Paracha Noa’h Rabbi Yérouham Leïbovitch – Même le Roi est dans la dépendance des champs
Paracha Noa’h Rabbi Yérouham
Même le roi est dans la dépendance des champs – Cours de Rabbi Yérou’ham Zatsal (Mashguia’h de la Yéshiva de Mir).
Traduit et adapté par le Rav Michael smadja
D’après les écrits de Rabbi yèrouham, Mashguia’h de la Yéshiva de Mir
Et il n’est resté cependant que Noé et ceux qui étaient avec lui dans l’arche
Le Midrash rapporte que le mot « cependant » « אך » (qui fait allusion à ce que Noé n’était pas entier dans son corps) est superflu à priori dans le verset et l’explique ainsi: Noé hurlait de douleur et se vidait de son sang à cause de la fatigue qu’engendrait le fait de s’occuper des animaux. Un autre avis dit à cause du fait qu’ il a donné la nourriture au lion en retard et l’a mordu. Et sur Noé, il est dit: « il n’y a pas de juste parfait dans ce monde ». Voici que sur Noé, l’homme juste par excellence, il lui a été incombé un lourd travail tel que rassembler et introduire dans l’arche, toutes sortes d’animaux mâle et femelle. Faire rentrer la nourriture de chacun de ces animaux de ces bêtes sauvages et de ces oiseaux mâle et femelle de toutes sortes. Introduire et préparer la nourriture de chaque animal. Nourrir chaque créature avec sa nourriture spécifique et en son temps. Voici qu’il est évident qu’il ne manque pas de moyen à D-ieu pour sauver les créatures! Pourquoi avoir choisi cette manière? Le Ramban répond ainsi: » D-ieu a ordonné à Noé de s’occuper et d’aider les animaux dans leur entrée dans l’arche et de s’inquiéter de leurs survies comme de sa propre survie ». Et si une seule fois, il se retardait de donner à une de ces bêtes sa nourriture en son temps, de suite il était puni, et il est déjà dit sur lui » il n’y a pas de juste parfait dans ce monde ». De sa peine et de sa fatigue extrême qu’il a développées, il lui est encore demandé des comptes sur la souffrance de ces animaux! A-t-on une réelle perception du travail aussi éreintant soit-il qui est exigé de lui? Un travail qui n’est que du ressort d’un homme grossier et simple, est exigé de Noé, l’homme juste par excellence! Est-ce de l’honneur d’un homme aussi élevé que Noé, le grand de la génération de faire un tel travail?
Pourrions-nous voir le grand de la génération supporter une telle charge sur ses épaules sans rien faire pour l’aider?
Il est écrit dans « l’ecclésiaste »: » et la terre a des avantages sur tout le reste, même le roi est dans la dépendance des champs ». Même le roi dominant le monde d’un bout à l’autre, est dépendant du travail des champs. Il travaille le champ, tout va bien, il ne travaille pas les champs, il n’a rien! Et s’il n’a pas de champs, quel profit peut-il avoir? Il se peut donc, qu’un roi puisse dominer le monde d’une main de fer, se délectant de tous les plaisirs que peut se procurer un roi, avoir une multitude de serviteurs et de servantes, de trésors et de butins de guerre, il sera toujours dépendant des champs! « s’il n’a pas de champs (à travailler), quel profit peut-il avoir? Et pourtant combien est méprisé par les hommes le travail des champs! Combien de saletés, il y a dans les champs! Combien de personnes se sentent humiliées par le travail de la terre! Et pourtant sans ce travail, aucun profit ne peut être envisagé dans ce monde! Impossible de vivre sans champs!
À qui fait-on référence dans ce verset lorsque l’on parle du « roi »? De D-ieu! « dans la dépendance des champs » fait référence à Sion comme il est dit: » Sion est un champ labouré ».
Le principe fondamental est que la vie de l’homme est suspendue au travail de la terre. D’une vie faite d’honneur et de gloire, l’homme ne tire aucun profit. Uniquement d’un travail grossier bas et vil, l’homme peut tirer sa survie dans ce monde!
Rabbi Yohanan dit: » tout endroit où tu trouveras la grandeur divine, tu trouveras son humilité« . Comment cela peut-il se concevoir? Voici que D-ieu se « tient » dans des hauteurs inaccessibles de sainteté, n’étant susceptible de résider uniquement dans les mondes supérieurs, les mondes des anges et des âmes. Il aurait été logique qu’il délègue ses pouvoirs à ses créatures angéliques pour les simples travaux tels que servir et subvenir aux besoins de toute la création! C’est en fait ce même principe que nous avons évoqué: « le roi est dans la dépendance des champs ». Si l’on peut s’exprimer ainsi, « la vitalité » de D-ieu (où plutôt la vitalité de sa création) dépendant uniquement de son travail grossier dans ce bas-monde.
De tous ces endroits bas, de tous les basses besognes, si l’on peut dire, il puise sa vitalité. Ainsi en a été sa volonté et ainsi est sa conduite: » le roi, est dépendant du travail des champs ».
« D-ieu qui s’abaisse pour observer dans les cieux et sur la terre, il relève de la poussière le pauvre, des ordures, il élève l’indigent ». Dans « toutes les ordures » se trouve D-ieu, et là-bas, il sert l’homme et toute la création, service simple et uniquement de ce travail, il peut puiser sa vitalité « le roi dépendant du travail des champs ».
Dans un récit rapporté dans le Talmud, où le grand de la génération était en train de servir à manger à ses élèves, l’un deux s’est offusqué et a demandé à un de ses amis comment pouvait-on accepter d’être servi par son maître? Rabbi Tsadok s’est alors levé pour s’exprimer ainsi: » jusqu’où allons-nous bafouer l’honneur de D-ieu pour s’occuper uniquement de notre honneur? Ne voyons-nous pas que D-ieu lui-même se rabaisse à chaque instant, fait lever les vents et fait descendre la pluie, fait pousser de la terre les plantes et dresse la table devant ses propres créatures!
Ainsi est le fondement de la création: uniquement d’un travail bas et sans honneur, la création puise sa vitalité. Ce n’est pas d’une vie de plaisirs et de délices qu’un homme pourra puiser sa vitalité. Et sans ces efforts domestiques, rien ne peut exister!
Voici donc que l’orgueil est une des qualités divines comme il est dit: » D-ieu a régné, de majesté il est revêtu » mais ceci n’est qu’une observation humaine afin d’élever D-ieu au-dessus de la terre et afin de le faire chevaucher les sommets des montagnes mais qui en fait est coupée et abandonnée de son principe! D’où peut-il lui venir « sa vitalité »? Sa vitalité, uniquement « des ordures s’élèvera l’indigent ».
Nous pouvons percevoir l’adage de nos maîtres « est plus grande la réception des invités que la réception de la présence divine » ainsi: recevoir sur soi la présence divine est un honneur et une gloire pour l’homme, une vie faite d’honneur alors que recevoir des invités est un service laborieux et simple. Et au contraire ce n’est uniquement de ce travail que l’homme tire et puise sa vitalité dans le monde. Et plus ses actes seront simples plus il en tirera de la vitalité!
Pour cela, uniquement par un travail de labeur, Noé le juste a pu être honoré car de ce service où il a été jusqu’à donné de son propre corps, il a puisé sa vitalité. D-ieu ne tirant sa vitalité dans ce monde que du service qu’il prodigue à ses créatures.
Combien est primordiale cette vision de la vie. Le sabba de kelm racontait à propos de son maître qu’avec sa longue barbe, il essuyait le pupitre où reposait la Torah. De même, dans son centre d’étude, les services tels que le rangement des livres et le nettoyage de la salle étaient vendus extrêmement chers car les gens connaissaient la valeur de ces travaux « bas » et laborieux mais au combien gigantesques.
Il faut bien comprendre ce principe: puisque D-ieu se rabaisse pour servir ses créatures, nous qui ne sommes que volonté divine, qui ne sommes en fin de compte que la matérialisation de sa volonté, comment pourrions-nous nous émanciper et vouloir croire que certains travaux ne sont pas de notre honneur? Tout n’est que service divin et même ramasser les ordures est un travail noble devant D-ieu et celui qui croit le contraire se déconnecte de la réalité et de sa source de vie. Car il renforce en lui cette notion de dualité où le bon et le mauvais sont séparés. Celui qui recherche au contraire à servir D-ieu avec ce qui lui est proposé sans rechigner et sans vouloir évaluer, se rapproche de la réalité vivifiante qu’est l’unité divine où le bien et le mal ne sont que bonté.
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