Paracha Tolédot Rabbi Yérouham Leibovitch
Paracha Tolédot Rabbi Yérouham
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Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Cours de Rabbi Yérou’ham Zatsal (Mashguia’h de la Yéshiva de Mir).
« Je suis un mur »: « le principe des patriarches »
« Notre sœur était petite et n’avait pas encore de seins, que pourrions-nous faire le jour où les gens parlerons d’elle? Si c’est une muraille, que l’on construise sur elle une citadelle d’argent et si c’est une porte que l’on ferme sur elle une plaque de bois de cèdre. Je suis une muraille et mes seins sont comme des tours alors j’étais à ses yeux comme diffusant la paix » (Chir Hachirim)
« Nous avions une petite sœur » fait allusion à Avraham « . « Que fera-t-on de notre sœur le jour où on parlera d’elle? » le jour où Nimrod a décrété sur Avraham de descendre dans la fournaise ardente, se dressera-t-elle comme une muraille? » ainsi a dit D-ieu: si Avraham se tient comme un mur devant cette épreuve, je construirai « sur lui une citadelle en argent » je le ferai grandir dans ce monde « mais s’il est une porte » et qu’il bouge comme une porte….. »
( Midrash de Chir hachirim)
Ce texte faisant allusion à l’épreuve de la fournaise ardente dans laquelle Nimrod a jeté Avraham. A priori, que manquait-il à Avraham avant cette épreuve pour qu’il l’acquiert lors de cette épreuve? Que voulait « savoir » D-ieu à propos de Avraham par cette épreuve? Car voici, nos sages enseignent qu’Avraham a reconnu D-ieu à l’âge de trois ans, certains de nos sages disent à 48 ans mais de toute façon ceci s’est passé bien longtemps avant l’épreuve de la fournaise de Kasdim! Il est donc évident qu’il a perçu tout ce qu’il devait percevoir que ce soit dans les mondes supérieurs ou dans le monde inférieur, ce qu’il y avait avant et ce qu’il y aura après, « il a vu de D-ieu ce que personne n’a pu percevoir ». Car si ce n’était pas ainsi, il ne serait pas devenu notre patriarche! Il est possible que même le livre de la création, il l’a écrit avant cette épreuve. Donc que voulait D-ieu de Avraham en lui envoyant cette épreuve? Que manquait-il à Avraham pour devenir parfait?
Il est écrit à propos de la genèse: » qu’il y ai le firmament au milieu des eaux » Rachi expliquant ce verset ainsi: » que le firmament se renforce et se durcisse car bien que les cieux ont été créés le premier jour, ils étaient encore fluctuants. Ils se sont raffermis le deuxième jour par le « cri » divin lorsque les mots « que soit le firmament » se sont matérialisés comme un homme entendant un cri de terreur qui le ferait se figer de peur. Que veulent dire ces mots « les eaux étaient fluctuantes le premier jour »? « Voici que D-ieu a créé la terre avec sagesse et les cieux avec discernement et par sa connaissance, les abîmes se sont fendues » (Michlé). Comment est-il possible que dans la création remplie de sagesse et de discernement puisse exister cette notion de fluctuation? Cependant ce sont bien les paroles de nos sages! Du fait d’une terreur incommensurable, les eaux se sont figées! Voici un grand principe nous ai révélé dans cet enseignement! Il est certain que lorsque D-ieu a créé la création avec sagesse et discernement, la création était d’une perfection extrême. Tout était parfait sans manque! Et malgré cela, il existe cette notion de « fluctuation » où il est encore possible d’interférer, de modeler, étant encore liquide comme une bouillie et où il y a alors place à cette notion de « cri » moyen particulier de raffermir, de rendre solide et dur comme de la pierre sans moyen d’interférer dans sa constitution moléculaire!
Cette notion se retrouve aussi dans Avraham: même avant l’épreuve de la fournaise de Kasdim il avait atteint la perfection la plus parfaite. Cependant le principe est que même dans la perfection des perfections, il est encore possible de n’être que dans un état « fluctuant » où l’on pourrait toujours réussir à être « déstabilisé ». Et par cette épreuve, Avraham a été éprouvé s’il était dans un état fluctuant, où il pouvait être déstabilisé par une quelconque situation ou bien était-il dans un état psychologique de « muraille » aussi dur que du fer et sur cela vient la réponse de Avraham « je suis un mur et mes seins sont comme des tours ».
« Fluctuation » et « renforcement »: notion de crainte
Le Ramh’al rapporte dans plusieurs endroits que de grandes choses peuvent être découvertes dans la rue elle-même dans les plus petites choses de la vie courante. La grandeur de la vie est à notre portée. Car celui qui prend la peine d’observer, ressent au plus profond de lui-même qu’il n’y a rien de petit et de secondaire dans la création. Celui qui fait une véritable introspection trouvera devant ses yeux de manière le plus simple possible les merveilles de la nature se dévoiler à lui. Et ce qui fait qu’il y a toujours des choses petites à nos yeux, ce n’est pas parce qu’elles sont petites dans leur essence mais parce que nous, nous sommes petits, pour cela, toute la création devient petite à nos yeux.
Que veulent dire exactement les mots « les cieux étaient fluctuants »? Il y a encore une notion de fixation, de stabilité! Voici que D-ieu a reproché à Moshé notre maître le fait de lui avoir dit: pourquoi fais-tu du mal à ce peuple? D-ieu lui répondit: aux patriarches je me suis fait connaître par le nom de puissance « kel chakaï », mon nom « havaya » le tétragramme ( D-ieu de toutes les forces supérieures) je ne leur est pas fait connaître, et ils n’ont pas parlé sur mes actions ». Voici donc que Moshé était plus grand en prophétie que les patriarches et nous avons le devoir de croire qu’il n’y a jamais eu auparavant et qu’il n’y aura pas de plus grand prophète que lui! Et uniquement sur Moshé, il est écrit: » face à face, je lui est parlé » il est le seul à avoir eu le mérite de: « et l’apparence divine, il a scruté »; même à ce niveau extrême de prophétie, il y a aussi cette notion de fluctuation! Car il lui a été reproché de ne pas être à un niveau de muraille, de stabilité extrême! Même dans un niveau de perception de sa réalité aussi grande, il était toujours dans un état de mouvance tangible! Il se trouve donc que sur cette notion de stabilité, de « muraille », Avraham était plus grand que Moshé!
Nous observons de cet enseignement qu’il y a deux notions complètement différentes et indépendantes. La notion de niveau de proximité d’avec le divin et la notion d’éternité, de sérénité et d’impassibilité qui est une réalité, une création particulière en dehors du niveau de perfection que l’on peut atteindre. Deux mondes distincts. La sérénité que l’on acquiert au moment de la perception divine est au-dessus de toute perception. C’est ce qui permet à l’homme de « posséder » cette perception qui lui a été dévoilée. Il se peut qu’un homme puisse arriver au niveau de Moshé rabbénou où le manque n’existe plus, et malgré cela, il y aurait toujours une notion de fluctuation, de perméabilité de l’esprit. Après un tel niveau de réalité, de pure conscience, il y a un principe qui est un niveau supérieur et qui s’appelle » et les cieux se sont raffermis par le cri de D-ieu », une imperméabilité à toutes sortes d’énergies qui pourraient perturber l’homme dans sa réalité supra-consciente.
Le Ramban explique le verset: » et D-ieu vit que ce qu’il a fait était très bien » ainsi: les mots « très bien » font référence au fait de matérialiser une réalité à cette création. Nous voyons de cette explication que bien que la création ai été créée avec sagesse et discernement, elle était toujours dans un état de « manque de réalité », dans un état où à tout moment, elle pouvait revenir au néant. C’est le principe des « cieux fluctuants ». « et les cieux se sont raffermis par le cri de D-ieu » étant le principe de la matérialisation de la réalité de la création. La « muraille » est le principe du « cri divin ». Et ce cri est le principe de la « crainte » qui est un rapprochement et une proximité tellement grande que la création s’unit de la plus parfaite des manières avec le saint béni car en dehors de sa sainte réalité, il est certain qu’il n’y a pas d’existence! Et bien que toute la création émane et s’enchaîne seulement et uniquement de la réalité divine, malgré cela, il y a un principe encore plus élevé: » son cri sacré » qui est l’union totale d’avec la réalité divine. Et c’est cela le principe de la réalité de l’existence, du principe de « je suis D-ieu, je ne suis pas voué au changement ».
Voici que deux notions apparaissent:
1/ la notion de la création elle-même qui est encore dans une nature fluctuante , encore en gestation sortant de la potentialité
2/ la notion de la réalisation de la création, procurant une existence durable dans l’unité divine qui est une réalité et une création particulière. C’est ce que nous avons trouvé chez Avraham après qu’il ait traversé toutes les épreuves et qu’il se soit élevé dans des mondes spirituels dénués de toute matérialité, il fallait l’éprouver pour savoir s’il était une « muraille », du « métal » que le feu ne peut dominer.
Combien sont évidentes les paroles de nos sages: » quatre choses ont besoin de renforcement:
« La Torah, les bonnes actions, la prière et les bonnes manières ». Même la sainte Torah a besoin d’être en état « d’impassibilité », d’être du fer dans l’esprit de l’homme. Faire qu’elle devienne en l’homme immuable, que rien ne puisse déstabiliser l’homme dans sa Torah. Tant que la crainte divine ne s’incruste pas en l’homme, la Torah n’est pas encore sa Torah! Elle est toujours dans un état de fluctuation! Lorsque le désir naît en l’homme, toute sa Torah ne peut l’aider si elle est dans un état fluctuant. Il lui faut renforcer cette Torah, faire en sorte que cette envie ne vienne polluer sa Torah. Et ceci ne peut se faire que par le développement de la crainte divine qui va raffermir sa Torah et par ceci il va devenir de plus en plus impassible aux énergies qui viennent le perturber dans son service divin.
C’est le principe du peuple d’Israël, il est puissant, une véritable muraille. Il ne peut être touché par aucun événement que ce soit! Qu’il passe dans une fournaise où qu’il traverse une mer car bien que la sagesse est une notion fluctuante, le peuple d’Israël est d’un autre niveau, du niveau de « muraille » engendré par la crainte divine qui l’habite.
La suite de ce cours : Grandeur et décadence
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