Parachat Tolédot Rav Moshé Shapira
Parachat Tolédot Rav Shapira
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Its’hak aimait Essav car il chassait par sa bouche.
« il chassait pas sa bouche« : le Midrach explique : » Il a été trompé par la bouche de Essav, c’est-à-dire par ses mensonges ». Au nom du Ari Zal, cela veut dire que « Itshak a ressenti de la bouche de Essav la Torah orale car Rabbi Akiba, celui qui a révélé la Torah orale était un fils de converti de la descendance de Essav. »
Essav avait en lui la racine de l’âme de Rabbi Akiba c’est-à-dire le principe de la la Torah orale. C’est cette odeur de Torah que Itshak a senti dans la bouche de Essav.
Itshak a trouvé une qualité en Essav, qui de lui uniquement pouvait sortir la Torah orale. La loi orale. Yaacov est le côté pur: « l’homme intègre résidant dans les tentes » c’est le pilier de la Torah écrite. Les trois patriarches sont les trois piliers sur lesquels repose le monde.
1/ Avrahham est le pilier de la bonté.
2/ Itshak le pilier du service divin.
3/ Yaacov est le pilier de la Torah
Essav est l’antinomie de tout cela. Yaacov est le bon penchant, l’énergie bienfaitrice et Essav le mauvais penchant, l’énergie maléfique. Nous parlons ici de la racine de leur nature.
« Les enfants se sont disputés dans son ventre » le Midrash explique que Essav voulait sortir du ventre de sa mère pratiquer l’idolâtrie: c’est-à-dire que sa nature profonde était attirée par l’idolâtrie mais pas lui car il avait en lui la force de lutter contre cette nature. Dans le Talmud, les sages le surnomment : « Essav, Israël renégat ». Comment peut-on l’appeler Israël? En vérité Essav a vaincu sa nature profonde, il a gagné contre son mauvais penchant et est devenu Israël. Ce n’est qu’après, lorsqu’il a grandi, qu’il a renié sa foi et est devenu un Israël renégat. C’est ce qu’Its’hak avait perçu en Essav, mais il n’a pas vu qu’il allait renier sa foi. Jusque-là, Essav et Yaacov étaient des jumeaux parfaits dans la piété, puis Essav est allé vers le mal jusqu’à devenir le porte-drapeau du mauvais penchant.
A propos du don de la Torah, il est écrit que Rav Chéchet s’appuyait tous les trente jours sur la Mézouza de sa porte et répétait : » que mon âme se réjouisse car c’est pour elle que j’étudie la Torah« . Le Talmud soulève une incompréhension: comment se fait-il que le grand Rav Chéchet puisse étudier pour son profit? L’étude de la Torah ne peut se faire que pour faire exister l’univers qui est la volonté divine. Le Talmud est forcé de répondre qu’un homme agit toujours au départ pour son intérêt. Même la plus pure des intentions ne peut faire bouger un homme, si ce n’est s’il y est mélangé un intérêt personnel. Le mauvais penchant est en l’homme depuis sa naissance et le bon penchant ne vient que plus tard. Le mauvais penchant est au départ de toute chose. Comment le mauvais penchant se matérialise-t-il en l’homme? En lui insufflant un ego. Il fait tout pour que l’homme agisse pour son propre intérêt.
Avraham représente la qualité de la bonté. Il dispensait le bien dans tout l’univers. Itshak c’est la qualité de la rigueur. La loi veut que tout ce qu’un homme reçoit, doive être selon son mérite. S’il ne mérite pas, il ne l’obtient pas. Ni le bien ni la bonté ne peuvent influencer la loi. Un homme ne peut recevoir ce qu’il ne mérite pas. C’est cela la loi. Les anges sont venus chez Avraham ensemble! Ce n’est pas par hasard, car chacun pouvait venir seul! En fait cela vient nous apprendre que l’ange Gabriel qui représente la qualité de la rigueur et l’ange Mikhaël qui représente la qualité de la bonté doivent être liés: la loi ne peut exister sans la bonté.
La philosophie de Sédom était qu’il n’y avait pas de place pour la bonté dans ce monde. Tout devait venir de la loi car les gens de Sédom pensaient que le fait de recevoir toute chose sans l’avoir mérité était une dégradation de l’homme. Cela le détruisait plutôt que de le construire car pour eux le vrai bien ne vient que par la loi, par le jugement. Mais en vérité, c’est le contraire, le jugement ne vient que pour parfaire la bonté.
Parachat Tolédot Rav Moshé Shapira
« Voici les engendrements de I’tshak: Avraham engendra Itshak »
C’est-à-dire que la qualité de la bonté engendre la qualité de la loi. Le jugement n’est pas une réalité en lui-même. Le créateur n’a créé que la bonté mais la parfaite bonté est une bonté qui profite à la personne en ressentant qu’il mérite cette bonté. Le sacrifice d’Its’hak est appelé au nom du « lien de ligature » car Avraham a ligoté la qualité de la rigueur à la qualité de la bonté. C’est-à-dire que la qualité de la bonté doit dominer la qualité de la rigueur. La seule réalité est la qualité de la bonté. La qualité de la rigueur est une manière de développer la qualité de la bonté. Celui qui est venu annoncer la naissance d’Itshak est uni avec celui qui va détruire Sédom. La destruction de Sédom entraîne la naissance de Itshak. La destruction de Sédom a pour but d’annuler la qualité de la rigueur en tant que réalité propre. La naissance de Itshak a pour but d’affirmer la qualité de la bonté parfaite. L’annonce de la naissance de Itshak a causé la perte de Sédom.
La qualité de rigueur est la racine du mauvais penchant. Comment le mauvais penchant peut attraper l’homme? En lui faisant ressentir qu’il est une créature à part entière, séparée et indépendante. Le mauvais penchant se réalise dans « l’ego » que l’homme se construit tout au long de sa vie.
« Un homme agit au départ, pour son propre intérêt. Plus il grandit plus il comprend que son intérêt personnel est beaucoup plus profond, beaucoup plus important. Lorsqu’un enfant dit: « je veux », il ne comprend et ne perçoit que sa propre réalité. Lui seul est réel. Lorsqu’il grandit, son « moi » s’élargit et peut recevoir d’autres réalités, d’autres vérités. Lorsqu’il dit « je », il inclut même sa famille. Et plus il grandit spirituellement plus son « moi » englobe de réalités. Avraham lorsqu’il disait : »moi », il englobait tout l’univers, les cieux, les astres. Il englobait toute la création. Son désir en fait était devenu le désir de D-ieu. C’était le « moi » d’Avraham. Mais le « moi » basique de départ est la racine de la rigueur. La racine du mot « rigueur », en langage saint « din » est le mot « daï » « cela suffit ». Cela sous-entend ce qui me suffit (mon besoin). Il faut étudier pour acquérir de la sagesse, pour élargir son « moi » et par cela, tout englober. Alors que la qualité de la rigueur rétrécit notre perception. Elle fait tenir les choses au minimum vital. Cette qualité de la rigueur engendre le mauvais penchant. L’homme qui ressent en lui n’être qu’une entité à part, indépendante, n’englobe rien d’autre que lui et tout ce qu’il fait, il ne le fait que pour lui-même.
« De son propre intérêt va naître le désintéressement »
Si tu demandes à un enfant de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre, il ne le fera pas. Rav Chéchet lorsqu’il parle de lui et dit: « mon âme est heureuse, tout ce que je fais, c’est pour elle », veut enseigner que le départ de toute action est le « moi » et sa continuation n’est qu’un élargissement de ce « moi ». Plus un homme avance, plus sa perception grandit.
L’intérêt personnel ne va pas automatiquement au désintéressement. Comment l’intérêt personnel arrive-t-il au « désintéressement »? Uniquement si l’homme avance et agrandit son « moi » et qu’il pense que grâce à son « moi », il peut faire exister le monde. Car à jamais un homme agit pour lui-même et c’est ce qui le rend heureux. C’est cette joie qui va le faire avancer. Ce sentiment de joie provient de l’élargissement du « moi ». Un homme est heureux lorsqu’il a un enfant, lorsqu’il se marie, en résumé lorsqu’il s’élargit. C’est-à-dire lorsque sa réalité s’élargit. C’est cela la véritable joie. Pour Rav Chéchet, cela est vrai que tout départ est pour lui, mais encore plus lorsqu’il grandit, c’est toujours pour lui qu’il le fait. Un homme agit toujours pour lui-même. Seulement plus il grandit, plus sa réalité s’élargit. Le bien de l’univers doit être mon envie. La volonté divine doit devenir mon envie personnelle. C’est ce que disait Rav Chéchet: » mon âme est heureuse lorsque j’étudie la Torah ». Ma joie doit être de faire exister le monde.
« Et tu aimeras ton D-ieu de tous tes cœurs« . Avec tes deux cœurs c’est-à-dire avec tes deux penchants. Comment faire résider les deux penchants en même temps? deux penchants qui tirent l’homme dans deux sens opposés. Comment les éveiller en même temps dans une même action? L’association du mauvais penchant et du bon penchant doit se réaliser ainsi. Le bon penchant doit contrôler le mauvais penchant, il doit utiliser le mauvais penchant. Le bon penchant doit lui dire: c’est vrai que tu agis pour toi-même mais tu ne ressens pas combien tu peux t’élargir. Lorsqu’un enfant veut un bonbon, il veut le prendre de son camarade pour lui-même pour qu’il ne soit qu’à lui. Lorsqu’il grandit, il désire que ce bonbon soit pour son ami. Et plus il grandit plus son « moi » profite lorsque l’autre profite et lorsque j’agis pour moi, ce « moi » s’étend à tout l’univers. C’est ce que Itshak avait compris. Pour cela Essav est son aîné car l’éveil primordial est toujours réalisé par le mauvais penchant, pour lui-même. La continuation est d’éduquer et de diriger ce mauvais penchant. Celui qui fait une bonne action, l’impression de bien-être vient du fait que le bon penchant a su éduquer et diriger le mauvais penchant. Le mauvais penchant est l’élément moteur de l’homme. Pour moi, j’agis. Le bon penchant n’est là que pour guider le mauvais penchant.
« Tout goût est bon pour le monde »
Que veut dire exactement : » un bon goût »? Un homme mange des choses goûteuses, à quoi sert le « bon goût »? Lorsqu’un homme mange, il a la sensation de vivre intensément. Lorsqu’un homme est rassasié, pour qu’il accepte de manger, il lui faut des mets très goûteux afin d’avoir de nouveau cette sensation de « vie nouvelle ». Par contre lorsqu’un homme est affamé et assoiffé, tout à bon goût. Exemple: l’eau est une boisson sans goût. Il est interdit de faire la bénédiction si nous en buvons sans avoir soif. Par contre lorsque nous avons soif, il faut faire la bénédiction car uniquement pour celui qui a soif, l’eau à un goût. Pour un homme affamé, même du pain sec et de l’eau sont plus doux que du miel. Toute chose qui a du goût, donne une sensation de vie, une sensation d’absorber de plus en plus de vie. Nos sages nous racontent que Essav a demandé à Itshak comment faire pour prélever la dîme sur la paille et sur le sel? Que se cache-t-il derrière cette question à priori sans fondement? En fait, Essav pose une question sur sa véritable nature. Il faut comprendre que ce qui donne le goût à toute chose, c’est le mauvais penchant car il donne un goût de vie. Essav dit à Itshak: » tout ce que vous mangez n’a aucun goût. C’est moi le mauvais penchant qui donne ce goût de vie à toute chose. Sur tous les aliments, vous prélevez la dîme et sur moi, non? La question est ainsi: » comment sur le principal de l’aliment, c’est-à-dire le goût, ne prélève-t-on pas la dîme? Car sans goût, l’aliment est fade et donc sans importance. L’âme animale rejette cette nourriture.
Le mauvais penchant a été créé pour deux objectifs:
1/ afin que l’homme vive avec attention, en étant sur ses gardes. Avec l’impression qu’une personne malveillante lui veuille du mal. Le mauvais penchant est la racine des commandements négatifs. Le mauvais penchant te garde et te protège en te donnant l’impression d’être en danger.
2/ le mauvais penchant est ce qui donne du goût à toutes nos bonnes actions. C’est-à-dire la motivation qui nous pousse à agir car j’agis pour moi. Donc le mauvais penchant est la racine des commandements positifs.
L’attention est en fait la question sur la paille qui est l’écorce du blé qui le protège.
La motivation est la question sur le sel car celui-ci donne le goût aux aliments.
C’est le mauvais penchant qui fait que nous sommes attentifs et qui nous fait agir.
C’est ce qu’avait vu Itshak en Essav, mais il s’est trompé, car Essav avait renié toute la Torah à ce moment. Il n’a pu accomplir la véritable tâche du mauvais penchant qui est d’être prévenant dans les interdictions et de donner du goût dans l’accomplissent des Mitsvot. Mais le mauvais penchant après la négation de la Torah va dans la direction opposée c’est-à-dire qu’il n’agit que pour ses besoins personnels. Non pour élargir son « moi » et non pour s’unir au bon penchant et servir D-ieu avec ses deux penchants.
Fin du cours Parachat Tolédot Rav Moshé Shapira.
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