Parachat Ha’hodech
Rav Moshé Shapira
Parachat Ha’hodech
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Le quatrième Shabbat du mois de Addar, nous lisons la Paracha « ce mois-ci».
La raison est donnée par Rashi: du fait qu’elle parle du sacrifice de Pessah.
Cela est difficilement compréhensible car il est écrit: » et Moshé a parlé des rendez-vous de D-ieu aux enfants d’Israël ». La Mishna apprend de ce verset que les Mitsvot de chaque fête doivent être dites au moment même de la fête. Les lois de Pessah à Pessah, les lois de Shavouot à Shavouot. Pourquoi alors la paracha »ce mois-ci » qui parle du sacrifice de Pessah doit se lire le Shabbat qui précède le premier Nissan? Est-ce que cela peut s’appeler le temps du sacrifice de Pessah ?
Le jour même de Pessah, il n’y a pas l’obligation de le lire car, le jour du premier Nissan, nous l’avons déjà lu. Pourquoi le jour où l’on sanctifie le mois de Nissan est appelé le temps de lire la Paracha du sacrifice de Pessah? Cela n’est pas compréhensible !
A la fin de la Paracha « bo », il est écrit: « et D-ieu parla à Moshé en disant: sanctifie moi tous les aînés parmi les enfants d’Israël ». C’est la Paracha que nous plaçons tous les jours sur notre bras par le moyen des Téphilines. « Et Moshé dit au peuple: souviens-toi de ce jour où vous êtes sortis d’Égypte, de la maison des esclaves car par une main forte, D-ieu vous a sortis d’ici et vous ne mangerez pas de pain levé. Aujourd’hui vous sortez au mois du printemps ». Le Ramban explique le verset ainsi: qu’il sanctifie de suite les aînés afin que la Mitsva soit accomplie déjà dans le désert. Et la Paracha rajoute de nombreuses autres Mitsvot telles que »se souvenir de ce jour » et que « ce mois est le mois du printemps » afin de garder cette loi en son temps.
Le Rambam écrit: il y a un commandement positif de la Torah de raconter les miracles et les merveilles qui ont été faits à nos ancêtres en Égypte la nuit du quinze Nissan comme il est dit: « souviens-toi du jour où vous êtes sortis d’Égypte ». De la même manière qu’il est dit: « souviens-toi du jour de Shabbat ». C’est-à-dire que de la même manière que le maître du monde a ordonné de se souvenir le jour de Shabbat, quand ? Le jour même de Shabbat, ainsi il nous a ordonnés de nous souvenir du jour de la sortie d’Égypte le jour même de la sortie d’Égypte. Le Ramban précise qu’il faut se souvenir de ce jour par le récit même de la sortie d’Égypte mais il faut aussi se souvenir que ce mois est le mois du printemps.
À quel moment doit-on se souvenir de cela? Qui plus est, une Mitsva de la Torah ? Personne ne mentionne cette Mitsva de mentionner que ce mois est le mois du printemps. Il y a beaucoup de rigueurs au sujet de Pessah qui sont très éloignées des commandements de la Torah et ce commandement de la Torah de se souvenir que ce mois est le mois du printemps est complètement oublié! Que doit-on se souvenir exactement ? Que c’est le printemps ?
Quelle est exactement l’ordre qui nous a été donné le soir du Séder ? A priori l’ordre est de raconter la sortie d’Égypte et de là, nous racontons que les grands sages de la Mishna se rallongeaient dans le récit de la sortie d’Égypte toute la nuit. Est-ce vraiment cela la Mitsva? Par ce récit serions-nous quittes de la Mitsva? Le Rambam écrit que le commandement positif de la Torah est « de raconter le récit des miracles et des merveilles qui ont été réalisés pour nos ancêtres la nuit du quinze Nissan ». L’ordre n’est pas de raconter la sortie d’Égypte mais plutôt les miracles et les merveilles qui se sont déroulés en Égypte pour nos ancêtres et cette Mitsva se réalise la nuit du quinze Nissan. Le Rambam poursuit et écrit: « selon la compréhension de l’enfant, le père lui enseigne. S’il est petit ou idiot, il lui dit: nous étions esclaves en Égypte et cette nuit, D-ieu nous a rachetés et nous sommes sortis libres. Et si l’enfant est grand et intelligent, il lui fait savoir ce qui nous est arrivés en Égypte et les miracles qui ont été réalisés pour nous par l’intermédiaire de Moshé. Chacun selon son intelligence ». Le simple demande: « qu’est-ce que c’est? » Il pose une simple question élémentaire, « que se passe-t-il ? » Car il a perçu un changement dans la conduite de son père.
La majorité des lois ont été fixées afin que les enfants s’interrogent. L’énergie que l’on développe la nuit du Séder est pour »celui qui ne sait pas poser des questions » et pour »un enfant simple d’esprit »? A faire qu’un enfant arrive au maximum de sa maturité, à une perception des événements qui va le faire s’interroger: »qu’est-ce que c’est ? » Et même pour l’enfant intelligent, on ne lui raconte que les miracles et les merveilles qui ont été réalisés grâce à Moshé mais pas un mot sur la sortie elle-même d’Égypte!
Nous savons tous que le nom de Moshé Rabbénou n’est pas mentionné dans la Hagadda et le Rambam explique que nous devons parler des miracles qui ont été réalisés par l’intermédiaire de Moshé! Alors comment comprendre qu’il est mentionné partout que la Mitsva est de faire « le récit de la sortie d’Égypte » ? De même il est écrit que les maîtres de la Mishna racontaient « la sortie d’Égypte » toute la nuit du quinze Nissan !
Il est certain qu’il faut raconter la sortie d’Égypte elle-même mais il ne faut pas appréhender cette sortie comme une sortie physique dans la matière, d’un territoire à un autre territoire, du pays d’Égypte au désert. Mais c’est une sortie d’une réalité, d’une perception de la vie à une autre réalité, à une dimension différente de la création.
La réalité d’un miracle est en fait un dévoilement du divin, de la présence divine dans la matière. Le miracle nous élève dans une dimension supérieure de la réalité qui est la dimension de la croyance, de la « émouna ». (Vivre la réalité avec croyance et non avec la certitude que nos sens nous font percevoir. Que ce qui était hier est le même aujourd’hui et sera demain le même. La croyance nous fait percevoir la réalité sans certitude car chaque moment est un moment unique qui ne se prolonge pas).
En général, nous vivons dans un monde ordonné, avec ses certitudes, un monde qui se conduit d’une manière naturelle. Ainsi les choses vont en se perdurant et souvent les événements se déroulent comme nous les avons prévus. Conduite dite de cause à effet. Au moment de la sortie d’Égypte, D-ieu a dévoilé la conduite divine qu’il va développer avec l’assemblée d’Israël, une conduite miraculeuse, en dehors de la conduite naturelle. Il nous transporte sur ses épaules, ‘Providence particulière’. Le maître du monde se conduit avec nous comme un guide nous montrant le chemin à suivre. Une conduite qui n’a pas de lien avec la conduite naturelle du monde qui est perçue par nos sens. En général tout le monde est imbriqué dans cette conduite naturelle même nous. Et nous avons l’obligation de vivre dans cette dimension, « nous ne pouvons-nous appuyer sur un miracle ». Lorsque nous évoquons la notion de » sortie d’Egypte », cela fait référence à la sortie de cette forme de conduite qui se matérialisait en Égypte.
Nos sages enseignent que le mot « mitsraïm » »Egypte » est l’association de deux mots « metser yam » « la limite de la mer« . Dans le langage de nos sages, la mer est définie comme sans limite. Il faut comprendre: que veut dire « sans limite » ? Nous voyons tous que la mer a une limite ! En fait la limite ne vient pas de sa nature même. Son essence est en soi sans limite. La mer a en elle la possibilité de recouvrir la terre entière et rien en elle ne peut l’empêcher de s’étendre. Le Talmud explique que chaque vague a en elle l’énergie pour recouvrir toute la terre car la mer a en elle le pouvoir de s’étendre de s’élargir et d’envahir le monde entier. Et ce n’est que du fait que le prophète dit: « une limite tu as placée, ne reviens pas recouvrir la terre ». La terre sèche est une limite en elle-même. Sa nature est de limiter. Elle n’a aucune énergie en elle pour s’étendre. L’eau, elle, n’a pas de limite. La limite ne vient pas d’elle mais de quelque chose d’extérieur à elle comme il est dit: « et j’ai placé le sable en tant que limite loi éternelle ». Voici que le sable a été placé en tant que limite afin que la mer ne s’étende pas et recouvre la terre entière. Ce sable dont sa friabilité est extrême est le seul élément qui peut contenir la force de la mer. Par quel miracle si ce n’est par la volonté du créateur.
Réfléchissons un temps et ressentons combien nous sommes fragiles devant la nature. Une simple toile d’araignée empêche le monde d’être recouvert. Qu’est-ce qui fait que la vie puisse exister sur terre, pas grand-chose, du sable ou plutôt la volonté divine qui se trouve derrière ce sable.
Comment peut-on alors aller contre la volonté divine? La seule création qui permet de percevoir l’illimité dans le monde est la mer.
Le Gaon de Vilna explique que la Torah qui est comparée à la mer, est la profondeur même de la Torah. L’Égypte, Mitsraïm est »metser yam », la frontière de la mer sa limite, ce qui l’empêche de s’étendre. Comment ? En confinant la création dans un endroit étriqué. Cette conduite divine qui devait dévoiler l’illimité, n’a pu se concrétiser car Mitsraïm a absorbé cette conduite dans un confinement étroit. Le pays d’Égypte a confiné cette conduite dans des limites étroites. Rendre étroit »léhatser » veut dire: « placer dans un endroit étroit une chose qui est très large et sans limite ». C’est cela le travail de l’Egypte. Nous couper de cette notion qui s’appelle « l’illimité ». L’Égypte n’a aucun contact avec cette dimension de « sans limite ». Elle est entièrement recroquevillée sur elle-même. Elle n’espère même pas la pluie venue du ciel. L’Egypte puise sa fécondité du Nil. Aucun lien avec le ciel. Elle se nourrit d’elle-même. Aucune attache avec ce qui s’appelle « l »illimité ». Sa divinité est en elle-même, c’est le Nil et Parrho.
La sortie d’Égypte veut dire en fait « sortir de cette limite étriquée ». Le but de cette sortie est d’aller au mont Sinaï servir D-ieu au bout de cinquante jours qui est la valeur numérique de « mer » en hébreu »yam ». Atteindre »l’illimité », retrouver le lien qui nous unie au « sans limite ». Pour cela, il faut sortir de cette « limite de la mer » afin de mériter d’arriver au niveau du cinquantième degré de pureté qui arrive après les quarante-neuf degrés qui représentent tous les échelons de la création dans ses détails, chacun ayant en apparence une vie propre et individuelle qui à la fin arrive à l’unité, au tout, au « col » כל dont la valeur numérique est cinquante. En fait la création est contenue dans le chiffre sept comme les sept jours de la création. Chaque jour étant relié aux autres jours et donc en tout nous trouvons un compte de sept fois sept jours c’est-à-dire quarante-neuf jours qui est le symbole de la matérialité. C’est le niveau maximum que nous pouvons atteindre dans la création, sept fois sept. Au-dessus de ce niveau de création, nous arrivons à un point de passage qui amène l’homme à la véritable idolâtrie. Le niveau cinquante de la matière, de l’impureté. Lorsque nous sommes sortis d’Égypte, cela veut dire que nous sommes sortis d’une forme de réalité à une autre forme de réalité. Nous sommes sortis d’une forme d’existence étroite qui n’a pas de lien avec »l’illimité », une forme d’existence qui se définie par » un monde qui est dirigé par une conduite dite « naturelle ». Et si les événements ne se déroulent pas selon cette conduite, nous ne pouvons les appréhender.
À partir de la sortie d’Égypte, D-ieu nous a conduits par des miracles et des merveilles. Toutes ces quarante années dans le désert, nous étions en dehors de ce qui s’appelle « un monde qui est dirigé par une conduite dite « naturelle », ni dans notre survie dans le désert ni dans les eaux que nous buvions ni dans le pain que nous mangions. Même nos habits ne rentraient pas dans cette conduite étriquée de la création. Nous étions réellement sortis d’Égypte. Pour cela, si nous sommes ordonnés de faire le récit de la sortie d’Égypte, alors à un petit enfant, il faut lui raconter juste la sortie et pas plus car impossible de lui raconter plus. Pour lui « sortir » veut dire » sortir de la maison » pas plus. Mais pour un enfant mature et sage, il faut lui raconter que « nous sommes sortis d’Égypte » c’est-à-dire d’une dimension étriquée de la réalité vers une dimension supérieure. A cela, nous devons arriver le soir de Pessah.
Il y a ici un point important de base qu’il faut comprendre: cette fête s’appelle « la fête des matsot« . Quel est le lien entre la sortie d’Egypte et les Matsot? Pourquoi cette sortie d’Egypte nous oblige à manger des Matsot? Que sous-entend la notion de Matsa pour l’associer à la sortie d’Égypte? Cette fête qui s’appelle « fête des Matsot » s’appelle aussi « le temps de la délivrance » !
Pour faire une Matsa, il faut mélanger de l’eau à de la farine. L’association de ces deux ingrédients donne le goût unique de la Matsa. Le goût du levain n’apparaît pas de l’association de l’eau et de la farine elles-mêmes mais de l’attente, du repos de cette pâte. Nous associons à l’eau et la farine la notion de temps. L’attente et le repos de la pâte créent ce goût qui vient se rajouter. Ce n’est pas un goût qui est né des matières premières elles-mêmes mais de quelque chose qui n’est pas en puissance dans ces ingrédients. A Pessah, on ne mange pas de H’amets tous les sept jours de la fête. Sur le verset: « et vous garderez les Matsot » le Talmud interprète: » il ne faut pas lire « Matsot » mais « Mitsvot » les commandements. Et de la même manière que l’on ne fait pas lever les matsot, on ne fait pas attendre les Mitsvot. Mais si une Mitsva se présente, accomplie là de suite. Ne la fais pas gonfler « .
Le temps donne un goût étranger à la pâte, un goût qui fausse le goût vrai de la pâte. Si nous faisons attendre, si nous faisons intervenir le temps dans l’accomplissement d’une Mitsva, nous accomplissons l’acte de la Mitsva mais nous abîmons la notion de Matsa qu’il y a dans la Mitsva. Dans chaque Mitsva, il y a une notion de Matsa, d’empressement. « Et vous garderez les matsot » peut se comprendre « et vous garderez les mitsvot ». La Matsa et la Mitsva sont intimement liées.
La racine du mot « Matsa » est « dispute » comme dans le verset: « lorsque deux hommes se disputent »inatsou » ». Il est écrit ici que dans chaque Mitsva que nous accomplissons, nous avons besoin d’être en guerre avec le monde car dans chaque Mitsva, il faut rajouter un peu de Matsa, de dispute.
Il faut essayer d’expliquer un peu plus profondément cette notion qui est essentielle. Nous vivons dans un monde qui nous apparaît comme étant réel, immobile sans changement dans son essence. Si la chose existe maintenant, il est logique que dans un instant, cette chose aura la même existence, la même réalité. Sans aucun changement profond dans sa définition moléculaire sans une intervention extérieure qui va réussir à la détruire. Cette manière d’appréhender la matière est une grossière erreur. Tout celui qui ressent le monde ainsi, vit dans une réalité qui n’est pas vraie.
Lorsque nous observons une lampe alimentée par de l’huile, il nous semble que la flamme est toujours la même, immuable, qui perdure tout le temps où l’huile se consume comme lorsque je regarde un livre, tout le temps que je le regarde, il est le même. Dans une lampe, tout être doué d’intelligence comprend que cela n’est pas la réalité. La flamme que j’ai vue l’instant d’auparavant est déjà consumée et à l’instant présent, c’est la flamme de maintenant que j’observe et la flamme de l’instant d’après est la conséquence d’une autre goutte d’huile. Mais selon un regard extérieur, la flamme est la même, impression immuable d’éternité. Mais en vérité, chaque clin d’œil est une réalité différente et changeante. A chaque instant c’est la combustion d’une goutte d’huile différente et donc cette lumière qui perdure n’est en fait que l’association de milliers de flammes qui apparaissent et disparaissent, apparaissent et disparaissent. Alors que notre perception ne saisit qu’une impression étrange de continuité immuable. Si nous pouvions percevoir la création comme elle est réellement, nous ressentirions que chaque moment d’existence n’est qu’énergie. Les choses semblent réelles, silencieuses. La lampe si le vent ne fait pas bouger sa flamme, celle-ci reste immuable se consumant en silence. Si nous avions conscience de cet état de fait, nous pourrions percevoir cette réalité d’impermanence de la création. Chaque instant créant sa réalité qui disparaît par la naissance de l’autre instant. Un feu qui se propage n’est que la conséquence d’une association de combustion de différents matériaux. Un bois brûle et l’instant d’après c’est un autre bois. Mais ce n’est jamais le même feu qui aurait une réalité qui perdurerait dans le temps. La création toute entière n’est que le dévoilement d’une puissance. Toute existence n’est qu’énergie. Le monde n’est constitué que de forces énergétiques. L’existence même n’est qu’énergie qui se matérialise au moment où elle se réveille.
Il y a des réalités où l’énergie ne se matérialise que lorsque celle-ci disparaît. Lorsque je prends une pierre et je lui transmets une énergie en la lançant vers une direction. L’énergie continue à agir tout le temps qu’elle est dans la pierre. Elle va en diminuant jusqu’à sa disparition totale. Et alors, la pierre arrive au but pour laquelle elle était destinée. Exactement la même réalité que la flamme. Dans le feu, il n’y a aucune réalité, ce n’est que la matérialisation d’une énergie qui disparaît. Le feu est une flèche. Cette flamme n’est qu’énergie qui va en disparaissant. Et s’il perdure, c’est en fait une autre énergie et encore une autre énergie….chaque clin d’œil, une énergie apparaît et disparaît. Le H’amets est la grande illusion de la création. C’est lui qui donne à la matière cette impression de permanence. Cette matérialisation du temps qui va en s’écoulant est une vue erronée de la vie. L’existence même est une existence renouvelée à chaque « clignement d’œil ». Est-ce si extraordinaire de concevoir la vie ainsi ? Observons une flamme et nous verrions la réalité de la matière. Voici qu’elle apparaît et disparaît à chaque clignement d’œil. La nature du H’amets fait que je donne à la chose la possibilité de continuer d’exister telle qu’elle est. Et c’est cela le goût que reçoit la pâte qui n’est pas son goût. La farine et l’eau ont leur propre goût, le goût de la Matsa. Mais si je leur rajoute un élément pour arrêter ce processus de renouveau et qui donne une impression de continuité, automatiquement cette pâte reçoit un nouveau goût qui est faux. La Torah nous ordonne de ne pas manger du H’amets. Lorsque nous sommes sortis d’Égypte, nous avons eu l’obligation de ne pas manger du H’amets.
Le Ramban donne une règle, un principe dans la raison des nombreuses Mitsvot. A l’époque de la génération d’Énoch où l’idolâtrie s’est répandue dans le monde, les idées ont commencé à se pervertir au sujet de la croyance. Certains reniaient le principe même d’un créateur, que le monde était permanent, source de toute création. (Ce que pensent la plupart des scientifiques, le big-bang venant mettre un coup de couteau dans leurs certitudes). Certains reconnaissaient que le monde est une création mais qui se gère seule sans intervention divine. (Pour certains scientifiques adeptes de la théorie du big-bang, la création n’étant dû qu’au hasard sans intervention divine ni spiritualité car cette spiritualité naissant de la matière). Certains pensaient que le monde est création et que le créateur agit dans ce monde mais que les hommes sont livrés à eux-mêmes, reniant la notion de salaire et de punition, c’est-à-dire que l’action humaine n’influençant d’aucune manière la conduite divine. Et lorsque D-ieu choisissait un peuple ou un homme pour se dévoiler dans la matière, il faisait des miracles en interférant dans la conduite dite « naturelle » du monde. Et par cela, tous ces systèmes de pensées s’écroulaient et partaient en poussière car le miracle merveilleux montre qu’il y a un créateur qui renouvelle à chaque instant sa création. C’est cela la véritable définition de la providence. Et lorsque ce miracle est décrété au commencement à l’aide d’un prophète, il est alors prouvé qu’il y a un canal direct entre le divin et l’homme et par cela la Torah peut être transmise. Et par les miracles dévoilés, l’homme peut arriver à reconnaître les miracles cachés de la nature qui sont les principes fondamentaux de la Torah. Car l’homme ne peut avoir part à la Torah de Moshé Rabbénou tant qu’il ne ressente pas par le moyen de la croyance que tout ce que nous faisons et qui nous arrive ne sont que miracles, aucune nature et conduite immuable que ce soit de manière générale ou particulière. Chaque instant de notre vie, l’événement se renouvelle et l’instant d’après n’est pas la continuation de l’instant présent. Seul le présent existe et le futur n’est pas la conséquence du moment présent qui lui-même n’est pas non plus la continuation du moment passé. Celui qui ressent ainsi la vie, se transporte dans la réalité de la dimension de la croyance.
La sortie d’Égypte a amené dans le monde cette dimension des miracles et des merveilles. Nous sommes sortis de cette dimension de « le monde selon une conduite dite naturelle » pour entrer dans la dimension des miracles et des merveilles. Ils sont pour nous notre Torah car ils nous enseignent que tout ce que nous faisons et tout ce qui nous arrive ne sont que miracles et merveilles. Aucune conduite naturelle. Si la conduite divine est une conduite miraculeuse alors éternellement il en est ainsi. S’il agit par une conduite naturelle sans miracle dévoilé, cela veut dire qu’il cache sa véritable conduite par des événements qui sont à priori « naturelles » « prévisibles » réelles et immuables sans aucune intervention divine puisque déjà existantes.
La sortie d’Egypte nous apprend que les miracles qui se sont dévoilés sont Torah et que nous devons étudier comment D-ieu conduit son monde et le crée. Et si nous n’apprenons pas de ces miracles, nous n’avons pas de part dans la Torah de Moshé notre maître. Ils sont pour nous comme le don de la Torah lui-même. Il n’y a pas besoin de mentionner le nom de Moshé Rabbénou dans la Haggadah. La seule chose que nous devons mentionner est que les miracles sont Torah.
Lorsque nous voulons manger du H’amets, notre intention est de percevoir un goût de mensonge, un goût de superficialité qui n’est absolument pas le goût réel de la vie. Notre épreuve étant de ressentir le vrai goût de la vie et non sa superficialité.
La sortie d’Egypte a engendré une autre forme spirituelle de l’homme qui va pouvoir réparer la faute du premier homme. Le premier homme a fauté en mangeant ce que D-ieu lui avait interdit de manger. Qu’a déclenché le fait qu’il ait envie de transgresser l’interdit divin ? Tout a commencé par « et la femme a vu que l’arbre était bon à manger« . Cette impression de bien est le goût du mensonge. Elle a vu le mensonge. C’était une envie des yeux. Encore le mensonge. La vérité aurait dû la faire s’enfuir de l’interdit, abomination des yeux. Il était interdit de le regarder! Mais elle l’a observé et elle l’a trouvé bon alors qu’à ce moment, il était mauvais. « Bon à la vue, mensonge » » envie des yeux » encore le mensonge. » agréable à l’esprit », toujours le mensonge. C’est tout cela qu’elle a mangé. Elle n’a pas mangé de l’arbre de la connaissance réellement. Elle n’a mangé que la superficialité du fruit, le mensonge qui enveloppe la vérité du fruit. La chose qui n’existe pas, qui n’est pas réelle. Et ce mensonge s’est mélangé dans l’essence même de la réalité du premier homme pour le transformer en une créature fausse. Car de la même manière que le mensonge n’a pas de réalité et est voué à disparaître ainsi l’homme à partir de la faute est voué à la disparition, pour cela, l’homme doit mourir car le mensonge ne peut exister.
La vérité est éternelle. La réparation est de sortir d’Égypte et de goûter le goût de la vérité. Celui qui mange la Matsa se trouve en conflit avec le monde et sa conduite dite naturelle, avec son mensonge. Le monde se montre comme une réalité qui se prolonge et qui perdure, un goût d’éternité faux. Celui qui mange la Matsa se bat contre le monde. Je ne veux pas ce que ce monde me propose alors je mange la Matsa. Je ne suis pas prêt à manger ce goût superflu que l’attente donne car c’est le goût superflu du mensonge qui n’est pas le goût de la réalité.
Le pain « léh’em » est la racine du mot « milh’ama » « guerre ». « matsa » vient du mot « mériva » » dispute ». Lorsque D-ieu nous autorise à manger du pain après Pessah, nous ne mangeons pas du H’amets car nous pouvons alors vaincre aussi ce goût et le dominer. Lorsque nous mangeons la Matsa, je ne veux rien conquérir. Je ne veux que me tenir contre le monde. Je veux le repousser non le conquérir.
Il y a la Matsa du récit de la sortie d’Égypte au moment où la Matsa et le Maror sont posés devant nous et aussi à ce moment, il faut se rappeler que nous sommes sortis au mois du printemps. « Aviv » »le mois du renouveau qui fait référence au »Bikour », aux prémices. C’est-à-dire que les choses qui sont cachées jusqu’à présent, bourgeonnent, se dévoilent. Nous devons mentionner que Pessah tombe au mois des prémices où les choses qui sont oubliées, enfouies se dévoilent. Nous avons l’obligation de mentionner deux choses: les miracles et que ce mois est le mois des prémices. Dévoilement de la dimension de la réalité vraie. Nouvelle réalité qui se dévoile devant nous.
Il y a une différence entre « chana » » année » et « h’odesh » « mois ». « Chana » fait référence à ce qui est ancien. « H’odesh » fait référence à la nouveauté de la vie. Le ‘chla haquadosh’ explique que Parrho a la valeur numérique de 355 la même valeur que « chana ». Nous étions esclaves de Parrho, de cette conduite du mensonge de cette illusion de cette impression de permanence pour devenir libre au mois des prémices. « Ce mois-ci ». De la »chana » nous sommes passés à la dimension du »h’odesh ». « H’odesh » est le dévoilement du temps qui se renouvelle à tout moment, à chaque clignement d’œil. Impermanence de la matière.
« Aujourd’hui vous êtes sortis au mois du renouveau ».