Parachat Vaéra Rav Moché Chapira. Traduction et adaptation par Rav Michaël Smadja
Parachat Vaéra Rav Chapira
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Avant la sortie d’Égypte, D-ieu agit d’une manière qui est adéquate aux cheminements de la nature. Quelqu’un qui est jeté dans une fournaise, doit être brûlé, mais Avraham notre patriarche n’a pas été brûlé. Avant la sortie d’Egypte, ce miracle ne pouvait être possible uniquement selon les limites des lois de la physique. Car en théorie cela est possible, dans le monde certaines choses sont ininflammables ou ignifuges. Les miracles de la sortie d’Égypte sont une autre sorte de miracles qui n’ont pas de lien avec les lois physiques.
Dans le Talmud, il est rapporté qu’au moment où Avraham a été jeté dans la fournaise, l’ange Gabriel a demandé l’autorisation à D-ieu de descendre pour refroidir le feu. D-ieu lui répondit: « Je suis un dans mon monde et lui est un dans son monde, il est approprié que l’unique sauve l’unique« . Avraham notre patriarche est appelé « un » par D-ieu. Nos sages expliquent cet enseignement ainsi: « Tout le monde est d’un côté. Avraham est seul de l’autre côté de la rive« . Il ne faisait partie d’aucun groupe. C’est lui qui a créé le groupe. Le Rambam dit qu’il a créé un peuple. C’est-à-dire qu’il a amené dans le monde le dévoilement de l’unité de D-ieu. C’est D-ieu lui-même qui a sauvé Avraham, mais de la même manière dont l’ange Gabriel l’aurait sauvé, c’est-à-dire en refroidissant le feu de la fournaise. Il est intervenu dans la composition chimique du feu, dans la nature extérieure du feu. Comme le Midrash rapporte au sujet de Haran, le frère d’Avraham, lorsque lui aussi s’est jeté dans la fournaise, il en est ressorti car son corps n’a pas été brûlé par le feu, mais il est mort car ses entrailles, elles, ont été brûlées du fait que sa foi n’était pas complètement sincère. Cependant, elle était assez forte pour que son corps, son extériorité, ne fût pas brûlé. Dans sa nature profonde, le feu était resté feu, mais son habit dans ce monde a été transformé. Extérieurement, il s’était refroidi.
Lorsque les trois prophètes, H’anania, Michaël et Azaria ont été jetés dans la fournaise après la destruction du premier temple, l’ange préposé à la grêle a demandé à descendre pour refroidir le feu mais l’ange Gabriel lui a répondu que le dévoilement de D-ieu ne pouvait se faire ainsi. Tout le monde sait que l’eau éteint le feu. Je vais descendre et refroidir le feu de l’intérieur et l’extérieur restera brûlant. Un miracle imbriqué dans un autre miracle. Il est en même temps la chaleur et le froid.
La manière du salut a été différente. Le miracle de H’anania, Michaël et Azaria est différent dans son essence par rapport au miracle d’Avraham. Chez Avraham, la fournaise a été refroidie, elle s’est transformée. Pour H’anania, Michaël et Azaria, le feu est resté feu. Celui qui se trouvait avec eux était brûlé car ce feu avait été refroidi de l’intérieur et était resté brûlant de l’extérieur. Le feu est resté feu mais n’a pas agi sur H’anania, Michaël et Azaria car une réalité sera pour cet homme et une autre réalité sera pour un autre homme. C’est la nouvelle conduite qui a été créée à la sortie d’Égypte, une nouvelle réalité. Il n’y a jamais eu auparavant de réalité faite de miracles comme ceux-ci. Il ne s’agit plus de miracles tels que celui réalisé pour Avraham avec le nom divin Kel chakaï (le nom est transformé afin de ne pas le prononcer en vain), la volonté divine qui a créé la matière. Par cette nouvelle conduite, D-ieu bouleverse les lois de la physique. Il les change afin de les injecter d’une manière différente. Pour que le feu ne brûle pas, il faut le refroidir. C’est ainsi que les miracles se réalisaient du temps d’Avraham. Par contre, du temps de H’anania, Michaël et Azaria, les miracles avaient lieu d’une manière différente car il y a eu entre ces deux événements la sortie d’Égypte. La forme du miracle était autre. Du feu pour tel homme mais pas de feu pour tel autre.
En vérité, la réalité de toute création ne peut être immuable car elle est créée pour accomplir Sa volonté, pour être le véhicule de la conduite divine. Pour cela si la volonté divine est que pour untel, cela soit du feu et pour un autre cela soit autre chose, cela sera ainsi. C’est cela le dévoilement divin de la sortie d’Égypte. Il n’y a plus d’intervention qui va bouleverser les lois de la physique dans leur constitution moléculaire, mais une brisure totale de toutes les lois physiques.
A propos de la plaie du sang, il est enseigné que du même verre, l’égyptien buvait du sang alors que l’hébreu buvait de l’eau. Cela ne veut pas dire que l’eau se transformait dans la bouche de l’égyptien en sang, car quelle serait la nouveauté de cette sorte de miracle ? Que viendrait enseigner cette intervention divine dans la réalité profonde de sa conduite divine ? Car même les égyptiens connaissaient l’alchimie (transformation chimique de l’eau en sang. Le mot « alchimie » vient de l’arabe « al kémia » provenant du copte et signifiant « terre noire-alluvion » qui est la prolongation de la matière, qui est la définition même de l’Égypte, transformation de la matière). Mais cela veut nous enseigner que cette création était eau pour Israël et sang pour l’égyptien. La forme du miracle était différente. Dans une même réalité se trouve une autre réalité. Un miracle imbriqué dans un autre miracle. Une dimension dans une autre dimension. Il est enseigné dans le Talmud: « l’endroit de l’arche n’est pas compris dans les mesures du Temple. Ses mesures étaient de 2,5 Amot (une Ama étant environ 50 cm) de longueur, 1,5 Ama de largeur et 1,5 Ama de hauteur. Et il se trouve dans le saint des saints sans prendre de place. Il ne diminue pas l’espace. A nos yeux, cela est impossible. Selon les lois de la physique, toute chose qui a une mesure physique prend place dans l’espace. On ne peut se libérer de cette loi. Nous ne pouvons en réalité penser autrement. Pour comprendre cette nouvelle conduite et repenser notre raisonnement, il a fallu la transmission orale de nos pères. Car une telle réalité est impossible dans les lois intégrées de la physique. Mais Celui qui a fixé ces lois a dévoilé qu’elles n’étaient pas immuables. « Afin que vous sachiez que la terre m’appartient« . D-ieu n’est pas assujetti à des lois physiques ni spirituelles car c’est Lui qui les a créées. La sortie d’Égypte a dévoilé que les lois physiques n’étaient pas figées, pas immuables. La nature de la loi même est fluctuante. A notre époque, la science commence à percevoir cette vérité, avec les révolutions dans l’infiniment petit où tout est en mouvement, où toute chose est composée à quatre-vingt-dix pour cent de vide, où la science commence à s’ouvrir à la spiritualité, à une dimension en dehors de la matière. Les scientifiques appellent cela « la théorie des multi-vers ». D’infinies dimensions dans chaque création. Les sages de la Kabbala ont dévoilé le monde des dix principes, des dix sphères. Des choses incroyables ont été découvertes en dehors des lois de la physique expérimentale. Nous sommes profondément entrés dans l’époque des années des souffrances de l’enfantement du sauveur. Mais ceci a été dévoilé déjà depuis la sortie d’Égypte. À ce moment a été dévoilé que la terre appartient à D-ieu: » afin que vous sachiez que la terre m’appartient ». Toutes les lois physiques et spirituelles ne sont pas immuables.
Il y a quelqu’un qui conduit, qui dirige et qui change. Donc il y a deux conduites miraculeuses. Les miracles que D-ieu fait avec les patriarches avec le nom « kel Chakaï » avec une conduite différente, un nom différent. Et donc les miracles étaient d’une nature différente. Ils pouvaient se réaliser, s’emboîter dans les lois physiques de la nature. C’est ce qui s’appelle: bouleversement des lois de la nature mais la nature elle-même ne s’est pas brisée. Ce qui n’est pas le cas à partir de la sortie d’Égypte car il s’est passé une chose impossible. Une même chose ayant en soi deux dimensions différentes, deux natures différentes. Ces mêmes eaux étaient de l’eau pour les hébreux et du sang pour les égyptiens. Car en soi, la nature n’est pas immuable. La nature a été créée pour dévoiler la volonté divine. Pour cela, la nature peut être de deux natures différentes au minimum.
Pourquoi le nom « Kel Chakaï » s’appelle-t-il « promesse« ? Une promesse par rapport au nom « Havaya » qui est la réalisation. Cette forme de conduite de « Kel Chakaï », de conduite selon les lois naturelles s’appelle « promesse« . La conduite qui s’est concrétisée à la sortie d’Égypte, s’appelle la conduite réelle de D-ieu, réalisation de la promesse. Pourquoi cette conduite s’appelle-t-elle « promesse » et celle-ci « réalisation« ? Dans cette conduite de « Kel Chakaï », il y a dans sa nature quelque chose qui n’est pas parfait, entier, mais qu’en potentiel, une promesse. La conclusion de cette promesse va se dévoiler à la sortie d’Égypte. Ma véritable qualité. Le peuple d’Israël dans l’exil d’Egypte, était dans une situation de petitesse, d’étroitesse, où l’on « suce », on « aspire » la vitalité à petite dose comme un bébé tétant le lait. C’est une situation de gestation. La délivrance d’Égypte est appelée naissance. Le peuple d’Israël était un peuple entier d’un nombre multiple et est redevenu un fœtus et est ainsi passé par une deuxième naissance. Avant cela, nous étions dans une situation de gestation. Tout le monde comprend que l’enfance par rapport à l’âge adulte est appelée « promesse » et la maturité est appelée la réalisation. Tout enfant a en lui une promesse. Et logiquement si les promesses se réalisent alors elles se réalisent dans son âge adulte. Nous ne sommes pas habitués à cette vision de réalisation. Nous sommes habitués à vivre dans la promesse. La conduite divine réalisée aux yeux des patriarches était une conduite faite par le nom « Kel Chakaï« . Le dévoilement de ce nom est fait par le « tsimtsoum« , la « restriction« . Même l’absorption de l’air vient par un fluide très fin que le bébé peut supporter. Ce nom qui dit « daï« , « cela suffit« , rétrécissement avec une influence suffisante, introduit l’influence divine dans une conduite qui dit « cela suffit », le « chin » devant le mot « Chakaï » indique une action. « Cha-daï » veut dire qu’il agit sur le monde d’une manière suffisante, il créé des limites. Nous sommes une réalité qui se réalise dans la suffisance et la limite. La création a la possibilité d’être beaucoup plus grande. Elle peut devenir illimitée réellement. Toute chose peut devenir toute chose, sans limite. Tout peut se réaliser. Ainsi se dévoila dans le monde: « Car la terre est à moi afin que tu saches« . Le monde a été créé par l’illimité, le « Eïn Sof ». Le monde porte en lui en puissance l’illimité (promesse).
« Et Ezra a béni D-ieu le grand et le peuple a répondu amen et amen« .
Que veut dire « grand« ? Deux explications:
1/ Ezra a « grandi » le nom divin en prononçant le nom explicite de soixante-douze lettres. A cette époque, les sages voulaient éliminer le mauvais penchant. Et par le dévoilement du nom explicite dans le monde, le mauvais penchant de l’idolâtrie a disparu.
2/ Autre explication: car il y a écrit: « Le grand nom puissant et redoutable ». Pourquoi les gens de la « grande assemblée », ont été appelés ainsi? Car ils ont ramené la couronne à sa brillance d’antan. Moshé est venu et a dit: « le D-ieu grand puissant et redoutable« . Jérémie est venu et a vu les Perses détruire le saint temple, alors il a décrété de ne plus dire « redoutable ». Car où est la crainte? C’est-à-dire que D-ieu ne se dévoile plus par la conduite qui s’appelle « redoutable ». Puis Daniel Est venu et a vu que les Perses asservissaient les enfants d’Israël et a dit: « Où est Sa « puissance »« ? Sont venus les gens de la grande assemblée et ont dit: « Au contraire c’est cela sa puissance, le fait de retenir sa volonté en étant patient avec les méchants. C’est cela sa terreur, le fait que le peuple d’Israël existe toujours, ait un lien éternel avec le divin. Car comment un peuple peut-il survivre au milieu de tous les peuples de la terre qui veulent le détruire? «
Le nom explicite de soixante-douze lettres est le nom d’où découlent tous ses autres noms. Pour cela, il est appelé « grand« . Celui qui reçoit une influence afin d’exister s’appelle « petit« . Celui qui existe par son seul mérite s’appelle « grand« .
D’après le deuxième avis, les sages de la grande assemblée ont ramené sa grandeur à sa place: « Il n’y a de « terreur » que dans l’endroit du temple saint », comme il est dit: « Terrible tu es D-ieu dans ton saint« . Pour cela, Jérémie n’a plus mentionné le mot « redoutable » car où est la crainte qui se dévoile dans le temple saint?
Nous ne pouvons louer D-ieu qu’avec des réalités et non des promesses. Les prophètes ne voyaient plus la conduite de « redoutable » ni de « force ». Pour cela, ils ne louaient plus D-ieu par ces qualités. Les gens de la grande assemblée ont ramené ces louanges sur terre.
Les deux avis ne sont pas en contradiction. Le fait que nous existions toujours n’est que par la puissance du dévoilement qui dévoile la brisure de la conduite de la nature des lois de la physique. Et ceci se fait par le dévoilement du nom explicite. Nous avons besoin de ce dévoilement pour exister. Notre réalité est en totale contradiction avec les lois de la physique. Notre existence est en réalité le dévoilement du nom explicite. La qualité qui s’appelle « redoutable » est le dévoilement du nom explicite. Sans ce dévoilement, nous ne pourrions exister, perdurer. Il faut comprendre jusqu’où pénètre le miracle pour nous faire exister. Et ce miracle n’est pas de la même sorte que ceux dévoilés au temps des patriarches, mais de la sorte des miracles de la sortie d’Égypte. Le saint temple est l’endroit où se sont dévoilés les miracles de la même sorte qu’à la sortie d’Égypte. « Ils se tenaient serrés debout et se prosternaient avec largesse » ne veut pas dire que les mesures du saint temple s’élargissaient, car cela rendrait inapte le saint temple. Mais cela veut dire qu’il y avait de la place là où il n’y avait pas de place. La même sorte de miracles que l’arche. Dans la non-place, il y a la place. Dans la limite, il y a l’illimité. Cette conduite divine se dévoilait au moment où le grand prêtre prononçait le nom explicite. A ce moment-là, les lois physiques de la matière, les limites de l’espace et du temps se brisèrent. Là-bas se trouve l’influence, la conduite du nom explicite. Pour cela, au saint temple, toute sorte de miracles se réalisait. Là-bas se dévoilait la qualité, la conduite divine appelée « redoutable ». Les sages de la grande assemblée dévoilèrent que le fait même que nous existions, que nous nous tenions contre la colère de tous les peuples, est la preuve de la conduite divine par la qualité appelée « redoutable », par ce même nom explicite qui nous a été dévoilé à la sortie d’Égypte.
Nous sommes obligés de connaître cela, de le répéter, de s’en rappeler, deux fois par jour. Nous le mentionnons: « Afin de te remémorer le jour de ta sortie de la terre d’Egypte« . Nous associons la sortie d’Égypte dans le quotidien de notre vie. Nous vivons avec la sortie d’Egypte pour nous apprendre que sans cette conduite divine de la sortie d’Egypte, tous les jours de notre vie, nous ne pourrions subsister exister. Notre lien avec la sortie d’Egypte se renforce jour et nuit en mentionnant la sortie d’Égypte.
Il y a eu dix paroles pour créer le monde, et dix plaies qui ont limité ces dix paroles. Ce même monde qui a été créé par les dix paroles, a reçu les dix plaies. Ce qui a été nouveau a été les dix paroles reçues au mont Sinaï au moment du don de la Torah. Ce n’est que le monde précédent qui a reçu les dix plaies afin que se dévoilent les dix paroles. La sortie d’Égypte a été un accouchement, une nouvelle naissance. Chacun était déjà existant et à la sortie d’Égypte, il y a eu une renaissance. Par la force de la sortie d’Égypte, tout converti peut venir se convertir. Grâce à la sortie d’Égypte, par ces mêmes choses qui sont advenues au peuple d’Israël lorsqu’il est rentré dans l’alliance, tout homme dans le monde a la possibilité à chaque moment de sa vie de pouvoir changer de perception de la vie et alors il traversera la sortie d’Égypte et ainsi s’accomplira l’enseignement: « Un converti est un petit qui vient de naître« . Une renaissance. La sortie d’Égypte a amené dans le monde la possibilité de renaître dans une réalité différente. La nouveauté est que maintenant nous ne pouvons vivre que dans cette réalité créée au moment de la sortie d’Égypte. Nous n’existons pas dans la réalité précédente. C’est de cela dont nous devons nous souvenir. Si nous oublions notre réalité, nous sommes en danger de mort et même plus, en danger de disparition complète, de ne plus avoir d’existence. Toute notre réalité est issue de la naissance au moment de la sortie d’Égypte. Et dans cette réalité, personne ne peut nous atteindre.
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