Parashat ‘Houkat
Rav Moché Shapira
Rav Moché Shapira. Traduit et adapté par Rav Michaël Smadja
Les « eaux de la rébellion » ont entraîné l’interdiction à Moshé et de Aharon de rentrer en terre d’Israël. La faute comme elle est exprimée dans les versets, est difficilement compréhensible et nous allons essayer de l’expliquer en collant le plus possible au texte.
« Du fait que vous n’avez pas cru en moi et que vous n’avez pas sanctifier mon nom aux yeux des enfants d’Israël, pour cela vous n’amènerez pas cette communauté vers la terre que je leur ai donnée« .
Le Créateur a demandé à Moshé de parler au rocher comme il est dit: « et vous parlerez au rocher, à leurs yeux et il donnera ses eaux et tu leur sortiras de l’eau du rocher et tu feras boire la communauté et ses troupeaux« . Moshé n’ayant pas accompli de la bonne manière l’ordre divin, a frappé le rocher et par ce coup, il a fait sortir l’eau du rocher. A priori, Rashi explique que c’est sur ce fait que D-ieu leur reproche « que vous n’avez pas cru en moi et que vous n’avez pas sanctifié mon nom « . Car si vous aviez parlé au rocher, j’aurais été sanctifié aux yeux de la communauté: « ce que ce rocher qui n’a ni salaire ni punition, accompli l’ordre divin, à plus forte raison son peuple« .
Il faut comprendre: où y a-t-il un manque de confiance et de croyance dans cette histoire ? De plus quelle est la signification de cette action de « parler (dibour) au rocher » ? Le »dibour » fait référence à un dialogue explique le Gaon de Vilna. Que vient donc faire ce langage à propos du rocher ? A priori le langage de »amira » est plus adéquate c’est-à-dire une parole qui ne nécessite pas de réponse. Que veut dire alors « et vous parlerez au rocher » ? Quelle est la réponse que l’on doit attendre du rocher ?
Il y a écrit à propos de la création de l’homme: »et D-ieu créa l’homme poussière de la terre et insuffla dans ses narines une âme de vie et l’homme fut une âme vivante« . Onkélos traduit les mots »une âme vivante » par « un souffle qui parle« . C’est-à-dire il traduit le mot « âme » par « souffle » et « vivante » par « parlant« . Cette notion de « souffle » contient en lui le »dibour », la parole comme dans le verset: « mon souffle qui est sur toi et ma parole qui est dans ta bouche« . Et donc nous voyons que la vie « Haïm » est définie par la parole « dibour ». Et comme cette notion de vie est associée avec l’homme « âme vivante » »Néfech haïm », aux animaux qui sont appelés « êtres de vie » »baalé haïm » et les eaux appelées »eaux vives « , »maïm haïm ». Et donc la vie « Haïm » peut se définir par un jaillissement intérieur « une source » qui aspire à s’extérioriser, à se dévoiler. Cette vie aspire à se dévoiler. Ce jaillissement est une énergie qui se réveille et ne demande qu’à se dévoiler vers l’extérieur. C’est cela la fonction de la parole. Elle est l’engeance et la matérialisation de ce jaillissement intérieur dont sa nature est de vouloir se dévoiler et de là cet envie de parler, d’extérioriser les pensées.
Il est connu que toute la création, (et cela est une erreur de croire que le Créateur a créé des créatures des existences et des objets propres et indépendants), a été créée comme le verset le dit: « et tu as fait les cieux….et tu as insufflé la vie » tous les univers et toute forme d’existence, tu leur insuffles un souffle de vie. Toute cette existence n’est que souffle de vie. En fait le créateur du monde a créé la vie. Il y a une vie dans les cieux une vie sur terre et une vie dans les eaux. « Et tu fais vivre toutes tes créations ».
Il est à remarquer que tout objet a comme nom générique en langue sainte: « dévarim » même racine que »dibourim ». Aucune autre langue n’associe un objet avec une parole. Seule la Torah définie un objet par une parole. Quel lien y a-t-il entre l’objet et la parole? Pourquoi appeler le nom générique d’un objet « davar » au nom du « dibour »?
La raison est du fait que l’objet ne peut exister que par la parole: « et tu fais vivre toutes tes créations ». Chaque objet exprime quelque chose et cette expression est la matérialisation de sa vitalité car l’essence de chaque création est la parole divine qui ne cherche qu’à se dévoiler.
Nos sages enseignent sur le verset: « voici les engendrements des cieux et de la terre lorsqu’ils ont été créés » il ne faut pas lire « Béhibaram » » lorsqu’ils ont été créés » mais « Bé AVRAHAM » « voici les engendrements des cieux et de la terre que Avraham a engendré« . Les cieux et la terre ont été créés à partir de Avraham. Tous les engendrements de ces créations n’ont pu se matérialiser qu’à partir de la parole de Avraham. En fait Avraham est cette énergie qui a été insufflée dans la création et qui a permis à celle-ci de dévoiler sa part de divinité.
Nos sages rajoutent: « Toladot Hachamaïm Véaarets » »les engendrements des cieux er de de terre », les initiales de ces trois mots forment le mot « TOHOU » « le chaos ». Le monde était en chaos jusqu’à la venue de Avraham. A l’âge de 52 ans, il s’est révélé et ont commencé les deux mille ans de Torah.
Il est écrit que Avraham avinou accomplissait la Torah avant qu’elle ait été donnée. Comment cela peut-il se faire? Une des réponses est de dire que Avraham a appris la Torah de lui-même.
Que veulent dire ces mots « de lui-même il a appris la Torah » ? Nous avons reçu de nos maîtres que D-ieu a regardé la Torah et a créé le monde. Puisque la Torah est elle-même constituée des noms divins et donc toute la Torah est un dévoilement des qualités de D-ieu car ses noms sont en fait la « matérialisation de ses qualités ». Par ses noms nous pouvons comprendre comment D-ieu se dévoile dans son monde. Et toute la création est un dévoilement de ses qualités, dévoilement de ses noms. Avraham avinou traversait le monde et l’appréhendait comme un livre ouvert. Il lisait la Torah dans la création. Si nous « lisons correctement » le monde, si nous interprétons correctement le livre de la création, alors nous pourrons accéder par notre perception du monde à la Torah.
L’homme dont sa faculté à parler est pure sans défaut et entière, c’est-à-dire que durant toute sa vie, il n’a sorti aucune parole qui ne soit pas claire exacte et censée. Celui qui se sera maitrisé afin que ses paroles ne soient que des paroles de vérité, alors celles-ci seront en fait l’expression de son essence même sans aucune perversion et influence extérieure, sans aucun mélange de volonté étrangère »égotique ». La parole pure est la vie elle-même. Cet élan de vie qui se matérialise dans la parole. Énergie pure venant du plus profond de son être. Les paroles de Avraham étaient la Torah elle-même. Sa parole était l’essence même de sa vitalité. C’est ce qui est appelé « de lui-même il a étudié la Torah« . De Avraham, il n’a jamais jailli de paroles qui n’étaient pas vraies, elles sortaient de l’essence même de sa vitalité. Pour cela, il savait interpréter le livre de la création. Il lisait la Torah dans la nature et tous ses événements qui s’y passaient. Pour cela il est dit sur lui « Béhibaram » la vitalité de la création, c’est lui qui l’insufflait dans la nature afin de la faire devenir ce qu’elle devait devenir car il avait en lui toute l’énergie vitale de toute la création, tout le souffle vivant de la création.
Rabbénou Béhayé, à propos du Talmud qui explique que Avraham avinou portait une pierre précieuse autour de son cou et tout malade qui la voyait était guéri de suite, explique que « le cou de Avraham » et la pierre précieuse qui y était suspendue représentent en fait la force de la parole de Avraham avinou. Tout celui qui voyait cette pierre était guéri c’est-à-dire qu’il retrouvait sa vitalité vraie car la parole de Avraham était la vie elle-même, « et tu fais vivre toutes les créations« . Car la véritable guérison est le fait de retourner à sa vitalité originelle.
Dans la Paracha »H’oukat », il est écrit ainsi: « ceci est la loi de de Torah que D-ieu a ordonnée de dire » le Ramban explique ces mots « la loi de la Torah » ainsi: le mot « loi » »h’oukat » peut se traduire par « nih’kéka » « incrustée » ce qui est incrusté dans la Torah c’est-à-dire la Torah orale. « Voici ce qui est incrusté dans la Torah« . Dans cette Torah écrite est incrustée la Torah orale. Et donc il est écrit dans ce verset qu’il y a un lien entre la Torah orale et les lois de purification de toute impureté par le moyen de la vache rousse.
Il y a une différence entre une écriture « ktav » et une incrustation « h’akika ». Une écriture est quelque chose qui apparaît sur un support mais ne se confond jamais avec le support, ne devient pas »un » avec celui-ci. Par Contre une incrustation fait apparaître quelque chose d’autre chose. Elle est »un » avec son support. Le support a en lui l’écriture. L’écriture étant une partie du support, une partie de la pierre.
Dans les tables de la loi, les paroles ont été incrustées dans la pierre, elles sont la matérialisation de la pierre. Au moment où les enfants d’Israël ont entendu « je suis Hachem ton D-ieu » les paroles de Torah se sont incrustées dans leurs cœurs. Le cœur des enfants d’Israël n’a fait qu’un avec la Torah. Celle-ci est devenue l’énergie qui donne vie et qui modèle le cœur. Et lorsqu’ils ont entendu »vous n’aurez pas d’autres dieux », s’est disloqué le mauvais penchant de leurs cœurs. Ce même penchant qui à partir de la faute est devenu une part indissociable de leurs cœurs, s’étant diffusé en prenant une part prépondérante de la vitalité de leurs cœurs. Et donc ce qui s’est incrusté dans leurs cœurs, est devenu leur vitalité et ce qui s’est disloqué, s’est désolidarisé de sa vitalité. Cette énergie est soit bienfaitrice soit destructrice.
Ce que la Torah veut nous enseigner dans ce verset: « voici la loi de la Torah » est que la Torah s’est diffusée en nous, transformant notre cœur jusqu’au plus profond de notre être en une entité produisant une vitalité extrême de pureté qui va permettre à la vache rousse de nous purifier de l’impureté du mort. Uniquement ainsi, lorsque ces lois de la vache rousse vont être incrustées en nous (et c’est cela la Torah orale), lorsque nous changerons notre vision de la Torah et que nous la considérerons comme incrustée en nous devenant notre énergie vitale, que la vache rousse pourra nous purifier. La Torah qui est transmise à l’homme s’incruste en lui et ainsi se transforme en une part intégrante de sa réalité et non comme une écriture sur les pages de son cœur mais ces paroles de Torah sont sa réalité, la réalité de son cœur l’énergie vitale qui fait battre son cœur. « voici la loi de la Torah« . La Torah orale est en fait la façon dont nous devons recevoir la Torah. Percevoir les paroles de Torah comme étant une partie intégrante de ma réalité. Une partie de mon cœur et ainsi toutes les pensées que nous fabriquerons et toutes les compréhensions que nous échafauderons, le cœur lui-même les comprendra et puisque le cœur et la Torah ne seront qu’un, alors cette compréhension ne sera que Torah. Toute parole et toute compréhension ne seront que Torah. C’est cela la Torah orale.
Il y a une question dans notre Paracha: comment se fait-il que les lois de la vache rousse ont été enseignées dans cette Paracha qui se situe dans le temps, à la fin des quarante années des tribulations dans le désert alors que son utilité s’est matérialisée dès la deuxième année de la sortie d’Egypte au moment de l’édification de la tente de rendez-vous lorsque Nadav et Avihou sont morts dans la tente de rendez-vous et l’ont souillée? Voici que les enfants d’Israël avaient l’obligation dès ce moment d’être en état de pureté! Pour quelle raison la Torah a-t-elle repoussé l’enseignement des lois de l’impureté jusqu’à la fin des 40 ans dans le désert ?
En fait cette réalité qui s’appelle »Torah orale » ne pouvait se matérialiser que pour ceux qui allaient rentrer en terre d’Israël et non à la génération du désert. Cette génération avait Moshé Rabbénou et la Torah leur était donnée directement des cieux. Les prémices et la source de la Torah orale se trouvent dans le livre »Dévarim ». Ce qui est écrit dans ce livre n’a été enseigné au peuple que dans les cinq semaines qui ont précédé la disparition de Moshé Rabbénou. Les gens de la génération du désert n’ont pas connu les enseignements de ce livre. Jusqu’à ce moment, personne ne lisait le Shéma car sa lecture n’avait pas lieu d’être de même que la Mitsva de l’étude de la Torah car celle-ci n’a été dévoilée que dans le livre »Dévarim ».
Ceux qui vont entrer en terre d’Israël sont ceux qui vont hériter de cette terre sur laquelle il est écrit: « chacun sous sa vigne et sous son figuier« . La vigne représentant les secrets de la Torah et le figuier représentant les raisons de la Torah. En entrant en terre d’Israël, dans ces enseignements les enfants d’Israël vont s’occuper. Il y a une Mitsva à cacher les secrets de la Torah et à dévoiler les raisons de la Torah. C’est la Torah orale. Yéhochoua bin Noun est le principe même de la Torah orale et c’est lui qui a fait hériter la terre. Dans cette terre, il faut travailler, labourer semer récolter agir afin de vivre une vie matérielle et aussi par un travail intérieur et profond, s’occuper à vivre une vie de vérité. Ceux qui s’occupent à comprendre les secrets de la Torah sont appelés « moissonneurs de champ« . C’est ainsi que sont appelés ceux qui sont rentrés en terre sainte. Ce n’est pas le même travail accompli dans le désert. Le passage de traverse entre le désert et la Terre d’Israël est transmis dans le livre »Dévarim ». Et cela a commencé par la Paracha »et voici les lois de la Torah ».
Les élèves de Rabbi Yohanan ben Zakaï demandèrent à leur maître: par quel processus la vache rousse purifie-t-elle l’homme de l’impureté ? Il répondit que ce n’est pas le mort qui rend impur et non plus les eaux lustrales qui purifient mais ainsi a dit le créateur: « une loi, j’ai édicté, un décret j’ai décrété tu n’as pas l’autorisation de transgresser mon décret comme il est écrit » voici le décret de la loi« .
Quelle est cette réponse de Rabbi Yohanan ben zakaï ? Voici que la Torah dit le contraire! Ce n’est pas le mort qui rend impur ? Ce n’est pas le mort qui génère l’impureté ? Alors qu’est-ce qui génère l’impureté? Rabbi Yohanan nous dévoile un grand principe: ce n’est pas le mort qui rend impur mais le décret de la mort qui rend impur. Il y a écrit: « Je suis celui qui tue et qui fait revivre celui qui frappe (mah’atsit) et qui guérit (mérapé) et rien ne peut se sauver de ma main« . Nos sages expliquent ces paroles « celui qui frappe et qui guérit » ainsi: » cette même « cloison » (mah’atsit) je vais l’affaiblir (mérapé). Cette cloison que j’ai créée qui fait séparation entre les mondes supérieurs et les mondes inférieurs c’est-à-dire entre les mondes supérieurs éternels et les mondes inférieurs qui meurent, dans les temps futurs, cette mort, cette sensation d’impermanence ne sera plus une réalité. Cette cloison je vais l’affaiblir. Le mot « mah’atsit » définit la plaie de la mort c’est-à-dire la séparation d’avec l’éternité de la divinité. Cette séparation je vais l’affaiblir et remettre ce contact entre l’éternité et vous.
La racine du mot « Tamé » « impur » est « Satoum » « fermeture » »tamoun » »enfoui » « bouchon ». Fermeture de la perception. Être embrouillé, incertain. Le « timtoum » est une perception brouillée. Au contraire du mot « tahor » » pur » dont la racine est » tsohar » » tohar » clarté limpidité, perception claire et limpide.
Donc l’impureté représente l’incompréhension, l’impossibilité à percevoir la vérité, une sorte de cloison spirituelle hermétique qui empêche la perception de la vérité lumineuse et divine. La faute en fait provoque une fermeture de l’esprit, assombrit la clarté de la lumière divine. Et d’une compréhension limpide, la faute transforme le message en une information imprécise, rendant le monde tel que notre pouvoir imaginatif nous le transmet et non tel qu’il est réellement. Ce n’est pas le mort qui ferme notre perception mais le décret de la mort, conséquence de la faute qui obscurcit notre perception de la réalité. Lorsque D-ieu a décrété la mort, il a créé une cloison séparant l’homme de la source de vie réelle. Cette cloison spirituelle nous empêche de percevoir la réalité de la création. Un prisme empêche la lumière divine de se diffuser et de se dévoiler. Cette cloison se matérialise dans l’esprit au moyen de la puissance imaginative. Cette cloison est en fait l’ego qui se matérialise au moment de la perception soit intérieure soit extérieure.
Comment peut-on se purifier ? Comment peut-on écarter cette cloison qui nous sépare de la vérité ? Comment peut-on éliminer l’ego ?
Il y a une vérité qui a été dévoilée juste maintenant à la fin des quarante années. Il est aussi certain que les lois de la vache rousse ont déjà été enseignées au moment de l’édification de la tente des rendez-vous saints mais ce qui a été dévoilé à la fin des quarante années est la puissance de la purification qu’il y a dans les eaux lustrales « ceci est le décret de la loi« . Cette incrustation de la Torah, cette unification de la Torah avec le cœur est cette puissance de purification. C’est la Torah orale. Cette Torah a la puissance de transformer ce cœur en une centrale productrice d’enseignements de Torah, générateur de vie éternelle, « il a implanté en nous la vie éternelle« . Le créateur en nous donnant la Torah, a incrusté en nous la vie éternelle. Et lorsque la Torah se diffuse en nous pour devenir notre réalité, aucune cloison qu’est l’ego, aussi épaisse qu’elle puisse être ne peut faire séparation entre nous et la vie éternelle car celle-ci est déjà en nous. Cette incrustation en nous s’est dévoilée au moment où la Torah orale s’est dévoilée à nous.
Tous les gens de la génération du désert qui ont entendu « je suis Hachem ton D-ieu » et « tu n’auras pas d’autres dieux » sont morts dans le désert et ceux qui sont entrés en terre d’Israël n’ont pas reçu la Torah au mont Sinaï. Cette génération a eu besoin de recevoir la Torah orale que Moshé Rabbénou a transmis avant de partir en écrivant le livre de »Dévarim ».
Moshé Rabbénou ne pouvait pas rentrer en terre d’Israël à cause de la faute des eaux de la rébellion. Quelle est la différence entre « parler au rocher » et « frapper le rocher » ? Le fait de frapper donne l’impression que le rocher a fait sortir l’eau contre sa volonté. Moshé Rabbénou était à ce moment dans la continuation du don de la Torah ou la Torah a été donnée de force: « si vous l’acceptez, tant mieux sinon cet endroit même sera votre tombeau« . En fait cette Torah ne sort pas de nous mais elle vient des cieux supérieurs. La Torah orale n’a pas été donnée ainsi. Celle-ci doit venir de nous, de notre propre volonté. Elle doit se dévoiler à partir de notre cœur.
Le puits (béér) de Myriam après sa disparition est revenu par le mérite de Moshé rabbénou. D’où apprend-on cela ? De ce verset: « et Moshé a expliqué (biher) la Torah ». Le puits en fait est l’explication de la Torah.
Le fait de frapper le rocher qui est en fait le puits de Myriam, ne fait pas sortir l’essence même de la chose mais quelque chose qui n’est pas propre à lui. Contraint, un homme ne peut dévoiler sa propre réalité mais ce qui sort de lui malgré lui, ce qui est extérieur à lui.
Le Gaon de Vilna explique que cet enseignement qui dit: « les paroles de Torah ne peuvent se réaliser que dans une personne qui se tue pour elles » ne s’est matérialisé que du fait que Moshé a frappé le rocher. S’il avait parlé au rocher, les paroles de Torah ne se seraient réalisées que dans une personne qui parlerait les paroles de Torah. Le simple fait d’émettre des paroles de Torah aurait entraîné ce jaillissement sans aucune peine du plus profond de son être, de cette source de vie qu’est la Torah. Mais le fait d’avoir frappé le rocher, a entraîné que nous devons (nous frapper) peiner pour appréhender et percevoir la vérité de la Torah.
Si nous voulons faire sortir la Torah de celui qui apprend de nous, lui faire sortir des paroles vraies du plus profond de son cœur, nous devons croire en lui. Si nous n’avons pas confiance en lui alors nous sommes obligé de lui arracher de sa bouche mais cela ne sont pas des paroles qui sortent de son cœur.
Lorsque D-ieu dit: « vous n’avez pas cru en moi« cela ne veut pas dire qu’ils n’avaient pas confiance en D-ieu mais cela veut dire qu’ils n’avaient pas implanté cette confiance à ceux qui ont reçu la Torah d’eux. Vous ne leur avez pas fait confiance. Si vous aviez implanté en eux la »Emouna », la confiance en soi, il n’y aurait pas eu besoin de frapper le rocher.
Moshé ne s’est pas conduit avec le rocher comme nous devons nous conduire avec la Torah orale. L’ordre était de parler au rocher. De faire que le maître et l’élève ne deviennent qu’un et que la Torah jaillisse avec une vitalité extrême. Mais si tu frappes le rocher, celui-ci ne va pas fusionner avec toi et par cela les propres paroles de Torah ne pourront pas s’exprimer. Ce n’est pas la manière pour faire sortir la Torah qui est en nous, au plus profond de notre cœur.