Mentionner la pluie dans la Amida (12)
Shoul’han Aroukh chapitre 114 §4 – Halakha Béroura (2)
15 Octobre 2013 / 11 Heshwan 5774
4 Novembre 2014 / 11 Heshwan 5775
Chapitre 114 – Saîf 4 / Alinéa 4 dans le Shoul’han Aroukh
Halakha Béroura du Rav David Yossef tome 6 §8 pages 151-153
Sujet : mentionner la pluie.
Conséquence si quelqu’un a oublié de mentionner la pluie en été
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בשם השם נעשה ונצליח
Halakha Béroura § ח/ 8 page 149
Si quelqu’un s’est trompé et a mentionné « Tu fais souffler le vent et tomber la pluie » en été, et qu’il s’en rend compte avant de mentionner le nom de D.ieu dans la fin de la bénédiction (Baroukh Atta Hashem) « Atta Guibor », «Tu es puissant», il devra revenir et recommencer à partir de « Atta Guibor », «Tu es puissant». [2]
S’il n’a pas repris depuis le début de la bénédiction (depuis « Atta Guibor », «Tu es puissant») [il s’est donc trompé en reprenant, suite à une première erreur] mais seulement à partir de « Rav Léoshia » « Ton secours est immensément grand » et qu’il a déjà terminé la bénédiction « Mé’hayé Haméttim » « Qui ressuscite les morts » il ne faudra pas recommencer.
Si la personne se rend compte de son erreur lorsqu’elle arrive à la fin de la bénédiction et qu’elle a dit « Baroukh Atta Hashem » ‘בָּרוּךְ אַתָּה ה, et n’a pas encore dit מְחַיֵּה הַמֵּתִים (qui ressuscite les morts) alors elle devra dire למדני חוקיך afin que cela soit comme si elle avait dit un verset (Psaumes Ch. 119 v 12) et ensuite elle reprendra à « Atta Guibor » «Tu es puissant».
Si elle a déjà dit מְחַיֵּה הַמֵּתִים et à plus forte raison si elle a commencé à dire la bénédiction suivante elle devra recommencer depuis le début de la prière [3]
Il est bon dans ce cas que lorsqu’elle recommence elle dise le verset (comme dans la Amida normalement dite ») « Hashem Séfatay … » et à plus forte raison si elle terminé la prière (complètement et seulement là elle se rend compte de son erreur d’avoir mentionné la pluie en été), il lui faudra dire le verset « Hashem Séfatay … ».
[2] Développement basé sur la partie « Birour Halakha §8 » du livre Halakha Béroura (page 151)
Voir Rashi (Taânith 3b) qui enseigne qu’il faut revenir (en cas d’erreur) au début de la « bénédiction ». Rashi est ramené en tant que Halakha dans le Or Zaroua Tome 2. Cependant dans les propos de Rashi il n’est pas précisé s’il faut revenir à « Atta Guibor » «Tu es puissant», ou bien s’il faut recommencer à partir du début de la prière, puisqu’on peut dire que puisque les trois premières bénédictions sont considérées comme une seule bénédiction on doit reprendre au début de « la bénédiction = le début de la Amida » [puisque les trois premières bénédictions sont considérées comme une seule].
Cependant le Rosh et le Tour (le fils du Rosh) ont écrit sur ce même sujet que tant qu’on n’a pas terminé la bénédiction (« Mé’hayé Haméttim ») on doit revenir à « Atta Guibor » «Tu es puissant» [là c’est explicite alors qu’avec Rashi nous avions deux manières potentielles de voir] et c’est seulement lorsqu’on a terminé la bénédiction qu’il faut revenir au début de la prière. On voit la même chose dans le Raavia Tome 3, que tant qu’on n’a pas fini la bénédiction on revient (en cas d’erreur) à « Atta Guibor » «Tu es puissant». Le Rosh, Le Mordékhay, et le Agouda rapportent les propos du Raavia.
Marane (Rabbi Yossef Caro) dans le Beth Yossef, ramène que même si d’après les propos du Rambam nous comprenons que même s’il n’a terminé la bénédiction il lui faut reprendre au début de la prière, il y a lieu de trancher comme le Rosh car le Raavia l’aide (pense comme lui) et que de plus les propos du Rambam ne sont pas explicites (mais implicites). Et tel est la Halakha tranchée ici dans le Shoul’han Aroukh.
Voir dans le Méiri qui a écrit également qu’il lui semble que si quelqu’un s’est trompé dans les trois premières bénédictions et qu’il se rend compte de son erreur avant de terminer la bénédiction [dans laquelle il se trouve, c’est à dire une des trois] il ne doit reprendre qu’à partir du début de la bénédiction [dans laquelle il se trouve]. Il semble que tel est l’avis du Raa. Tel le ramène également le Or’hoth Haym au nom de « certains expliquent » et il explique également que c’est l’avis de Rabbénou Pérets ; cependant il ramène que nous comprenons des propos du Rashba que dès que nous nous sommes trompés (dans les trois premières bénédictions) il faut reprendre au début de la prière.
Tel est également l’avis du Gaone de Vilna que (en cas d’erreur) même si on n’a pas terminé la bénédiction il faut reprendre au début de la prière et que tel est l’avis du Rambam ; voir l’explication des propos du Gaone de Vilna dans le Hazon Ish. De même le Mishna Béroura (dans la partie Biour Halakha) rapporte l’avis du Gaone de Vilna.
De même dans les Responsa Téshourat Shay Tome 1, l’auteur écrit que de nombreux décisionnaires pensent comme le Rambam (qu’il faut reprendre au début de la prière) et que si le Beth Yossef (Marane, Rabbi Yossef Caro) avait vu tous ces avis il aurait tranché qu’il faut reprendre au début de la prière.
Cependant, dans le livre Damasseq Eliêzer, il allonge (les discussions) en s’étonnant des propos du Gaone de Vilna puisque le Rosh donne explicitement son avis dans notre cas et que cet avis ne vient pas contredire ce qui est dit (dans le Talmoud) que lorsqu’on se trompe dans les trois premières bénédictions il faut reprendre au début de la ‘Amida. De même dans les livres « Torath Haym Sofer » et « Béné Tsione », ces auteurs ont écrit pour garder et conforter l’avis de Marane l’auteur du Shoul’han Aroukh, contrairement à l’avis du Gaone de Vilna. De même est tranché (comme Marane) dans le livre Matté Moshé.
Nous verrons plus loin (dans les paragraphes suivants de ce même livre) au nom de nombre de décisionnaires que tant qu’on n’a pas commencé la bénédiction suivante on revient à « Atta Guibor » «Tu es puissant». Cependant dans ce dernier cas nous tenons la Halakha comme le Shoul’han Aroukh qui tranche qu’il faut reprendre au début de la prière, mais malgré tout, ces derniers avis sont une aide dans notre cas [du présent paragraphe] et viennent conforter l’avis de ceux qui pensent que lorsqu’on n’a pas terminé la bénédiction on ne reprend qu’à partir de « Atta Guibor » «Tu es puissant» [puisque forcément ces décisionnaires ont la même opinion dans notre cas].
[3] Développement basé sur la partie « Birour Halakha §9 » du livre Halakha Béroura (page 152)
Tel l’a expliqué le Rosh que si on a terminé la bénédiction (qui ressuscite les morts) on doit revenir au début de la prière. Tel l’ont tranché le Tour et le Shoul’han Aroukh (ici). Voir plus haut (dans le développement [3]) que d’après le Rambam et nombre de décisionnaires médiévaux, qu’en cas d’erreur, même si on n’a pas terminé la bénédiction il faut reprendre au début de la prière [ce qui n’est pas la Halakha in fine]. Malgré tout il nous faut trancher comme Maran qui a suivi l’avis du Rosh, du Tour et de nombre de décisionnaires médiévaux, c’est à dire qu’en cas d’erreur et si la personne n’a pas terminé la bénédiction elle doit reprendre à « Atta Guibor » «Tu es puissant» ; par contre lorsque la personne a fini la bénédiction même d’après Maran on doit revenir au début de la prière [puisque le Rosh est d’accord dans ce cas].
Cependant, le Bayth ‘Hadash et le Elia Rabba, et le Maghen Guiborim ont tranché que tant que la personne n’a pas débuté la bénédiction suivante (Atta Qaddosh) on doit revenir à Atta Guibor « tu es puissant ». Le Péri Méghadim reste dans le doute à ce propos et termine en disant « il faut approfondir » ; de même le ‘Hessed Laalafim et le Kaf Ha’haym (de Ribbi ‘Haym Sofer) ont pris en considération l’avis du Bayth ‘Hadash (de ne recommencer qui si on a débuté la bénédiction suivante).
Cependant de nombreux décisionnaires (postérieurs au Shoul’han Aroukh) ont réfuté les propos du Bayth ‘Hadash et du Elia Rabba et ont tranché que si la personne a fini la bénédiction « mé’hayé Hamétim » הַמֵּתִים (qui ressuscite les morts) elle doit revenir au début de la prière. Tel est l’avis à retenir pour la Halakha car non seulement c’est l’avis du Shoul’han Aroukh dont nous avons accepté de prendre sur nous les décisions, mais de plus il n’est pas possible d’appliquer le principe « en cas de doute sur une bénédiction il faut s’abstenir » car s’il revenait seulement à « Atta Guibor » alors il rentrerait également volontairement dans un problème de crainte de bénédiction en vain puisque pour ceux qui tranchent qu’il faut recommencer depuis le début on n’a pas le droit de recommencer seulement à « Atta Guibor » (ça ne sert à rien). De plus, par ailleurs l’avis du Rambam et de nombre de décisionnaires médiévaux est que même lorsqu’on n’a pas terminé la bénédiction il faut reprendre au début de la prière.