַף גַּם-הוּא עַל-שֹׂנְאֵינוּ, וְנִלְחַם-בָּנוּ, וְעָלָה מִן-הָאָרֶץshek
(10) Eh bien! Usons d’expédients contre elle; autrement, elle s’accroîtra encore et alors, survienne une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la province.
Les questions (Causes profondes de l’asservissement en Egypte)
Le Alsheikh Hakaddosh pose plusieurs questions (10 questions) sur ce début de la Parasha :
- Pour quelle raison les noms sont-ils rapportés ici alors qu’ils ont déjà été rapportés dans la Parasha de Vaygash (Genèse Ch. 46 v. 8 à 27) et s’il s’agit de montrer combien HAshem les aime (comme le rapporte Rashi au nom du midrash) alors le texte aurait dû nous rapporter toutes les 70 personnes qui sont descendues en Egypte. Pour quelle raison, alors, la Torah ne rapporte-t-elle que les noms des douze Shévatim (des 12 enfants de Yaakov) et a tout résumé en disant au verset 5 :
וַיְהִי, כָּל-נֶפֶשׁ יֹצְאֵי יֶרֶךְ-יַעֲקֹב–שִׁבְעִים נָפֶשׁ
Toutes les personnes composant la lignée de Jacob étaient au nombre de soixante-dix.
- Le Vav en début de la Parasha (et = conjonction de coordination) quelle est la première information à laquelle on viendrait rajouter quelle chose ? [c’est-à-dire « et » nous informe que nous rajoutons de l’information à un premier sujet, donc lequel]
- La Torah dit « les fils d’Israël» qui ne sait pas que ce sont les fils d’Israël (toute la fin du livre de la Genèse s’étend sur leur histoire)
- « Venus en Égypte; ils y accompagnèrent Jacob», cela a déjà été rapporté dans la Parasha de Vaygash (et donc pourquoi répéter) ?
- Pourquoi le passouk (verset) mentionne-t-il leur père deux fois, une fois par le nom de Yaakov et une fois par le nom d’Israël ? De plus il aurait été normal de commencer par mentionner Yaakov et ensuite Israël car on va selon la keddousha croissante (d’abord Yaaov et ensuite Israël ce dernier étant plus koddesh (saint)).
- Yaakov fait partie également des 70 qui allèrent en Egypte. Pourquoi la Torah ne parle-t-elle que des enfants qui sont descendus en Egypte, et pourquoi n’a-t-on pas considéré que les enfants parmi ceux qui sont descendus, et on n’a pas mentionné Yaakov (explicitement) ; mais le verset dit seulement qu’ils sont descendus avec lui ? Il aurait mieux valu dire plutôt « voici ceux qui descendirent en Egypte, Yaakov et ses enfants » [et donc pourquoi traiter différemment Yaakov d’une part et les enfants d’autre part ?] Certains répondent que ses enfants l’incitèrent mais c’est l’inverse de ce que disent les versets [voir Genèse Ch. 46 v. 28, où c’est Yaakov qui explicitement demande à descendre en Egypte].
- « Chacun avec sa famille » est de trop (et donc pourquoi ?)
- Il aurait convenu de mentionner Yossef avec les Shévatim (avec ses frères) avant de donner leur nombre et dire plutôt « Gad et Asher, et Yossef était en Egypte » puis ensuite dire qu’ils étaient 70 [puisqu’il faisait partie de 70]
- Pourquoi le texte mentionne-t-il leur mort (tout de suite suivie par le récit du pullulement des enfants d’Israël) ? Si c’est pour nous dire (par la juxtaposition des versets) que les Béné Israël n’ont « augmenté, pullulé» qu’après la mort de cette génération (des Shévatim), ce serait très étrange, car cela viendrait il nous dire que ces Tsadikim ont empêché le pullulement ? Et de plus ‘Hazal (nos sages, dans le Midrash Béréshit Rabba 79-1) nous enseignent que Yaakov n’est mort qu’après avoir pu voir les 600.000 hommes descendant de lui ! [et donc le pullulement a précédé, contrairement au texte].
- Lorsque le texte nous informe que les juifs pullulèrent, puis que le roi d’Egypte est mort et qu’un nouveau roi a accédé au trône, la Torah nous dit que l’exil s’est produit selon les voies de la nature, c’est-à-dire que du fait qu’ils ont multiplié qu’un nouveau roi a pris le pouvoir et a dit « Eh bien! usons d’expédients contre eux; … » [dans la crainte de la puissance de ces « migrants »] ; ce qui ne peut retenir notre attention ; comment pourrait-on imaginer que tout cela n’arrive sans la Hashga’ha de D. (l’intervention et la volonté divine) ?
Les réponses
Pour répondre à cet ensemble de questions commençons par un premier approfondissement important. Pour quelle raison Hashem a-t-il fait que ces gens saints, Yaakov et ses enfants, soient eux et leur descendance ont dû endurer tout ce que les Egyptiens leur ont fait pendant 210 ans ; quelle faute ont-ils donc commise, pour faire בְּחֹמֶר וּבִלְבֵנִים « l’argile et les briques » ? On ne peut pas soupçonner Hashem de décréter quelque chose sans qu’il n’y ait une raison.
Certains disent que Hashem avait seulement décrété qu’ils soient en exil dans une terre qui ne leur appartient pas et que les Egyptiens de leur propre initiative les ont asservis et les ont fait souffrir. Mais non seulement il est strictement impossible de dire que tout cet esclavage était sans que Hashem ne l’ait décrété [tout est décrété par Hashem], mais encore nos sages ne sont pas du tout entrés dans cette voix, car au contraire ils nous apprennent (Béréshit Rabba 86-1) que Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchainé avec des chaines de fer mais que Hashem (pour éviter cet affront) a fait en sorte que Yossef descende en premier en Egypte. C’est comme (parabole) cette vache qui ne voulait pas aller vers l’abattoir, alors on a trainé son veau en premier et la vache a suivi le veau ; de même Hashem a fait descendre Yossef en premier en Egypte et Yaakov l’a suivi, et c’est ce que lui a dit Yossef רְדָה אֵלַי, אַל-תַּעֲמֹד « descend en Egypte vers moi, ne tarde point » (Genèse Ch. 45 v9) vient volontairement, ne tarde pas de peur que tu ne doive descendre vers Pharaon contraint et forcé, et donc en conséquence rien n’était fortuit dans ces évènements (à D. ne plaise). Et donc il n’y avait rien dû au hasard.
De plus, nos sages nous enseignent (Midrash et Zohar) que l’ange tutélaire d’Egypte (Saro shel Mitsraïm), au bord de la mer des joncs, rouspétait contre les 190 années qui manquaient (l’exil devait être de 400 ans et n’a duré que 210 ans manquent donc 190 ans). On voit de là à la fois que l’exil devait être en Egypte (sinon pourquoi se lamenter) et venait bien de Hashem [sinon l’ange n’avait rien à dire].
Le Ramban (Nahmanide) a écrit que cet exil en Egypte provenait de la faute de Avraham comme il est écrit (Genèse Ch. 12 v 10.) :
וַיְהִי רָעָב, בָּאָרֶץ; וַיֵּרֶד אַבְרָם מִצְרַיְמָה לָגוּר שָׁם, כִּי-כָבֵד הָרָעָב בָּאָרֶץ.
Or, il y eut une famine dans le pays. Abram descendit en Égypte pour y séjourner, la famine étant excessive dans le pays.
A cette occasion Avraham a mis en danger Sarah son épouse (en disant qu’elle était sa sœur), car des incirconcis allaient la kidnapper. Même cette explication ne correspond pas avec les enseignements de Hazal (des sages) car au contraire, ils ont compté la descente d’Avraham en Egypte et le rapt de Sarah comme deux épreuves (parmi les dix supportées par Avraham ; cf. Avoth Dérabbi Nathan 33-2) ; et comment donc des fautes pourraient-elles être décomptées parmi des épreuves (au sens examen) et des actes méritoires [Zékouyot] ?
Certains donnent une autre raison qui est valable, qui est que, Hashem voulait faire faire connaitre Sa grande puissance, afin que les Béné Israël [enfants d’Israël] aient une foi en Lui au moment du don de la Torah ; et il y a un appui à cette thèse dans les versets (Exode Ch. 10 v. 2):
וּלְמַעַן תְּסַפֵּר בְּאָזְנֵי בִנְךָ וּבֶן-בִּנְךָ, אֵת אֲשֶׁר הִתְעַלַּלְתִּי בְּמִצְרַיִם, וְאֶת-אֹתֹתַי, אֲשֶׁר-שַׂמְתִּי בָם; וִידַעְתֶּם, כִּי-אֲנִי יְהוָה.
et afin que tu racontes à ton fils, à ton petit-fils, ce que j’ai fait aux Égyptiens et les merveilles que j’ai opérées contre eux; vous reconnaîtrez ainsi que je suis l’Éternel. »
Bien qu’ils aient hérité de leurs pères Avraham, Itshak et Yaakov d’une foi véritable, malgré tout cet héritage n’a été enraciné dans leur cœur que lorsqu’ils ont vu de leurs propres yeux, qu’ils ont entendu de leurs propres oreilles (les miracles et actes en Egypte et sur la mer). C’est ce qui est précisé dans la Torah à la fin des miracles (après l’épisode de la mer rouge) (Exode Ch. 14 v. 31) :
וַיַּרְא יִשְׂרָאֵל אֶת-הַיָּד הַגְּדֹלָה, אֲשֶׁר עָשָׂה יְהוָה בְּמִצְרַיִם, וַיִּירְאוּ הָעָם, אֶת-יְהוָה; וַיַּאֲמִינוּ, בַּיהוָה, וּבְמֹשֶׁה, עַבְדּוֹ.
Israël reconnut alors la haute puissance que le Seigneur avait déployée sur l’Égypte et le peuple révéra le Seigneur; et ils eurent foi en l’Éternel et en Moïse, son serviteur.
En fait c’est un peu difficile à admettre (au nom du Mé Ménouhot du Malakh Réphaël, Rabbi Réphaël Berdugo) ; comment est-il possible de penser que jusqu’à ce qu’ils aient vu les miracles ils n’aient pas eu cette Emouna ancrée en eux, or ce sont les dignes descendants des Avoth (Avraham, Its’hak et Yaakov), ils étaient des croyants fils de croyants. Mais ce que veut signifier cette explication est qu’à partir de maintenant a été enracinée dans leur cœur cette Emouna (foi) comme des clous profondément enfoncés sans possibilité de déracinement. Cependant le Alshekh contredit cette réponse : comment est-il possible qu’afin de pouvoir enraciner cette Emouna il faille d’abord passer par 210 ans de servitude avec « des travaux pénibles sur l’argile et la brique » ? Et qu’avaient à gagner de cet esclavage la première et la seconde génération, qui sont morts sur place ? Tout ça pour que la troisième génération puisse assister à la sortie d’Egypte et aux plaies. ; Il aurait été nettement mieux que la première génération assiste aux actes de Hashem et qu’ils soient consolés par leur délivrance (de tout cet esclavage).
Il est vrai qu’il y a d’autres raisons viennent naturellement à l’esprit pour expliquer les raisons de cet exil amer en Egypte.
- Du fait de la vente de Yossef Hatsadik
- Du fait du poison psychologique qu’ils ont fait boire à leur père en lui annonçant la mauvaise nouvelle , lorsqu’il lui ont demandé « reconnais tu la tunique de ton fils », et par leur fait il fut « sombre et consterné » סר וזעף; ou bien sur une autre faute qu’ont faite les Béné Israël, que Hashem a trouvé sur l’ensemble des Béné Israël et de ce fait il les a exilé en Egypte
- Yossef serait la cause première de l’exil et l’asservissement, car lorsqu’ils sont allés le voir ils languissaient (ils rêvaient) de le voir et de se rassasier à sa table comme il leur avait dit אָנֹכִי אֲכַלְכֵּל אֶתְכֶם, וְאֶת-טַפְּכֶם « je vous nourrirai vous et vos enfants», et ils se sont laisser entraîner à aller en Egypte, avec lui. C’est comme l’histoire d’un oiseau qui désire un grain de blé qui est sur un filet étendu et dès qu’il mange cette graine on l’attrape dans un mauvais piège ; de la même manière pour avoir de la nourriture pour subsister, ils sont descendus à la suite de Yossef en Egypte. Ils se sont trouvés pris au piège.
Cependant, il semble que ces versets sont venus pour exclure ces raisons qui ont été avancées ci-dessus.
- Il est impossible de penser, que la raison de l’esclavage, est la vente de Yossef [le Alsheikh réfute la première possibilité], car même Réouven et Binyamin (qui n’ont pas participé à cette vente) ont subi cet exil. Et eux qu’ont-ils à voir avec cette vente ?
- La seconde raison avancée ci-dessus n’est également pas valable car il ne convient pas à Hakadoche Baroukh Hou [le Saint, béni soit il] de tenir les שבטי יה (les tribus de Hashem) pour des gens qui ne sont pas Tsadik [comme on le voit à la mort de Yaakov]
- Même la troisième raison, à savoir que toute cette succession d’évènements s’est produite du fait de Yossef ne peut être admise car
- Considérer que le mal est venu via quelqu’un de bien comme Yossef, qui était plus grand que Yossef, n’est pas admissible.
- De plus il est impossible de considérer que tous ces évènements ne sont pas sous השגחה la supervision de Hashem (puisque rien ne Lui échappe et tout vient de Lui).
C’est ce que viennent nous dire les versets eux-mêmes [contrer ces causes avancées]. « Voici les noms des enfants d’Israël etc Réouven, Shimon …. Binyamin ». De ce verset on apprend que la première et la seconde raison ne sont pas valables car n’étaient-ils pas des enfants de Tsadik ? Comme on le sait de la différence qu’il y a entre les deux noms de Yaakov et d’Israël [Israël est supérieur à Yaakov], et ici c’est Israël qui est utilisé. Comme le dit le verset (Isaïe Ch. 43 v. 22) :
וְלֹא-אֹתִי קָרָאתָ, יַעֲקֹב: כִּי-יָגַעְתָּ בִּי, יִשְׂרָאֵל
Et pourtant ce n’est pas moi que tu as invoqué, Jacob! Non, tu t’es lassé de moi, Israël!
Qui signifie (avec un jeu de mots sur le verset) Lorsque tu ne m’appelles pas, alors je suis nommé par « Yaakov », mais lorsque tu m’appelles, alors là tu me nomme « Israël » [lorsque Hashem m’appelle, je suis Israël ce qui prouve la supériorité de Israël sur Yaakov]. Et c’est pour cela que le Torah dit « Béné Israël » [et donc ce sont bien des Tsadikim, des justes, sinon il aurait fallu dire « Béné Yaakov »]. Et aussi avec la conjonction de coordination « et » en disant ואלה, « Véélé » (et voici) qui (comme on le sait) rajoute au sujet précédent. C’est-à-dire qu’au dernier verset de la Parasha précédente de Vay’hi on raconte la mort de Yossef (Genèse Ch. 50 v. 26)
וַיָּמָת יוֹסֵף, בֶּן-מֵאָה וָעֶשֶׂר שָׁנִים; וַיַּחַנְטוּ אֹתוֹ, וַיִּישֶׂם בָּאָרוֹן בְּמִצְרָיִם.
Joseph mourut âgé de cent dix ans; on l’embauma et il fut déposé dans un cercueil en Égypte.
Véélé vient donc rajouter à Yossef. Ne vas pas croire que Yossef était un Tsadik et pas ses frères ! Véélé (qui rajoute) vient nous apprendre que de même que Yossef était un Tsadik, ses frères étaient également des Tsadikim. Et de plus si on vient considérer cette seconde raison, qu’ils ont fauté envers leur père, alors c’est eux seuls qui auraient dû aller en Egypte et pas leur père (ni Binyamine), et en vérité c’est l’inverse, car la cause principale de leur venue en Egypte était Yaakov, et c’est ce que dit le verset « הַבָּאִים מִצְרָיְמָה: אֵת יַעֲקֹב venus en Égypte; Jacob », ce qui est conforme à ce qui est connu à savoir que Yaakov aurait dû descendre en Egypte enchaîné avec des chaînes de fer. Ce ne peut être non plus du fait de la 3ème raison évoquée plus haut. La Torah nous précise אִישׁ וּבֵיתוֹ בָּאוּ chacun avec sa famille ; et donc si la cause c’est Yossef, il aurait été suffisant que les frères descendent le voir en Egypte, et laissent femmes et enfants et troupeau en terre de Canaan. Mais en fait tout ceci est une volonté de Hashem, afin qu’ils viennent tous appliquer l’exil d’Egypte. Et de plus, pour renforcer leur Tsidkout [qu’ils étaient des justes] le verset nous dit וַיְהִי, כָּל-נֶפֶשׁ “Ce fut que toute âme » au singulier alors que ça aurait dû être au pluriel « Vayhi kol néfachot », et pourquoi ? Pour nous dire leur sainteté, qu’ils étaient tous considérés comme une seule âme, un seul corps. Ce qui n’est pas le cas pour lorsqu’il n’y a pas de Tsadik comme Essav (et sa troupe) à propos duquel il est dit (Genèse Ch. 36 v6) :
וַיִּקַּח עֵשָׂו אֶת-נָשָׁיו וְאֶת-בָּנָיו וְאֶת-בְּנֹתָיו, וְאֶת–כָּל–נַפְשׁוֹת בֵּיתוֹ, וְאֶת-מִקְנֵהוּ וְאֶת-כָּל-בְּהֶמְתּוֹ וְאֵת כָּל-קִנְיָנוֹ, אֲשֶׁר רָכַשׁ בְּאֶרֶץ כְּנָעַן; וַיֵּלֶךְ אֶל-אֶרֶץ, מִפְּנֵי יַעֲקֹב אָחִיו
Ésaü prit ses femmes, ses fils, ses filles et tous les gens de sa maison; ses troupeaux, toutes ses bêtes et tout le bien qu’il avait acquis au pays de Canaan et il émigra vers une autre terre, à cause de son frère Jacob.
Et si seulement une partie d’entre eux étaient des Tsadikim, alors dans ce cas il ne serait pas possible de considérer qu’il y a cette unité, car le pur et l’impur ne font pas une unité. Et de plus le verset (5) se termine par « וְיוֹסֵף, הָיָה בְמִצְרָיִם” “Joseph était en Egypte” c’est-à-dire seulement lui, et comment est-il possible d’admettre que 70 personnes quittent leur foyer, leur terre natale, leur pays, pour voir (visiter) une seule personne ; on voit donc que nous sommes forcés d’admettre que tout était organisé par Hashem.
Ensuite, la Torah nous donne la vraie raison l’exil en Egypte « וּבְנֵי יִשְׂרָאֵל, פָּרוּ וַיִּשְׁרְצוּ וַיִּרְבּוּ וַיַּעַצְמוּ” « les enfants d’Israël avaient augmenté, pullulé ». Et afin d’arriver à l’explication complète de notre, il nous faut d’abord approfondir certains points :
- Pour quelle raison Hashem a-t-il choisi que l’exil soit en Egypte et pas ailleurs
- Pour quelle raison l’Egypte est-elle dénommée « כור הברזל» « le creuset de fer » [une fournaise pour purifier le fer]
- Pour quelle raison Yossef a-t-il précédé les autres de 22 ans.
Essayons de prêter attention aux versets.
- Yossef n’aurait dû qu’écouter Pharaon et interpréter les rêves ; qu’est ce qui lui a pris de rajouter à Pharaon:
וְעַתָּה יֵרֶא פַרְעֹה, אִישׁ נָבוֹן וְחָכָם; וִישִׁיתֵהוּ, עַל-אֶרֶץ מִצְרָיִם
Donc, que Pharaon choisisse un homme prudent et sage et qu’il le prépose au pays d’Égypte.
Qui l’a nommé conseiller du roi ? Il n’était là que pour écouter et interpréter les rêves !!!
- Pourquoi a-t-il transféré le peuple Egyptien d’une ville à l’autre comme on le voit (Genèse Ch. 47 v. 21)
- Hakhamim nous enseignent (Béréshit Rabba 91-5) que Yossef ne distribuait des vivres aux Egyptiens (pendant la famine) qu’après que ceux-ci se soient circoncis ; pourquoi a-t-il fait cela ? Qu’est-ce que ça lui apportait puisque les Egyptiens continuaient à servir leurs idoles et qu’ils ne craignaient pas Hashem. Qu’a-t-il gagné à ce qu’ils fassent la Mila ?
- Même à propos de Hashem (Ibidem), c’est étonnant, pour quelle raison a-t-il fait pourrir la récolte qui n’était pas sous l’emprise de Yossef ?
Nous allons d’abord trouver une raison à l’épreuve de Yossef avec la femme de Putiphar, car ce n’est pas suffisant de dire que lui-même disait sur ses frères qu’ils regardaient les filles de Canaan (voir Talmud Yéroushalmi Péa – Ch. 1 Halakha 1), si ce n’est de trouver une autre raison qui additionnée à celle-ci permettra d’expliquer le tout. Examinons les épreuves subies par les Avoth (les patriarches). Pourquoi Avraham et Sarah n’ont-ils eu un enfant que lorsqu’Avraham eut 100 ans et Sarah 90 ans, et de même pourquoi y-a-t-il eu des jumeaux chez Itshak et Rivka, pourquoi n’y eut il pas deux grossesses. De plus un impur (Essav) est sorti d’une pure (Rivka) ce qui ne s’est pas produit avec Sarah, ce n’est pas elle qui a enfanté Ishmaël. Et également il faut comprendre ce que disent nos sages (dans le Yalkout) que la raison pour laquelle Essav est sorti roux est qu’il a bu tout le sang de Nidda lorsqu’il était dans le ventre de sa mère et il nous faut comprendre tous ces points.
Pour arriver à l’explication, examinons ce que nous enseignent nos sages (Talmud – Haguiga 14a) sur le verset (psaumes 105 – 8)
זָכַר לְעוֹלָם בְּרִיתוֹ; דָּבָר צִוָּה, לְאֶלֶף דּוֹר
Eternellement il garde le souvenir de son alliance, une parole qu’il a promulguée pour mille générations,
De quoi s’agit-il ? De la Torah qui devait être donné après 1000 générations. Mais Hashem a vu que c’étaient des Réshaim [mécréants] et il l’a donnée au bout de 26 générations. Et les 974 générations qui ont été sautées, que sont-elles devenues ? Ce sont les effrontés qu’il y a dans chaque génération.
Il faut comprendre pourquoi il aurait été convenable de ne donner la torah qu’après 1000 générations. Nous en venons à comprendre la question posée par les commentateurs, et elle est forte, « comment est-il possible qu’il y ait eu 600.000 hommes au mont Sinaï lors du don de la Torah alors que chacun avait atteint un niveau de prophétie, éveillé » (ce qui est le plus haut niveau) ; or on sait combien de préparation il faut pour pouvoir atteindre le niveau de prophétie ; et est-ce possible que pas l’un d’entre eux n’ait pas atteint la prophétie, et de plus à l’état d’éveil ? C’est particulièrement extraordinaire ! On s’est efforcé à trouver des réponses en disant que la préparation de ceux qui étaient prêts permettait à ceux qui n’étaient pas prêts de bénéficier de la prophétie.
Mais cette réponse est viciée à la base car ceux qui étaient prêts avaient au mieux la possibilité de protéger les autres du mal ou bien de leur permettre pour recevoir l’abondance de la bénédiction mais pas d’atteindre la prophétie !! Et on a une preuve par Aharon ; en effet lorsque la Voix d’Hashem venait à Moshé et Aharon qui était à côté de lui n’entendait rien. C’est sans aucun doute qu’il n’était pas prêt à recevoir que le niveau de Moshé permettait ; à plus forte raison pour ceux qui ne sont pas du tout prêts !
Mais, la bonne raison, la véritable, est qu’un homme n’a pas besoin de préparation pour atteindre la prophétie, car ce qui empêche d’accéder à la prophétie c’est la Zohamat Hanahash, l’impureté du serpent[1], qui est collée à l’homme ; mais les juifs lorsqu’ils se tenaient au mont Sinaï, cette « Zohamat Hanahash » s’est interrompue (Talmud Chabbat 146a) et ils se sont donc tous retrouvés aptes à la prophétie ; car sans cette Zohamat Hanahash, chaque Ben Israël est appelé saint !
Il nous faut tout de même comprendre ce que disent nos sages, que cette Zohamat Hanahash s’est interrompue (au mont Sinaï, et a repris après la faute du veau d’or). Comment est-il possible qu’ils furent tous purifiés ensemble (au même moment). L’explication est que la raison pour laquelle Hashem a voulu donner une « loi de feu » (אש דת) à son peuple, et de leur parler « face à face » (פנים בפנים) est qu’il n’a pas voulu parler de manière générale au peuple mais a voulu parler à chacun d’entre eux afin que personne n’ai la possibilité de ne pas accepter le joug de la Torah. Il a dit à chacun d’entre eux « Anokhi Hashem Elokékha » « Je Suis Hashem ton D.ieu ». Et aussi les Sages nous enseignent (Chir Hachirim Rabba 1-13) que la parole s’adressait à chacun d’entre eux « est-ce que tu acceptes bien de me recevoir sur toi ? », et cette prophétie était éveillé [le plus haut niveau]; ce qui n’est possible que si la Zohamat Hanahsh est enlevée.
De là Hashem a considéré que pour faire fondre la « Zohamat Hana’hash », il fallait 1.000 générations ; mais il a vu que du fait du libre-arbitre, cette « Zohamat Hana’hash » ne se réduisait pas c’est pourquoi il a enlevé 974 générations (pour donner la Torah au bout de 26 générations et non 1000) et il les a répartis dans chaque génération. Il est donc resté 26 générations avant de recevoir la Torah. Il s’avère donc que l’affinage et la fonte de cette impureté (Zohamat Hana’hash) a dû être faite pendant 26 générations. Mais de plus, jusqu’à Avraham Avinou les générations continuaient à mettre en colère Hashem. Il ne restait donc que 6 générations pour faire le « polissage » (la purification). Et donc ce « polissage » a dû être fait avec une grande « exagération », une grande vigueur. C’est pour cela que Hashem fait subir 10 épreuves à Avraham, pour ôter un gros morceau de cette « Zohama » « impureté ». Et afin que Its’hak puisse naître avec moins de Zohama, Hashem a fait survenir plusieurs évènements :
- Avraham et Sarah n’ont enfanté que dans leur vieillesse (respectivement 100 ans et 90 ans) et comme le disent nos sages, qu’à cet âge son Yétser était annulé (il avait moins de mauvais penchant), son désir était amoindri, car son sang était moins fluide, et tout cela uniquement en vue que sa naissance soit privée de Yétser Hara (de mauvais penchant). De même Sarah avait 90 ans et dons n’avait plus ses règles, et c’est par le sang de Nidda (des règles) que passe la Zohama (l’impureté). Même d’après l’avis selon lequel Sarah a été Nidda (a eu ses règles) lorsqu’elle a pétri la pâte lors de la visite des Anges, ce n’était pas du sang naturel des gens jeunes (relativement à 90 ans), mais un sang qui est venu miraculeusement [et donc qui ne fait pas passer la Zohama de la même manière que le sang naturel].
- Itshak n’est né qu’après Ishmaël soit né en premier, afin que par ce premier enfantement, une partie de la Zohama soit transférée par le la Orla (le prépuce de Avraham incirconcis à cette époque).
De là nous comprenons l’enseignement du Midrash (Midrash Béréshit Rabba 46-5), que la raison pour laquelle Avraham ne s’est pas circoncis avant la naissance de Ishmaël est que Itshak devait sortir d’une goutte (de semence) de sainteté. Cet enseignement n’est pas a priori compréhensible. Mais c’est comme nous l’avons expliqué (ci-dessus) c’est-à-dire que Hashem voulait que la conception de Yshmaël soit faite alors que Avraham avait la Orla (le prépuce) afin que la Zohama puisse s’écouler et qu’il ne reste que la Kédousha (sainteté) pour Yts’hak et c’est pour cela que la mère était Hagar l’Egyptienne car par sa qualité (ses attributs) elle puisse récolter et prendre toute cette Zohama.
C’est l’inverse pour Its’hak, Avraham était circoncis afin que puisse se transmettre l’essentiel de la Kédousha (sainteté). D’après cela il aurait été normal que Its’hak fasse passer sa part de Zohama à une femme étrangère (pas Rivka, apte à prendre la Touma) et qu’il fasse passer la partie de Kedousha via Rivka, mais lui Its’hak (car il a subi l’épreuve du sacrifice) était une עולה תמימה « Ola Témima » (« offrande entièrement consacrée à D.ieu ») et il ne pouvait pas épouser une femme étrangère. C’est pour cela qu’il était nécessaire qu’il enfante des jumeaux car s’il les avait enfanté l’un après l’autre, il aurait été impossible que chacun d’entre eux n’ait pas les deux caractéristique (Zohama et Sainteté, en force), c’est pour cela qu’ils sont venus en même temps, afin que chacun prenne sa part selon sa nature. C’est ce que signifie l’enseignement qui nous dit que Essav prenait tout le sang de Nida de sa mère (sang des règles), cela veut dire qu’il prenait toute la partie Zohama qui se rattache au sang de Nidda car la Zohama est dans ce sang. C’est pour cela que de Yaakov est sortie une descendance entièrement Emet (de vérité), car la succession de génération a déjà bien avancé. Il restait encore un peu de la Zohama, car elle n’a pas été ôtée complètement.
Il est clair que la troisième génération après Yaakov (celle de la sortie d’Egypte) n’avait pas cette force de faire partir une partie de la Zohama, même si celle-ci était réduite, comme les Avot avaient la force de le faire. C’est pour cela que Hashem Ytbarakh les a « jeter » comme de l’or dans un fourneau (pour faire les opérations de purification du minerai) dans lequel on sépare d’un côté l’or et de l’autre les impuretés ; ce « Kour Habarzel » « creuset pour le fer» est l’Egypte car là-bas il y avait avec force l’extériorité et la Zohama, c’est pour cela que l’Egypte s’appelle ערות הארץ (la nudité de la terre, ce qui signifie dans le contexte « le côté faible du pays », mais ce n’est pas pour rien que le terme de nudité est utilisé par la Torah), et l’Egypte est créée en vis-à-vis de la terre d’Israël, ils ont la même taille de 400 Parsa sur 400 Parsa, car Hashem a créé les choses en regard l’une de l’autre (une bonne et en vis-à-vis une mauvaise). Le processus de purification de l’argent dans un creuset c’est ce qui leur est arrivé lorsque la partie de Zohama s’est renforcée en eux, alors Hashem a jeté la Touma (l’impureté) de l’Egypte comme on jette les impuretés du creuset ; et cette impureté ce sont ceux qui sont morts pendant les trois jours d’obscurité en Egypte (l’avant dernière plaie). Ceux dont la Kedousha était prépondérante sont sortis d’Egypte. C’est pour cela que seulement un sur cinq, ou sur cinquante est sorti vivant car la majorité a absorbé de la Touma d’Egypte, et les autres ont été éliminés comme des impuretés dans le creuset. Même ceux qui sont sortis, si ce n’ait la miséricorde de Hashem ils auraient dû être éliminés, car il n’ont été complètement purifiés qu’à l’issue des 50 jours c’est-à-dire les 7 semaines qui vont de la sortie d’Egypte au don de la Torah, qui sont en regard des 7 jours de pureté qu’observe la femme (les Shiva nékiym) après lesquels l’impureté de Nida s’enlève comme l’explique le Zohar Hakaddosh, et ensuite il se sont tenus au mont Sinaï car alors la Zohama était terminée.
Ceci était la crainte de Yaakov Avinou lorsqu’il est descendu en Egypte, il avait peur qu’ils trouvent refuge dans l’impureté de l’ange tutélaire d’Egypte et qu’ils s’y installent et qu’ainsi ils soient perdus. Jusqu’à ce que Hashem lui dise « ne craint pas de descendre en Egypte …..Je descendrai avec toi » (Genèse 46 v3 et 4)
וַיֹּאמֶר, אָנֹכִי הָאֵל אֱלֹהֵי אָבִיךָ; אַל-תִּירָא מֵרְדָה מִצְרַיְמָה, כִּי-לְגוֹי גָּדוֹל אֲשִׂימְךָ שָׁם.
Il poursuivit: « Je suis le Seigneur, Dieu de ton père: n’hésite point à descendre en Égypte car je t’y ferai devenir une grande nation.
אָנֹכִי, אֵרֵד עִמְּךָ מִצְרַיְמָה, וְאָנֹכִי, אַעַלְךָ גַם-עָלֹה; וְיוֹסֵף, יָשִׁית יָדוֹ עַל-עֵינֶיךָ.
Moi-même, je descendrai avec toi en Égypte; moi-même aussi je t’en ferai remonter; et c’est Joseph qui te fermera les yeux. »
Hashem lui a promis que la Shékhina (la présence D.ivine) descendrait avec lui et qu’elle les prendra en pitié vis-à-vis de l’ange tutélaire d’Egypte; et c’est pourquoi la Shékhina les a précédé et est descendue avec Yossef en Egypte 22 ans auparavant, en correspondance avec le nombre de lettres de la Torah, afin de soumettre toutes les (« Rouhot ») mauvaises influences d’Egypte, et afin que les Béné Israël ne s’installent pas dans la Toum-a. En conséquence Hashem a fait en sorte que Yossef règne sur l’Egypte afin que toute l’abondance de l’Egypte soit « sous l’emprise de la Shékhina », c’est-à-dire par l’intermédiaire de Yossef et non par l’intermédiaire de l’ange tutélaire d’Egypte et c’est pour cela que la récolte d’Egypte qui était sous l’influence de l’ange tutélaire d’Egypte se décomposait (pourrissait) et celle qui était sous l’influence de Yossef se conservait car Hashem était avec lui. Et c’est pourquoi, depuis qu’il avait interprété les songes de Pharaon, Yossef avait compris ce qu’il se passait, et il a dit à Pharaon (Genèse 41 33) :
וְעַתָּה יֵרֶא פַרְעֹה, אִישׁ נָבוֹן וְחָכָם; וִישִׁיתֵהוּ, עַל-אֶרֶץ מִצְרָיִם.
Donc, que Pharaon choisisse un homme prudent et sage et qu’il le prépose au pays d’Égypte
Tout ça en vue que l’abondance vienne par Yossef lui-même. Et du fait que l’impureté d’Egypte est associée à la Erva à la nudité, car en fait tous les membres de l’homme existent (de manière symbolique) pour la terre comme dans l’expression וְרֹאשׁ, עַפְרוֹת תבל (la masse des glèbes du sol) où on parle de la tête, ou רַחֲבַת-יָדַיִם, (assez vaste, on parle de la terre) ou l’expression טבור הארץ (le nombril de la Terre, ou bien la nudité de la terre (Ervat Haarets à propos de l’Egypte). Donc Yossef qui est venu pour soumettre l’ange d’Egypte, la nature de l’épreuve qu’il a subie était sur la pureté des mœurs, avec l’épisode de la femme de Putiphar et ainsi, en réussissant l’épreuve, il pouvait épuiser la force de l’Ange tutélaire d’Egypte, et pour épuiser la force de cet Ange d’Egypte il a ordonné aux égyptiens de faire la Mila avant que ceux-ci ne puissent manger de ces récoltes qui venaient du côté de la Shékhina comme on l’a vu. Et en vue d’abimer les tuyaux de leur jonction (avec l’ange d’Egypte), il les a fait venir en ville ; et ainsi il a acquis toute l’Egypte avec toute cette nourriture afin de les enlever de l’emprise de l’ange d’Egypte. Et comment, avec cette nourriture qui venait du côté de la Keddousha. Et c’est pourquoi il fallait qu’hommes et femmes préservent leurs mœurs (leur nudité) afin que la Touma d’Egypte qui est Ervat Haarets (la nudité de la terre) ne règne pas sur eux. C’est la seconde raison de l’épreuve de Yossef dans les mœurs (avec la femme de Putiphar).
Et c’est ce que disent nos sages, Yossef s’est préservé de tomber dans l’impureté des mœurs et par son mérite les hommes ont pu se préserver dans la pureté des mœurs ; Sarah est descendue en Egypte et elle a résisté à avoir des mauvaises meurs et par son mérite les femmes ont pu se préserver dans la pureté des mœurs. C’est une même nature d’évènements que Sarah et Yossef ont rencontré et la Torah en a fait de la publicité. Et malgré tous ces préparations, s’il n’y avait la miséricorde de Hashem ils seraient restés sur place car ils n’ont été purifiés qu’au bout de 50 jours et également fait avec Méssirout Néfech avec abnégation le sacrifice pascal (Korban Pessa’h).
De telle sorte que la chose est venue de Hashem, de les Exiler en Egypte (et pas ailleurs), afin de les opprimer, et faire fondre l’existence de la Zohamat Hanahash, comme lorsqu’on fait fondre du minerai d’argent dans un creuset, l’argent représente les Béné Israël et les déchets ce sont ceux qui sont restés prisonniers dans le creuset c’est-à-dire ceux qui sont morts en Egypte pendant la plaie de l’obscurité. C’est pour cela que ne sont sortis que un sur 5 ou un sur 50 et de là on comprend le verset de « Ben Habétarim » « l’alliance des morceaux » (Genèse Ch. 15 v. 13-14)
וַיֹּאמֶר לְאַבְרָם, יָדֹעַ תֵּדַע כִּי-גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ בְּאֶרֶץ לֹא לָהֶם, וַעֲבָדוּם, וְעִנּוּ אֹתָם–אַרְבַּע מֵאוֹת, שָׁנָה
Dieu dit à Abram: « Sache-le bien, ta descendance séjournera sur une terre étrangère, où elle sera asservie et opprimée, durant quatre cents ans
וְגַם אֶת-הַגּוֹי אֲשֶׁר יַעֲבֹדוּ, דָּן אָנֹכִי; וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל.
Mais, à son tour, la nation qu’ils serviront sera jugée par moi; et alors ils la quitteront avec de grandes richesses.
Si l’intention des versets était de nous dire qu’ils sortiraient d’Egypte, alors est ce que si on disait à un homme qu’on va lui fasse subir des milliers de coups et on lui donnerait ensuite mille pièces d’argent ; dans ces conditions il perdrait son gain par toute la peine subie, et de plus le jeu n’en vaut pas la chandelle [et donc personne n’accepterait un tel « deal »]. Mais si on dit à quelqu’un [la partie en gras est le premier verset ci-dessus] : « יָדֹעַ Sache qu’il y aura un esclavage, תֵּדַע le-bien que l’avantage de l’asservissement est que גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ ta descendance séjournera sur une terre étrangère, alors qu’il est très peu nombreux, il n’y aura que de l’exil, et cet exil va débuter avec ta descendance Its’hak, et lorsqu’ils vont croître on les asservira et les opprimera dans l’esclavage d’Egypte. Et si tu me demandes quel avantage à cela ? La réponse est וְאַחֲרֵי-כֵן יֵצְאוּ, בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל qu’ensuite ils sortiront avec une grande richesse, et quelle est cette richesse ? C’est que ce sera la fin (ou presque) de la Zohamat Hanahash qui est collée, et par cela ils mériteront la Torah et le don de prophétie, car le verset aurait dû dire ברכוש רב avec une richesse importante (en quantité) or le texte a dit בִּרְכֻשׁ גָּדוֹל “une grande richesse” (en qualité) ce qui fait allusion au don de la Torah (qui est très importante), comme le dit la Torah elle-même (Deutéronome Ch. 4 v7) :
כִּי מִי-גוֹי גָּדוֹל, אֲשֶׁר-לוֹ אֱלֹהִים קְרֹבִים אֵלָיו, כַּיהוָה אֱלֹהֵינוּ, בְּכָל-קָרְאֵנוּ אֵלָיו.
וּמִי גּוֹי גָּדוֹל, אֲשֶׁר-לוֹ חֻקִּים וּמִשְׁפָּטִים צַדִּיקִם, כְּכֹל הַתּוֹרָה הַזֹּאת, אֲשֶׁר אָנֹכִי נֹתֵן לִפְנֵיכֶם הַיּוֹם.
En effet, où est le peuple assez grand pour avoir des divinités accessibles, comme l’Éternel, notre Dieu, l’est pour nous toutes les fois que nous l’invoquons?
Et où est le peuple assez grand pour posséder des lois et des statuts aussi bien ordonnés que toute cette Torah que je vous présente aujourd’hui?
Et de ce bonheur d’avoir la Torah on a dit « Gadol » Grand ce qui ne peut s’appliquer à des biens qui sont un bien qui n’est pas grand (mais nombreux). Comment comprendre que le fait d’être étranger s’applique dès les Avoth (à partir de la naissance de Its’hak) et que l’esclavage n’a été que pour les enfants (et pas les Avoth) ? La réponse est évidente, car la grandeur des Avoth était très élevée et il leur suffisait d’être étranger, ce qui n’est pas le cas pour les générations suivants.
De là on peut expliquer le verset (du début de notre Parasha) :
וּבְנֵי יִשְׂרָאֵל, פָּרוּ וַיִּשְׁרְצוּ וַיִּרְבּוּ וַיַּעַצְמוּ–בִּמְאֹד מְאֹד; וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ, אֹתָם
(7) Or, les enfants d’Israël avaient augmenté, pullulé, étaient devenus prodigieusement nombreux et ils remplissaient la contrée.
Car on a une grande difficulté; ne s’agit-il pas de créatures « pures », comment les comparer à de la vermine? (à des reptiles שרץ=reptile) ?? En fait l’intention du verset est ce que nous avons expliqué, à savoir que la raison de l’exil est de séparer les impuretés de l’argent car les enfants d’Israël étaient mélangés (il y avait différents niveaux parmi eux), et nous allons expliquer chaque mot :
- פָּרוּ – certains ont crû car c’étaient des fruits פרי, ce sont les Avot les patriarches (et ceux qui leur ressemblaient)
- וַיִּשְׁרְצוּ – d’autres étaient avec de la « saleté » avec la Zohamat Hanahash (la saleté de la vermine, des reptiles)
- וַיִּרְבּוּ : la première sorte a augmenté
- וַיַּעַצְמוּ – la seconde sorte elle a pullulé
- בִּמְאֹד מְאֹד – si la première sorte était devenue très nombreuse
- וַתִּמָּלֵא הָאָרֶץ, אֹתָם – la seconde sorte a rempli la contrée
C’est ce qu’enseignent nos sages, lorsque Moshé a vu les enfants d’Israël écrasés par les travaux de construction, il a pleuré et a dit « comment D.ieu peut-il laisser faire ça ? », Hashem a répondu, ne craint pas que je ne sais pas (ce qu’il se passe) ; si tu veux prend un d’entre eux (pour le sauver), il en a sorti Mikha qui a fait une idole et a fait fauter Israël ; et donc c’était bien de Hashem qui « jetait les impuretés de l’argent » comme on l’a vu.
Nous apprenons de toute ces explications, que la raison pour laquelle il nous manque la Prophétie נבואה, la Sainteté קדושה, et la pureté טהרה, c’est du fait de la Zohamat Hana’hash qui empêche la sainteté et la pureté de s’imprégner en nous et il n’est pas donné à l’homme de faire des Mitsvoth et des Maasim Tovim (des bonnes actions) lorsqu’il est encore sali par les fautes. Il faut uniquement se nettoyer et se purifier de toutes les fautes que nous avons commises, et après on arrive facilement à accomplir les Mitsvot. Car l’homme n’est-il pas le fruit des « mains de Hashem » ? Il a été fabriqué de telle sorte qu’il puisse accomplir les Mitsvot comme il est écrit (Genèse Ch. 9 v 6) כִּי בְּצֶלֶם אֱלֹהִים, עָשָׂה אֶת-הָאָדָם, car l’homme a été fait à l’image de Dieu ce qui signifie avec un même esprit que D.ieu, et c’est la raison pour laquelle l’homme a été créé, sinon qu’aurait l’homme de plus par rapport à l’animal, qui mange, boit dort comme l’homme, se met en couple, enfante et meurt. Seulement la différence est que nous nous avons « le Daat de notre créateur »] les mêmes valeurs que notre Créateur [ c’est-à-dire que nous nous attachons à ce que Hashem veut que nous nous attachions] et l’essentiel ce « Daat » est d’accomplir les Mitsvoth et les bonnes actions et d’accomplir Sa parole, et pas de construire des maisons et des patios, car ces choses-là ne valent pas grand-chose et donc il n’y a rien qui nous empêche d’accomplir la volonté du Créateur si ce n’est nos fautes et donc avant toute chose il nous faut enlever toute trace d’impureté de notre cœur « impurs que vous êtes » (Lamentations Ch. 4 v. 15) et c’est ce que dit David Hamelekh (Psaumes 34,15)
סוּר מֵרָע, וַעֲשֵׂה-טוֹב; בַּקֵּשׁ שָׁלוֹם וְרָדְפֵהוּ
Éloigne-toi du mal et fais le bien, recherche la paix et la poursuis.
[Le verset] Pour nous dire de commencer par s’écarter du mal et ensuite de faire le bien. Car ainsi le chemin nous sera aisé ; sinon c’est comme quelqu’un qui se trempe au Mikvé [bain rituel] et qui a un reptile (שרץ) dans la main [un animal impur, ce qui va entraîner qu’il n’y a pas de possibilité de se purifier, et le Mikvé ne sert à rien]. C’est ce que nous enseignent nos sages dans le Midrash, « avant de prier afin que les Divré Torah puissent s’imprégner dans vos entrailles (c’est-à-dire en profondeur) priez d’abord pour que les choses vaines sortent de vos entrailles ». C’est-à-dire que du fait que les choses vaines sortent de nous alors immédiatement peuvent entrer d’elles-mêmes les paroles de Torah dans nos entrailles. On a un Mashal à ce propos (une parabole). Il y avait une fois quelqu’un qui s’était habillé de chiffons (de guenilles) et il voulait acquérir un habit neuf, il est rentré dans un magasin, il a demandé un vêtement à sa taille. Dans sa candeur il a mis ce vêtement par-dessus ses guenilles et il ne pouvait pas s’en revêtir (par-dessus les guenilles). Il s’emporta contre le vendeur « tu ne m’as vendu un vêtement à ma taille !! ». Le vendeur lui répondit « Idiot ! » Si tu viens à enfiler ce beau vêtement par-dessus tes vêtements pourris, il est sûr que tu ne trouveras jamais un vêtement que tu pourras mettre par-dessus ces lambeaux. Ll faut d’abord enlever ces vêtements pourris et ensuite tu pourras profiter de ton nouveau vêtement et c’est ce qu’il fit. C’est exactement la même chose avec nous.
Que Hashem nous donne le mérite de pouvoir purifier notre cœur de toute faute, et de le servir avec un cœur intègre selon sa volonté – Amen.
[1] Le Midrash Béréshit sur le verset ויאמר האדם ותאמר האשה הנחש השיאני (La femme répondit: « Le serpent m’a entraînée, et j’ai mangé. ») dit que השיאני signifie s’est marié avec moi (le shin avec in point sur la gauche hissiani [s] et non hichiani, le shin avec un point sur la droite [ch]), c’est-à-dire qu’il y a eu une relation intime entre le serpent et Eve ; et par cette relation a laissé une « impureté » [une pollution], on retrouve cet enseignement dans le Zohar Hakadosh et dans le Talmud Avoda Zara 22b (au nom de Rabbi Yohanan).
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Article « Causes profondes de l’asservissement en Egypte. Paracha Chémot Alsheikh » Publié le 17 décembre 2017. Remis à jour le 12 janvier 2020