Paracha Béhaalotékha
Rav Baroukh Rosenbloum
Rav Baroukh Rosenbloum
Traduit et mis en forme par Rav Michael Smadja
Au milieu de la Paracha, il y a un chapitre limité par deux lettres inversées, deux »noun » inversés »נ ». Le talmud explique cela en disant que ces deux »noun » inversés sont là pour faire une séparation entre deux punitions.
Nous connaissons la deuxième faute qui est explicite dans la Torah: c’est la punition à propos des cailles, lorsque les enfants d’Israël ont réclamé de la viande. [d’ici nos maîtres apprennent que la chair de volaille a un statut de viande]
Par contre, nous ne voyons aucune faute avant le premier »noun »! Il est écrit seulement »et les enfants d’Israël ont voyagé de la montagne de Sinaï »! Où voit-on un acte répréhensible dans ces mots ?
Dans la Paracha »Béchalah » au moment où ils ont fini de traverser la mer des joncs, il est écrit: »et Moshé a fait voyagé Israël de la mer des joncs ». Nos sages commentent ce verset ainsi: »Moshé les a fait voyager contre leur gré ». Pourquoi ? Car lorsque les enfants d »Israël sont remontés sur la berge, tous les trésors que les égyptiens avaient emportés avec eux pour poursuivre les hébreux, ont refait surface et se sont déposés sur la berge. Nos sages disent que le butin de la mer était plus conséquent que le butin d’Egypte. Chaque hébreu pris avec lui trente ânes pour supporter la charge de son butin. Et les enfants d’Israël ne voulaient pas bouger des berges de la mer pour amasser et encore amasser les trésors que la mer rejetait sur la berge. Alors Moshé a été obligé de les tirer de la berge pour les faire voyager contre leur gré.
Ici dans notre Paracha, il n’y a pas écrit: »et Moshé a fait voyager les enfants d’Israël de la montagne du Sinaï » pour expliquer que les hébreux voulait rester à l’endroit où ils étudiaient jour et nuit les trésors de la Torah et que Moshé ai été obligé de les faire partir contre leur gré. Mais il est écrit »et Israël a voyagé de la montagne de Sinaï » de leur propre volonté. Nos maîtres expliquent qu’ils se sont enfuis de la montagne du Sinaï comme des enfants qui s’enfuient de l’école le dernier d’école.
C’est cela la faute que D-ieu et Moshé reprochent aux enfants d’Israël. Ils étaient au paradis, dans un état spirituel du niveau du monde futur et ils se sont enfuis de ce niveau de conscience pour revenir à un état de conscience où les sens dominent et créent une conscience fictive et illusoire. D’une conscience universelle, ils sont passés à une conscience bassement matérielle et égocentrique. Ils voulaient profiter de ce monde, profiter des plaisirs de ce monde alors qu’ils avaient connus les plaisirs de l’éternité.
Comment l’homme peut-il, alors qu’il a goûté au bonheur indicible de la vérité divine, vouloir retomber dans ce monde de la dualité où tout n’est qu’imperfection?
En fait, une personne est une création de chaque instant. Si nous étions conscient à chaque instant, nous pourrions ressentir cette création et cette mort de chaque instant car, ne l’oublions pas, la faute du premier homme est sur nous à chacune de nos expirations. Inspiration-création, expiration-mort….donc à chaque moment, notre état spirituel est différent et se renouvelle. Si nous ne sommes pas à chaque instant de notre vie relié au savoir de la Torah, à sa lumière divine, notre perception en sera altérée. Et donc, le problème qui s’est révélé au mont Sinaï, à mon très humble avis est cette déconnexion d’avec la lumière divine et la Torah. Cette non-connexion, automatiquement a engendré des manques et des imperfections qui se sont fait ressentir par une dualité illusoire où la conscience égotique se matérialise au moment de la perception par les sens de ce monde. Donc les hébreux dans le désert, du fait de leur non-attention et de leur déconcentration mentale se sont déconnectés de leur source divine pour revenir automatiquement au monde de la dualité où personne ne peut se prévaloir de pouvoir résister au mauvais penchant qui se matérialise dans ces ego issus de nos pulsions.
Suite du cours de Rav Baroukh Rosenbloum
Le Sabba de Novardok écrit qu’au moment où la spiritualité sort de l’esprit l’homme, rentre de suite les envies de ce monde, comme il est fait remarquer au sujet de Yaacov qui a pris les bénédictions de son père, dès qu’il est sorti de devant lui, est rentré de suite Essav. Pour nous enseigner que dès que l’homme arrête d’élever son esprit vers D-ieu, de suite, au même moment rentre ce souffle de folie qui engendre en lui cette envie des plaisirs de ce monde.
S’il n’y a pas Torah, alors apparaît tous les désirs matériels: la nourriture, l’argent, la dépravation sexuelle. Mais s’il y a Torah, alors toutes ces attirances s’évanouissent comme le vent repoussant les nuages.
Nous voyons que dans la Torah, les deux fautes étaient séparées par deux »noun » inversés. Ces deux fautes étaient en fait deux désirs qui se sont réveillés. Et à quel moment ? Lorsque les enfants d’Israël se sont séparés de la Torah. Alors un vent de désirs a soufflé sur eux. Désir après désir. Les cailles puis après la faute des explorateurs, la faute de korah et de son assemblée, la faute avec Kosbi bat tsour. Toutes ces fautes venant de cette fuite en avant de la montagne de Sinaï. Lorsque les enfants d’Israël ont pleuré pour les cailles, en fait ce n’était pas leurs corps qui pleuraient mais leurs âmes qui ressentaient cette déconnexion d’avec D-ieu. Car en vérité rien dans ce monde ne peut satisfaire et rassasier l’âme divine d’un juif. Et même, le contact divin ne peut remplir cette envie terrible que l’âme développe au contact de l’unité divine tellement cette envie est illimitée car venant directement du divin. Et ainsi, cette énergie si elle n’est pas dirigée correctement vers le haut, se déverse en tsunami vers le bas pour envahir le corps et toutes ses envies que celui-ci produit. Ou tu diriges cette énergie vers la Torah ou bien vers les plaisirs de ce monde. Mais les deux en même temps cela n’est pas possible. C’est comme mélanger le feu et l’eau. Les envies de ce monde et la Torah ne peuvent se marier ensembles.
Nous pouvons alors comprendre pourquoi dans la Torah, ce sont deux »noun » inversés qui séparent les deux fautes. Le mot »noun » en araméen veut dire »poisson », a-t-on déjà vu un poisson sortir de l’eau pour se projeter sur terre ? Aucun poisson ne sort de l’eau. La Torah est comparée par nos sages à de l’eau. Tout celui qui se sépare de la Torah est comparé à un poisson qui sort de l’eau. Pour cela, la Torah a mis deux »noun » inversés. Vous les enfants d’Israël, vous vous comportez comme des poissons qui s’enfuient de leur élément naturel pour vous plonger dans les plaisirs de ce monde. Celui qui s’enfuit de D-ieu est comme un poisson qui sort de l’eau. Vous êtes des poissons qui vivez à l’envers de votre vie à laquelle vous êtes destinée.
Il y a quatre ordres dans le monde présent:
1/ le règne minéral
2/ le règne végétal
3/ le règne animal
4/ le règne humain.
Chacun de ces groupes a une spécificité et ce n’est que par cette spécificité qu’il avance dans son monde.
Un végétal a une supériorité sur le minéral. Il pousse et donc tire son énergie de sa particularité mais s’il se mettait à réagir comme un minéral refusant de tirer sa vitalité de sa particularité, il mourrait de suite. De même pour l’animal, sa particularité est de se mouvoir et ce n’est que par cette seule particularité qu’il peut survivre. S’il se mettait à s’arrêter de chasser et de se conduire comme un végétal, de suite il mourrait. Ainsi l’homme sa particularité est de penser, s’il voulait se nourrir que par sa force, alors les animaux le tueraient.
Il y a une autre catégorie de créature qui est le juif qui a comme particularité d’être en contact direct avec D-ieu par l’intermédiaire de la Torah. Et ce n’est que grâce à cette particularité qui est la Torah qu’il peut se maintenir en vie. S’il se comporte comme un être humain, c’est-à-dire s’il se sert de son esprit pour subvenir à ses besoins alors il se fera manger tout cru par les autres êtres humains. Cela s’appelle l’antisémitisme.