Parachat Béshalla’h
Rav Moshé Shapira (II)
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Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
L’ouverture de la mer à priori, a été pour sauver le peuple d’Israël. Les égyptiens les ont poursuivis jusqu’à la mer et ils ont pu s’enfuir par la mer. Si l’on peut dire, D-ieu a choisi cette manière pour nous sauver. Ce miracle étant une façon de nous sauver. Mais le Rambam n’écrit pas ainsi: il y avait besoin de noyer les égyptiens dans les profondeurs de la mer. Pour cela, D-ieu a ouvert la mer et par cela il les a noyés dedans. Maintenant il faut comprendre pourquoi les égyptiens étaient obligés de mourir de cette manière? Être enfoncés, noyés dans la mer et uniquement de cette manière. Pourquoi ouvrir la mer afin qu’elle se referme sur eux?
Le deuxième jour de la création du monde, lorsqu’il a été dit: « Que soit le firmament au milieu des eaux et ce fut une séparation d’entre les eaux. Alors se sont séparées les eaux supérieures des eaux inférieures. Les eaux inférieures sont descendues dans le plus bas des mondes et les eaux supérieures se sont élevées de plus en plus haut. Et le firmament a fait séparation entre elles« . Nos sages expliquent sur le verset: « je tue et je ferai revivre je frappe et je guérirai ». Le mot « mah’atsi » « je frapperai » a la même racine que « méh’itsa » « cloison », « séparation ». Cette séparation que j’ai créée entre les eaux supérieures et les eaux inférieures. Les eaux supérieures perdurent éternellement et les eaux inférieures se tarissent. Cette cloison, je vais l’enlever. La réalité de ces eaux supérieures n’est qu’énergie spirituelle qui se diffuse et se propage. C’est cela sa seule réalité. Se propager dans la création pour diffuser son énergie. Elles véhiculent toute l’abondance spirituelle et la transmet. Ce sont des transpondeurs. Nous sommes dépendants de cette influence supérieure. Cela est vital pour nous.
Le seul jour de la création où il n’y a pas été dit » cela est bien » c’est le jour où a été créée cette « cloison », cette cloison invisible qui sépare les eaux supérieures des eaux inférieures. C’est ce qui est expliqué dans les paroles de nos sages. Cette cloison qui sépare les eaux est elle-même la plaie, le coup, » je frappe et je guérirai ». Le véritable coup est la « cloison » qui se fait entre les mondes supérieurs et le monde inférieur. C’est-à-dire une cloison qui se crée en dessous de toutes les forces spirituelles, les énergies dont nous sommes tributaires, liaison obligatoire de notre vie spirituelle. Toute maladie, toute plaie est en fait une cloison entre les énergies qui dispensent la vie. Un filtre qui empêche ces énergies spirituelles de se propager dans ce monde telles qu’elles devraient être. Pour cela un des langages qui définit la guérison est « téala » qui définit un passage qui casse les barrières, un flux que la cloison empêche de diffuser, des’épancher. « téala » est le contraire d’une cloison. Si la plaie s’appelle « cloison », la guérison s’appelle « la montée » « téala ». Ce jour où la cloison a été créée, il ne peut être dit » cela était bon ». Le » cela était bon » du deuxième jour va être dit le troisième jour. Le dévoilement du « bien » du deuxième jour ne se fera que le troisième jour. Les eaux inférieures recouvraient toute la terre. Les deux premiers jours toute la terre était tohou c’est-à-dire entièrement recouverte d’eaux et bien que la cloison fut déjà créée et que les eaux supérieures soient montées au plus niveau et soient le véhicule de toutes les énergies bénéfiques supérieures. Ces eaux que le Talmud définie comme bénéfiques. Le jour où ces eaux se déversent sur terre étant considéré comme aussi grand que le jour où ont été créés le ciel et la terre, aussi grand que le jour où la Torah a été donnée. Mais en général, les pluies qui tombent sur le monde, ne sont que les eaux qui montent de la terre pour la nourrir. Ces eaux n’ont pas les énergies de vie qui sont des bénédictions réelles. Ce sont ces eaux supérieures qu’il faut demander dans nos prières.
Qu’est-ce qui a entraîné, qui a amené cette réalité que le troisième jour soit une réparation du deuxième jour? La seule chose qui s’est passée le troisième jour a été le rassemblement des eaux pour faire apparaître la terre sèche. Alors a été dit le » cela était bon » sur la séparation des eaux. Comment l’apparition de la terre sèche le troisième jour a-t-elle pu réparer la plaie qu’est cette cloison?
L’eau est une chose qui ne reçoit pas de forme. Cette forme étant une énergie spirituelle qui donne vie à la matière, une sorte de conscience de l’objet. L’eau est un liquide qui transforme toute chose en fluide liquide, qui efface toute chose, qui supprime la forme de la matière. Cela s’appelle en langage saint : « mah’ouï »effacé » comme dans le verset: » efface le souvenir de amalek ». Enlever la valeur de l’objet, ce qui lui donne son importance. Chauffer de la graisse pour la faire fondre s’appelle « mah’ouï » « fondre ». La création la plus basse est l’eau.
La réalité de Moshé est une réalité qui n’est que « forme », forme, énergie, conscience. Lorsque la forme, l’énergie, la conscience de Moshé lui a été enlevée, il est devenu alors imperceptible par les sens. Son corps lui-même a disparu en même temps que sa conscience, que son âme. Car en fait sa réalité n’était que « forme », que forme. Son corps n’étant qu’un ustensile pour contenir cette réalité. Ce qui n’est pas le cas de tout homme où la forme est embrouillée dans la matière. Cette forme ne quittant le corps une fois que ce corps est complètement effacée « mah’ouï ». Où la terre s’est complètement désagrégée et est revenue à un état de matière décomposée. (Comment arriver à séparer cette forme de la matière? En devenant de plus en plus conscient dans notre corps et non que celui-ci dirige notre esprit. Cette conscience étant ce qui donne forme à la matière et cela passe par maîtriser ses pensées).
« Personne ne connaissait l’endroit de son caveau ». Aucune perception par les sens que Moshé soit un homme mort, un corps sans vie, la matière sans forme car il n’était que pure forme, énergie spirituelle qui a transformée sa matière elle-même en énergie pure. La Torah est appelée en son nom: » la Torah de Moshé ». Il est impossible que sa forme soit emprisonnée dans la matière. De la matière douée d’une forme. Lorsqu’il est parti de ce monde, son corps s’est transformé en pure énergie. Les créatures des mondes supérieures pensaient qu’il était dans les mondes inférieurs et les hommes pensaient qu’il était dans les mondes supérieurs. En vérité, il ne peut se percevoir car sa matière n’est que forme. Sa réalité n’est que « forme », énergie pure, conscience pure. Il est entièrement spirituel. La Torah est appelée en son nom. Il est Torah. Tout juif est un rouleau de Torah, c’est-à-dire de la matière qui est définie par une forme qui est la Torah. Il est le support de la Torah. Au contraire de Moshé qui lui n’est que Torah. L’énergie qui compose les lettres de la Torah. Pour cela il a été appelé Moshé car » Il a été retiré des eaux » n’ayant aucun lien avec l’eau. Pour cela, son nom est l’essence de sa réalité, Il a été séparé de l’eau. Le Ramban rapporte les paroles du Talmud qui disent que le monde a été créé pour exister six cent mille ans, le septième millénaire correspondant à la notion du Shabbat. Une autre dimension de la création. Le Ramban explique que ces six cent mille ans correspondent aux six jours de la création. Le Talmud écrit que les premiers deux mille ans sont appelés les deux millénaires de « tohou », de matière sans forme, de désolation. Des millénaires qui réveillent en nous l’incompréhension, quelque chose que l’on ne peut appréhender. La matière sans énergie spirituelle qui va former cette matière. Une matière sans limite et donc imperceptible car toute chose ne peut se percevoir que par ses limites. Lorsque nous percevons une chose, c’est parce que nous lui mettons une définition nous la limitons et quelque chose qui ne peut se définir entraîne une impression de vertige, c’est cela le Tohou. Car il manque la forme à la matière. Cette forme que les grecs appellent « éyouli ». Quelque chose qui est en puissance et qui ne s’est pas concrétisée. Une sorte d’énergie spirituelle qui ne se matérialise pas.
Les deux premiers jours où les eaux recouvraient toute la surface de la terre, la création n’avaient pas encore de forme et ne pouvait recevoir de forme. Car la forme est le commencement d’une vie intérieure qui peut être perçue, un lien entre une forme et une autre forme. Et ainsi, l’homme comprend mieux, perçoit mieux. Mais lorsqu’il n’y a pas la forme, où il n’y a que « tohou », les choses ne peuvent être perçues. Les dix générations du premier homme jusqu’à Noah, coïncident aux premiers deux mille ans ans puis ces générations sont retournées à l’état de fluide » Je vais effacer l’homme de la surface de la terre ». Une matière sans forme. Puis il y a eu les dix générations de Noah jusqu’à Avraham où Avraham a pris le salaire de ces dix générations. Il a matérialisé la réalité ce qu’il y avait en puissance. Il a fait que la matière puisse épouser la forme. Alors ont commencé les millénaires de Torah. Son dévoilement dans la matière.
Le troisième jour de la création » les eaux se sont rassemblées ». Qu’est-ce qui a été fait dans ce jour qui puisse entraîner le « cela est bien » du deuxième jour? L’eau dans sa nature est une chose fluide, effacée sans forme. C’est ce qui a été implanté le troisième jour. La forme va se dévoiler par l’intermédiaire de l’eau. Grâce à l’eau, on peut relier les grains de poussière ensemble, faire une pâte, on peut fabriquer des briques et grâce à cette eau, la terre peut devenir aussi dure que la pierre. Mais il est impossible de faire une forme rien qu’avec l’eau. L’eau doit être le moyen de dévoiler la terre, de percevoir la matière. Ce qui est écrit: » et la terre sèche apparue », veut en fait dire que la vie est apparue sur terre. Le verset dit: » pas pour le Tohou la terre a été créée mais pour s’y installer qu’elle a été créée » on peut le comprendre ainsi: » ce n’est pas pour la non-forme que la matière a été créée mais pour la faire vivre qu’elle a été formée ». La sérénité c’est-à-dire la vie est l’antithèse du Tohou de la matière à l’état brut. La vie ne peut se former que par l’eau grâce au Tohou. L’eau est l’élément principal de toute création. Il y a 70% d’eau dans la constitution du corps humain. L’eau est l’élément qui va lier les grains de poussière et de là va apparaître la vie. C’est-à-dire que lorsque l’eau va s’évaporer, elle va faire apparaître la terre sèche et la vie va pouvoir commencer. Lorsque les eaux se sont rassemblées et que la terre est apparue, cela ne veut pas dire que la terre existait déjà et que l’eau ne faisait que la recouvrir. Non, ici, il a été donné une mission, un but à l’eau: dévoiler la terre sèche, faire en sorte qu’elle puisse recevoir la forme. L’eau a la force de transmettre la vie à la terre. Le troisième jour, les eaux inférieures ont reçues la force des eaux supérieures. Les eaux supérieures sont un principe d’où surgit l’énergie vitale, l’abondance des mondes spirituels qui n’est qu’influence bénéfique de la forme, de la conscience illimité et divine. Influence réelle de la vie spirituelle de la réalité. Les eaux inférieures sont l’effacement de cette vie spirituelle. Une chose à qui il manque la faculté de recevoir et de transmettre ce courant spirituel. Mais le troisième jour, ces eaux ont reçu la faculté de faire apparaître une forme de vie spirituelle dans la matière. Dans l’essence même des eaux inférieures, il y a une énergie colossale qui peut transmettre la forme dans la matière inerte qu’est la terre, et ainsi révéler l’énergie divine qu’il y a dans la matière.
» Et toute plante des champs n’était pas encore à la surface de la terre puisque D-ieu n’avait pas fait pleuvoir car l’homme n’avait pas encore été créé afin de travailler la terre ». Qu’y a t-il écrit tout de suite après? » et une vapeur est montée de la terre et a abreuvé toute la surface de la terre ». Les pluies ne tombent que s’il y a l’homme qui prie pour elles. Aucune abondance spirituelle ne peut se déverser des mondes supérieurs sur terre sans prière, sans prière. En fait c’est l’homme par sa réflexion intérieure qui amène la vie, la forme sur terre. Toute création est le moyen de dévoiler l’énergie divine sur terre. Et ainsi D-ieu a créé l’homme: il a fait descendre les eaux supérieurs dans la matière afin de la malaxer d’en faire une pâte et est apparue la forme de l’homme qui a pu recevoir l’âme de vie, le souffle de vie. La forme spirituelle de l’homme n’a pu se matérialiser que par la force de l’eau. Lorsque la terre est sans eau, elle a les mêmes caractéristiques que l’eau seule. Le Tohou, un monde sans énergie spirituelle. Un endroit désertique où la forme ne peut perdurer. L’association de ces deux réalités crée un endroit de vie. Et donc lorsque la terre s’est dévoilée, il est possible de dire « cela est bien ». Car à ce moment, il est possible de réunir la terre à l’eau et par cela, créer de nouvelles formes de vie. Sortir le monde de ce Tohou afin qu’il devienne un endroit viable. Qu’est-ce qui produit cette émergence de la vie en unissant l’eau à la terre? En fait l’eau est la représentation de la bonté divine, « h’essed » alors que la terre est la symbolique du jugement car la terre n’est que dislocation de molécules de poussière comme le véritable jugement qui tombe sur chaque moment de la vie. Rien n’étant laissé au hasard. Lorsque la loi et la bonté peuvent se réunir ensemble, cela donne la vie. Le même processus géologique se produit de manière spirituelle.
Au moment de la traversée de la mer par les hébreux il est dit: » et la mer est revenue le matin à son état initial ». « son état initial » « léténaho » » les sages l’expliquent par le mot « ténaï » « une condition ». Les eaux se sont à ce moment finalisées, sont arrivées à leur perfection finale au moment où la mer s’est ouverte. Où elle a accomplie la condition que D-ieu avait suspendue au moment de la création du monde. Les eaux n’ont eu de réalité qu’au moment de la réalisation de la condition qui est l’ouverture de la mer. Donc la condition devient elle-même l’essence de la chose. L’ouverture a transformé les eaux dans une réalité qui n’était pas la leur jusqu’à présent. L’ouverture de la mer est la finalisation et la perfection de ce qui a commencé à être créé le troisième jour de la création. La même mer qui a fait apparaître la terre c’est elle qui est revenue à sa nature propre à l’ouverture de la mer. Sa réalité s’est complétée s’est finalisée au moment de l’ouverture de la mer. Alors la création est devenue perfection. La mer doit être celle qui dévoile qui fait exister la forme, la forme, la conduite divine dans la matière. Au contraire de ce qu’elle était auparavant. Car jusqu’à maintenant, les eaux transpiraient le Tohou qu’il y avait dans le monde, ce manque de conscience ce manque de conduite supérieure qui permet au divin de se dévoiler dans ce monde. Le troisième jour a été insufflée dans les eaux une force qui peut réveiller une vie consciente à cette matière. Et c’est cette condition qui a été suspendue dans la matière au moment de sa création. Que la divinité puisse se dévoiler dans la matière.
D-ieu dit à Moshé: » Pourquoi pries tu vers moi? Parle aux enfants d’Israël et qu’ils voyagent ». La mékhilta explique ce verset ainsi: » pour le premier homme qui est unique, j’ai fait de l’eau une terre sèche ». Pour toute l’assemblée sainte d’Israël je ne vais pas faire la même chose? Ce n’est pas le moment de prier. Tu aurais dû comprendre qu’à partir de maintenant la réalité n’est plus la même. La forme la plus accomplie de l’homme se trouve dans l’appartenance à une communauté. Par la communauté, la forme parfaite se dévoile, se réalise. Le mot » communauté » « éda » est le dévoilement le plus extrême d’une forme de groupe, de rassemblement. Car à ce moment précis, il y a une communauté qui toute entière fait un témoignage. Tous dévoilent quelque chose en commun. C’est cela qui s’appelle « communauté ». « éda » vient du mot « édout » témoignage. Une communauté est un groupe d’homme qui dévoile quelque chose que sans eux, ne pourrait se dévoiler car cela est caché. Le principe de la forme véritable se trouve dans « éda ». Lorsque chaque personne est unie par une même vision, un même dévoilement, c’est justement ce dévoilement qui va les unir, qui va faire le lien, l’eau qui va donner vie à la terre, cette vision va donner vie au groupe, va faire que le groupe va exister. « et pour cette communauté sainte, je ne ferais pas de la mer une terre sèche? »
Il y a écrit dans le chant du troisième jour: » et Elokimse tient dans la communauté de D-ieu ». ( le chant de chaque jour a un lien avec le jour de la création) le Talmud explique ce verset ainsi: » sur le fait qu’il a dévoilé la terre par sa sagesse et a préparé le monde a être habitable par sa communauté. C’est-à-dire à avoir la possibilité de percevoir la conduite divine dans la matière ».
« et sur le fait qu’il a dévoilé la terre par sa sagesse et préparé le pâturage pour sa communauté«
« il a dévoilé la terre » fait référence au dévoilement de la terre sèche le troisième jour de la création.
« et a préparé le pâturage pour sa communauté » c’est la condition que D-ieu a émise ce troisième jour. Ces eaux qui ont reçues ce jour la puissance de donner la forme à la matière la possibilité à l’homme de percevoir le divin dans la matière, doivent servir à préparer le monde à être perçu par la communauté sainte d’Israël. Pour cela, nous disons ce jour précis: » Elokim se tient dans la communauté de D-ieu ». Dans ce chant, nous trouvons la raison pourquoi il y a eu l’ouverture de la mer: dévoiler la véritable forme et annuler la matière en tant que magma, Tohou. C’est ce qui a été créé le troisième jour. Ce jour le monde est passé de deux mille ans de Tohou aux deux mille ans de Torah, de l’indicible à l’appréhension de ce monde. C’est-à-dire la possibilité de percevoir le sens du monde. Percevoir la volonté divine dans la création. Le début du dévoilement du monde après le Tohou. Le monde passant du Tohou à Torah. La Torah est la forme de ce monde, ce qui donne un sens à ce monde, la conscience de ce monde. Ce passage se fait par l’apparition de la terre sèche. Pour cela, l’ouverture de la mer a été le dévoilement final et parfait de ce qui a commencé à se dévoiler le troisième jour. Ce dévoilement parfait qui fait que les eaux doivent être le conduit réel qui va amener la forme à se dévoiler. Les eaux qui dévoilent en vérité la forme, c’est le principe qui est écrit dans le Targoum à propos du verset: » et par le souffle de tes narines, les eaux se sont formées en blocs ». Le Targoum traduit » les eaux se sont formées en blocs » par » les eaux sont devenus sages », elles sont devenues le véhicule de la sagesse. Ces eaux qui dans leur essence ne peuvent recevoir de forme, ne peuvent devenir une forme d’intelligence car leur fonction est d’effacer toute forme dans la matière. Toute intelligence, toute connaissance, toute perception du divin, l’eau est là pour l’effacer. La nature même de l’eau est l’effacement, la non-possibilité de perception du spirituel. Mais au moment de l’ouverture de la mer, les eaux ont reçu une intelligence supérieure divine et ont ainsi pu dévoiler la forme. Et ainsi s’est terminée la création du troisième jour. C’est ce qui nous reste de l’ouverture de la mer.
Sur le verset: « alors Moshé chantera ce chant pour D-ieu et ils dirent.... » Sur les mots « et ils diront pour dire», la Makhilta explique » pour dire » pour dire aux générations futures. A propos de la sortie d’Égypte, il y a un commandement de la Torah de la mentionner deux fois par jour alors que l’ouverture de la mer d’après tous les avis, il n’y a aucune obligation de la Torah de la mentionner.
La sortie d’Égypte revient sur elle-même chaque année: » à chaque génération l’homme est obligé de se sentir sortir lui-même d’Égypte ». La nuit du 15 Nissan, chacun a l’obligation de sortir de son esclavage égyptien. A ce moment, la sortie se renouvelle chaque année. L’ouverture de la mer est une réalité qui se tient à jamais. Ce qui a été créé à l’ouverture de la mer, perdure à jamais, est en nous à jamais. Nous la possédons. Ce qui a été créé, inventé à l’ouverture de la mer est que la forme est beaucoup plus puissante que la matière. Elle annule la matière. C’est la conscience qui annule la matière et non le contraire. C’est ce qui reste pour les générations à venir. C’est ce qui est fixe en nous, immuable, la spiritualité véhiculée par la conscience est forte en nous et la matière et les pulsions qu’elle génère, est fragilisée. La forme prend toujours les commandes de la matière. Les pulsions animales s’annulent devant la puissance de la conscience. Mais cette vérité ne se révèle qu’à ceux qui sont sortis d’Égypte. Celui qui réinvente sa sortie d’Égypte, sa libération des pulsions de son corps, alors l’ouverture de la mer se réalise d’elle-même, la forme va se diffuser automatiquement dans sa matière dénuée alors de ses forces de défense que sont ses pulsions animales. Celui qui vit chaque moment de sa vie comme une nouveauté, pulsion divine renouvelée sans aucun lien avec la pulsion précédente, alors sa forme, son énergie divine va pouvoir dominer, annuler les forces générées par sa matière. C’est à ceux qui sont sortis d’Égypte que la mer s’est ouverte. Afin d’être parmi ceux qui sont sortis d’Égypte, nous avons l’obligation de la vivre chaque moment de notre vie. Tous les commandements sont en souvenir de la sortie d’Égypte, elles sont toutes dans le but de faire vivre de nouveau et de nouveau la sortie d’Égypte. Ainsi tsitsit, téphilines toutes les fêtes et Shabbat sont en souvenir de la sortie d’Égypte. Chaque moment chaque respiration est pour nous une sortie d’Égypte, sortir l’essence de notre réalité, de notre corps. Aucune commandement ne dépend de la l’ouverture de la mer car elle vient d’elle-même. Nous n’avons pas besoin de la faire vivre en nous par des commandements car une fois que nous sortons de notre prison spirituelle, tout obstacle devient alors illusoire. La sortie d’Égypte s’appelle sortir de cet endroit et de cette réalité qui est la vie dans une conduite, une dimension qui est entièrement matérielle. Sur les égyptiens, il est écrit: » leur chair n’est que matière. (chair d’âne) ils sont retournés d’où ils venaient, de l’eau, matière informe sans vie spirituelle. Nous devons nous extraire de cette dimension de perception de la vie et ainsi, la mer va s’ouvrir, se transformer en conduit spirituel, cette conscience cette intelligence va automatiquement se déverser en nous pour nous faire vivre dans la dimension où la mer ne se tient pas où la matière ne prend pas de place. Le monde de la forme, le monde de la forme, de la conscience universelle et divine qui est le but de toute création. Ceux qui sortent d’Égypte n’ont pas besoin de prier pour que la mer s’ouvre, cette énergie divine se déverse d’elle-même.