Paracha Ki Tavo – Itsik Elbaz
Paracha Ki Tavo
Leilouy nichmat Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
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Dvar Torah Paracha Ki Tavo
אשר לא עבדת […] בשמחה (דברים כח’, מז’)
Tu n’auras pas servi […] dans la Joie (Deutéronome 28 ; 47)
La Paracha Ki Tavo commence cette semaine avec le rituel des prémices, les premiers fruits de la récolte, que l’on devait apporter au Cohen pendant la fête de Chavouot. S’ensuit alors l’épisode où les tribus se disposent sur les monts Gérizim et Eva’al, afin d’entendre les bénédictions et les malédictions qui attendent le peuple, suivant son service Divin. Mais les malédictions s’achèvent avec le verset qui indique que ces mêmes malédictions ne touchent que ceux « qui ne servent pas H.achem dans la joie ». (Il aurait été compréhensible d’attribuer ces malédictions pour les gens qui ne servent pas ou se rebellent contre H.achem, or celui qui est visé sert H.achem sans gaieté de cœur). Pourquoi H.achem réserve-t-Il un si dur châtiment pour cela et quel lien y-a-t-il entre ce passage et les prémices ?
Ramban (Na’hmanide) explique que les malédictions décrites dans la section de Bé’houkotaï sont en rapport avec la destruction du premier Temple, alors que les malédictions rapportées dans Ki Tavo sont reliées à la destruction du second Temple, qui, comme nous l’enseignent nos Sages de mémoire bénie, a été détruite à cause de la haine gratuite. Or, le verset parle du manque de joie dans l’accomplissement du service Divin. Quel lien peut unir ces deux notions ? Simplement, l’on doit apprendre que celui qui perd sa joie voit rapidement la haine combler la place laissée vacante dans le cœur de l’homme. On fait alors naitre la haine gratuite.
Rav ‘Haïm de Volojine explique quant à lui que si un homme travaille sans entrain, c’est qu’il est sous contrainte ou asservi : c’est dire qu’il travaille pour celui qu’il considère comme un ennemi ! Si l’homme sert son maitre avec joie c’est qu’il l’aime et qu’il se sent proche de lui ! Et c’est là qu’intervient l’enseignement que nous devons tirer des prémices. Car, dans la Tradition, il y a une place très importante accordée aux premiers, il y a la loi du rachat du premier né (appelé Pidyon HaBen), la loi des premiers fruits de la récolte (Biccourim), les lois concernant les dimes pour les premiers nés des animaux (Ma’asser Bé’horot). En outre, l’ainé a une place particulière au sein de la famille. Car tout début induit une joie particulière, il s’agit du premier retour sur chaque investissement et effort que l’on a effectué depuis. Après avoir passé des mois à semer, labourer, sillonner, arroser et à patienter, on observe le fruit de son labeur : Les prémices ! Et c’est cela qu’on offre à H.achem, toute la joie de voir son travail récompensé après avoir tant peiné !
Et cette joie se retrouve à tous les débuts que l’on rencontre dans notre vie, tous les renouveaux aussi ! On voit que la Michna dans Avot (6 ; 6) que « La Torah s’acquiert par 48 manières » et l’une d’entre elles est la Joie !
C’est ainsi que l’on peut comprendre la Guemara dans ‘Haguiga (9b) « Celui qui étudie un passage cent fois ne ressemble pas à celui qui l’étudie cent une fois » (car en effet, au bout de cent fois, il n’est déjà plus nécessaire de répéter). Mais justement, le renouveau et la joie font toute la différence. Quand on reprend un passage déjà étudié, il faut se sortir les questions précédentes, les discussions passées pour pouvoir se focaliser sur un nouveau style de réflexion et assurément on verra un détail qui nous aura échappé la fois précédente. Un homme qui étudie de 100 manières différentes ne vaut pas un homme qui étudie de 101 manières différentes !
Une fois, le Noam Elimélé’h et son frère Rabbi Zoucha furent mis en prison en Russie avec d’autres malfrats. Au milieu de la cellule, était disposé un seau destiné aux besoins, ce qui rendait étude et prière impossible pour eux. Vint l’heure de Min’ha, l’un d’eux se mit à pleurer. Pourquoi pleures-tu ? lui dit son frère, si nous sommes dans l’impossibilité d’accomplir une Mitsva, alors c’est considéré comme si nous l’avions accompli, et l’on ne peut accomplir une Mitsva sans joie ! Ils se mirent alors à danser et à chanter, jusqu’à ce que les cris alertent
les gardiens qui demandent la raison de ce raffut. Les deux frères désignèrent le seau. Le garde l’enleva afin de leur ôter leur joie, sans savoir qu’il venait de leur octroyer la possibilité de prier Min’ha en toute sérénité.
להתפלל דרך הכנעה
ברכות דף י: « ואמר רבי יוסי ברבי חנינא משום רבי אליעזר בן יעקב אל יעמוד אדם במקום גבוה ויתפלל אלא במקום נמוך ויתפלל וכו’, לפי שאין גבהות לפני המקום וכו’ וכתיב תפלה לעני כי יעטף », וברש »י כתב « תפלה לעני דרך עניות« .
Notre position dans la prière.
Rabbi Eliezer ben Yaacov nous enseigne dans la Guemara Béra’hot (10b) quelle doit être notre position pour prier devant H.achem : il faut se tenir dans un endroit bas et non surélevé car personne ne peut se prétendre « grand » devant H.achem. En effet, il est écrit dans les Psaumes (102 ; 1) : « Prière du pauvre quand il s’emmitoufle ». Rachi explique ce verset : « תפילה לעני דרך עניות » il faut avoir une attitude qui ressemble à celle d’un pauvre humble et démuni lorsque l’on adresse nos prières à H.achem, une position qui témoigne de notre crainte et notre humilité devant Le Tout-Puissant. (Par le Rav Yossi Guigui)
Etincelles de Lumière
Les efforts
Le ‘Hafets ‘Haïm racontait souvent cette parabole à propos d’un homme qui souhaite réussir dans les affaires et fait beaucoup d’efforts, en pensant que seuls ses efforts ne permettront sa réussite. C’est l’histoire d’un homme qui se trouve dans le wagon d’un train et qui se lève pour pousser la charpente du wagon, pensant que son effort fera rouler le train plus vite.
Le Rav Chmouel Walkin, un de ses disciple, amena une autre parabole abondant le propos : Un vieux juif, pauvre, demandait aux cochers de la ville de l’amener vers une certaine destination, jusqu’à ce que l’un d’eux le prenne en pitié et accepte de le faire monter gratuitement.
Au cours de la route, le cocher remarqua que le pauvre portait ses bagages sur ses genoux au lieu de les poser sur le sol de la carriole. Lorsqu’il lui en fit la remarque, le vieil homme dit : « Tu as accepté de me conduire mes pas mes bagages, c’est pourquoi je les porte sur mes genoux pour que ton cheval n’ait pas à porter plus. » Et le cocher de lui répondre : « Mais ne comprends-tu donc pas que c’est mon fiacre qui transporte tes affaires ? Alors comment peux-tu penser à m’aider en essayant de porter tes propres affaires à la main ? »
Nous ressemblons à ce vieil homme, nous pensons aider H.achem en le soulageant de sa charge sans se rendre compte que c’est Lui qui nous porte et qui dirige ce monde.
Le ‘Hafets ‘Haim rajoutait aussi au sujet de la première parabole que parfois l’homme essaye parfois de pousser pour faire reculer le train, sans succès.
C’est là le point de l’histoire racontée par la Guemara de Chabbat (119a) du voisin de Yossef Mokir Chabbat (qui honore le Chabbat) à qui un astrologue avait prédit que toute sa fortune irait à Yossef. Celui-ci, afin d’essayer de contrecarrer ce présage vendit tous ses biens pour acquérir une pierre précieuse qu’il cacha dans son turban qui tomba dans l’eau pour être gobé par un poisson que Yossef acheta en l’honneur de Chabbat.
Ce sont justement les efforts de cet homme qui ont permis à Yossef de possèder toute la fortune qui lui était due.
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