Lois de Pessa’h II – Cours hebdomadaire du Rishon Letsione Marane Rav Itshak Yossef Shalita du 30 Mars 2019
Hozer vénéor
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Chiour hebdomadaire (23 Mars 2019) de Maran Harishon Létsion Hagaon Hagadol Rabbénou Itshak Yossef Chlita
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Lois de Pessah II
Le principe de Hozer vénéor à Pessah ; Cuisson par inadvertance dans une marmite Hametz : avant et pendant Pessah ; L’eau du Kineret : année pluvieuse ; les médicaments à Pessah
La règle de Hozer vénéor
Dans le cours précédent nous avons évoqué la discussion en ce qui concerne la règle de Hozer vénéor : doit-on la dire pour Pessah ou non ? Certains pensent qu’étant donné que l’annulation ne peut se faire lorsqu’il s’agit de deux aliments permis, ainsi donc, l’aliment Hametz étant un aliment permis avant Pessah, le Hametz mélangé ne s’annulera donc pas. Arriver Pessah, l’aliment ne sera pas non plus autorisé car le plat dans son ensemble reprendra son statut d’aliment permis après Pessah. Selon cet avis, on tiendra la règle de Hozer vénéor. L’aliment sera donc interdit à la consommation durant Pessah, car le Hametz reprendra surface. Tel est l’avis du Rambam (lois de Hametz et Matsa Chap.4 Halakha 12).
D’autres contredisent cet avis et pensent qu’un mélange avec du Hametz avant Pessah s’annulera et on ne tiendra pas la règle que le statut du Hametz ressurgira à Pessah. En effet, il faut savoir, qu’à partir du moment où arrive la mi-journée, même si le Hametz devient interdit, l’importance portée au Hametz de ne pas s’annuler même dans 1000 fois la quantité, ne s’applique qu’à l’entrée de Pessah. Donc en fin de compte, le Hametz s’annulera dans 60 fois la quantité avant Pessah et ne reprendra pas son statut arrivé Pessah (pas Hozer vénéor).
Récapitulatif – problématique des Matsot machine
Certains sont d’avis qu’on ne devra pas consommer de Matsa faite machine durant Pessah, comme l’Avnei Nezer, et les Hassidim de Tsantz. A contrario, d’autres autorisèrent comme Rabbi Yossef Chaoul Natanzone, le Sdéi Hemed, le Gaon Rabbi Tsvi Pessah Frank.
La majorité des communautés, que ce soit Séfarade ou Ashkénaze, consomme ce genre de Matsa.
Cette autorisation dépend si on dit que le Hametz est Hozer vénéor. Expliquons. Avant cuisson, les Matsot sont déposées sur des grilles, il est possible qu’elles cuisent par la chaleur du four avant de rentrer dedans. Et ainsi, la pâte deviendrait Hametz. De ce fait, si on dit que le Hametz à Pessah est Hozer vénéor, elles ne s’annulent pas et rendent interdit tout le plat.
Cependant, dans les fabriques strictes, toutes les 18 minutes la machine est lavée avec une pressurisation d’air. Mais il est toujours possible qu’une miette de Hametz soit restée coincée entre les roues de la machine et ensuite il a pu se mélanger avec des Matsot. Ainsi, dans le cas où on considère la règle de Hozer vénéor pour Pessah, cette miette de Hametz ne s’est jamais annulée et interdira toutes les Matsot. On arrive donc à dire, que cette règle ne s’applique pas à Pessah.
Plusieurs différenciations : préparation de la Harosset
Encore une autre différence halakhique, au sujet de la règle de Hozer vénéor. Pour ceux qui pensent que cette règle est appliquée à Pessah, si la harosset ou bien de la confiture a été préparée dans une marmite hametz, ne sachant pas si elle a passé 24h depuis sa dernière utilisation, cette harosset sera interdite à la consommation durant Pessah. Alors que pour ceux qui pensent que cette règle n’est pas appliquée à Pessah, étant donné que cette Harosset a été cuite alors que le Hametz était encore sous le statut d’aliment permis (avant Pessah), elle sera permise à la consommation.
L’eau du Kineret
En ce qui concerne l’eau du Kineret, il faut savoir, qu’une année comme celle-ci, où l’hiver a été béni pour une abondante quantité de pluie, même Jérusalem profite, dans ses robinets, de l’eau du Kineret. Une année où les pluies sont moindres, l’eau de Jérusalem est puisée des nappes phréatiques de Rosh Ha’ayin. Il est possible, que même durant Pessah, des personnes ne respectant pas Pessah jettent du Hametz dans le Kineret durant Pessah, du pain, ou bien des bouteilles de bières. Pour ceux qui pensent que la règle de Hozer vénéor est appliquée à Pessah, c’est un problème de boire de cette eau. Et ce, même si l’on prépare des bouteilles avant Pessah.
Mais la Halakha est différente à ce niveau, et on autorisera, pour plusieurs raisons, comme il est rapporté dans le responsa Yabia Omer (vol.7 Orah Haim Siman 44)
Contradiction du Choulhan Aroukh
On peut retrouver une certaine contradiction dans les mots du Choulhan Aroukh. En ce qui concerne le sirop « Tariaka » cité plus haut, le Choulhan Aroukh rapporte l’avis du Rambam sans contredire. Par extension, on comprend qu’en effet, le Hametz est Hozer vénéor. Comme il l’explique d’ailleurs dans le Beth Yossef au nom du Rambam. Le Rav Hamaguid rapporte que certains Guehonim sont du même avis.
En revanche, cinq Simanim après, le Choulhan Aroukh tranche : « que si du Hametz s’est mélangé à un plat avant Pessah et s’est annulé face à 60 fois la quantité, l’aliment sera permis durant Pessah et ne reprendra pas le statut d’interdit, pour interdire la totalité du plat. D’autres ne sont pas de cet avis. » Fin de citation. Comme nous le savons, la règle nous apprend que lorsque le Choulhan Aroukh rapporte un premier avis simple (Stam) et un second avis « certains pensent », il se tient sur le premier avis. Et pourtant, celui-ci dit bien, que le Hametz n’est pas Hozer vénéor ? Il existe plusieurs réponses à cette contradiction, et chacune apporte une différence Halakhique (Nafka Mina).
Mélange intentionnel
Il existe trois grands A’haronim expliquant la différence des propos tenus par le Choulhan Aroukh. Le Magen Avraham[1], le Pri Hadash[2] et le Gaon Rabbénou Zalman[3] tiennent qu’il y a une différence entre le cas où la personne mélange du Hametz de son propre gré (Mézid) et si ce mélange a été mélangé de manière involontaire (Chogégue). En effet, si ce mélange a été réalisé volontairement avant Pessah, le plat sera interdit à la consommation car on tiendra la règle de Hozer vénéor. Alors que si ce mélange a été réalisé involontairement, le plat sera permis et on ne dira pas Hozer vénéor.
En général, le Gaon Harav Ben Tsion Aba Chaoul tient l’avis du Magen Avraham, mais pas à ce sujet, car il s’interroge par le fait que le Beth Yossef explique l’avis du Rambam disant que le Hametz se trouvant dans le sirop Tariaka est Hozer vénéor. Pourquoi n’explique-t-il pas le Rambam par le fait que le Hametz qui se trouve dans ce sirop a été mis volontairement.
Seconde réponse : différence entre un simple goût et une substance
Maran Ha’haviv, auteur du Knesset Hagdola, explique que l’on différera entre un mélange avec une substance et un simple goût. S’il s’agit d’une substance, le mélange sera interdit à la consommation durant Pessah, car on dira Hozer vénéor. Alors que si le mélange qui a été réalisé est uniquement un goût, alors le plat sera permis durant Pessah.
Cependant, Maran Harav Zatsal rapporte dans son responsa Yabia Omer, l’interrogation du Pri Hadash sur cette explication, relatant une Tshouva du Rav Netrounaé Gaon. Il explique que si dans un mélange d’eau et de raisins secs[4] il s’y trouve une graine d’orge (la veille de Pessah), toute la préparation est rendue imbuvable pour Pessah. Sur ce, le Tour s’interroge, pourquoi interdire si cette préparation a été préparée avant Pessah, n’y-a-t-il pas la règle que le mélange s’annule dans 60 fois la quantité et ne reprend pas son statut de Hametz avant Pessah (pas Hozer vénéor) ? Sur ce, le Beth Yossef répond, que selon Rav Netrounaé Gaon, la règle de Hozer vénéor existe, tout comme l’avis du Rambam. Ainsi, il est évident que selon Rav Netrounaé Gaon, l’interdit reste même si l’on retire la graine d’orge[5]. Par extension, selon ceux qui pensent que la règle de Hozer vénéor existe pour Pessah, l’interdit reste même s’il ne s’agit que d’un goût.
Les A’haronim ne se tinrent pas sur l’explication de Maran Ha’haviv, et pensent donc, que la discussion s’il existe Hozer vénéor à Pessah se porte autant sur un mélange où il n’y a qu’un goût, ou bien dans le cas où il y a une substance.
Troisième réponse : Ma’amid
Pour introduire, il existe des choses sur lesquelles nos Sages ont été plus exigeants, et ne s’annulent pas même s’il y a 1000 fois la quantité : Briya (un insecte entier), ‘Hatikha Haréouya Léitkabéd (aliment important), Davar Chéyéch lo Matirim (chose qui va devenir permise avec le temps), Davar Chédarko Léimanot (habituellement il s’agit d’un aliment que l’on achète au poids ou à la quantité par son importance), Davar Hachouv (quelque chose d’important), Baalé Haïm (animal) et Davar Hama’amid. Pour expliquer, ce dernier est un ingrédient se trouvant dans un mélange, lequel tient par sa présence, le statut de tout l’aliment.
Pour exemple. Alors que j’étais encore enfant de 7-8 ans, à la Yeshiva, j’apportai un chewing-gum bien connu, nommé Bazouka, et tous les élèves interloqués huèrent que je mangeais du porc. Il était reconnu que le Bazouka était fait à base d’os de porc ou bien d’âne. L’âne a de forts os, et ses os, après les avoir cherchés, donnaient une tenue à l’aliment. Je leur dis, que s’ils le souhaitaient, qu’ils viennent demander l’avis de mon père[6]. Après les cours, ils vinrent avec moi. Lorsqu’on entra, les élèves furent ébahis de voir que Maran Harav Zatsal était entouré par les livres, en pleine étude approfondie. Je dis alors à mon père que les élèves voulaient lui poser une question. L’un des élèves eut le cran de dire à mon père : votre fils mange du porc !!! Mon père fut très choqué de ses propos, mais je lui expliquai ce qu’il voulut dire. Il leur expliqua, que même si ces os, complétement asséchés vont donner le maintien (Ma’amid) du chewing-gum, étant donné que le goût est dégradé, c’est permis. Certains parmi ces élèves devinrent de grands Talmidei Hakhamim. Quelques temps après, il écrivit une Teshouva dans son responsa Yabia Omer, au sujet de la gélatine.
Après avoir introduit, selon la règle de Ma’amid, le Gaon Rabbi Eliahou Israël, tranche que l’on dira la règle de Hozer vénéor, uniquement si l’aliment interdit rend l’aliment important (Ma’amid). Dans le cas du sirop Tariaka par exemple, sans la substance de blé, le sirop ne porte plus d’importance[7]. Ainsi, lorsque le Choulhan Aroukh tranche plus tard qu’on ne tient pas la règle de Hozer vénéor, il parle du cas où le Hametz qui s’est mélangé, ne porte pas d’importance à l’aliment. Comme par exemple, si l’aliment a été cuit dans une marmite ayant été utilisée avec du Hametz dans les 24h, ou bien la miette de Hametz qui peut se trouver dans les Matsot faites machine, ou encore le Hametz se trouvant dans l’eau du Kineret, étant donné que ce Hametz n’est pas Ma’amid, il s’annule dans 60 fois avant Pessah et n’est pas Hozer vénéor.
L’avis du Rav Ben Tsion Aba Chaoul
Il y a plus de 40 ans de cela, il y eu un certain problème sur la cacherout de certains produits Cacher léPessah en Israël. Maran Harav Zatsal autorisa et Hakham Ben Tsion Aba Chaoul interdit. Maran Harav Zatsal vint me voir en me disant qu’il avait écrit une réponse détaillée à ce sujet et qu’il fallait la remettre au Rav Ben Tsion pour qu’il la lise et voir qu’en pensait-il. De cela, tout d’abord on peut remarquer l’humilité de Maran Harav, alors qu’il était Grand Rabbin d’Israël à cette époque.
Alors que la tension régnait en cette veille de Pessah, le soir de la Bedikat Hametz je me rendis chez Hakham ben Tsion. Il me dit qu’il se tenait sur l’avis du Magen Avraham, et tout mélange ayant été mis avant Pessah, volontairement, est Hozer vénéor et rend donc interdit l’aliment durant Pessah. Je lui dis alors l’avis du Rav Eliahou Israël (rapporté plus haut) et il me dit qu’on ne peut se tenir sur un avis unique, et le Rav Eliahou Israël est le seul à penser ce qu’il écrit.
Je rentrai à la maison et je dis ce que Hakham Ben Tsion m’avait dit. Le Rav se leva et dit : « Un avis unique ?! A tout le monde il peut tenir ces propos, mais à moi il me dit ça ?! Ce n’est pas le seul ! Tel est l’avis du Touré Zaav[8], du livre Beth David[9], comme cela on peut déduire des propos tenus par le Tour[10] !!
La règle de Notén Ta’am lifgam
Le verset[11] nous apprend : « Vous ne mangerez pas d’aucune bête Névéla (charogne), donne-la à manger à l’étranger[12] admis dans tes frontières ». La Guemara dans le traité Avoda Zara[13], explique que s’il s’agit d’un aliment interdit apte à être consommé par un étranger (voir la dernière note), cet aliment est interdit à la consommation. Par contre, si même cet aliment interdit est immangeable (Pagoum) par un étranger, il sera permis à la consommation. De là nous apprenons qu’un aliment ayant un goût Pagoum sera permis selon la Torah. Mais la guemara rajoute que nos Sages interdirent de cuisiner dans une marmite après les 24h de sa dernière utilisation (ayant pris un goût Pagoum après ce laps de temps) de peur qu’elle soit utilisée sous 24h. Exemple, une personne ayant cuisiné de la viande non cachère dans une marmite, selon la Torah on pourrait y cuisiner un aliment permis après les 24h, car le goût est Pagoum. Mais nos Sages interdirent de peur qu’elle soit utilisée sous 24h.
Selon cela, nous définirons la Halakha dans le cas où cette cuisson a été faite a posteriori. Il faut savoir tout d’abord, que si une marmite a été utilisée par un non-juif pour cuire sa viande non-cachère, on devra procéder à la Agala pour la cachériser. S’il s’agit de brochettes sur le feu, on les cachérisera au feu (Liboune).
Ainsi, nos Sages interdirent de cuisiner dans cette marmite même après 24h Lekathila (et procéder à une Cachérisation), mais si la personne a cuisiné sans Cachérisation (après les 24h bien sûr), l’aliment cuisiné sera permis à la consommation.
Et Pessah ?
Les avis divergent en ce qui concerne Pessah : dira-t-on à Pessah Notén Ta’am Lifgam, et si une cuisson a été réalisée dans une marmite Hametz (ayant passé les 24h, après sa dernière utilisation) durant Pessah (a posteriori), le plat sera-t-il permis à la consommation ?
Certains pensent, que cette règle s’applique même à Pessah, et à partir du moment où le goût est Pagoum, a posteriori, si le mélange a été fait, ce sera permis.
[Selon cet avis, on n’a pas besoin d’être rigoureux et d’acheter des produits ménagés comme la Javel, Cacher LéPessah. Et même s’il reste sur l’ustensile du produit, c’est permis, car il s’agit d’un goût Pagoum. De même, on n’a pas besoin d’une inscription Cacher LéPessah pour le dentifrice, car certains ont un goût Pagoum. Si on met un dentifrice face à un chien, va-t-il se brosser les dents… ?! Il est évident qu’il ne va même pas le toucher. Tout cela, c’est permis même pour les Ashkenazim, car on n’en n’arrivera pas à en manger.]
Selon la plupart des Rishonim, la règle de Pagoum existe même pour Pessah. Tel est l’avis de Rashi et des Tossafot dans le traité Avoda Zara[14], du Rosh, du Or Zarou’a, du Rambane, du Ritva, du Nimoukei Yossef, du Rashbatz, et de cette manière le Beth Yossef conclut la Halakha. D’ailleurs, comme cela il tranche la Halakha dans le Choulhan Aroukh[15].
Selon cela, une personne qui a pris par inadvertance une marmite non Cachère léPessah, ayant été utilisée plus de 24h avant (avec du Hametz), et y a fait cuire un aliment durant Pessah, il sera permis de consommer cet aliment durant Pessah. Telle est la coutume de la communauté Séfarade. Mais sur cela, les Ashkenazim sont plus rigoureux, lesquels suivent l’avis du Rama craignant la minorité de Poskim[16], tels que Rabbi Eliezer Mimitz dans le Sefer Hayériim, le Ri Bar Avraham rapporté par le Mordekhi, et le Rashba. Ces derniers pensent que nous sommes très rigoureux en ce qui concerne le Hametz à Pessah. Et donc, même si toute l’année nous sommes souples en ce qui concerne un goût Pagoum, pour Pessah nous sommes plus rigoureux. Mais comme nous l’avons dit, la Halakha est tenue comme l’avis de la plupart des Rishonim.
La règle d’A’hchévé
Une personne qui est dans la rue et ramasse au sol un morceau de pain brulé (immangeable) du Biour Hametz et le mange, même si c’est un fou… c’est interdit. Et ce, même si ce pain a un goût Pagoum, car cette personne a donné de l’importance à ce morceau de pain (A’hchévé). Le Hazon Ish explique, que la règle d’A’hchévé tient uniquement pour le morceau de Hametz et non pas pour un mélange avec du Hametz. Tel est l’avis du Igrot Moché Feinshteine, du A’hi’ézér, du responsa Havalim bané’imim et du Hazon Ovadia. Par exemple, ce pain est interdit, mais au sujet du mélange de Hametz qui peut se trouver dans les médicaments, cette règle n’existe pas. C’est pour cela, qu’il est permis d’utiliser des comprimés, tels que l’Acamol ou l’aspirine durant Pessah, même si certains sont à base d’amidon de blé, car leur goût est Pagoum. Qui peut prendre un comprimé d’Acamol et le mâcher ? Aujourd’hui, la plupart des comprimés sont fabriqué sur des bases chimiques. Les médicaments à sucer comme pour les maux de gorges uniquement, leur goût n’est pas Pagoum. Ils seront donc interdits durant Pessah. Il faudra donc dessus l’inscription « Cacher LéPessah ».
Différence entre le sirop « Tariaka » des autres médicaments
Le Mishna Berroura[17] explique que le sirop Tariaka a un goût Pagoum, mais reste interdit pour Pessah car nous suivons la règle d’A’hchévé. Selon ce que nous venons de développer, pourquoi ne pas autoriser, n’est-ce pas simplement un mélange qui est Pagoum ? En réalité, ce que nous avons expliqué selon le Kissé Eliahou, le Touré Zaav et le Beth David c’est compréhensible, car selon eux, on doit différencier un aliment Hametz Maamid et un qui ne l’est pas. Le sirop Tariaka est composé d’un extrait de blé, et sans cette substance, le sirop ne guérit pas. Cet extrait Hametz est donc un élément Ma’amid. Donc, même dans le cas où le goût est Pagoum, et dans le cas où l’élément Hametz est Maamid, c’est problématique. Mais cette différenciation apparait uniquement selon l’avis du Rama, qui différencie entre un goût Pagoum qui est interdit et un goût Pagoum se trouvant dans un mélange, qui est permis.
Mais comme nous l’avons bien développé précédemment, selon le Choulhan Aroukh, lorsque le goût est Pagoum, a posteriori l’aliment est permis même à Pessah, comme la plupart des Rishonim.
Conclusion selon l’avis du Choulhan Aroukh
Pour donner suite à ce développement, le Choulhan Aroukh pense que si un aliment Hametz s’est mélangé avant Pessah, s’il ne s’agit pas d’un aliment Maamid, le plat est permis à Pessah et n’est pas Hozer vénéor. Ainsi, si une marmite Hametz a été utilisée avant Pessah pour la préparation de la Harosset par exemple, la préparation sera permise durant Pessah, car le goût s’annule avant Pessah dans 60 fois la quantité. Il sera de même permis de manger des Matsot faites machine.
La paix des ménages
Une femme faisant partie de la Hassidout Satmar, qui ne mange pas de Matsot faite machine, et se marie avec un homme étant moins strict, ou bien avec un Ashkenaze suivant l’avis le plus souple ou bien un Séfarade, elle fera « Atarat Nedarim » et se comportera comme les coutumes de son mari. Comme lorsqu’une personne se déplace dans un endroit où une coutume est différente, et ne compte pas revenir à son endroit de base, elle suivra les coutumes de l’endroit. Une femme ne se marie pas sous condition de divorce… Même si Maran Harav Zatsal écrit que cette femme « peut » être plus souple en se mariant et manger du riz, on n’est pas pointilleux sur un terme employé, comme ce que l’on fait pour le Méiri par exemple. En réalité, on conseille à cette femme d’être plus souple et de manger du riz à Pessah. Est-ce vraiment un comportement désirable lorsque l’un mange et le second non ? De plus, il n’y a aucune différence entre être plus souple ou être plus stricte, si une femme Séfarade s’est mariée avec un Ashkénaze elle suivra son mari.
Mais il y a quand même une différence en ce qui concerne une femme Séfarade. En effet, Maran Harav Zatsal tranche qu’elle suivra son mari et ne mangera pas de riz, mais si elle va chez ses parents, elle pourra manger. Pourquoi une telle différence ? En réalité, Maran Harav Zatsal se tient sur le fait que selon le Avkat Rokhél, les Ashkenazim venant en Israël doivent eux aussi suivre l’avis du Choulhan Aroukh. Cependant, les Ashkenazim suivent l’avis du Panim Méirot qui n’est pas du même avis. Ainsi, cette femme suit les coutumes de son mari lequel suit l’avis du Panim Méirot, mais en étant chez ses parents, elle pourra suivre l’avis du Avkat Rokhel.
[1] Siman 442 alinéa 1
[2] Siman 447 alinéa 4
[3] Siman 442 alinéa 6
[4] Pour la fabrication de vin : on laisse macérer, de prime abord 3 jours (a posteriori, même 24h), les raisins secs dans de l’eau et celle-ci prend le goût du raisin après les avoir essorés. Elle prendra alors le statut de vin. Une fois, d’ailleurs, je me retrouvai en dehors d’Israël, où il n’y avait pas de vin Cacher. On m’avait donné un vin dont le goût était similaire au Pétél (je ne savais pas quelle Berakha faire dessus). Je demandai alors que l’on me donne des raisins secs afin de réaliser cette préparation pour Chabbat.
[5] Selon l’avis de Rabbénou Tam, uniquement au bout de 3 jours de macération, le mélange pend le statut de cuisson, mais selon la Halakha, même après 24 h et le goût reste, comme il est tranché par le Choulhan Aroukh (Siman 105 Halakha 1).
[6] A l’époque, Maran Harav n’était pas aussi connu, il n’était seulement que Dayane siégeant au Beth Din.
[7] Si la personne a mal à la gorge sans la substance de blé, elle ne guérit pas
[8] Siman 442 alinéa 3
[9] Siman 167
[10] Siman 442
[11] Devarim 14, 21
[12] On parle ici d’un Guér Tochav, c’est-à-dire une personne ayant pris sur elle de respecter les 7 Mitsvot Béné Noah. Comme par exemple, « ne pas tuer ». Si cette personne ne tue pas, ne poignarde pas, elle peut rester en Israel. Si en revanche elle transgresse ce commandement, elle doit être expulsée d’Israël, en l’envoyant en Syrie…
[13] 66a
[14] 66a
[15] Halakha 10
[16] Celui qui a étudié comme il faut les lois de Issour Véétér peut remarquer que le Beth Yossef tranche comme la majorité des Poskim, alors que le Rama craint la minorité des Poskim.
[17] Siman 442 alinéa 21