Parashat Kora’h (5774)
Yéhouda Moshé Charbit
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בס״ד
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PARACHAT KORA’H
La paracha de Kora’h traite de la fameuse rébellion de Kora’h contre Moshé. Se plaignant que tous les honneurs soient attribués à la famille de Moshé, Kora’h convainc une assemblée de deux cent cinquante personnes pour le soutenir et défie Moshé. Afin d’établir ouvertement sa légitimité et de faire taire la révolte, Moshé enjoint Kora’h et ceux qui l’accompagnent, à présenter leur encensoir et d’y mettre dessus le feu, tandis qu’Aaron en ferait autant. Hachem apparait alors sur la tente d’assignation et souhaite détruire toute l’assemblé pour leur attitude. Après que Moshé ait prié, Hachem décide de ne tuer finalement que les instigateurs de la faute. Ces hommes vont connaître une mort particulière : la terre s’ouvre et engloutit vivants, Kora’h et ceux qui l’accompagnent. Malgré cette manifestation de la volonté d’Hachem de maintenir son choix sur Moshé, le peuple se plaint de nouveau et conteste la légitimité d’Aaron. La conséquence de cette nouvelle manifestation est lourde car une épidémie frappe le peuple faisant plus de quatorze mille victimes. Comme si cela ne suffisait pas, Hachem va faire une nouvelle démonstration. Pour prouver qu’il n’agit pas de son propre chef et ne fait que suivre la volonté d’Hachem, Moshé va lancer un défi aux protestataires. Chaque tribu devra apporter un bâton sur lequel sera gravé son nom. Aaron, en tant que représentant de la tribu Lévi devra en faire de même. Le bâton qui fleurira le lendemain sera le bâton de celui qu’Hachem aura choisi. Évidemment le choix d’Hachem se porte sur Aaron. La paracha se poursuit en citant un certain nombre de règles.
Dans le 16ème chapitre de Bamidbar, la Torah dit :
א/ וַיִּקַּח קֹרַח, בֶּן-יִצְהָר בֶּן-קְהָת בֶּן-לֵוִי; וְדָתָן וַאֲבִירָם בְּנֵי אֱלִיאָב, וְאוֹן בֶּן-פֶּלֶת–בְּנֵי רְאוּבֵן׃
1/ Il prit, Kora’h, fils de Ytsar, fils de Kéhat, fils de Lévi, avec Datane et Avirane, fils d’Éliav, et One fils de Péleth, fils de Réouven.
ב/ וַיָּקֻמוּ לִפְנֵי מֹשֶׁה, וַאֲנָשִׁים מִבְּנֵי-יִשְׂרָאֵל חֲמִשִּׁים וּמָאתָיִם, נְשִׂיאֵי עֵדָה קְרִאֵי מוֹעֵד, אַנְשֵׁי-שֵׁם׃
2/ Ils se levèrent devant Moshé, avec des hommes de parmi les enfants d’Israël, deux cent cinquante, des chefs de l’assemblée ceux qui sont appelés pour les réunions, des hommes de renom.
ג/ וַיִּקָּהֲלוּ עַל-מֹשֶׁה וְעַל-אַהֲרֹן, וַיֹּאמְרוּ אֲלֵהֶם רַב-לָכֶם–כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה; וּמַדּוּעַ תִּתְנַשְּׂאוּ, עַל-קְהַל יְהוָה׃
3/ Ils se rassemblèrent contre Moshé et Aaron et leur dirent : « c’est beaucoup pour vous, car toute l’assemblée, ils sont saints, et Hachem est parmi eux ; alors pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté d’Hachem ? »
ד/ וַיִּשְׁמַע מֹשֶׁה, וַיִּפֹּל עַל-פָּנָיו׃
4/ Moshé entendit et tomba sur sa face.
Comme chacun peut le constater, cette paracha est riche en événement et soulève beaucoup de questions. Pour permettre un développement complet du sujet, reprenons la révolte de Kora’h à son début. Dans le verset 3, Rachi explique la critique que Kora’h oppose à Moshé. Son raisonnement est basique : puisque Moshé est celui qui dirige le peuple en tant que roi, il n’est pas juste qu’il élise Aaron, son frère, en tant que Cohen Gadol. Toutefois, sur le premier verset, Rachi commente que la jalousie de Kora’h vient de la nomination d’Élitsaphane en tant que chef des enfants de Kéhat. En effet, en terme d’ascendance, Moshé et Aaron sont issus du premier fils de Kéhat (Amram), Kora’h vient du second fils (Yitshar), tandis qu’Élitsaphane descend du quatrième fils. Du coup, Kora’h jalouse Élitsaphane pour une nomination à un titre plus prestigieux que le sien. C’est pourquoi, il réunit une assemblée autour de lui et les habille d’un vêtement intégralement composé de fils d’azur (fils qui servent à la confection du tsitsit). Ainsi vêtus, ils se présentent devant Moshé et lui demandent : « un vêtement entièrement tissé d’azur nécessite t-il la présence de tsitsit à ses coins ? ». À cela Moshé répond par l’affirmative et provoque les rires de ses opposants qui lui rétorquent : « Il suffit d’un fils d’azur pour rendre quitte un vêtement normal, à fortiori, un vêtement intégralement composé d’azur ne s’acquitte t-il pas lui-même ? ».
Il ressort que la révolte de Kora’h ne se porte pas seulement sur le prestige accordé à Moshé et Aaron, mais pire encore, elle s’oppose à tous les fondements de la Torah tels qu’enseignés par Moshé. Kora’h insinue que la Torah ne provient pas d’Hachem mais de Moshé lui-même has véchalom. Cela nous permet d’ailleurs de comprendre l’attitude particulière qu’adopte Moshé lors de ce passage de la Torah. En tout temps, Moshé a plaidé la cause des bné-Israël, allant jusqu’à se sacrifier pour les sauver du courroux d’Hachem. Toutefois, dans ce cas précis, en plus de ne pas les sauver, il réclame leur mort et pas n’importe laquelle. Il s’agit d’une mort surnaturelle, la terre doit les engloutir vivants, quitte à modifier les lois de la nature pour appliquer une telle sentence. Le choix de Moshé ne se fait pas par colère envers ses opposants, mais par nécessité. Moshé comprend qu’en l’état, tout ce qu’il a enseigné aux bné-Israël est remis en cause. L’intégralité de la Torah et des mitsvot est en péril. C’est pourquoi Moshé demande à Hachem une intervention exceptionnelle qui manifestera ouvertement où se trouve la vérité, à l’image du don de la Torah pour lequel Hachem est venu lui-même certifier la véracité de l’alliance. Dans notre cas aussi, Moshé souhaite un dévoilement total permettant d’éradiquer le doute de l’esprit du peuple et de rétablir la foi des bné-Israël en ses paroles.
De là, apparaissent de nombreux problèmes. Le premier est particulièrement étonnant. Comment comprendre qu’une telle intervention de la part d’Hachem ne provoque aucun changement sur les bné-Israël ? En effet, après que la terre est engloutie, Kora’h et son assemblée, qu’un feu dévorant soit envoyé par Hachem pour bruler les deux cent cinquante qui ont apporté la kétoret, tout cela dans le but de prouver que c’est bien Moshé et Aaron qui avaient raison, le peuple continue de douter sur la légitimité d’Aaron ? Pire que cela, cette nouvelle plainte à l’encontre d’Aaron engendre une épidémie sur le peuple suite à la colère qu’elle provoque chez Hachem. Cette dernière provoque quatorze mille sept cents morts !! Il paraît fou de voir une première preuve si extraordinaire et de continuer à se comporter de la sorte !?
Mais là encore, cela ne suffit pas ! Au point d’en arriver à l’apparition d’un nouveau miracle, celui des bâtons. C’est ce dernier qui va mettre fin aux plaintes du peuple. D’où notre seconde question. Parmi tous les miracles mis en scène, il semble que celui des bâtons soit le moins extraordinaire. Dès lors, comment comprendre que se soit ce miracle qui convainc les bné-Israël, tandis que les autres, bien plus spectaculaires, ne changent rien à la situation ?
Rav Ita’h (dans son livre Yéérav alav si’hi) apporte une réponse fabuleuse sur ces questions. Il explique qu’en réalité, Kora’h n’a ni remis en cause l’essence divine de la Torah, ni même le caractère prophétique de Moshé rabbénou. Seulement, lui et son assemblée, ne parvenaient pas à comprendre et encore moins à croire, que le titre de Cohen et le service qui en découle ne soit octroyé qu’à Aaron et ses fils. Pourquoi un Cohen naitrait-il avec le droit de servir au temple, qu’il en soit apte ou non, tandis que pour le reste du peuple, aussi saint soit l’individu, jamais il ne pourrait prétendre à de telles fonctions ? De même que la grandeur issue de la Torah est l’apanage de tout le peuple, la grandeur issue de la prêtrise se devrait aussi d’être mise entre les mains de tous ! C’est ce que Kora’h insinue lorsqu’il dit : « כִּי כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים, וּבְתוֹכָם יְהוָה; וּמַדּוּעַ תִּתְנַשְּׂאוּ, עַל-קְהַל יְהוָה car toute l’assemblée, ils sont saints, et Hachem est parmi eux ; alors pourquoi vous élevez-vous au dessus de la communauté d’Hachem ? ». Pour Kora’h et son assemblée, il est inconcevable que l’exclusivité de la prêtrise soit donnée seulement à certains, c’est pourquoi pour eux, ce n’est clairement pas Hachem qui a donné cet ordre ! Partant de ce principe, c’est Moshé qui aurait promulgué son frère au détriment des autres has véchalom. C’est ce que nos sages insinuent lorsqu’ils expliquent tous les arguments de Kora’h (comme celui du tsitsit). À savoir qu’ils semblent indiquer que Kora’h renie l’ensemble de la Torah. Ceci n’est pas tout à fait vrai. Ce n’est pas tant que Kora’h affirme que tout est faux. Il s’agit plutôt d’une conséquence de la remise en cause de Moshé. Puisque Moshé est capable d’exclure les bné-Israël de la prêtrise alors que ce n’est pas le désir de Dieu, alors has véchalom, il pourrait le faire pour toutes les mitsvot. Dès lors la critique de Kora’h engendre le doute sur l’ensemble des enseignements de Moshé. À ce titre, Kora’h se permet même de dire que Moshé a tord, comme il le fait pour les tsitsit.
L’Admour Mikotsk ajoute que Kora’h faisait parti des personnes chargées de porter l’arche sainte. Lorsque pour la première fois de sa vie il a porté cette arche, il a senti une gigantesque sainteté l’envahir et l’élever dans des sphères extrêmement hautes. De là, il en a tiré un raisonnement simple. Si déjà, le port de l’arche engendre une telle élévation, alors la sanctification que doit connaître un Cohen lorsqu’il exécute le service du temple, et à fortiori lorsque le Cohen gadol entre dans le saints des saints, doit être infiniment plus grande ! Dès lors Kora’h se pose une question à priori légitime : comment concevoir qu’une telle élévation, qu’un tel dévoilement de sainteté ne soit réservé qu’à certains ? Pourquoi tous les bné-Israël ne seraient pas concernés par cette sanctification ?
Moshé comprenant cela propose un test. Que chacun prennent un encensoir et y fasse bruler la kétoret, qui est l’acte le plus saint, que le Cohen gadol ne faisait que le jour de Kippour dans le saint des saints. Or, il s’agissait là d’un acte extrêmement dangereux comme le note Rachi car seul le Cohen a le droit de pratiquer ce service. Toute autre personne qui ferait cela le paierait de sa vie ! Ainsi, si en effet Moshé ment et que la prêtrise était accessible à tous, alors ces hommes devraient survire. Par contre, si Moshé dit vrai, ils sont sensés mourir ! Moshé tente de les dissuader en leur proposant de risquer leur vie. Cependant, bien que cela soit très dangereux, Kora’h et les hommes qui l’accompagnent ne s’inquiètent pas. Ils sont persuadés d’avoir raison, c’est pourquoi il leur paraît impossible d’être puni pour la pratique d’une mitsvah. La prêtrise étant à leurs yeux accessible à tous, ils sont sûrs de bien agir et de ne pas mourir.
Dès lors revient notre question. Puisqu’en effet, ces hommes sont morts, n’était-ce pas la preuve que Moshé avait bel et bien raison et qu’il ne mentait pas ?
Justement pas. Les bné-Israël poursuivent leur révolte. Le peuple est parfaitement conscient du raisonnement qu’ont tenu Kora’h et son assemblée. Il leur paraît clair que Kora’h était un tsadik et que tous les hommes qui l’accompagnaient l’étaient également. Il ne s’agissait pas d’une simple révolte d’une personne lambda contre Moshé. Au contraire, c’était un acte réfléchi et orchestré par un désir de spiritualité. En clair, les arguments du Kora’h étaient corrects et toute la raison de sa mort provient de Moshé qui a prié pour cela ! C’est d’ailleurs ce qui motive la seconde révolte, car en effet les bné-Israël disent à Moshé (bamidbar, chapitre 17, verset 6) « אַתֶּם הֲמִתֶּם, אֶת-עַם יְהוָה Vous avez mis à mort le peuple d’Hachem ! ». En clair, Kora’h et ses hommes sont le peuple d’Hachem ! Mais c’est vous (Moshé et Aaron) qui les avez tués en priant pour leur mort ! Les bné-Israël persévèrent et continuent d’affirmer que la prêtrise est l’affaire de tout celui qui la mérite et non d’un lignage exclusif ! C’est pourquoi ils sont frappés de l’épidémie qui engendre une mortalité énorme et fait taire la révolte. À partir de là, les bné-Israël ne vont plus se plaindre ni se rebeller. Toutefois, en eux demeure l’incompréhension, ils ne parviennent pas à comprendre où se trouve la faute d’une personne qui cherche à servir encore plus Hachem ? En quoi Kora’h faute t-il lorsqu’il désire faire plus et servir Hakadoch Baroukh Hou comme le font les cohanim ?
Il est évident que leur intention est bonne. Cependant, une bonne intention ne définit pas une bonne action. Seul Hachem connait le véritable bien et le véritable mal. C’est pourquoi il nous a indiqué à travers la Torah ce que nous devons et ne devons pas faire. Aussi bonnes soient nos intentions nous pouvons nous tromper. D’ailleurs c’est peut-être là l’explication de l’interdiction pour Adam Harichone de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Afin de lui enseigner que cette connaissance est l’exclusivité d’Hachem et pas celle de l’homme. Car seul le maître du monde connait le bien et le mal véritable et lorsque l’homme tente d’atteindre une telle compréhension il engendre sa propre mort, comme c’est le cas depuis qu’Adam a gouté ce fruit. Ce n’est pas à l’homme de juger ce qu’il doit faire. Et c’est ce qu’Hachem va maintenant démontrer au peuple.
En effet, comme nous l’avons dit, le peuple a cessé sa révolte, mais reste toute de même perplexe. C’est pourquoi, Hakadoch Baroukh Hou va faire un nouveau miracle. Il demande à chaque chef de tribu de placer son nom sur son bâton et Aaron doit en faire de même. Ces derniers doivent ensuite être placés dans la tente d’assignation et l’homme qu’Hachem aura choisi verra son bâton fleurir. Évidement, le lendemain, les bné-Israël se rendent comptent que c’est le bâton d’Aaron qui a fleuri et chacun a récupéré son bâton. Sur cela, nous ne comprenions pas en quoi ce miracle permet-il de répondre aux bné-Israël plus que les autres miracles.
À cela une réponse peut être apportée par les mots du Messilat Yécharim qui dit (chapitre 26) : « La sainteté revêt d’un double aspect. Il faut dans un premier temps travailler pour obtenir dans un second temps la récompense, dans un premier temps l’effort, dans un second le cadeau ! ». Cela signifie que la sainteté n’est pas seulement le fruit de notre labeur et de nos efforts. La sainteté est un cadeau, un présent qu’Hachem nous offre ! Il est évident bien sûr que le travail personnel joue un rôle important et permet de combler nos défaillances pour nous élever. Cependant, avec ses seuls efforts, l’homme ne peut accéder à la sainteté si ce n’est lorsqu’Hachem la lui offre ! Telle a été l’erreur de Kora’h et de son assemblée et telle est la réponse d’Hachem. Kora’h pensait que la sainteté ne dépendait que du travail de l’homme, c’est pourquoi il a affirmé « כָל-הָעֵדָה כֻּלָּם קְדֹשִׁים car toute l’assemblée, ils sont saints ». En clair, tout le monde peut prétendre à la sainteté au même titre que les cohanim. Du coup, il ne faut pas restreindre ce privilège au lignage mais à toute personne qui se donnerait les moyens d’atteindre le niveau adéquat ! Il n’avait pas compris qu’au contraire, la sainteté est un cadeau qui provient du ciel. C’est ce qu’Hachem démontre par le miracle des bâtons. Hakadoch Baroukh Hou dit (chapitre 17, verset 20) : « וְהָיָה, הָאִישׁ אֲשֶׁר אֶבְחַר-בּוֹ–מַטֵּהוּ יִפְרָח Ce sera, l’homme que je choisirai, son bâton fleurira ». Ce n’est qu’après qu’Hachem l’ait choisi que son bâton fleurit. Non pas que son bâton est meilleur que les autres, mais seulement parce qu’Hachem l’a choisi ! Dès lors son bâton fleurit et donne des fruits. De même dans ce qui relève de la sainteté. Ce n’est que lorsqu’Hachem choisit de nous l’offrir que nous y avons accès. Mais jamais parce que nous l’avons décidé !
Il paraît tout de même légitime de se demander pourquoi il en est ainsi. Humainement, nous pensons comme Kora’h et estimons qu’il est plus convenable de choisir le meilleur pour un poste. Ainsi, pour la prêtrise, l’homme le plus méritant doit être nommé. En réalité, nous devons comprendre une notion de base. Quand bien même nous ferions tous les efforts envisageables au cours de notre vie, jamais nous ne pourrions prétendre mériter de nous tenir devant Hachem. Ni nous ni aucun Cohen ! La seule raison pour laquelle cela est possible, que des hommes aient pu entrer dans le saint des saints est la bonté absolue d’Hakadoch Baroukh Hou. C’est pourquoi, un Cohen qui apporte les sacrifices destinés à lier le créateur et ses créatures, devient automatiquement inapte, s’il pense ne serait-ce qu’un instant, qu’il est choisi parce qu’il le mérite. Personne ne peut mériter un tel honneur ! Nous comprenons maintenant pourquoi il est nécessaire d’établir une transmission héréditaire qui n’est absolument pas basée sur le mérite ! Car alors, le Cohen qui présente les sacrifices à Hachem sait que s’il peut faire cela, ce n’est que parce que son père était Cohen et qu’il lui a transmis ce cadeau. Par cela, l’homme en question perd toute raison de s’enorgueillir, et comprend que c’est Hachem qui a décidé de le faire naître Cohen mais que lui n’y est pour rien ! La seule chose qu’il doit avoir à l’esprit est « וְהָיָה, הָאִישׁ אֲשֶׁר אֶבְחַר-בּוֹ–מַטֵּהוּ יִפְרָח Ce sera, l’homme que je choisirai, son bâton fleurira ».
Grâce à cette phrase le peuple comprend, que Moshé et sa Torah sont vérité et dès lors, chacun récupère son bâton. Aaron le récupère afin de conserver la preuve qu’il est celui qu’Hachem a choisi ; tandis que les autres le récupèrent afin de se souvenir qu’ils ne peuvent prétendre à la prêtrise.
Tout notre raisonnement nous mène à comprendre la fin de la paracha sous un autre angle. Un passage semble anodin mais prend toute son importance lorsque nous y réfléchissons. Suite à la démonstration définitive d’Hachem, le peuple dit à Moshé (chapitre 17) :
כז/ וַיֹּאמְרוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, אֶל-מֹשֶׁה לֵאמֹר: הֵן גָּוַעְנוּ אָבַדְנוּ, כֻּלָּנוּ אָבָדְנוּ׃
27/ Les bné-Israël dirent à Moshé en disant : voici, nous mourrons, nous sommes perdus, nous sommes tous perdus !
כח/ כֹּל הַקָּרֵב הַקָּרֵב אֶל-מִשְׁכַּן יְהוָה, יָמוּת; הַאִם תַּמְנוּ, לִגְוֹעַ׃
28/ Quiconque s’approche près du michkan d’Hachem, mourra. Sommes-nous condamnés à périr ?
Après ces phrases du peuple, Hachem demande aux cohanim et aux Léviim d’êtres les responsables de leurs camps et d’empêcher les bné-Israël de s’en approcher.
Le passage que nous venons de citer paraît invraisemblable. Pourquoi devraient-ils tous mourir ? De quoi ont-ils peur ? Si c’est l’approche du michkan qui provoque la mort, ne suffit-il pas de ne pas s’en approcher pour vivre?! Pourquoi est-il nécessaire que les cohanim et les léviim surveillent ?
La réponse est stupéfiante ! Les bné-Israël de cette époque étaient tellement grands, tellement attirés par la sainteté, qu’il leurs paraissait parfaitement impossible de vivre à proximité du michkan sans tenter de s’en approcher encore plus ! Et c’est là que nous trouvons tout ce qui a poussé Kora’h dans sa rébellion. Kora’h et tous les bné-Israël qu’il a côtoyé, ressentaient la sainteté non pas comme une possibilité, mais comme une nécessité absolument vitale. Les bné-Israël ne pouvaient pas se passer de la proximité d’Hachem et n’auraient jamais pût résister à la tentation d’entrer dans le michkan ! C’est pour cela que Kora’h n’était pas d’accord, il pensait que c’était impossible de vivre ainsi ! Tellement que l’attraction était grande, les bné-Israël craignaient pour leur vie, ils ne voyaient pas de possibilité de résister ! C’est pourquoi Hachem les écoute et instaure la mise en place des léviim pour empêcher quiconque de s’approcher !
Yéhi ratsone que nous soyons aussi attirés par la sainteté que l’étaient les bné-Israël et qu’à notre désir de sainteté Hachem réponde par la reconstruction de sa maison et revienne vivre aux côtés de son peuple, amen véamen.
Chabbat chalom.