Parachat Béréchit Rabbi Yérouham Leïbovitch. Rav Michaël Smadja
Parachat Béréchit Yérouham Leïbovitch
Cours de Rabbi Yérou’ham Zatsal (Machguia’h de la Yéshiva de Mir).
Traduit et adapté par le Rav Michael smadja
La conduite et la construction intellectuelle dans la création et la compréhension dans celle-ci.
C’est le grand principe que nous avons déjà expliqué: toute la création de son début jusqu’à sa fin est conduite par le principe des enchaînements fait de causes et de conséquences. Chaque chose a son impulsion en amont. Rien ne vient sans être la conséquence de quelque chose. Voici que cet axiome est évident au sujet de la matière, mais il faut savoir que même dans la spiritualité, il en est ainsi. Sagesse-intelligence-savoir aussi sont issus d’une impulsion créatrice qui les a fait naître. La sagesse peut être la cause de la connaissance et vice-versa la connaissance peut être aussi la cause de la sagesse. Mais quoi qu’il en soit chacune de nos pensées a eu une impulsion primaire qui l’a provoquée. Et l’homme a le devoir de remonter jusqu’à la cause de toutes les causes, c’est-à-dire jusqu’à la volonté primordiale de toute la création siège de l’impulsion génératrice de toute existence où il n’y a aucune appréhension, aucune construction logique: « tout ce qu’il désire, il le crée ».
Ce principe nous dévoile la puissance gigantesque qui se trouve dans les forces spirituelles de l’âme. Une puissance infinie. Lorsqu’un homme entend des paroles construites par un raisonnement lorsqu’il comprend une vérité qui a une construction intellectuelle logique, alors la chose est reçue et acceptée par son cœur. La cause en est semble-t-il parce que nous la comprenons bien. Mais en vérité, par quel processus, notre esprit relie cette vérité avec son raisonnement? Pourquoi sans raisonnement ou ce que je ne comprends pas ou ce qui n’a pas de logique est complètement hermétique à mon esprit. La vérité est ainsi: le grand secret est que toute la création est construite ainsi, faîte d’enchaînement de causes et d’effets. C’est-à-dire qu’elle a une construction logique, une chose faisant naître une autre chose qui entraîne une autre chose et ainsi de suite. Il se trouve que l’homme et tout ce qui le composent intérieurement et extérieurement, n’est qu’une suite de déclencheurs sans réalité propre puisque issus d’un processus de causes et d’effets. Tout est imbriqué dans une construction d’une logique implacable sans fin. Pour cela, notre esprit lui-même est construit de la sorte et son fonctionnement lui-même ne fonctionne qu’ainsi (Le Malbim explique la création ainsi: au départ, il y a une impulsion primaire qui engendre de la matière énergétique ex-nihilo le premier jour. De cette matière, toute la création va se mettre en branle, une création issue de cette matière entraînant une autre création les autres jours, la matière toujours en mouvement, en expansion jusqu’au jour du Shabbat. C’est cela la qualité de « Elokim » mettre des limites à la matière c’est-à-dire la créer imparfaite et la rendre parfaite au fur et à mesure. Une matière en perpétuel changement).
Le roi David a proclamé: « faites des louanges à Hachem tous les anges, toutes ses armées, les cieux des cieux, louez le nom de D-ieu car il a ordonné et ils ont été créés ». Le roi David a vu et connaissait parfaitement le cheminement, la construction faite de causes et de conséquences, pour cela, il a proclamé qu’il a vu qu’Hachem a ordonné et ils ont été créés » et c’est tout le secret de ce monde lorsqu’il n’y a pas de connaissance et de cheminement des événements, il est impossible d’atteindre la cause des causes et il est inévitable de se perdre dans les méandres de la matière.
« Il se rabaisse pour voir dans les cieux et dans la terre« . Un grand principe dans la confiance en Hachem est que nous pouvons voir depuis les créatures célestes les plus hautes jusqu’aux créatures terrestres les plus petites et jusqu’à la plus petite des feuilles la première impulsion créatrice. C’est-à-dire qu’Hachem se rabaisse pour se faire voir et se faire percevoir dans les cieux et dans la terre. Par exemple, dans une feuille il y a la puissance des racines de l’arbre d’où elle sort et ainsi dans toute créature, nous pouvons percevoir l’impulsion génératrice qui est sous-jacente dans son identité génétique. Par contre les peuples du monde ne peuvent percevoir la cause des causes, ne peuvent ressentir cette construction dirigée faite d’enchaînement de causes et d’effets et ainsi perdent leur lien avec le divin et affirment » au-dessus des cieux, est sa gloire » car ils ne perçoivent pas la première impulsion.
Il est écrit: « ne mettez pas votre confiance dans les hommes de grande renommée », comment un homme peut-il mettre sa confiance dans son prochain? Voici: » lorsque son souffle s’arrêtera, il retournera à la poussière! » Celui qui met sa confiance dans son prochain, en fait ne voit pas le cheminement de la création et donc, il se raccroche à ce qu’il peut et pense que seule son action présente influe sur le cours des événements à tel point qu’il ressent qu’il est le créateur et le maître de sa vie. Je suis et rien d’autre n’a de réalité. Lorsqu’un homme ne vit pas dans une construction où il n’est qu’une succession de causes et de conséquences, chaque action chaque parole chaque pensée chaque humeur n’est la conséquence que d’une impulsion qui a précédée et donc n’a aucune profondeur en soi pour ressentir une réalité et que seule l’impulsion primordiale à l’origine de la création est réelle et donc seule cette volonté est digne de confiance. Celui qui vit ainsi, comprenant qu’il n’est la résultante que d’une cause qui elle-même est la résultante d’une autre cause ne peut se considérer comme une réalité individuelle et ainsi pourra avoir le mérite d’atteindre l’impulsion primaire, énergie génératrice de toute création de ce monde.
« La sainte compréhension et la compréhension dangereuse »
Il a été éclairci que le principe de l’homme est de percevoir une construction logique dans le cours des événements: » et tu connaîtras aujourd’hui et tu les fixeras dans ton cœur ». C’est le fondement de toute la création, uniquement de connaître et de bien connaître. Et quelle est la signification du mot: « connaître »? Cela veut dire: » comprendre ». Il se trouve que la compréhension est un axiome extrêmement important dans la construction spirituelle d’un homme. Et pourtant c’est dans cette compréhension que se tapie le mal. La construction mentale est la source de tous les maux de ce monde. Comment ces deux cheminements complètement opposés peuvent être générés par une même source, proviennent d’une même matrice? La mitsva de comprendre et de rechercher un cheminement vers le divin et de l’autre côté, ce même ustensile qu’est le cerveau siège de la logique et de l’analyse peut être aussi source de danger si l’on ne fait pas attention à la manière de réfléchir!
Nos sages enseignent: « l’enfer et le paradis ne sont séparés que par l’épaisseur d’un fil de cheveux » ceci est un grand principe. Il est vrai que de connaître et comprendre l’enchevêtrement des événements l’un dans l’autre jusqu’à arriver à la cause primordiale, à l’impulsion génératrice de toute réalité est en vérité le pic du paradis, le sommet d’intensité de la proximité d’Hachem. La qualité divine d’un côté mais dans cette qualité est implanté le principe » l’enfer et le paradis ne sont séparés que par l’épaisseur d’un fil de cheveux » et il se peut que de cette observation même du cheminement vers Hachem, il y a une porte qui fait sortir l’homme de son monde. C’est-à-dire: si cette observation se fait avec un regard neutre, « rien ne vient de moi », aucun intérêt personnel, s’occupant à scruter les événements comme avec l’intention de s’acquitter de la mitsva positive de « et tu connaîtras aujourd’hui et tu le ramèneras vers le cœur » regardant sa vie et son monde comme un spectateur et non comme un acteur, réfléchissant sur tous les événements de la vie pour les comprendre et les expliquer d’une manière neutre dans leur véritable contexte sans prendre parti, sans penser que tout vient de lui, alors cette observation devient une approche sainte qui amène à la perception du divin. Et rien ne peut être aussi élevé. C’est cela réellement la mitsva de « et tu connaîtras aujourd’hui et tu le ramèneras vers ton cœur » ressentir l’impulsion qui nous fait agir. Mais dans ce sentier qui mène au divin, est enfouie la qualité même du mauvais penchant. Car voici, en ressentant à chaque moment cette impulsion, cela réveille en nous cette impression de réalité personnelle de plus en plus accrue, cette impression de comprendre et de réfléchir par nous-même. Une réalité de notre « égo », « je réfléchis- je comprends- je connais », se greffe sur cette compréhension supérieure de l’enchaînement des événements, notre « moi » issus de notre inconscient, réalité engendrée par notre corps et notre cerveau. Cela crée en nous automatiquement l’enfer, toutes les jalousies, tous les désirs et les honneurs. Cette impression que tout est dirigé conduit par nous-même, dépendant de notre force et de notre puissance. Alors se ferment les portes de la proximité d’Hachem, du paradis et s’ouvrent les portes de l’enfer en faisant grandir sa personnalité qui va de plus en plus prendre de place dans sa compréhension de la vie, qui va envahir son esprit jusqu’à en oublier le sens réel de sa réalité, la véritable approche de la vie. D’un chemin illuminé il construit un chemin obscur qui le sort de son monde pour le faire entrer dans un monde illusoire où tout n’est régit que par son « égo », illusion créée par son mauvais penchant.
Par cela nous pouvons comprendre l’explication du Ramban sur la faute du premier homme: « le maître du monde lui ayant ordonné de ne pas manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. C’est-à-dire qu’il lui a été ordonné de rester dans un état de « nature », (comme les astres qui sont ordonnés et qui font la volonté divine sans volonté propre). Mais Adam harichone voulait ressentir en profondeur ses actions afin qu’il ait une envie et un désir dans l’accomplissement de son service ». (Fin des mots du Ramban)
Explication de Rabbénou Yérouh’am: tout d’abord, il faut essayer de comprendre quelle était la situation du premier homme avant la faute. Est-ce qu’il était vraiment dans un état de non-sensibilité, ne ressentant aucune sensation de ce qu’il faisait? Agissait-il vraiment sans volonté ni envie? En vérité, le secret est ainsi: il est certain qu’il ressentait avant la faute des sensations extraordinaires de proximité divine. Il servait Hachem avec une volonté et un désir exacerbés jusqu’au paroxysme. Mais la différence d’état avant et après la faute était que toutes ces sensations extrêmes n’atteignaient pas sa personnalité, son « égo » car avant la faute, il n’en avait pas. Son esprit était enfermé dans un cerveau hermétique (le Malbim explique que le cerveau est la reconstitution exacte de l’arche sainte qui se trouve dans le saint des saints. L’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du cerveau représentent les 2 tables de la loi, le cervelet situé dans la partie occipitale du cerveau représente les débris des premières tables. Le tout protégé et enfermé dans 3 boites: la boite crânienne et 2 membranes appelées le » cortex cérébral » siège des émotions qui représentent les 3 boites de l’arche sainte). Donc le premier homme recevait les informations du divin par l’intermédiaire de ses 2 hémisphères mais elles ne transpiraient pas, n’étaient pas absorbées par les parois du crâne, c’est-à-dire n’étaient pas interprétées, décodées par le cortex cérébral, le siège des émotions. Sa conscience était pure, non-altérée, il percevait la présence divine à chacune de ses respirations, son corps était complètement sous l’emprise de sa conscience. Celle-ci se diffusait dans toutes les molécules de son corps.
Le fruit de la connaissance du bien et du mal a rendu poreux cette membrane du cortex cérébral et par ce fait, la lumière qu’Hachem envoyait à l’homme et rentrait dans son esprit par l’intermédiaire des 2 hémisphères se diffusait dans ce cortex et atteignait le siège des émotions, c’est-à-dire que l’information était encodé soit en bien mal ou neutre. Et par ce fait, sa réalité était voilée. Adam avait bien compris cela et justement ainsi, il voulait servir Hachem. Dévoiler la face cachée du divin. Faire ressortir de l’obscurité, les forces divines. Mais il ne se doutait pas que la transformation de sa perception allait créer en lui une personnalité illusoire issus de son inconscient qui lui-même était la résultante de cette interaction qui a été créée par la consommation du fruit de la connaissance du bien et du mal. Car de même que le cortex cérébral qui est devenu poreux, absorbait la lumière divine venue des 2 hémisphères cérébraux, devenant ainsi un tissu transmetteur et de même que la conscience ayant son siège dans les 2 hémisphères se diffusait dans le siège des émotions, ainsi ces émotions pouvaient influencer cette conscience car un pont à double sens s’était établi entre le corps et la conscience. Le corps pouvait altérer la conscience. Avant la faute, le corps ne pouvait pas envoyer des messages émotionnels à la conscience tels que le désir la peur l’envie la colère qui sont en fait des conséquences de l’orgueil…. Car toutes ces qualités ne sont que des messages du corps que le cortex cérébral traduit en émotions. Le corps va altérer la perception de la réalité de la conscience en créant une personnalité inconsciente, l’orgueil, cet « égo » qui va fausser la perception de l’homme.
Voici le grand danger qui est tapi dans cet instrument extrêmement sophistiqué qu’est le cerveau: d’un côté le paradis de l’autre l’enfer. Qu’est-ce qui différencie le paradis de l’enfer? « Moi » avec un grand « M ».
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