Parachat Vaét’hanane – Itsik Elbaz
Parachat Vaét’hanane
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Dvar Torah sur Parachat Vaét’hanane
ואתחנן אל ה’ (דברים ג’, כג’)
Et j’implorerai l’Eternel (Deutéronome 3 ; 23)
Au terme de quarante ans passés dans le désert, Moché implore la clémence divine de lui accorder le droit d’entrer en Terre d’Israël, à l’aide de 515 prières qu’il fait. Mais H.achem ne l’exauce pas et lui demande de s’arrêter. Rachi commente sur le premier passage : « Il ne s’agit là que d’une demande de charité gratuite de la part de Moché ». Sur ce passage, deux questions : (1) D’où vient l’explication des 515 prières que Moché fit et pourquoi demanda-t-il une faveur sous forme de charité gratuite (alors que Moché aurait pu demander pour son propre mérite ou le mérite de ses ancêtres) ? (2) Pourquoi, quand H.achem lui annonce qu’il ne sera pas exaucé, il utilise l’expression « Assez pour toi ! » (en hébreu רב לך), cette expression reste pour le moins inusité et il existe beaucoup d’autres expressions similaires, alors pourquoi celle-ci est expressément utilisée ?
Le Midrach rapporte que si Moché avait fait une prière de plus, il aurait été accepté en Terre Sainte. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait alors ? Il faut remarquer qu’entre le 15 Av et le 7 Adar s’écoule exactement 200 jours, le 15 Av étant la date marquant la fin de l’épidémie des 40 ans du désert (car chaque soir, des gens du peuple mourraient dans leurs sommeils), Moché se mit alors à prier pour que son sort soit lui aussi inversé, et ce, jusqu’au 7 Adar, jour de sa Ptira (disparition). Or, durant cette période, il y a 28 Chabbat et l’on ne peut prier pour ses affaires personnelles le Chabbat. Il reste donc 172 jours, avec trois prières par jour soit 516 ! Mais étant donné que Moché ne pria pas la veille du 15 Av (car ils s’aperçurent que l’épidémie cessa seulement le matin), l’on tombe donc à 515 prières. De plus, 515 est la valeur numérique de ואתחנן (6+1+400+8+50+50) mais aussi celle de אשחור (1+300+8+6+200). Qui est Ash’hor ? La Guemara dans Sota 12a répond qu’il s’agit de Caleb qui entrera en Israël. Moché voulait faire comprendre qu’il souhaitait un sort comparable à celui de Caleb.
Concernant la charité gratuite que Moché demanda, il faut savoir que H.achem fait comprendre à Moché qu’il lui a mis les Rois géants Si’hon et Og entre ses mains et en faisant trembler les légions ennemies (2 ; 25). Moché prit peur et se demanda si son mérite n’avait pas été épuisé lors des guerres qu’il mena. C’est pourquoi H.achem lui répond en lui disant רב לך , Assez pour toi ! Ici H.achem tient à rassurer Moché en lui disant que son mérite est loin d’être épuisé et il en a beaucoup (qui est une autre traduction de רב).
Autres explications : La première, c’est que Moché employa lui aussi cette expression lorsque Kora’h vint le trouver avec son assemblée. H.achem veut faire comprendre à Moché que parfois deux petits mots peuvent engendrer une grande souffrance pour celui qui est touché, car Moché aurait peut-être du surveiller sa parole. En effet, peut-être y avait-il parmi la communauté de Kora’h des gens simples qui souhaitaient réellement accomplir le rôle de Cohen Gadol en toute honnêteté afin de se rapprocher du service divin ! Quelle peine ces gens ont-ils pu avoir de voir leurs projets stoppés en plein élan ! C’est pour cela qu’il faut voir les conséquences de nos paroles et parfois de leurs implications possibles à long terme.
La dernière explication, que j’ai entendue de Rabbi Gabriel Suissa za’l, est que si Moché entrait en Israël, il aurait été proclamé automatiquement Machia’h. H.achem lui adresse une allusion : Moché, ne t’évertues pas, j’ai déjà choisi les parents de Machia’h, il s’agit de רות (Ruth) et de בועז(Boaz)(qui constituent à eux deux l’acronyme רב).
L’on raconte que le jour du 17 Tamouz, dans la Yéchiva de Radin (en Lituanie) deux étudiants décidèrent d’étudier dehors afin de se rafraichir en ce jour de jeune, ils sortirent et continuèrent à parler de Torah, jusqu’à qu’ils se rendirent compte qu’ils étaient devant un champ. Un non-juif les aperçut et les saluèrent en disant : « Comment se porte votre maitre Israel Méir ? »
Les étudiants étonnés lui demandèrent des explications quant au fait qu’il connaisse et appelle par son prénom leur maitre le ‘Hafets ‘Haim. Il s’expliqua : « Un jour, j’entendis des hurlements dans la forêt, pensant à un loup, je décidais d’aller le chasser. Mais lorsque je m’approchais, je remarquais qu’il s’agissait d’un homme en larmes par terre. Je le questionnais. Il me dit qu’il s’appelait Israel Méir et qu’il s’apprêtait à publier un livre de lois juives (le Michna Broura) et venait ici prier et pleurer que ce livre ne cause aucun tort d’interprétation au peuple juif. »
Le non-juif, impressionné conclut : « Quel mérite vous avez d’avoir des gens qui se soucient autant de leur peuple pour prier avec autant de ferveur. »
תעשה המצוה – בלי חשבונות על התוצאות
ברכות דף י. « בימים ההם חלה חזקיהו למות, ויבא אליו ישעיהו בן אמוץ הנביא ויאמר אליו כה אמר ה’ (צבאות) צו לביתך כי מת אתה ולא תחיה וגו’, אמר ליה מאי כולי האי, אמר ליה משום דלא עסקת בפריה ורביה, אמר ליה משום דחזאי לי ברוח הקדש דנפקי מינאי בנין דלא מעלו, אמר ליה בהדי כבשי דרחמנא למה לך, מאי דמפקדת איבעי לך למעבד, ומה דניחא קמיה קודשא בריך הוא לעביד« .
Accomplir la Mitsva sans se préoccuper de ce qu’il en résultera.
La Guemara dans Béra’hot (10a) nous raconte que le Roi Hizkiyaou tomba malade, le Prophète Yeshayaou vint alors lui rendre visite pour lui annoncer que sa fin approchait et qu’il devait penser à rédiger un testament. Hizkiyaou lui demanda : « Pourquoi aie-je mérité de mourir soudainement ? » et le prophète lui répondit : « car tu n’as pas eu d’enfants et tu n’as pas cherché à avoir de descendance ». Hizkiyaou se justifia en expliquant qu’il avait vu en prophétie que sa descendance ne serait pas restée dans le droit chemin. Yeshayaou lui répondit: « pourquoi te mêles-tu des projets de H.achem ? Tu dois faire ce que H.achem te demande et ce qu’Il décidera par la suite est entre les mains divines!
Nous devons accomplir les Mitsvot sans faire de calcul, faire notre devoir et laisser H.achem décider du reste.
שמירת הלשון 13 Av – 19 Av
- 13 Av – Il faudra faire attention à ne pas réveiller l’inimité entre deux individus, car celui qui n’est pas circonspects dans ses paroles peut attiser les flammes de la haine sans s’en rendre compte. Il sera donc défendu de parler d’un incident qui a pu causer de l’animosité entre deux protagonistes.
- 14 Av – Il sera défendu de dire des phrases de type : « Je ne veux pas vous rapporter ce que X dit sur vous », car cela sous-entendrait que X émet des ragots. Si l’allusion est intentionnelle, il s’agit d’une interdiction de la Torah, mais cette phrase est dite naïvement, alors on n’aura transgressé un avak ré’hilout.
- 15 Av – Lorsqu’il s’agit de louer sincèrement une personne, il faudra veiller à ne pas le faire devant des personnes de sa famille ou ses associés qui se sentiraient contrariés ou lésés de quelque manière que ce soit.
- 16 Av – Si l’on demande une aide, financière ou autre, à quelqu’un, il ne faudra pas nommer un précédent bénéficiaire de cette aide (sauf si le donateur aime qu’on lui rappelle sa générosité). Mais si mentionner un nom aura pour but d’irriter le donateur (qui ne souhaite pas que tout le monde soit mis au courant de sa fortune et que la communauté entière frappe à sa porte) ou pour appuyer sa demande de don, alors ce sera interdit.
- 17 Av – Le avak ré’hilout représente un ragot de degré moindre, qui ne cause ni dommage ni animosité mais qui peut faire naitre de la mauvaise humeur chez le concerné. Un exemple de la Torah : Lorsqu’on vint annoncer à Sarah qu’elle était enceinte, elle rit en disant qu’elle ne pourrait enfanter, étant âgée, ainsi que son mari. Le fait de dire qu’Untel est vieux est un constat, cela ne cause ni dommage ni ne nuit. Pourtant, il reste néanmoins désagréable d’entendre son épouse parler de soi comme d’un vieillard. Rapporter cela constituerait du avak ré’hilout.
- 18 Av – Le avak ré’hilout le plus grave consiste à révéler un secret ou une information tenue confidentielle. Si en plus de cela, ce secret peut causer un préjudice, alors la faute du lachone ara est rajoutée. Même si aucun dommage n’est à prévoir, l’on est considéré comme un colporteur.
- 19 Av – De la même manière qu’il existe un lachone ara constructif, il existe aussi des ragots susceptibles d’être constructifs. Mais les conditions préalables nécessitent une grande objectivité, ainsi qu’une parfaite compréhension des évènements.
PS : La semaine prochaine ב »ה, nous terminerons les lois de Chemirat HaLachone. A la place, l’on publiera une ou deux histoires du ‘Hafets ‘Haim par semaine, tirée du livre Etincelles de Lumière.