Lois de la Téfila (prière) IV
Cours du Rishon Letsione Rav Itshak Yossef du 20 janvier 2018
Lois de la Tefila
Chiour hebdomadaire (20 janvier 2018) de Maran Harishon Létsion Hagaon Hagadol Rabbénou Itshak Yossef Chlita
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Rédaction du cours réalisée par R. Yoel Hattab
Oraisons funèbres d’un Tsadik
Il est rapporté dans le traité Chabbat (105): Rav Yéhouda dit au nom de Rav: toute personne nonchalante de faire une oraison funèbre sur un érudit, est bonne pour être enterrée vivante, comme nous l’apprend le verset (Yéhoshoua 24, 30) qu’ils l’ont enterré sur le Mont Ephraim, au Nord de Har Gaash. Nous apprenons qu’ils devaient être tués pour ne pas avoir fait sur Yéhoshoua des oraisons funèbres Soleildignes. Dans plusieurs endroits la Torah nous met en évidence ce point. Il est enseigné, que le Déluge fut retardé, afin d’attendre la fin du deuil de Métouchéla’h (Mathusalem). Avraham Avinou lui-même a fait une allocution funèbre sur Sarah Iménou. Ainsi lors du décès de Yaakov Avinou. De même pour Chmouel Hanavi. De là l’importance de faire un discours funéraire sur un érudit. Nous pouvons retrouver d’ailleurs dans le traité Yévamot (78a) que suite au décès de Chaoul, les oraisons funèbre furent rares par rapport à sa grandeur. Le pays fut alors touché par la famine. Mais alors la question se pose: il existe un chapitre entier dans le prophète Chmouel, lorsque David Hamélékh se lamenta après le décès de Chaoul. Pourquoi y a-t-il eu la famine? La réponse est la suivante: une allocution funéraire sera considérée comme telle lorsque cela bénéficie d’une morale pour le public. Lorsque David Hamelekh se lamenta après la mort de Chaoul, il s’agissait des lamentations sur sa force de combat etc., la morale ne peut être générale, peu sont ceux qui combattent en guerre ou bien qui sont guide d’un peuple. La morale doit être telle, que chacun puisse se comparer et faire de même.
Rabbi Yéhouchoua Mamane-un apprentissage pour la vie
On peut parler de Rabbi Yéhochoua Mamane, sur toute sa vie: il était Dayane, ensuite Rav de plusieurs endroits etc. Mais ce n’est pas des oraisons funèbres auxquelles chacun peut se comparer. Que peut-ont apprendre de ce Gadol? Non pas une fois, je l’ai vu en train de prononcer la bénédiction de Asher Yatsar, avec une telle concentration, que chaque mot était dit avec mesure. De même dans sa Tefila, chaque mot était bien compris; sa Tefila pouvait durer longtemps. D’ailleurs, il allait certaines fois dans le Chtiblékh (synagogue, ou les Minyanim s’enchainent) Rashbam. Les fidèles Ashkénaze, avaient l’habitude de finir rapidement leur Amida, contrairement au Rav qui priait lentement en prenant connaissance de chaque mot. Il s’énervait après eux, les dénonçant de prier trop rapidement. Ces dernières semaines nous avons par ailleurs beaucoup parlé des lois de Tefila, voilà quoi apprendre du Rav. Mis à part cela, au combien il respectait les érudits en Torah, même plus jeunes que lui. Ô combien il respectait Maran Harav Ovadia Yossef Zatsa’l.
Pour le défunt ou la famille?
Le Traité Sanhedrine questionne: les oraisons funèbres sont-elles par honneur pour le Défunt ou pour sa famille? Quelle serait la différence? Dans le cas où le défunt, avant son décès demanda à ce que sa famille ne lui fasse pas d’oraisons funèbres, doivent-ils l’écouter? S’ils sont là par honneur vis-à-vis de la famille, on n’aura pas besoin d’écouter la requête du défunt. Si par contre cette Mitsva est par honneur au défunt, on devra l’écouter et ne pas faire d’oraison funèbre. La Halakha est tranché que les Hespédim sont dits par honneur au défunt. Néanmoins il est rapporté dans le livre Minhat Havélim, si un défunt avant sa mort demande à ce que l’on ne lui fasse pas d’oraisons funèbre, même si la loi est tranchée qu’une allocution faite au défunt est pour son honneur, donc on serait obligé de l’écouter. Cependant la Halakha tranche que les proches auront le droit d’en faire quand même. En effet, le Minhat Havélim explique que si le défunt avait connaissance de ce que ces mots pouvaient apporter aux gens, lui-même aurait accepté. On pourra amoindrir un peu les Hespedim.
Age pour l’examen de Dayanout
Au Maroc, lâge minimum pour faire l’examen de Dayanout est de 30 ans. Mais le Rav Mamane c’est présenté à l’âge de 28 ans. Il leur demanda cette faveur de pouvoir faire cet examen. Il le réussit haut la main. En Israël aussi il y a un âge requis. Pour les examens de Rabbanut, en Israël, ils peuvent être faits à partir de 23 ans. Chose que je ne comprends pas, pourquoi ne pas pouvoir commencer même à l’âge de 21 ans ?! Que la famille du défunt puisse bénéficier de bénédictions, Amen véAmen.
L’heure du Chema le matin
Il est rapporté dans le traité Berakhot (40b) une discussion en ce qui concerne le moment de la lecture du Chema du matin. Selon Tana Kama, le moment auquel il faut lire, est lorsque le jour est assez levé au point de pouvoir différencier le bleu clair du blanc. Et ce jusqu’au lever du soleil. Rabbi Yéhochoua pense que le Chema pourra être lu jusqu’à la troisième heure (heure où les princes se lèvent le matin). Selon ce dernier avis, même après le lever du jour on pourra lire le Chema. Sur ce, le Yérouchalmi (traité Berakhot Chap. 3) tranche la Halakha comme Rabbi Yéhochoua, mais rajoute, que ce laps de temps séparant le lever du jour à la troisième heure, n’est qu’en cas de force majeure. En effet, l’heure à laquelle on lira a priori le Chema, sera au lever du soleil. Nous pouvons trouver une preuve à cela. Il existe une Mishna dans le traité Berakhot (20a): dans le cas où une personne est allée se tremper, et arrive l’heure du Chema, s’il a le temps de remonter de l’eau pour lire le Chema, il fera ainsi. Sinon, il lira le Chema dans l’eau. Dans ce cas-là, il croisera ses bras afin que son cœur ne voit pas sa nudité, et lira de cette manière le Chéma. Lorsqu’on demande à la personne de croiser ses bras, c’est seulement dans le cas où l’eau est bien fluide et claire. Mais s’il s’agit d’une eau boueuse et sale, ce ne sera pas nécessaire de croiser les bras. De là, nous pouvons apprendre, que l’heure de la lecture est précisément au lever du soleil. Mais en cas de force majeure, alors que la personne ne pouvait pas faire autrement, il pourra lire le Chema, jusqu’à la troisième heure.
Manger une glace à la mer
Incidemment, certains ont prouvé par la Mishna rapportée précédemment (croiser ses bras peut faire office de séparation), que lorsqu’une personne n’a pas de quoi se couvrir la tête pour faire une bénédiction, elle aura le droit de mettre sa propre main sur sa tête et faire la bénédiction. Cependant, le Troumat Hadéshéne contredit cet avis et pense que sa propre main ne pourra pas faire office de Kipa. Celle d’une tierce personne, pourra, néanmoins l’être. Mais alors, quelle est la différence avec la Mishna plus haut ? La réponse est simple: ses propres bras peuvent faire écran, mais ne peuvent pas faire office de Kipa. En effet, pour le couvre-chef, ou n’autorise pas lorsqu’il s’agit d’un membre du corps Ce sont deux choses distinctes. Ainsi, une personne se trouvant à la mer, et son ami lui rapporte une glace, s’il se trouve encore dans l’eau, il lui suffira de demander à son ami de lui couvrir la tête avec sa main, pour faire la Berakha (Etant encore dans la mer, l’endroit où il se trouve prend le même Din qu’un bain public). Et ensuite, manger sans Kippa. Sur la plage, il sera préférable de se couvrir la tête avec une Kippa, mais ce n’est pas obligatoire. Il n’y a donc aucune différence entre un bras ou une main, tant qu’il s’agit du même corps, il ne pourra pas faire office de Kippa.
L’avis du Choulhan Aroukh
Le Choulhan Aroukh (Siman 91 Halakha 4) cite en ces termes : des chapeaux tissés en paille seront considérés comme un couvre-chef, ce qui n’est pas le cas par le fait d’y poser sa main. Mais si une tierce personne pose sa main sur la tête de son ami, on en déduit qu’il sera considéré faisant office de Kippa. Fin de citation. On voit selon le l’avis du Choulhan Aroukh, qu’il n’existe pas de différence entre un bras et une main,
D’autres avis
Le Maharshal[1] pense qu’il sera permis de mettre sa propre main pour faire une bénédiction. Le Magen Avraham contredit cet avis. Tel est l’avis du Troumat Hadeshene (lui-même à l’époque du Choulhan Aroukh).
Trancher la Halakha à l’encontre des Rishonims
Dans en aucun cas, il sera permis de contredire un Rishone[2]. Comme nous l’a déjà enseigné Rabbi Yossef Karo, dans l’introduction du Beth Yossef. Sauf, bien entendu dans le cas où plusieurs Rishonim sont en discussion sur un point. Contrairement au Havot Yair, lequel pensait que lorsque la personne a une preuve contredisant un Rishone, on pourra contredire son avis. Cependant, nombreux sont ceux qui ne sont pas du même avis que le Havot Yair. Comme nous avons pu développer le sujet dans le livre Ayin Itshak (Volume 1). La Halakha est tranchée comme le Beth Yossef, qu’un Aharone[3] ne peut contredire l’avis d’un Rishone. Au point ou le Maharik (il y a de cela 550 ans) écrit (rapporté dans le Rama Siman 25 Yoré Déa) que si un Aharone tranche une Halakha, mais n’a pas fait attention qu’un Rishone le contredisait, la Halakha sera tranchée comme le Rishone. En effet, le Maharik pense que si ce Aharone avait vu ce Rishone, il aurait pu trancher comme lui.
Le Maharshal
Le Maharshal était très ferme sur ses positions. Il est rapporté dans l’introduction du livre Rav Péalim (du Ben Ich Hai) que le Maharshal avait blessé Rabbi Chimon Bar Yohai. Il en arriva à cela, car il contredisait l’avis des Rishonim.
Revenons-poser sa propre main
Le Troumat Hadechén comme nous l’avons pu le rapporté plus haut, tranche que le fait de poser sa propre main n’est pas suffisant. Tel est l’avis du Magen Avraham, du Hagaon Rabbénou Zalman, le Bahér étév, le Elia Rabba, le Kaf Hahaim.
L’heure du Chema – L’avis du Rambam
Comme nous avons dit plus haut, de la Mishna citée nous pouvons apprendre que même si la Halakha est tranchée comme Rabbi Yéhochoua, seulement en cas de force majeure on se tiendra sur son avis (lecture du Chema jusqu’à la troisième heure). Le Rambam lui-même écrit (Lois du Chema Chap. 1 Halakha 11), que l’heure à laquelle on doit lire le Chema est avant le lever du soleil, afin de pouvoir finir avec les Berakhot au lever du soleil (Netz Hahama). S’il a été retardé et l’a lu après le Netz Hahama, il sera quitte, car le temps se termine à la troisième heure. Fin de citation. Des termes employés par le Rambam, nous pouvons bien souligner que seulement en cas de force majeure on se tiendra sur l’avis de Rabbi Yéhochoua.
L’avis de Rachi
Contrairement au Rambam, Rachi dans le traité Berakhot (9b) pense que le fait de lire le Chema avant le lever du soleil est uniquement par piété. Certains aiment faire les Mitsvot rapidement, mais pas tout le monde ! L’avis du Choulhan Aroukh est comme Rachi. Comment le Choulhan Aroukh s’est tenu comme son avis, à l’encontre de celui du Rambam ?! Afin de répondre, il faut savoir que l’avis du Rambam n’est pas sûr. En effet, dans le Piroush Hamishnayot (sur la Guemara citée plus haut) on peut déduire de son langage que l’avis de Rabbi Yéhochoua peut être pris en priori et non pas seulement en cas de force majeure. Ainsi que dans son Chou’t Péer Hador (Siman 180), qu’il est bon que chacun lise le Chema au lever du soleil. Ainsi, le Choulhan Aroukh devient alors compréhensible.
La troisième heure
Lorsque nos Sages nous enseignèrent des heures spécifiques, ils font référence aux heures Zmanyot (degrés) et non pas Chavot (heure normale). Ainsi tranche le Rambam. Contrairement au Tossfot Harosh lequel pense, que les heures prescrites par les Sages seront calculées comme des heures normales. Tel est l’avis du Meiri et du Raavad. La Halakha, suit l’avis du Rambam : Comment procède-t-on au calcul ? Comme on le sait, en Hiver les jours sont courts et en Eté ils sont longs. Mais pour le calcul des heures Zmanyot, on comptera le nombre d’heures séparant le lever du soleil (Zri’ha) jusqu’à son coucher (Chkia). On divisera ensuite le total par douze (une journée en moyenne). Exemple: aujourd’hui le lever du soleil est à 6h38 et le coucher à 17h06, cela donne 10h28. En divisant ce nombre par 12, ça donnera 52min: c’est ce que l’on appelle une heure Zmanit. Pour connaitre combien font trois heures Zmanyot, on multipliera ce nombre par trois, ce qui donne: 156 minutes (2h36). Enfin, grâce à ce calcul l’heure maximale pour lire le Chema est calculée depuis le lever auquel on ajoutera 2h36. L’heure de la fin du Chema sera alors: 9h14 du matin. Il existe une autre façon de calculer les heures Zmanyot: depuis l’aube jusqu’à la sortie des étoiles. A ce moment-là, nous admettrons que l’heure Zmanit sera différente, et plus grande.
L’heure de l’aube
Il est rapporté dans le traité Pessahim (94a) le calcul auquel on peut retrouver que l’heure de l’aube est égale à la mesure d’une distance de quatre Miles avant le lever du soleil, lui-même mesuré comme un cinquième avant le lever du jour (72 minutes). Cette mesure de quatre Miles peut être retrouvée dans le Mahari dans le Troumat Hadeshen, copié par le Choulhan Aroukh dans les lois de Pessah. Ainsi que dans les lois de salage (Yoré dé’a Siman 69). Un Mile est égal à 18 minutes. Donc 4 Miles sera de 72 minutes. Ces minutes seront calculées comme des heures Zmanyot.
Alors, comment compte-t-on?
Selon tous cela, devrons-nous choisir de compter depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, ou bien depuis l’aube jusqu’à la sortie des étoiles. La différence pourra être mise en évidence lorsqu’on fera le compte du Plag Haminha. En Effet, le Plag, comme son nom l’indique, est l’heure de Minha Ketana, coupé en deux. Sachant que Minha Ketana est à partir de la neuvième heure et demi (Zmanit) depuis le début de la journée. Etant une journée qui est calculé douze heure, on peut retrouver qu’entre le Minha Ketana et la fin de la journée, sépare 2h30 (9h30-12h). Le Plag Haminha se calculera alors en fonction de la moitié de cette séparation: 2h30/2 est égale à 1h15 avant la sortie des étoiles. Nous pouvons retrouver ce même langage dans le Choulhan Aroukh. Selon cela, on peut souligner que le Choulhan Aroukh calcule depuis l’aube, jusqu’à la sortie des étoiles et non jusqu’au coucher du soleil. Si nous calculons de cette manière afin de connaitre tous les horaires de la journée, nous pourrions remarquer que l’heure Zmanit est alors plus importante. Dans ce cas-là, nous pourrions être spectateur d’un problème majeur: faire une bénédiction alors que selon le second calcul (lever du soleil au coucher) l’heure est déjà passée. Il y aura donc un problème de doute en ce qui concerne les Berakhot. Dans ce cas, la Halakha nous dit qu’on suivra l’avis où il n’y a pas de crainte de faire une bénédiction en vain. Pour faire simple, si nous calculons depuis le lever du soleil jusqu’à son coucher, les 1h15 (heure du Plag Haminha) seront aussi avant le coucher du soleil. Et donc, en Sachant qu’à partir du Plag Haminha on peut faire la prière d’Arvit, on rentre dans un doute. Alors que si on calcule depuis l’aube jusqu’à la sortie des étoiles, cette heure et quart sera calculée avant la sortie des étoiles. Donc, l’heure du Plag Haminha est logiquement plus tard. Donc, l’heure à laquelle on peut prier Arvit aussi.
Pour faire court
En conclusion, pour ne pas rentrer dans un problème de doute sur les Berakhot, on calculera l’horaire du Plag Haminha et de Arvit à partir de l’aube jusqu’à la sortie des étoiles. Mais les autres horaires, comme la fin de la lecture du Chema, on calculera à partir du lever du soleil jusqu’à son coucher. De même que toutes les Mitsvot qu’une personne fait, elles commencent à partir du lever du soleil, comme le Loulav etc. Ainsi il en sera de même pour le Chema. Le Magen Avraham contredit cet avis. En effet, même pour la lecture du Chema, il calcule selon l’aube et non le lever du soleil. La Halakha n’est pas tranchée comme le Magen Avraham. Ainsi, la lecture du Chema pourra être faite jusqu’à la troisième heure (Zmanit), les Berakhot du Chema, jusqu’à la quatrième heure, et la Amida, jusqu’à la mi-journée (Hatsot).
L’avis de la plupart des Rishonim
La plupart des Rishonim tient le calcul à partir du lever du soleil et non l’aube. Tel est l’avis du Lévouch, Lekhém Hamoudot, le Chilté Hagiborim, le Rambam et d’autres Rishonims. Il est possible que si le Magen Avraham avait vu ces Rishonim, il n’aurait pas tranché la Halakha comme il l’a fait[4]. Lorsque l’on compte à partir du lever du soleil, nous avons encore le temps contrairement au calcul du Magen Avraham.
Le Chabbat
Certains disent, que le Chabbat, on ne se lève pas prier au Netz, car le sommeil le Chabbat est un Taanoug. Même en se levant plus tard, on n’aura pas besoin de se presser à cause de l’heure, car même si l’heure du Chema se termine pour le Magen Avraham, pour nous qui ne suivons pas cet avis, il reste encore du temps. En Eté, on ressent plus la différence entre les deux horaires qu’en Hiver.
D’autres avis
Hagaon Rabbénou Zalman, écrit dans deux endroits que l’on calculera à partir du lever du soleil : dans les lois du Hamets et dans son Siddour. Tel est l’avis du Hazon Ish. Rabbi Haim miBrisk écrit en ces termes: plusieurs années j’avais l’habitude d’être strict comme le Magen Avraham. Un jour j’ai étudié en profondeur le sujet, jusqu’à que je me rende compte que toutes ces années j’ai été strict pour pas grand-chose. Fin de citation. Le Hida, par contre est plus strict à ce sujet comme pour toute Mitsva de la Torah. Celui qui veut être strict, ça ne peut être que bien. Le Ben Ish Hai, même si son avis se rapproche de celui du Hida, écrit qu’un érudit qui étudie dans la nuit, pourra être moins sévère à ce sujet et se tenir sur l’avis de Rabbénou Zalman. Fin de citation. Tout le monde connaît la rigueur que tenait le Ben Ish Hai, mais quand bien même il est moins strict à ce sujet dans le cas d’un érudit. Donc, selon le Ben Ish Hai, on pourra mettre de côté dans ce cas-là, la prière au Netz. Il ne s’agit que d’une Mitsva des plus louables, mais ce n’est pas obligatoire. Mis à part cela, Rachi tranche explicitement que l’on calculera à partir du lever du soleil (non comme le Magen Avraham). Tel est l’avis du Choulhan Aroukh (Siman 58).
Rabbénou Saadia Gaon
Dans le Siddour Rabbénou Saadia Gaon, qui vécut il y a de cela près de mille ans, il est écrit que l’heure de la lecture du Chema se calculera en fonction du lever du soleil, jusqu’à la fin de la quatrième heure. Fin de citation. Même Rabbénou Saadia Gaon trancha de cette manière la Halakha. Tel est l’avis du Rambam, dans le Chout Péer Hador, ainsi que le Yéchouot Molkho. Le Chiltei Hagiborim aussi tranche que la Tefila du matin devra être calculée en fonction du lever du soleil jusqu’à la quatrième heure. En effet, les prières sont similaires aux Sacrifices, eux même pouvaient être amenés jusqu’à la quatrième heure.
L’avis du Magen Avraham-References
Il est évident, qu’a priori il faudra être strict comme le Magen Avraham. En effet, le Magen Avraham se tient sur l’avis du Troumat Hadéshén, et du Pri Hadash. Mais aussi, tel est l’avis du Elia Rabba et de Rabbi Yéhouda Ayash. Donc, tous les jours il faudra essayer d’être plus strict. Par contre, en ce qui concerne ceux qui étudient la nuit, ou bien les Dayanim qui doivent rester certaines fois des nuits pour écrire une réponse pour un cas difficile. Comment faire la Tefila au Netz? Sa tête doit-être assez fluide et bien éveillée pour répondre aux questions. Il faut avoir la crainte de ne pas se tromper!
Bahour Yéshiva
Je ne parle pas d’un Bahour Yéshiva, car il doit suivre la structure où il est et faire la prière avec tout le monde[5]. Alors encore jeune, j’étais dans une Yeshiva Ashkenaz. Et contre toute attente, le Rosh Yeshiva demanda à ce que tous les Sefaradim restent pour Rosh Hashana et Kippour. Comment faire, ce n’est pas la même Tefila[6]! Avant il n’y avait pas encore de Téléphones portables, je demandais au Rosh Yeshiva si je pouvais appeler mon père (alors grand Rabbin de Tel Aviv) pour le prévenir que je restais. Il me convia dans son bureau, et lorsque j’annonçais cela à mon père, il me demanda de lui passer le Rosh Yeshiva. Il lui demanda de laisser partir tous les élèves Sefarades pour ces deux fêtes. Seulement dans un cas comme celui-ci, mais de manière générale, un élève de Yeshiva devra suivre la structure de l’établissement.
Prier seul au Netz?
Un des Hol Hamoed, il y a de cela soixante ans, Rabbi Ezra Attia Zatsa’l demanda à Maran Harav Ovadia Yossef, était-il préférable de prier au Netz mais seul ou bien plus tard avec Minyane? Il lui répondit, si la personne était sûre de pouvoir se concentrer durant toute la Tefila et la comprendre mot à mot (sans exagération : toute la Tefila), alors elle peut prier seule au Netz. Mais si elle ne peut pas arriver à un tel niveau de concentration, alors elle priera plus tard avec Minyane. Comme c’est écrit, une personne priant seule, devra lutter pour que ça Tefila soit reçue.
Année du deuil
Lorsque nous sommes dans un Minyane Ashkenaz, il ne faut pas monter en tant qu’officiant, pour ne pas changer nos habitudes. Il en est de même pour une personne qui est durant l’année de deuil, certains ont pris cette belle coutume de monter en tant qu’officiant, mais ce n’est pas obligatoire. Le Kadish suivant une étude de Torah a lui aussi, un niveau très élevé. Comme nous l’avons dit, dans un cours précédant, qu’un des grand de la Torah, avait demandé à ce que ses proches ne disent pas Kadish sur lui, s’il n’avait pas encore étudié. Maran Harav Ovadia Yossef aussi, lorsque son père est décédé, il ne monta pas en tant qu’officiant. Le Kadish d’après une étude peut être fait même après l’année de deuil.
L’heure de Tefila pour les ouvriers
Cette semaine, on m’a convié à l’industrie de l’air, car ils faisaient entrer un nouveau Sefer Torah et inauguraient une nouvelle synagogue. J’étais stupéfait de voir ça. Les ouvriers travaillant là-bas, viennent le matin pour prier, mais pour eux, l’heure du Netz est tard, comment faire ? Il y a une discussion dans les Rishonim. Selon Rachi (traité Chabbat 30a) on a le droit de prier même avant l’aube. Tel est l’avis du Raavane, le Raza et le Meiri. Il n’est pas écrit combien de temps avant. Mais le Rambam contredit cet avis, et pense que la Tefila pourra être faite qu’à partir de l’aube. Le Tchouva Méahava (élève du Noda BiYéhouda) pense qu’avant l’aube on pourra lire tous les passages précédant la Amida. Tous les Aharonim ne sont pas d’accord avec lui. Selon eux, on devra commencer le passage de Baroukh Cheamar à l’aube et la Amida, au lever du soleil (Netz).
L’avis du Choulhan Aroukh
Voici les termes du Choulhan Aroukh: une personne ayant prié à l’aube (et non pas au Netz) sera quitte. Seulement a postériori. Mais nous avons une généralité qui dit, qu’un cas de force majeur sera considéré comme un a postériori. Ainsi, des ouvriers qui n’ont pas le choix pourront prier avant l’aube. Comment devront-ils procéder? Il existe une discussion sur ce que représente un Mile. Nous avons dit plus haut que 4 miles séparent entre l’aube et le lever du soleil. Selon le Hok Yaakov, chaque Mile représente vingt-deux minutes et demie. En multipliant par quatre, cela nous donnes quatre-vingt-dix minutes. Donc, quatre-vingt-dix minutes avant le Nets, c’est l’aube. Alors que le Beth Yossef ainsi que le Troumat Hadeshene pensent que chaque Mile représente dix-huit minutes. Multiplier par quatre, donne soixante-douze minutes. Ces ouvriers devront alors compter quatre-vingt-dix minutes avant le lever du soleil (Netz), commencer les Korbanot etc. jusqu’à Baroukh Chéamar, qu’ils devront débuter seulement à l’aube (c’est-à-dire commencer 90 minutes avant, comme le Hok Yaakov, les Korbanot etc. pour ensuite commencer Baroukh Cheamar à l’aube, comme l’avis du Troumat Hadeshene et du Beth Yossef. Cela représente, vingt-deux minutes avant l’aube, pour les Korbanot.). Et non comme le Tchouva Méahava.
L’avis de Rachi
L’avis de Rachi est repoussé par la Halakha, et si la personne a prié avant l’aube elle ne sera pas quitte. Il devra alors faire à nouveau sa Amida. Même si l’avis de Rachi peut être pris en compte vis-à-vis du problème de Sa’ba’l (Safek Berakhot Léakek, en cas de doute dans une bénédiction on sera plus indulgent), étant donné que la Tefila a été instituée pour la miséricorde Divine, on ne craindra pas d’une bénédiction en vain. En effet, on peut mettre une condition avant sa Amida, qu’elle soit en tant que don pour Hachem (Nédava). Il en sera de même pour une personne ayant prié avant l’aube, il refera sa Amida, en disant avant qu’elle sera dite en tant que Nédava. Comme nous l’avons dit dans les cours précédents pour une personne qui doute s’il a prié ou pas. Mais s’il se trouve durant sa Amida et d’un coup il doute, il s’arrêtera, car il n’a pas précisé avant qu’elle est en tant que Nédava.
Les Tefilines et le Talith
Toujours pour ces ouvriers qui prient avant l’heure, ils mettront leur Talith et Tefiline entre Ishtabah et le Kadish, avec Berakha. Après les avoir mis on dira les trois versets « Ado-nay tsevaot iminou Misgav lanou etc., pour ne pas qu’il y ait interruption entre Ishtabakh et le Kadish. L’heure à laquelle il faut mettre les Tefiline est l’heure à laquelle on peut apercevoir un homme qui nous est connu (mais sans plus). Le Pri Mégadim pense que c’est six minutes après l’aube. Alors que le Kaf Hahaim pense que c’est une heure avant le lever du soleil (Netz). Des ouvriers qui peuvent être stricts comme le Kaf Hahaim c’est mieux.
La Hazara pour les ouvriers
Nos Sages ont institué à ce que l’officiant reprenne la Amida, pour ceux qui ne connaissent pas. Même si aujourd’hui, pour la plupart, les gens connaissent, l’institution de nos Sages est gardée. Mais en cas de force majeur, lorsque le manque de temps ne le permet pas, on pourra être moins strict et ne pas faire de Hazara. Chacun alors commencera la Amida avec l’officiant.
Les Supplications
Ils diront ensuite les supplications, le Kadish Titkabal et continueront. L’officiant lui-même fera le Kadish (Mais dans le cas où avant la Hazara, l’officiant a été changé par un autre, c’est l’officiant qui a dit la Hazara qui dira le Kadish Titkabal). Le Lundi et jeudi, où les supplications sont longues et il y a aussi la lecture à la Torah, s’ils peuvent faire soit les supplications soit la lecture à la Torah, il devront lire à la Torah et ne pas faire de supplication, car il s’agit d’une institution de nos Sages. Comme le précise, Rav Nétrounaé Gaon, que les supplications ne sont pas obligatoires, alors que la lecture à la Torah est une institution.
Compléter Minyane
Tout ce qui a été dit, c’est seulement pour des ouvriers qui ne peuvent pas faire autrement. Ainsi, s’ils ne sont que six ou sept, d’autres personnes pourront compléter Minyane, même s’il leur est interdit de prier à cette heure-là. Ils compléteront mais, ne feront pas la Tefila avec eux.
[1] Qui vécut dans la génération du Choulhan Aroukh, il y a de cela, près de 400 ans.
[2] Les Rishonims, ce sont ceux qui ont tranché et expliqué la Guemara; après son écriture.
[3] Les Aharonims, sont les décisionnaires depuis l’après époque des Rishonims, jusqu’aujourd’hui.
[4] Plusieurs Haharonim comme Hakham Chalom Cohen Chlita (Rosh Yéchivat Porat Yossef de la vieille ville et président du conseil des Sages de la Torah) ont l’habitude de dire que l’on doit suivre l’horaire du Magen Avraham pour la lecture du Chema. Il apprit cela du Ben Ish Hai ainsi que du Hida. En effet, étant une Mitsva de la Torah, comme l’annulation du Hamets, il faudra être plus strict.
[5] Dans notre Yeshiva Hazon Ovadia, il y avait à l’époque un jeune homme très sérieux. Plusieurs matins, en arrivant à la Tefila à la Yéshiva, je ne le voyais pas. Jusqu’à qu’un jour j’ai demandé où il était, pour me répondre qu’il étudiait la nuit, et allait ensuite faire la Tefila au Netz, pour pouvoir se reposer jusqu’à l’heure d’étude. Je le pris alors à part par la suite, et lui demanda de prier avec le reste de la Yeshiva, pour renforcer le Miniane. Il me demanda la raison sachant que le niveau de pouvoir prier au Netz était très important. Un jour, alors que Maran Harav Ovadia Yossef Zatsal venait pour donner Chiour à la Yeshiva (depuis les années 5753 jusqu’à 5759, il donnait toutes les semaines un cours), je lui parlais du jeune homme. Avant de commencer, Maran Harav dit : tous les élèves de la Yeshiva devront prier uniquement ensemble à la Yéshiva et ne pas prier au Netz.
[6] Un jeune homme de Yeshiva vint un jour me voir. Il me dit que son Rosh Yeshiva, de base Sefarade, l’obligea à changer sa prononciation durant la Tefila, pour lire en Ashkenaz. Comment est-ce possible, tu ne te dénoueras pas de la Torah de ta mère? Je lui dis alors de ne pas l’écouter. Et s’il le renvoyait, qu’il ne s’en fasse pas, il pouvait rentrer dans ma Yeshiva.
[7] Différence entre le Pri Mégadim et le Kaf Hahaim: selon le Pri Megadim, il s’agit de 1h06 avant le Netz (en calculant 72 minutes)
Dvar Torah – Rav Yoel Hattab (extrait du livre Arôme agréable)
Parashat Beshallah
Pharaon poursuit les Bnei Israël accompagné de 600 chars. Les Bnei Israël paniquent, crient vers Hachem, et regrettent d’avoir été délivrés d’Égypte. Moché prie et Hachem lui ordonne de dire au peuple de continuer sa route. Il demande à Moché d’étendre son bâton vers la mer afin de réaliser le prodige de l’ouverture de la mer. Les Bnei Israël pourront traverser les eaux séparées, en toute sécurité. Hachem envoie également un ange entre les camps des Bnei Israël et le camp des Égyptiens: un mélange de nuages et d’obscurité fait obstacle, et le camp des ennemis Égyptiens ne peut se rapprocher de celui des Bnei Israël. Le verset nous dit:
ויבא בין מחנה מצרים ובין מחנה ישראל ויהי הענן והחשך ויאר את הלילה ולא קרב זה אל זה כל הלילה : (20)
Elle vint entre le camp d’Égypte et le camp d’Israël et il y eut la nuée et l’obscurité – et elle éclairait la nuit – et l’un n’approcha pas de l’autre toute la nuit.
Sur ce verset, le Talmud Méguila (10b)* nous rapporte les paroles de Rabbi Yo’hanan: à ce moment-là, les anges de service ont demandé à chanter la mort des Égyptiens. Hachem leur répondit:
מעשה ידי טובעים בים ואתם אומרים שירה
L’œuvre de mes mains se noient dans la mer et vous voulez chanter ?
Sur ce passage du Talmud, le livre Hanoukat Hatorah se pose deux questions: comment peut-on comprendre selon Rabbi Yo’hanane que le verset rapporté (qui traite des deux camps qui ne pouvaient pas se rapprocher), fait allusion aux anges qui demandèrent à chanter la mort des Égyptiens? Les Égyptiens n’étaient pas encore morts, puisqu’ils ne se noyèrent que le matin suivant, comme il est écrit dans le verset (14 ; 24)
(24) בהשמורת הבוקר…
à la garde du matin
De plus, selon la réponse d’Hachem aux anges, quelle est la raison pour laquelle ils ne purent chanter? N’est t-il pas écrit:
באבוד רשעים רינה
Sur la perte des mécréants, on se réjouit ?
Le livre Hanoukat HaTorah répond la chose suivante: il est ramené dans le Traité Sanhédrine (95b) le verset de Yéchaya (37 ; 36):
ויצא מלאך ה’ ויכה במחנה אשור מאה ושמונים וחמשה אלף וישכימו בבקר והנה כולם פגרים מתים
Et sortit l’ange d’Hachem et frappa (tua) dans les camps de Achour 18500 et ils (les armées d’Israël) se levèrent le matin et voici que tous étaient étalés mort.
Rabbi Avahou dit qu’il s’agissait de chefs d’armée, et comment ont-ils été tués? Rabbi Itshak Nofha nous répond: leur ouïe s’est développée, et ils ont pu entendre le chant des anges célestes. Ils en ont tiré un profit tellement grand, que leur âme s’est détachée d’eux, et ils sont morts ainsi. D’après cela,nous pouvons expliquer les paroles de Rabbi Yo’hanane: les anges ne voulaient pas chanter une chanson parce que les Égyptiens étaient morts, mais au contraire, ils voulaient causer leur mort par leurs chants. Mais Hachem leur répondit:
מעשה ידי טבעו בים
Les Égyptiens ont noyé »Maassé Yaday », c’est à dire les nourrissons des Bnei Israël, et Je tiens à les punir mesure pour mesure: eux aussi seront noyés dans la mer, alors pourquoi voulez-vous les tuer avec votre chant? Si vous faites cela, il n’y aura plus de Mida Kénéguède Mida, et c’est exactement ce qu’a voulu nous expliquer Rabbi Yo’hanane en disant:
!בקשו מלאכי השרת לומר שירה אמר הקב »ה מעשה ידי טובעים בים ואתם אומרים שירה