Parachat Lèkh Lékha Rav David Pitoun
Parachat Lekh Lékha
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Ces Divré Torah sont dédiés à l’élevation de la Néshama de mon vénéré père Henri Ishou’a Ben Réphaël PITOUN z’’l dont on célèbre la 23ème Azkara Dimanche 9 ‘Heshvan (2 novembre 2014)
1) Emouna sans miracles !!
Hashem dit à Avram : Va pour toi, quitte ton pays, ton lieu de naissance et la maison de ton père, vers la terre que je t’indiquerai. (Bersehit 12-1 début de notre Parasha)
Rashi : Va pour toi. Pour ton profit et pour ton bien. Là bas, je ferais de toi un grand peuple, car ici tu ne peux pas avoir d’enfants, et de plus, je te ferai connaître à travers le monde.
Nos maîtres nous enseignent que ce déracinement géographique est l’une des dix épreuves infligées à Avraham Avinou.
Question :
En quoi cela représente-t-il une épreuve ?
Si l’on disait à un homme qui a des difficultés à avoir des enfants et qui habite en dehors d’Israël de voyager jusqu’en Israël où se trouve un grand professeur en médecine, expert en traitement pour la stérilité, il est plus que certain que cet homme se précipitera avec joie sur le premier billet d’avion en partance pour Israël. A fortiori si on lui garantit un traitement médical gratuit et une totale prise en charge de tous ses frais. Ici, Hashem lui-même garantit à Avraham Avinou que dès qu’il arrivera en Erets Israël, il méritera de devenir un grand peuple, et deviendra très riche et très respecté. Où est donc l’épreuve ?
Réponse :
Notre grand maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l répondit à cette question dans l’un de ses Shiourim :
La plus grande sanctification du Nom d’Hashem par Avraham Avinou se produisit lorsqu’il fut jeté dans la fournaise et qu’il en ressortit vivant et en parfait état physique.
En effet, il est raconté dans la Guémara Pessa’him 118a, ainsi que dans le Tana Devé Eliyahou Zota (25-6) :
Téra’h le père d’Avraham, était un grand idolâtre qui faisait trébucher les autres dans cette faute. Téra’h possédait un magasin dans lequel il vendait toutes sortes de statuts et d’idoles. Un jour, il demanda à son fils Avraham de le remplacer un moment dans le magasin. Avraham était stupéfait de voir des gens adorer des idoles « qui n’ont pas la moindre capacité à manger, ni à respirer ». Il vit arriver une vieille dame avec un panier rempli de toutes sortes de nourritures en « sacrifices » pour les idoles.
Avraham lui dit avec colère :
« Idiote que tu es !! Est-ce qu’une idole se nourrit ?! »
Lorsque la femme sortit, Avraham saisit une hache et brisa toutes les idoles, puis il attacha la hache dans les mains de la plus grande idole qu’il laissa en état.
Lorsque Téra’h fut de retour et qu’il trouva son magasin dans un tel état, tout affolé, il demanda à Avraham :
« Qu’as-tu fais ?!! »
Avraham lui répondit :
« Je n’ai rien fait ! Je vais te raconter ce qui s’est passé. Il y a un petit moment de cela, une vieille dame est venue apporter des offrandes à tes idoles. Tout à coup, les idoles se disputèrent la nourriture entre elles, jusqu’à ce que la grande idole se mit en colère sur les autres idoles pour lui avoir manqué de respect en voulant manger avant elle, elle saisit une hache et brisa toutes les autres idoles. »
Lorsque Téra’h entendit les propos de son fils, il lui dit :
« Te moquerais-tu de moi ?! Est-ce que ces idoles ont la capacité de se disputer ou de se donner des coups ?! Elles ne peuvent même pas faire le moindre mouvement !! »
Avraham dit à son père :
« Que tes oreilles entendent ce que ta bouche prononce !! Si tu admets de toi-même que ces idoles ne peuvent pas faire le moindre mouvement, pourquoi fais-tu trébucher les autres dans l’idolâtrie ?!! »
Téra’h se mit en colère contre son fils Avraham car il osait lui faire la morale. Il le confia au roi Nimerod en lui racontant tout ce qui s’était passé, et lui permis d’en faire ce que bon lui semble.
Le roi Nimerod commença par essayer de convaincre Avraham de servir les idoles, mais Avraham refusa catégoriquement de les servir. Nimerod lui proposa ensuite de le servir à lui-même, mais Avraham lui répondit :
« Qui es-tu, toi être de chaire et de sang qui est ici aujourd’hui, et demain dans la tombe ?! Pourquoi donc je te servirais ?! »
Nimerod se mit en colère contre Avraham et le jeta dans une fournaise.
Avraham se promenant librement à l’intérieur de la fournaise et y fit même des Hakafot !
A cet instant, l’ange Gavriel se présenta devant Hashem et lui dit :
« Maître du monde ! Laisse-moi le sauver ! »
Hashem lui répondit :
« Avraham est unique dans son univers et Moi je suis également unique dans mon univers. Il convient à celui qui est unique de sauver celui qui est unique (mais puisque tu t’es quand même proposé de le sauver, tu sauveras 3 de ses descendants d’une autre fournaise : ‘Hananya, Mishaël et ‘Azarya).
C’est ainsi qu’Avraham sortit indemne de la fournaise.
Nous pouvons constater que par l’intermédiaire d’Avraham Avinou, s’est réalisée une grande sanctification du Nom d’Hashem, puisque toutes les personnes qui ont assisté à cet évènement extraordinaire dans lequel un être humain, un simple mortel, entre dans une fournaise ardente et en ressort indemne, ne pouvaient ensuite qu’attester de la droiture d’Avraham qui ne rencontrerait pas la moindre difficulté pour les convaincre « d’entrer sous les ailes de la She’hina ». Cet évènement constituait donc pour Avraham un véritable tremplin pour réunir le maximum de gens sous la croyance en Hashem.
Mais soudain, Hashem lui demande de cesser ce travail gigantesque pour lequel il se donnait avec tant d’enthousiasme, et d’écouter la voix qui lui dit : « Va pour toi, quitte ton pays … » Pour aller auprès d’un peuple qu’il ne connaît absolument pas ! Qui l’écoutera là-bas ?! Qui acceptera de s’approcher d’Hashem ?! Ces gens ignorent totalement la grandeur d’Hashem et sa gloire ! Ils n’ont pas assisté au miracle de la fournaise !
Malgré tout, Avraham écoute la voix d’Hashem et accepte de s’expatrier, car Hashem préfère les gens qui croient en Lui sans le moindre miracle, mais seulement par la réflexion de l’esprit et par la juste pensée.
La véritable épreuve d’Avraham Avinou réside donc dans le fait d’aller transmettre le même message, mais cette fois-ci, sans le moindre miracle à produire pour donner du crédit à ses propos. Il va falloir maintenant convaincre seulement avec le Sé’hel (l’intellect). Il va donc falloir faire ses preuves !!
2) Y a-t-il des miracles superflus ? (Parachat Lekh Lékha)
Hashem promet la terre de Kéna’an à Avraham et à sa descendance :
Hashem dit à Avram, après que Loth se fut séparé de lui : « Lève les yeux et du point où tu es placé, promène tes regards au nord, au midi, à l’orient et à l’occident. Eh bien ! Tout le pays que tu aperçois, je le donne à toi et à ta descendance. Je rendrai ta descendance semblable à la poussière de la terre; au point où, si l’on pouvait nombrer la poussière de la terre, ta descendance pourrait l’être aussi. Lève-toi ! Parcours cette contrée en long et en large ! Car c’est à toi que je la destine. » (Béreshit 13-14)
Le Or Ha-‘Haïm Ha-Kadosh commente :
Lève les yeux et du point où tu es placé, promène tes regards au nord, au midi, à l’orient et à l’occident.
La raison pour laquelle Hashem devait préciser à Avraham Avinou « du point où tu es placé » réside dans le fait qu’Avraham Avinou va vivre un miracle grandiose à cet endroit :
Il va pouvoir scruter le nord, le sud l’ouest et l’est à partir du même emplacement, sans pour autant avoir à tourner la tête !!
Le Gaon et Tsaddik Rabbi ‘Haïm Leïb SHMULEWITZ z.ts.l demande (Si’hot Moussar nouvelle édition page 68) :
Un tel miracle était-il justifié ?!
Etait-il si difficile pour Avraham Avinou de tourner sa tête pour contempler le pays dans toutes ses directions, au point où il lui fallait un miracle ?!
Pour répondre à cette interrogation, il est nécessaire de redéfinir la vocation d’un miracle.
Lorsque Yossef Ha-Tsaddik fut vendu comme esclave par ses frères à une bande d’Ishmé’elim se dirigeant vers l’Egypte, la Torah nous précise :
… leurs chameaux étaient chargés d’aromates, de baume et de lotus qu’ils allaient transporter en Égypte. (Béreshit 37-25)
Nos maitres – dans le Yalkout Shim’oni (Béreshit Rémez 142) – expliquent ce verset :
Les marchands arabes ont pourtant l’usage de ne transporter que des peaux et du goudron ! Viens et constate ce qu’Hashem a réservé à ce Tsaddik (Yossef) à ce moment là : des sacs remplis de parfums sur lesquels le vent soufflait, pour ne pas subir les mauvaises odeurs.
Nous pouvons là aussi nous interroger :
Dans un moment aussi pénible pour Yossef qui est déporté en Egypte, au moment où il se voit chuter d’un niveau si élevé – celui du fils préféré de son père, qui lui a transmis tout le savoir qu’il a reçut de Shem et de ‘Ever – vers les profondeurs de l’abîme, vers le statut d’esclave en Egypte, lieu de l’emprise des 49 portes de l’impureté, un pays fermé, d’où aucun esclave n’a pu s’échapper, et d’où il est invraisemblable qu’il s’en échappera lui-même, dans un moment aussi obscure que celui-ci, quelle différence cela peut-il faire pour Yossef s’il respire des odeurs de goudron, de pétrole ou de parfums agréables ?!
Est ce que des parfums agréables pourraient lui être d’une quelconque utilité ou pourraient lui procurer une quelconque satisfaction dans un moment aussi dur ?!
Mais lorsqu’on approfondie les choses, on comprend que cette odeur agréable a une grande importance, et possède une dimension complètement différente.
Dans un moment de ténèbres comme celui-ci pour Yossef, lorsque son univers s’écroule sur lui, il était susceptible de tomber dans le désespoir.
En apparence, Hashem se détourne de lui totalement, il devient perdu et oublié !
C’est dans un tel moment aussi dur pour lui qu’on signifie à Yossef depuis le ciel qu’il n’en est rien !
Hashem est avec lui et il se trouve encore sous sa protection. Il ne doit donc pas perdre sa confiance en Hashem. C’est pour cela qu’Hashem lui envoi des parfums agréables, de façon surnaturelle, afin de lui montrer qu’il n’est ni perdu, ni oublié ! Bien au contraire, Hashem va marcher main dans la main avec Yossef, jusqu’à descendre avec lui en Egypte.
Ces bonnes odeurs de parfums sont donc un rayon de lumière dans l’obscurité où se trouve Yossef, et c’est ce rayon de lumière qui va ouvrir une nouvelle porte d’espoir à Yossef.
Nous comprenons à présent que ces parfums n’avaient pas seulement la vocation d’éviter à Yossef des mauvaises odeurs, mais aussi (et surtout) de lui montrer la bienveillance d’Hashem à son égard, afin qu’il se renforce, qu’il sache et qu’il ressente que même dans sa situation, il n’est pas abandonné, mais qu’Hashem l’aime et qu’il est avec lui. Yossef bénéficie à ce moment là d’un éblouissement de la face divine !
Il en est de même pour différents miracles qui se sont produits pour des buts apparemment sans grande importance.
Yossef à qui l’on évite les mauvaises odeurs.
Avraham à qui l’on évite de tourner la tête.
Mais à l’instar de Yossef Ha-Ysaddik, le miracle réalisé pour Avraham n’est pas si injustifié qu’il en parait !
La réalisation de la merveilleuse promesse faite par Hashem à Avraham « … Tout le pays que tu aperçois, je le donne à toi et à ta descendance. Je rendrai ta descendance semblable à la poussière de la terre; au point où, si l’on pouvait nombrer la poussière de la terre, ta descendance pourrait l’être aussi. Lève-toi ! Parcours cette contrée en long et en large ! Car c’est à toi que je la destine. » – promesse qui annonce la naissance du peuple d’Israël, et qui lui garantie la terre de Kéna’an – représente le but pour lequel l’univers fut crée.
Et c’est aussi à cet instant qu’Avraham Avinou bénéficie d’une attention particulière de la part d’Hashem :
De façon miraculeuse, Avraham n’a pas besoin de tourner la tête pour contempler le pays dans les 4 directions ! Ce miracle ne concerne absolument pas le peuple d’Israël mais seulement Avraham Avinou !
Un éblouissement de la face divine adressé exclusivement à Avraham Avinou à ce moment précis.
On retrouve également cette démarche chez Yo’heved (la mère de Moshé Rabbenou) :
Lorsque Bitya fille de Pharaon recueillit Moshé sur le fleuve lorsqu’il était bébé, elle demanda à ce qu’on lui trouve une nourrice. Myriam la sœur de Moshé alla chercher sa propre mère.
Bitya lui dit :
… « Emporte cet enfant et allaite-le moi, je t’en donnerai le salaire. » (Shémot 2-9)
Nos maitres commentent ce verset ainsi (Midrash Rabba Shémot chap.1-25) :
Rabbi ‘Hama fils de ‘Hanina dit : Il n’est pas suffisant pour les Tsaddikim qu’on leur restitue ce qu’ils ont perdu, mais on les rétribue également. Hashem lui a rendu son enfant, et il lui donne aussi un salaire !
Encore une fois, nous pouvons nous demander :
Quelle valeur ce salaire peut-il avoir pour une mère à qui on a restitué son fils ?!
Non seulement le sauvetage de l’enfant représente une délivrance pour sa famille, mais ils savent aussi qu’il est le libérateur d’Israël, et que leur délivrance dépend de lui.
Quelle importance cette rétribution de salaire miraculeuse peut-elle avoir en comparaison au miracle du sauvetage de l’enfant ?!
Mais les choses sont comme nous les avons expliquées !
Le salaire n’avait pas d’importance de part lui-même.
Il ne représentait qu’un éblouissement de la face divine adressé exclusivement à Yo’heved lors du sauvetage de Moshé Rabbenou.
La réussite de chaque détail de notre vie quotidienne est un véritable miracle d’Hashem, un sourire divin qui nous est tout particulièrement adressé, même si on a parfois du mal à l’interpréter en tant que tel, du fait de notre difficulté à admettre la justification de l’intervention divine dans certaines situations qui nous paraissent insignifiantes.
Généralement, un père exprime son amour envers ses enfants en leur offrant des choses qui ne leur sont pas forcément indispensables (les gâteries).
En effet, lorsqu’un enfant ne se comporte pas correctement, son père ne se souciera que de ses besoins vitaux.
Ce qui n’est pas le cas lorsqu’un enfant se comporte correctement, son père va le couvrir de toutes sortes de cadeaux, sans distinguer s’ils sont indispensables à son enfant.
Même si l’intérêt de l’enfant réside dans ses besoins vitaux plus que dans des gâteries superflues, malgré tout, la preuve de l’importance d’un enfant aux yeux de son père est exprimée exclusivement par des cadeaux qui ne sont pas indispensables.
Même s’ils peuvent paraitre superflus, éviter à Avraham Avinou de tourner la tête, ou éviter des mauvaises odeurs à Yossef Ha-Tsaddik sont des cadeaux d’Hashem sans raisons particulières si ce n’est l’amour qu’il leur exprime !
David A. PITOUN France 5775 [email protected]
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
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Publié initialement le 29 octobre 2014 – Mis à jour le 2 novembre 2019.