Parachat Shéla’h Lékha
Rav Baroukh Rosenbloum
Parachat Shéla’h Lékha
Traduit et mis en forme par Rav Michael Smadja
Nos sages enseignent que la faute des explorateurs était très grave. La Torah appuie en disant que la faute de Myriam la sœur de Moshé était: « en chemin, à votre sortie d’Égypte« . Le Ramban demande: « pourquoi mentionner l’endroit de la faute de Myriam ? Car la véritable cause de la descente en Égypte était à cause de la faute de la mauvaise parole, du colportage ». Le »séphat émeth » dit: « D-ieu a dit à Avraham au moment de l’alliance d’entre les morceaux: »ta descendance sera en exil dans une terre qui n’est pas la leur et il l’asservira et il le fera souffrir pendant quatre cents ans« . Du fait que ces quatre cents ans ont commencé à partir de la naissance de Ytshak, la Torah considère donc que de terre de kénaan était considérée comme une terre qui n’était pas la leur ! Donc pourquoi ont-ils eu besoin de descendre en Égypte pour que le décret de cette alliance se réalise? L’auteur de la »Hadgada » répond ainsi: « contraint selon la parole« . En fait il faut comprendre cet enseignement ainsi : « contraint car ils ont fauté par leur langue en faisant de la mauvaise parole, du colportage (Yossef ayant rapporté les mauvaises actions de ses frères à son père). Il a fallu réparer, corriger cette faute. Pour cela ils sont descendus en Égypte. Pourquoi spécialement en Égypte ? Le nom du roi d’Égypte est Parho qui peut se décomposer en deux mots: »pé ra » la mauvaise bouche. Il est aussi surnommé « chien » comme il est exprimé dans la chanson que l’on chante à la fin de la Hagada: « il vient le chien et mord le chat » et pourquoi est-il surnommé « le chien » ? Car la particularité des chiens est de laper le sang et Parho prenait des bains de sang de trois cent enfants hébreux tous les jours pour se guérir de la lèpre. Cette même lèpre étant la conséquence du colportage. Et il est enseigné que « tout celui qui colporte des mauvaises paroles, est apte à être jeté aux chiens« . Donc les enfants d’Israël ont été envoyés en Égypte chez Parho et lorsqu’ils ont été délivrés, donc lorsqu’ils ont réparé leur faute, il est écrit: « et devant tous les enfants d’Israël, le chien n’a pas aboyé« . Cela était le signe qu’ils étaient lavés de leur faute. Il se trouve donc que Myriam fut la première à dire du colportage à la sortie d’Égypte. Les enfants d’Israël sont sortis le quinze Nissan de la première année puis ils sont restés au désert de Sinaï jusqu’au 22 Yiar de la deuxième année. Pendant quatorze mois, ils n’ont pas dit de colportage. Alors à dit D-ieu: « souvenez-vous de ce qu’a fait D-ieu à Myriam« . Pourquoi faut-il s’en souvenir? « Dans le chemin de leur sortie de de terre d’Egypte ». Nous sommes descendus en Égypte à cause de la faute du colportage et pendant quatorze mois nous nous sommes préservés de cette faute. Alors Myriam a de nouveau mis cette faute dans le peuple d’Israël.
Puis est venue la faute des explorateurs qui eux-aussi ont émis de mauvaises paroles sur la terre d’Israël et n’ont pas appris de la faute de Myriam et de l’esclavage d’Égypte. Les enfants d’Israël ont été exilés de la terre d’Israël à cause de cette faute. Myriam a été frappée à cause de cette faute.
Et si nous regardons de plus près nous verrions que ces mauvaises paroles, elle les a dites sur son propre frère, donc ce n’était pas méchamment qu’elle les a dit. De plus cette même femme est celle qui a sauvé Moshé, qui lui a trouvé un foyer, qui l’a élevé donc et malgré cela elle a été frappée à cause du colportage ! Et D-ieu ne se retient pas de punir celui qui exprime de de médisance et a donc fait enfermer Myriam sept jours. Si c’est ainsi comment pourrait-on revenir en terre sainte avec cette faute entre nos mains car les explorateurs ont vu et n’ont pas appris la leçon ? Nous comprenons maintenant pourquoi le chapitre des explorateurs a été placé juste après la Parasha de Myriam.
Nous devons maintenant comprendre pourquoi avoir placé le chapitre sur le prélèvement de la »Hala » sur la pâte après la Parasha des explorateurs. De même il faut comprendre pourquoi avoir placé la Parasha des Tsitsit après la Parasha des explorateurs.
Les explorateurs ont été choisis pour leurs qualités morales, leur sagesse et leurs bonnes actions. « Tous étaient des hommes, les têtes des enfants d’Israël ». À chaque fois que la Torah emploie le mot « hommes« , cela fait référence à une notion de grandeur et d’importance. L’ordre de l’énumération des explorateurs n’est pas selon l’âge des hommes mais selon leur grandeur spirituelle. Et nous remarquons qu’il y a quatre hommes nommés avant Yéhochoua bin noun, qui va plus tard conquérir la terre d’Israel. Comment ces hommes ont-ils pu dire de la médisance sur Israël ? Jusqu’à dire des paroles d’athéisme de négation de D-ieu tel que « car ce peuple est plus fort que Lui (D-ieu)« . La Michna enseigne que le peuple a éprouvé dix fois D-ieu en contrepartie des dix épreuves que D-ieu a envoyées à Avraham. La dernière des épreuves pour Avraham étant le sacrifice de Ytshak alors que la dixième épreuve que le peuple a »éprouvé » D-ieu était l’épreuve des explorateurs comme nous le voyons à propos du sacrifice de Ytshak où il est écrit: « ‘ékev’ que Avraham a écouté ma voix » et à propos de calev ben Yéfouné où il est écrit: « et en mon serviteur Calev ‘ékev‘ qui avait un autre esprit avec lui ». Le mot »ékev » étant intraduisible et ne rajoutant et étant le point commun entre les deux versets.
Quel rapport y a-t-il entre le sacrifice d’Ytshak et la cause des explorateurs?
Les enfants d’Israël étaient à un niveau spirituel extrême dans le désert pendant quarante ans. Lorsque Moshé parlait avec D-ieu, les nuées de gloire recouvraient le camp d’Israël comme il est écrit: « car Tu es D-ieu au milieu du peuple« . D-ieu s’est dévoilé aux yeux du peuple dans des nuées de gloire afin qu’ils puissent le percevoir. De même la »manne », nourriture spirituelle des anges était leur nourriture quotidienne pendant quarante ans. Chacun pouvait ressentir son niveau spirituel chaque jour en sachant où se trouvait la »manne » qui lui était réservée. Les justes, à leurs portes, les gens moyens un peu plus loin et les mécréants très loin en dehors du camp. Chaque matin, le peuple savait s’il devait faire Téshuva ou bien s’il était dans le bon chemin. Et le juste qui voyait le matin sa part au même endroit que les mécréants, ne voulait pas aller en leurs compagnies et donc jeûnait ce jour et se rapprochait de plus en plus de D-ieu. Il se trouve que le peuple avait la possibilité de rester collé à la présence divine à chaque moment de sa vie.
En fait les enfants d’Israël ont refusé de se défaire de cette situation de proximité extrême.
Le »Baal Shem Tov » explique ainsi la divergence d’opinion entre Yéhochoua bin Noun et Calev ben Yéfouné d’un côté et de l’autre côté, les dix autres explorateurs ainsi: »est-ce qu’en entrant en terre d’Israël, les gens moyens pouvaient garder cette proximité divine en eux ? Car la terre d’Israël ne peux supporter la médiocrité comme les explorateurs le rapportent en décrivant la terre ainsi: « tout est grand, les gens sont grands, les fruits sont grands ». Et la preuve nous-mêmes avons senti une séparation un rabaissement dans notre ferveur spirituelle en allant dans cette terre. Nous devons rester dans le désert pour pouvoir conserver notre niveau de proximité divine. Cette terre engloutit ses habitants. Sont venus Yéhochoua bin noun et Calev ben Yéfouné et ils ont affirmé que cette terre est bonne pour se rapprocher encore plus pour chacun des enfants d’Israël, « monter nous monterons » c’est-à-dire que c’est une terre d’élévation spirituelle inégalable ».
Le Midrash rapporte la parabole d’un enfant qui vient de naître. Toute la famille vient le visiter et est joyeuse de son arrivée au monde. Mais lui que ressent-il ? Il n’est pas content, cela est évident. Dans le ventre de sa mère, il n’avait besoin de rien, tout lui était prodigué sans qu’il n’éprouve de manque. Il avait la »manne » et le puits de Myriam. La Torah lui était enseignée directement par un ange. Et d’un seul coup, l’ange lui donne un coup sur la bouche pour lui faire oublier tout ce qu’il a appris et il se trouve expulsé dans le monde des vivants. Tous se réjouissent et lui pleure. Que lui dit-on pour le consoler? « Combien de mois comptais-tu rester dans le ventre de ta mère ? Juste neuf mois afin de te préparer. Ta finalité n’est pas de rester dans le ventre de ta mère ».
Lorsque les explorateurs ont été punis, leur langue s’est allongée jusqu’à leur nombril. Le »Kéli Yakar » remarque que la terre d’Israël est surnommée « le ventre de la terre« . C’est la leçon qui a été donnée aux explorateurs. Vous auriez dû prendre leçon de la gestation d’un enfant dans le ventre de sa mère. Il faut couper le cordon ombilical qui relie l’enfant à sa source nourricière. Lorsque vous serez prêts, de suite vous devrez rentrer en terre d’Israël. Cela n’est pas profitable pour vous de rester encore sous les ailes de la providence divine. Vous ne tomberez pas en entrant en terre d’Israël promet D-ieu. Nous pouvons comprendre alors ces trois Mitsvot que sont « les libations de vin », « le prélèvement de la pâte » et « Tsitsit » dont nous parle la Torah après la Parasha des explorateurs. Rashi explique que nous avons reçu cette Mitsva des »libations de vin » pour nous annoncer que nous rentrerons en terre sainte. Le Ramban explique qu’après la faute des explorateurs et son décret de quarante ans d’errance dans le désert, le peuple s’est mis à douter et à abandonner l’espoir de sortir de ce désert car peut être que si le peuple fait une nouvelle faute cela va entraîner quarante ans de plus dans le désert et ainsi de suite jusqu’à l’éternité. D-ieu dit alors: Je vous promets qu’après ces quarante années de tribulations dans le désert vous rentrerez en terre d’Israël. L’annonce de la Mitsva des »libations » a été alors un réconfort pour le peuple. Le »séforno » n’est pas d’accord avec le Ramban et explique que la Mitsva des »libations » a été donnée pour réparer la faute des explorateurs.
Lorsque Avraham apportait un sacrifice, il n’apportait pas ni de libations et ni d’offrandes de farines. Lorsque Noah offrait un sacrifice, il n’apportait pas avec lui ni de libations ni de farines. Lorsque Abel a offert son sacrifice, il n’y avait ni libation ni farine. Même les enfants d’Israël avant le don de la Torah, il est écrit sur eux: « et ils montèrent des sacrifices » et il n’est pas précisé qu’ils ont apportés des libations de vin et des offrandes de farines. A quel moment les enfants d’Israël ont été ordonnés pour la première fois d’apporter les libations de vin? Juste après la faute du veau d’or. Cette faute a entraîné que les sacrifices communautaires soient approchés avec des libations. Mais après la faute des explorateurs, le sacrifice particulier exige maintenant des libations.
Autre explication: du fait que les explorateurs ont rapporté de la terre d’Israël une grappe de raisin, il leur a été possible d’offrir des libations de vin à ce moment. Nos sages demandent: comment pendant quarante ans dans le désert, ont-ils pu approcher des libations de vin ? Où trouvaient-ils le vin ? Le puits de Myriam ne fournissait que de l’eau.
Trois avis sur le sujet:
1/ Rabbi Yo’hanan dit que l’endroit où se posait le puits de Myriam devenait une terre fructueuse et produisait des récoltes et des vignes.
2/ Les sages disent qu’ils achetaient le vin des nomades puisqu’à l’époque du désert, le vin des étrangers n’était pas interdit.
3/ Rabbi Lévi dit que de la grappe que les explorateurs avaient rapporter de la terre sainte, ils ont pu tirer assez de vin pour les libations des quarante années dans le désert.
Nous comprenons donc qu’une fois qu’ils ont ramené la grappe de raisins, ils aient pu être ordonnés d’apporter les libations de vin.
Nous voyons que tant que les enfants d’Israël ne fautaient pas, ils n’apportaient pas de libations ni d’offrandes de farines et ce n’est qu’après la faute du veau d’or qu’ils ont été ordonnés d’en apporter pour le sacrifice communautaire et après la faute des explorateurs pour les sacrifices des particuliers. Pourquoi ?
Car en fait le repentir, la »Téshouva » ne suffit pas pour corriger la faute, il faut rajouter dans ses actes pour la réparer. Rajouter un peu plus de joug divin.
Les libations embellissent le sacrifice. Lorsqu’un homme apporte des libations et des farines avec son sacrifice, cela embelli le sacrifice. La possibilité d’embellir la Mitsva n’est donné qu’à celui qui honore la Mitsva. Le peuple d’Israël honore les Mitsvot.
A propos de la bénédiction d’après le repas, il est écrit: « tu mangeras et tu seras rassasié et tu remercieras« : les enfants d’Israël ont pris sur eux de faire la bénédiction d’après le repas à partir de soixante grammes ou trente grammes. Il y avait une discussion entre les enfants d’Israël et les convertis si ceux-ci avaient la Mitsva d’apporter des libations. Les enfants d’Israël pensaient que seuls ceux qui avaient une part dans la terre d’Israel pouvaient apporter des libations car eux seuls savaient honorer les Mitsvot. D-ieu répondit qu’un étranger ne sait pas honorer les Mitsvot mais lorsqu’il se convertit, il devient un enfant d’Israël à part entière et est capable d’honorer les Mitsvot et est aussi dans la Mitsva des »libations ». Pour cette raison la Mitsva des libations a été enseignée après la paracha des explorateurs.
La Mitsva du »prélèvement de de pâte » s’accomplit d’après un décret rabbinique aussi de notre temps et même en dehors de la terre d’Israël afin que ce prélèvement ne s’oublie pas du peuple d’Israël. Qu’y a-t-il de spécial dans cette Mitsva plus que dans la Mitsva de »térouma » ou des dîmes ? Dans tous les peuples et les langages, les gouvernements ont l’habitude de fixer des impôts sur les récoltes par contre ils n’ont jamais décrété d’impôt sur le pain. Vient la Torah et demande au peuple ainsi: »rajoutez pour moi un impôt spécial qui m’est spécifique. L’impôt sur le pain ».
Puis la Torah enseigne la Mitsva des tsitsit. Le »Séfat émeth » demande: « pourquoi ces trois Mitsvot sont-elles liées ensemble ? Les enfants d’Israël dans le désert mangeaient la »manne » et reconnaissaient par cela son lien avec le divin. Maintenant qu’ils rentrent dans la terre, ils n’ont plus cette proximité. D-ieu dit alors: »je vais vous donner ces trois Mitsvot. Chacune d’elles complète une partie manquante de cette proximité. Cette proximité se traduisant par la manne, le puits de Myriam et les nuées d’honneur. Les libations vont remplacer le puits de Mryam. La Mitsva du prélèvement de la pâte va remplacer la manne et les Tsitsit vont remplacer les nuées de gloire qui entouraient les enfants d’Israël. Ils disaient qu’en rentrant en terre d’Israël, ils allaient perdre cette proximité procurée par le puits de Myriam, la manne et les nuées d’honneur. Alors D-ieu leur promet la Mitsva des libations, du prélèvement de de pâte et des tsitsit.
A propos de la Mitsva du »prélèvement de la pâte » il est écrit: « des prémices de vos pâtes (arissotékhem ») vous donnerez un prélèvement (h’alla) pour vos générations« . Le mot « arissotékhem » peut se traduire aussi « vos berceaux« . Il faut prélever de vos berceaux, pour D-ieu, la « h’ala » ses initiales sont la lettre « ח » »h »’ pour le chiffre »huit » pour le huitième jour de la circoncision, la lettre « ל » »l » pour le chiffre »trente » qui correspond au trentième jour pour faire le rachat du premier-né et la lettre « ה » »h » pour le chiffre cinq qui correspond aux cinq ans de l’enfant qui commence l’étude de de Torah. De même le mot « arissotékhem » signifie aussi »vos lits ». Ainsi avant de dormir vous devez prélever une dîme c’est-à-dire la lecture du »Shéma Israël » et un passage de Torah avant de s’endormir afin que le matin vous puissiez vous lever comme un lion. Et par cela, vous pourrez réussir à vous élever même en travaillant la terre à votre entrée en terre d’Israël.
Pourquoi avoir accolé la Mitsva des Tsitsit à l’histoire du »ramasseur de bois le jour de Shabbat », de celui qui a transgressé Shabbat pour ramasser des gerbes de blé ? Le Midrash explique que lorsque le fauteur a transgressé le Shabbat, D-ieu est apparu à Moshé et lui a demandé: « pourquoi a-t-il fauté ? » Il a répondu: »tous les jours de la semaine il était protégé car il avait les téphilin » sur lui mais le jour de Shabbat, il n’avait rien ». Alors D-ieu a décrété que les enfants d’Israël devaient porter les tsitsit afin que même le jour de Shabbat et les jours de fête, ils puissent être protégés. Le Midrash rapporte qu’après la faute du premier homme, D-ieu lui a fait un vêtement avec des tsitsit afin de le protéger comme il est dit: « et il leur a cousu une feuille de vigne et il leur a fait un vêtement« . Nous comprenons que si le premier homme avait eu les Tsitsit, il n’aurait pas fauté.