Parachat Ki Tétsé – Itsik Elbaz
Parachat Ki Tétsé
Leilouy nichmat Méir Barou’h Morde’hai Ben Miryam
Dvar Torah Parachat Ki Tétsé
כי תצא למלחמה (דברים כא’, י’)
Lorsque tu sortiras en guerre (Deutéronome 21 ; 10)
Cette paracha, qui contient à elle seule pas moins de 74 Lois, relate le cas d’un homme qui revient victorieux d’une guerre et qui voit parmi les captifs une femme dont il s’éprit. Ce passage relève pourtant plusieurs tournures de phrases inusuelles. Pourquoi est-il écrit « Car tu sortiras en guerre » ? Pourquoi fait-on la guerre « Sur ton ennemi » ? De quelle guerre parle-t-on ? Pourquoi le texte s’adresse au singulier ? Pourquoi le texte parle de plusieurs ennemis pour finir avec un seul ?
Le Torat Moché du Achli’h HaKadosh explique que ce passage se réfère à la lutte éternelle et continuelle envers le mauvais penchant et notre objectif, sans cesse renouvelé, est de le surmonter.
Le Yester Hara use de nombreux subterfuges afin de faire tomber l’homme dans ses pièges, c’est pour cela qu’il ne faut pas attendre le premier coup de sa part mais à contrario, sortir en guerre contre lui, et c’est là la signification de la conjonction de coordination car tu sortiras en guerre (de manière évidente, il faudra surmonter les desseins du mauvais penchant.
De plus, ce n’est qu’en sortant en guerre que l’on apprend à vaincre son penchant. On peut expliquer cela grâce à l’explication de nos Sages concernant le verset du Chéma : « Et tu aimeras l’Eternel, ton D.ieu, […] et de tous tes cœurs ». Et pourtant, nous n’avons qu’un cœur ! De là apprend-t-on qu’il faut servir H.achem avec ses deux penchants et les mettre à Son Service. On doit apprendre à dompter son penchant qui réside dans le cœur, et à la guerre, l’on n’utilise pas son cœur (son penchant, par extension).
Cette idée est rapportée par le Baal Chem Tov qui enseigne que ce n’est que par la lutte sans relâche de l’homme que l’on peut vaincre son penchant et ainsi faire du butin et des captifs. Chaque combat enseigne une nouvelle leçon sur la manière dont il faut vaincre cet ennemi, et sur les techniques qu’il use afin de tromper l’homme.
Le Kédoushat Lévi rapporte le Verset des Psaumes « De mes ennemis, Tu m’apprendras Tes Lois » (Psaumes 119 ; 98) et explique que l’ennemi dont il est question est le mauvais penchant et on peut apprendre de lui comment faire nos Mitsvot. En effet, lorsqu’un homme s’empresse de tomber dans le piège de son penchant (ce qui lui procure un plaisir passager), il faut observer son zèle et son envie afin de pouvoir apprendre à faire les Mitsvot (qui procurent un plaisir éternel incomparable) de la même façon.
Aussi le mauvais penchant utilise beaucoup d’artifices afin de faire naitre le doute, se faisant passer pour plusieurs (car tu verras qu’il y a plusieurs ennemis) personnes. Au final, une fois vaincu, tu t’apercevras qu’il est seul et isolé.
Le seul moyen qu’on nous donne pour surmonter le mauvais penchant, c’est d’user de notre persévérance tout en bénéficiant de l’aide divine, tel qu’il est rapporté dans le traité Kidoushin (30a) : Le penchant de l’homme le domine tous les jours et si ce n’était l’intervention divine, il n’aurait pu le surmonter. Cette aide assure cependant à l’homme la victoire assurée (c’est pour cela que le cas où l’homme ne revient pas victorieux de la guerre n’est pas mentionné) et l’on sort à la guerre sur son ennemi (et non contre) dans l’assurance qu’on le vaincra avec l’aide divine ainsi qu’il est marqué (Yoma 38b) « Celui qui vient se purifier, on lui accorde de l’aide »
La difficulté qui réside dans cette aide consiste dans le fait qu’il faut agir au bon moment. Pour expliquer ce point, on peut rapporter l’exemple suivant : Un chirurgien et un garagiste font le même travail ; tous deux réparent le cœur de leurs patients, et usent de leurs techniques pour arranger les problèmes qui leur sont présentées. La seule différence qui explique leurs salaires réside dans le fait que le chirurgien opère son patient alors que le moteur marche tandis que le garagiste ne travaille que sur des moteurs éteins.
Un jour, un Rav d’une petite ville rencontra le Yetser HaRa qui semblait furieux, et lui demanda la raison de son humeur. Il répondit que les affaires n’allaient pas fort. Lorsque ce Rav devint Rabbin de la ville de Berlin (à l’époque fortement traversé par les courants d’assimilation), il le rencontra à nouveau. Celui-ci, fort joyeux, lui annonça qu’il ne manquait de rien ici et que ses pièges marchaient à merveille !
Quand peut-on profiter d’autrui ? (Partie 2)
מתי אפשר להינות מאחרים
La première partie a été publiée la semaine précédente
ברכות דף י: « אמר אביי ואיתימא רבי יצחק הרוצה להנות יהנה כאלישע, ושאינו רוצה להנות אל יהנה כשמואל הרמתי ».
ובמהרש »א כתב « וקשה לכאורה דבכמה מקומות הרחיקו חז »ל הנאה מאחרים וסמכו אקרא דשונא מתנות יחיה, ונראה לפרש דודאי אין ליהנות משל אחרים, אלא דהכא בגדולה מצות הכנסת אורחים שהיא הגדולה בגמילות חסדים מיירי, דבעי גם לעשירים שכל אדם עני הוא בדרך מכלי תשמישים הצריכים לו וכו’, ועל זה אמר הרוצה ליהנות משל אחרים יהנה כאלישע, היינו שלא היה נהנה אלא בדרך בכלי תשמישים של אחרים כדרך אורח, אבל בשאר דברים ודאי לא היה נהנה משל אחרים, שהרי מצינו שלא רצה ליהנות מנעמן וקלל לגיחזי על זה, וכה »ג אמר בהיפך למאן דאפשר לו שלא יהנה גם בדרך בדברים אלו שיש עמו כל הצורך כשמואל שהיה לו ביתו עמו שהיה עשיר גדול »
Suite aux paroles de la Guémara rapportées la semaine dernière concernant l’attitude à adopter lorsque nous recevons d’autrui, le Maharsha nous fait part de son étonnement. En effet, nous savons bien que nos maitres nous conseillent d’éviter de tirer profit d’autrui, comme il est écrit : « שונא מתנות יחיה ». Celui qui hait les présents, vivra …
Il explique alors que cela ne concerne pas les cadeaux, mais nous parlons ici de la Mitsva de recevoir des invités, qui a encore plus de valeur que le ‘hessed de base.
En effet, à l’époque les juifs avaient le mérite de pratiquer cette Mitsva bien plus couramment qu’aujourd’hui. Les trajets d’une ville à l’autre s’étalaient sur plusieurs jours voire plusieurs semaines, les pauvres comme les riches se voyaient alors proposer l’hospitalité pour le diner et pour la nuit. Sur cette forme de bienfaisance, il est écrit que nous pouvons accepter de recevoir d’autrui comme Elisha qui se permettait d’accepter l’hospitalité lorsqu’il était en déplacement. Mais bien entendu il n’acceptait aucun autre cadeau en dehors de ça. Cependant, Chémouel le prophète qui était très riche refusait même l’hospitalité, il transportait avec lui tout le nécessaire pour ne pas profiter d’autrui même en voyage.
Etincelles de Lumière Une heure perdue
Le ‘Hafets ‘Haim rapporte une parabole : Une guerre entre deux pays faisait rage depuis longtemps. Le Roi d’un de ces pays demanda à un de ces sujets une solution pour vaincre l’ennemi et finir avec cette guerre qui durait trop, en promettant une récompense juteuse pour de judicieux conseils. Un individu sage proposa une solution avantageuse et effectivement, ils écrasèrent leurs ennemis.
Le Roi, se rappelant de sa promesse, se prit à regretter la récompense qu’il avait promise : Une heure dans la salle des trésors du Roi, en pouvant prendre ce qu’il souhaitait !
Il réunit donc ses conseillers pour trouver une solution qui permettrait au Roi de ne pas perdre sa trésorerie. L’un d’eux s’avança et dit « Je sais que cet homme aime beaucoup l’orchestre philharmonique royal, il suffira de faire jouer l’orchestre au moment où il se trouve dans la salle des trésors et il oubliera l’objectif qu’il s’était fixé ».
Ainsi fut fait, l’homme entra dans la salle, prêt à amasser le maximum de richesses, quand, tout à coup, il entendit une merveilleuse mélodie, l’envoutant de tout son être.
Il s’émerveilla de la douceur et de la teneur de cette musique qui l’engourdissait petit à petit, lui faisait oublier le but de sa venue ici.
L’heure passa, jusqu’à qu’il sentit une main le tirer et le jeter hors de la salle. Il comprit alors un peu tard qu’il avait perdu son temps en futilités au lieu de se concentrer sur l’objectif !