Dvar Torah Parachat Toledot – Itsik Elbaz
Dvar Torah Parachat Toledot
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Leilouy nichmat Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
Dvar Torah Parachat Toledot
מטל השמים ומשמני הארץ (בראשית כז’, כח’)
La rosée des cieux et les sucs de la Terre (Génèse 27 ; 28)
Its’hak a deux enfants, Yaacov et Essaw, qui, bien qu’ils aient reçu une éducation similaire, ont un comportement des plus dissemblables qu’il soit. Yaacov est l’homme droit qui siège dans la tente, tandis que Essaw est un homme du terrain, un chasseur.
Le jour où Avraham quitte ce monde, Yaacov prépare un plat de lentilles lorsque Essaw rentre chez lui, fourbu d’avoir fait des Aveirot, et demande à Yaacov de lui donner ce plat de lentilles, sous prétexte que celui-ci s’apprête à mourir (Génèse 25 ; 32). Yaacov accepte, en échange de son droit d’ainesse. (1) Que signifie cet étrange échange ? De plus, lorsque Its’hak bénit ses fils (Genèse 27), il les bénit d’une manière similaire et sur des avantages terrestres. (2) En quoi la bénédiction de Yaacov et de Essaw diffère ? (3) Quelle est la différence entre Yaacov et Essaw qui a permis une telle différence entre ces deux frères ?
Le Midrach Rabba (63 ; 11) rapporte plus précisément l’échange et la discussion entre Yaacov et Essaw : Essaw rentre et voit Yaacov affairé devant le plat de lentilles, il lui demande la raison de ce plat inhabituel, et Yaacov l’informe du décès d’Avraham, et Essaw conclut que puisque l’Attribut de Jugement l’a frappé, c’est qu’il n’y a pas de récompenses, ni de résurrection des morts. A la fin de cette discussion, Yaacov voit qu’il est dangereux de laisser à Essaw le droit d’ainesse car celui-ci viendrait au Temple pour y exercer. C’est pourquoi, il propose de lui vendre son droit contre le plat (il lui montre que les lentilles sont rondes, car ce qui arrive ici aujourd’hui arrive à quelqu’un d’autre ailleurs et que c’est là le point essentiel dans la vie). Que répond Essaw ? Je m’apprête à mourir (et dans ma pensée, il n’y a pas de résurrection) alors à quoi me sert ce droit d’ainesse (puisque je ne vivrais plus pendant la période du Temple) ? (Il est intéressant de voir que le mot que Essaw emploie נא (je te prie) signifie aussi cru – la couleur naturelle des lentilles est rouge – Essaw veut l’instantané, le cru, pour satisfaire son envie immédiate, peu importe les conséquences). Aussi, lorsque Moché vient parler à Pharaon, il dit « Mon fils ainé est Israël » (Exode 4 ; 22) Rachi explique là qu’il est facile d’abandonner l’ainesse, mais l’acquérir prend plus de temps !
Its’hak bénit Yaacov sur ses biens terrestres et non pas spirituels car il sait que son fils a hérité, de manière naturelle, de la bénédiction que D.ieu a prodigué à Avraham. Il le voit dans l’attitude de son fils et ne le bénit que sur ses manques : le matériel ! L’idée initiale de Its’hak était de donner le monde spirituel à Yaacov, le matériel à Essaw, afin qu’à eux deux, ils puissent former le peuple d’Israël, à la manière de Issakhar et Zévoulon, mais Rivka voit en Essaw la personne qui compte spolier son frère de ses biens pour son profit. Elle décide alors d’envoyer Yaacov seul pour prendre les deux mondes pour son compte et que de lui sortira la nation juive. Quant à la bénédiction de Yaacov et de Essaw, tout dépend de l’ordre dans la formulation : Yaacov reçoit en premier la bénédiction de la rosée des cieux puis ensuite reçoit le gras de la terre, c’est-à-dire que son but principal est que sa tête se trouve dans le spirituel (les cieux) puis qu’il s’occupe des choses de ce monde, tandis que Essaw reçoit d’abord ce monde et son économie, puis, pourra avoir une petite part dans le spirituel.
« Demander quelle est la différence entre Yaacov et Essaw c’est comme demander quelle est la différence entre la lumière et l’obscurité » écrit le Or Ha’Haïm. Et le Rav Sasson Mordékhai de Bagdad l’explique par une petite énigme :
Deux personnes passent par une cheminée pleine de suie, le premier en sort sali et noirci alors que le second en sort propre. Qui ira se laver ? Celui qui est propre ! Car lui regarde la personne sale face à lui et pense qu’il est lui aussi sali et ira donc se laver. Essav réagit selon le même principe ; face à lui Yaacov, propre, et pense que lui aussi et propre et qu’il est inutile pour lui de faire des efforts, sans voir qu’il est entièrement noirci.
Celui qui ne profite pas d’autrui est protégé du mauvais œil
מי ששומר עצמו מלהנות ממה שאינו שלו נשמר מעין הרע
ברכות דף כ. « רבי יוחנן הוה רגיל דהוה קא אזיל ויתיב אשערי דטבילה, אמר כי סלקן בנות ישראל ואתיין מטבילה מסתכלן בי וכו’, אמרי ליה רבנן לא קא מסתפי מר מעינא בישא, אמר להו אנא מזרעא דיוסף קא אתינא דלא שלטא ביה עינא בישא, דכתיב בן פורת יוסף בן פורת עלי עין, ואמר רבי אבהו אל תקרי עלי עין אלא עולי עין וכו’, ואי בעית אימא עין שלא רצתה לזון ממה שאינו שלו אין עין הרע שולטת בו » !
Celui qui ne profite pas d’autrui est protégé du mauvais œil
Il est raconté dans le traité Béra’hot (20a) que Rabbi Yo’hanane avait l’habitude de s’assoir devant l’entrée du Mikvé (bain rituel) des femmes la nuit venue. Ainsi, les femmes qui venaient d’accomplir leur immersion rituelle, voyaient son saint visage en sortant et avaient le méritent de concevoir des enfants Tsadikim. Les ‘Hakhamim (Sages) lui demandèrent un jour : « ne crains tu pas le mauvais œil ? » Rabbi Yo’hanane leur répondit : « je suis de la lignée de Yossef HaTsadik sur qui il est dit בן פורת יוסף בן פורת עלי עין « Le mauvais œil n’a pas d’emprise sur moi ! » Rabbi Abahou explique le sens de עלי עין , il faut le lire עולי עין ce qui signifie au-dessus de l’œil. Yossef HaTsadik était bien au-dessus de l’influence du mauvais œil et il ne pouvait pas l’atteindre.
De plus Rabbi Yo’hanane rajoute : « l’œil qui ne se pose pas sur ce qui ne lui appartiens pas, ne souffrira pas du mauvais œil ». Nous comprenons que si nous voulons nous préserver du mauvais œil, à nous d’être vigilant avec notre propre regard, ne pas regarder, profiter et envier autrui.
Etincelles de Lumière
Un fou à la foire
Le ‘Hafets ‘Haïm raconta un jour l’histoire suivante : Lorsque je n’étais encore qu’un étudiant, il y avait en ville un homme fou, et tout le monde se moquait de lui et de son esprit simplet.
Un jour, il y avait dans la grande ville des environs une foire, et tous les commerçants de la ville se mirent en route, parcoururent une longue distance pour pouvoir acheter de la marchandise qu’ils pourront revendre pour toute l’année. Le fou décida de se joindre à eux. Quelques jours plus tard, ils virent tous les commerçants revenir avec de nombreux paquets alors que le fou revenait les mains vides.
Ils le questionnèrent sur ce qu’il avait fait là-bas, et il répondit les yeux brillants : « Il y avait du tabac à priser, j’ai pu en acheter une pincée par ci et une autre par-là ». Ils lui dirent : « Tu as fait tout ce chemin pour quelques pincées de tabac à priser ? »
Il en est de même pour nous : notre Neshama (âme) fait un voyage long et difficile lorsqu’elle vient et quitte notre corps, et elle n’est que de passage sur terre. Pourquoi faudrait-il gaspiller son temps en choses futiles ?
De la même manière, il y avait un Lieutenant et un simple soldat qui avaient fait preuve de bravoure lors d’une bataille difficile et le Roi souhaitait les récompenser en leur permettant de se promener dans son palais et de pouvoir prendre ce qu’ils souhaitaient pour une heure.
Le lieutenant, un homme intelligent courut rapidement aux salles des trésors afin de ne pas perdre une seconde du temps précieux qu’il avait. Le soldat, quant à lui, fut stupéfait de voir des cuisines aussi pleines et abondantes avec des mets aussi succulents. Et c’est ainsi qu’il passa son temps à gouter à tous les plats qui se présentaient à lui, sans se rendre compte que son lieutenant amassait des fortunes pour lui et ses descendants.
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