Paracha Toledot le saviez vous ? Rav Michael Smadja
Paracha Toledot le saviez vous
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Rav Michaël Smadja
Cette étude « Paracha Toledot le saviez vous ? » est dédiée à l’élévation de l’âme de Hanna bat Rivka (Laure-Anna Teboul)
Qui a dit :
Toute chose de la création est d’une extrême grandeur et celui qui apprend à observer verra la grandeur de toute chose même de la plus petite des créatures.
Alors quelle est la raison qui fait que nous voyons toute chose dans sa petitesse?
Nous-mêmes. Du fait que nous nous voyons petit alors toute notre perception est altérée et devient petite.
Réponse : Rav Moshé haïm luzatto le »ramh´al »
Rabbenou Yérouham (Mashguia’h de la Yéshiva de MIR) demande alors : Si toute chose est d’une extrême complexité car venant directement de la volonté divine. Quelle différence y a-t-il entre une mouche et nous-mêmes ?
Justement cette faculté à percevoir selon notre prisme. Plus je me sens petit, plus la création est petite. Plus je me sens grand, plus la création est grande. Cette faculté de pouvoir percevoir et ressentir ou non dans mon être le plus profond la grandeur de cette volonté divine enfouie dans la création.
Et ainsi nous pouvons comprendre comment Darwin a pu élaborer sa théorie de l’évolution.
« L’homme étant l’étape supérieure de l’animal ». Car il se voyait lui-même comme un simple animal dénué de toute spiritualité. C’est parce qu’il ne sait pas ce qu’est un être humain, image du divin, qu’il a pu croire que l’homme dans son essence ne serait pas différent de l’animal.
Mais le juif qui a la possibilité de toucher au divin, de s’unir à la réalité de l’unité, sait et ressent que l’être humain n’a rien à voir avec un animal dans sa forme spirituelle.
Paracha Toledot le saviez vous ?
Comment définir si une personne est pauvre ou non ? Car peut-on dire que les justes comme les grands de toutes les générations qui vivaient dans une pauvreté extrême, étaient pauvres ?
J’ai eu le mérite de visiter le Rav Steinman dans sa maison qui est d’une vétusté extrême, peut-on le qualifier de « pauvre »?
Paracha Toledot le saviez vous ?
Il y a plusieurs degrés de pauvreté, « ’ani » « dal » et le pire « evione ». La racine du mot « évione » est « envie ». En fait le pauvre est celui qui ne peut assouvir ses désirs, ses envies. Comme il est dit « quel est le riche? Celui qui se suffit de ce qu’il a ».
Les grands de la Torah n’ont plus d’envies matérielles, donc ils ne peuvent être dans un état de dépendance et de manque qui est la définition de la pauvreté.
Qui est en vérité le plus riche? Celui qui a un manque et qui peut l’assouvir ou bien celui qui n’a pas d’envie?
Qui est plus riche? Celui qui a envie de fumer une cigarette et qui réalise son envie de fumer ou bien celui qui n’a pas envie de fumer?
Nous pouvons comprendre maintenant la prévention de la Torah : » qu’il n’y ait pas de pauvres « évione » parmi vous ».
Le travail du peuple d’Israël est de ne plus ressentir le manque. Ressentir qu’il lui manque quelque chose est une faute extrêmement grave car conséquence d’une fausse perception de la réalité.
Et ainsi nous comprenons pourquoi la maison de Rav steiman est d’une vétusté extrême. En fait, sa maison est d’une beauté extraordinaire. D’une perfection parfaite car étant dénuée de tout manque.
Maintenant que veut dire pauvre de mitsvot?
En fait « pauvre de mitsvot » voudrait dire ressentir » être en manque de mitsvot », c’est-à-dire ne pas avoir la possibilité de faire les mitsvot.
Mais celui qui n’a pas envie de faire les mitsvot est en fait « mort » spirituellement car ne ressentant pas le manque.
Car la vie spirituelle et matérielle n’est que la perception d’une sensation de manque.
En fait tout notre travail sur terre est de rediriger cette sensation de manque du matériel au spirituel. Désirer la Torah comme on désire les biens matériels.
Le manque est la matérialisation de la dualité dans ce monde. Réalisation du mal dans ce monde. Et si nous dirigeons cette énergie générée par le manque vers la spiritualité, nous pourrons ainsi retourner vers l’unité divine.
Et donc à la fin des temps c’est ce qui va être dévoilé. Le mal étant l’énergie divine qui amène l’homme à la perfection de l’unité.
Nous pouvons maintenant comprendre l’histoire qui est racontée à propos du Hafets Haïm lorsqu’il a été une fois invité dans la maison d’un homme très « riche » refusant de s’asseoir dans le très beau fauteuil que le propriétaire lui proposait prétextant qu’il aurait l’impression de s’asseoir sur tout un chass de guémarot (l’ensemble des 40 traités du talmoud).
Comment interpréter cette histoire? Le hafets haïm lui fait la morale ainsi:
« Le temps que tu as passé à accumuler l’argent pour acheter cette magnifique chaise, tu aurais dû le passer à étudier ». A priori quel est le lien entre l’acquisition des biens matériels et des biens spirituels? En fait cette même énergie générée par le manque, par ce désir et cette envie de posséder, tu aurais dû la diriger vers la torah.
Kéli Yakar sur Tolédoth
« Voici les descendances de Itshak: Avraham a engendré Itshak »
Le mot « engendrer » peut se décliner soit « holid » qui est le terme le plus adéquat qui signifie « entraîner la naissance de Itshak » alors que pour une femme le terme est « yalda » qui a enfanté « fabriquer l’enfant ». Et pourtant il est mentionné aussi pour l’homme dans la Torah l’expression « yalad ». Donc la question est pourquoi mentionné spécifiquement ici le langage de « engendrer » et non « enfanter »?
Ici la Torah veut nous faire allusion que non seulement Avraham a enfanté Itshak et est son père mais c’est lui qui a entraîné que Itshak puisse lui-même engendrer. C’est-à-dire qu’il lui a donné aussi le pouvoir de se reproduire, lui donnant le mérite que D-ieu lui avait donné en lui changeant son nom de Avram à Avraham. C’est pour cela qu’il est écrit: » voici les descendance de Itshak: Avraham a engendré Itshak ». C’est-à-dire que ce n’est que par le mérite et la force que D-ieu a insufflé en Avraham que Itshak a pu avoir une descendance.
Sifté Hakhamim
Voici qu’il est écrit dans la paracha précédente
« Et Avraham était vieux et allait dans les ans et D-ieu béni Avraham par tout » Rashi rapporte que « par tout » fait allusion à un fils car la valeur numérique de « par tout » « bakol » est 52 comme « Ben » fils.
Qu’est-ce qui a poussé Rashi à expliquer le sens du verset par une valeur numérique? Et non simplement que la bénédiction qu’il a reçu était matérielle?
Le sifté hahamim explique que la difficulté de Rashi est venue du fait que le verset répète deux fois le nom « Avraham » dans je même verset. Il aurait été plus correct de dire
« Avraham était vieux allant dans les jours et D-ieu le bénit »
Pourquoi avoir répété « et D-ieu bénit Avraham »?
Pour nous dire que la bénédiction que D-ieu donna à Avraham était insufflée dans son nom « Avraham »; « Avram ne peut engendrer mais Avraham peut engendrer » donc Rashi a compris que le mot « bakol » fait allusion à un fils.
Paracha Toledot Le saviez vous
D’où apprend-on que la bénédiction est dans la progéniture ?
Car la première fois qu’il est écrit le mot « bénédiction » cela est à propos de l’ordre que D-ieu insuffla au premier homme « et D-ieu bénit l’homme en lui disant « fructifiez-vous et multipliez-vous » donc la brakha est dans la multiplication dans ce monde. Comme nous voyons à propos du premier mot de la Torah qui est « Béréchit » « au commencement ». La guémara demande pourquoi débuter la Torah par le « Beth » car c’est la première lettre du mot « brakha » qui veut dire « se multiplier » D-ieu demande au monde de se multiplier.
Alors le « aleph » se « dressa » devant Dieu et lui demanda pourquoi la Torah ne commence par moi? Je suis la première lettre de l’alphabet ?
D-ieu lui répondit: » je te réserve la première lettre du premier mot des « dix paroles » « je suis D-ieu qui t’ai fait sortir de la terre d’Egypte » « anokhi » commençant par un « aleph ». Le monde de la matière est duplicité alors que le monde de la Torah est unité. Il faut arriver à ramener ce monde de la berakha de la multitude à son unité originelle par le moyen de la Torah.
Ce pouvoir de la multiplicité, D-ieu l’a insufflé en Avraham afin de le diriger vers l’unité divine.
Que sais-je?
Qu’est-ce que l’idolâtrie?
Pour celui qui veut voir, il est donné dans la Torah une définition extrêmement précise de l’idolâtrie.Il est écrit dans la paracha de « vayéra », après que Avraham ait chassé Agar et Yishmaël
« Elle est allée et s’est égarée dans le désert de béer shéva » Rashi explique le mot « égarée » ainsi : « elle est retournée à l’idolâtrie héritage de son père ».
Pourquoi traduire le mot « égarée » par l’acte de l’idolâtrie ? Quel est le rapport entre un égarement et l’idolâtrie ?
(Son nom Hagar a peut-être été à l’origine du mot français « hagard » qui veut dire « égarée »).
Hagar s’est sentie perdu, car en quittant la maison de Avraham, elle s’est séparée de la perception unitaire de la réalité. Et par ce fait tout était devenu à ses yeux dualité. Se sentant responsable et obligée d’interférer dans tout ce qui lui arrivait, (ressentant avoir un rôle particulier dans sa vie). C’est cela que veut dire « être perdu ». En fait elle était là où elle devait être selon le plan divin parfait mais vu qu’elle ne ressentait plus D-ieu dans sa perception cosmologique, elle s’est sentie perdue au milieu de toutes ces énergies cosmiques qui l’agressaient, se sentant ainsi responsable de tout ce qui lui arrivait.
C’est cela l’idolâtrie en fait. Faire de sa perception du monde une réalité singulière et séparée du projet divin.
Paracha Toledot Le saviez vous ?
Il est écrit dans la Torah que lorsque Rivka était enceinte, elle avait beaucoup de spasmes. Pour cela elle a été voir le prophète de la génération pour savoir ce qu’il en était.
Question : n’est-il pas normal qu’une femme enceinte ait des maux de ventre? Pourquoi aller chez le prophète ?
Pour répondre à cette incompréhension, Rashi rapporte le Midrash qui explique que lorsque Rivka marchait à côté d’une maison d’idolâtrie, les maux de ventre apparaissaient et lorsqu’elle passait devant la maison d’étude de chem, ses maux de ventre recommençaient. Alors elle a eu un doute. Est-il possible que j’enfante un être qui puisse avoir ces deux tendances le bien et le mal en lui ? Pour cela elle a été voir le grand de la génération qui lui révèle en fait que ce n’est pas un mais deux enfants dans son ventre, un qui a des tendances au mal et un au bien.
Il faut pourtant se poser une question. Pourquoi le fait que le mal et le bien soit dans un seul enfant a fait paniquer Rivka alors que lorsqu’il lui ait annoncée qu’elle avait deux enfants distincts un entièrement mal et un entièrement bon l’a calmée ?
Pour répondre à cette intéressante question, il faut se poser une autre question.
La Torah dans la paracha de la genèse nous enseigne que le mauvais penchant n’apparaît qu’à la naissance de l’homme et non à l’état de fœtus! Donc comment se fait-il que Éssav dans le ventre de sa mère ai pu déjà être attiré par le mal?
En fait lorsque la Torah évoque Éssav et Yaacov dans le ventre de leur mère, cela ne fait référence qu’à l’essence même de leurs natures. C’est-à-dire la Torah doit être accomplie par deux énergies divines qui s’appellent le bien héssed et rigueur guévoura. Éssav était la rigueur incarnée et Yaacov le bien parfait. Mais au départ lorsque Rivka croyait qu’elle n’avait qu’un seul enfant ayant ces deux tendances mélangées, elle ressentait que cet enfant ne pourrait pas arriver à gérer ces deux énergies en même temps. Développer laTorah sans au préalable distinguer ces deux énergies divines.
Qui l’eut cru ?
Le Zohar explique que Itshak aimait Éssav car il avait en lui la Torah orale car rabbi Akiba le précurseur de la Torah orale était le fils d’un converti descendant de Éssav.
Que veut nous dire le Zohar ?
Que ce n’est que grâce à Éssav c’est-à-dire au mauvais penchant, au yetser hara que l’homme peut accomplir la Torah.
Incroyable !
En vérité le mauvais penchant est le départ de toute construction dans notre vie. C’est une énergie extrêmement bénéfique mais qui si elle n’est pas contrôlée peut être dévastatrice.
Le mauvais penchant est ce qui donne le goût à notre vie. Exemple : lorsque nous n’avons pas faim, que peut-on avaler si ce n’est des mets très goûteux. Le goût rajoute en nous de la vie. Le goût réveille l’envie de manger. Le mauvais penchant est cette envie qui va créer en l’homme un ego afin de ressentir le monde autour de nous et de prendre conscience de lui.
Mais si cette énergie est mal gérée, l’ego va être dominé par toutes les pulsions matérielles qui vont se l’approprier afin de vouloir absorber toute chose. Au lieu que ce moi se sublime et fusionne dans la conscience universelle ce moi va se rétrécir et par cela ressentir le monde comme étant le moyen d’exister en tant que réalité particulière. Rivka pensait que si ces deux énergies n’étaient pas séparées au départ, cela créerait le désordre, impossibilité d’arriver à une harmonie parfaite. Mais une fois que le prophète lui a révélée que ces deux énergies divines étaient séparées alors elle s’est senti rassurée.
Mais le prophète lui a révélé aussi que Éssav n’allait pas pouvoir gérer cette énergie qui le dominait et allait combattre l’énergie positive. Et cela, Itshak ne l’avait pas ressenti. C’est pour cela qu’il aimait Éssav.
Nous voyons que Éssav était l’aîné de Itshak. Ce n’est pas un hasard. En fait cela veut dire que lui seul pouvait être le déclencheur de toute action dans ce monde. Et donc lorsque Essav est devenu un mécréant, Yaacov a racheté le droit d’aînesse, c’est-à-dire qu’à ce moment Yaacov a développé son propre principe. Avraham étant le principe de la bonté Itshak le principe de la rigueur que Éssav devait hériter par le droit d’aînesse et ainsi aussi se marier avec Léa. Mais lorsque Yaacov a racheté ce droit, en lui se sont fusionnées ces deux énergies (ce que Rivka avait eu peur) et ainsi a développé son propre principe qui est l’harmonie d’entre la rigueur et la bonté. Et par cela, de droit, il devait se marier avec léa.
Et lorsque Rivka a su que Yaacov a acheté le droit d’aînesse, Rivka a eu peur et a tout fait pour qu’il reçoive la bénédiction de Itshak.
La bénédiction étant que le bon penchant puisse dominer le mauvais penchant créant ainsi une harmonie parfaite entre le bon penchant et le mauvais penchant.
Paracha Toledot le saviez vous ?
Le midrash explique que Éssav pour tromper son père lui demandait comment prélever la dîme sur la paille et le sel. Et par son attitude, Itshak s’est laissé tromper.
Peut-on comprendre ce Midrash tel qu’il est perçu pour la première fois. Itshak n’est pas un imbécile ! Et Éssav non plus ! Qu’y a-t-il derrière les mots de ce Midrash ?
En fait le sel et la paille représentent deux qualités dans l’homme. Il y a la retenue, l’attention. Un homme fait attention à ce qu’il fait afin de se protéger. Un homme saint d’esprit ne va pas se suicider car en lui il a un instinct de conservation. Cet instinct est le déclencheur de la préservation des Mitsvoth négatives. Éssav veut dire à son père qu’il est ce déclencheur. Le mauvais penchant est, s’il est bien géré le déclencheur qui va permettre aux interdits d’être respectés. Cela est représenté par la paille qui protège le blé. Et donc si sur le blé qui représente les mitsvot, il faut prélever la dîme, à plus forte raison sur ce qui va permettre de les accomplir il faut prélever la dîme. La paille représentant l’attention la « zéhirout ».
De même le sel représente le goût c’est-à-dire cette empressement d’accomplir les mitsvot positives, la « zérizout » qui sans cet empressement, ce goût à agir, un homme resterait sur place et donc cela est grâce à Éssav que les mitsvot positives peuvent être réalisées et donc il est normal de prélever la dîme sur le sel.
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Fin de l’article Paracha Toledot Le saviez-vous rédigé par Rav Michaël Smadja. Mis en ligne le 20 novembre 2014 et mis à jour le 29 Novembre 2019