L’objectif de la prière – Rav David Pitoun
Objectif de la prière
Il est enseigné dans les Pirké Avot (chap.2 Mishna 18) : Rabbi Shim’on dit : Sois vigilant vis-à-vis de la lecture du Shema’ et de la prière, et lorsque tu pries, ne fais pas de ta prière un poids, mais plutôt une demande de miséricorde et une supplication devant Hashem.
Nos maîtres dans la Guemara Bera’hot (29b) ont expliqué : « Ne fais pas de ta prière un poids » Rabbi Osha’ya dit : il s’agit de celui dont la prière est comparable à un poids (prier est pour lui un simple geste coutumier et il s’acquitte de sa tâche même contre son gré). Mais les autres Sages disent : il s’agit de celui qui ne dit pas sa prière dans des termes de supplication.
C’est ainsi que tranche le RAMBAM (chap.4 des Hal. relatives à la prière, Hal. 16).
On enseigne aussi dans la Guemara Sota (5a) : Une prière n’est écoutée que lorsqu’on transforme son cœur en chair (avec un cœur tendre, qui n’est pas dur comme la pierre), c’est-à-dire lorsqu’on prie avec soumission.
Il est enseigné dans la Guemara Berah’ot (28b) :Rabbi El’azar dit à ses élèves : Lorsque vous priez, sachez devant qui vous vous tenez.
On enseigne dans la Guemara Sanhedrin (22a) : Celui qui prie doit considérer que la Shekhina (Présence Divine) se trouve face à lui, comme il est dit : « je me représente Hashem face à moi en permanence ».
On enseigne aussi dans la Guemara Bera’hot (31a) sur le verset : « H’ana parlait à son cœur » : à partir de ce verset nous apprenons que celui qui prie doit concentrer son cœur. C’est ainsi que tranche le RAMBAM en disant que cette concentration du coeur sans laquelle la prière n’est pas valide – (car sans cette concentration, on ne s’est pas acquitté du devoir de prier) – signifie libérer son cœur de toutes pensées et imaginer que l’on se tient devant la She’hina.
Nous avons déjà expliqué dans une Hala’ha précédente (dans celle qui a traité des demandes personnelles dans la ‘Amida) qu’il est permis à une personne qui prie de formuler des demandes personnelles dans la prière, dans la Berakha de Shema’ Kolenou, comme nous l’avons déjà expliqué. Nous avons conclu nos propos en disant que lorsqu’on adresse des demandes personnelles, il est souhaitable de préciser que l’on adresse ces demandes afin d’améliorer notre service Divin, et pas seulement pour notre seul intérêt personnel.
Dans la Guemara Bera’hot (63a) il est enseigné : celui qui associe le Nom d’Hashem dans sa détresse, verra sa subsistance doubler, comme il est dit : « Hashem sera dans tes peines, et il te procurera de l’argent et un amas de trésors ». Le MAHARSHA explique qu’il s’agit ici de celui qui prie Hashem afin qu’il agisse pour son Grand Nom qui nous accompagne dans la détresse, comme il est dit : « Je suis avec lui dans la peine. ».
Dans le livre Ma’yana Shel Torah (fin de la Parasha de Shemot) il est écrit en ces termes : Le ‘Hozé de Louvlin et le Maguid de Koznits disaient : lorsqu’un homme prie dans la détresse, il doit demander principalement pour la détresse de la She’hina et non pour sa propre peine, car s’il ne pense qu’à sa détresse, il peut attirer sur lui une mise en accusation dans le Ciel. Mais s’il prie en ayant la prise de conscience de la détresse de la She’hina dans sa prière (ou du moins s’il pense aussi à la détresse de la She’hina) en ayant conscience que la She’hina souffre de la détresse de chaque membre du peuple d’Israël (Sanhedrin 46a), dans ces conditions tous les accusateurs ne peuvent que garder le silence.
Le Gaon Rabbi ‘Haïm de WOLOG’IN dans son livre Nefseh Ha-‘Haïm écrit que lorsqu’on prie, il ne faut pas fixer l’objectif de la prière uniquement sur des demandes personnelles, car cette attitude n’est pas celle des gens droits et justes, il faut plutôt fixer l’objectif de ses pensées exclusivement vers Hashem. Lorsque l’homme se trouve ici-bas dans une détresse, il en est de même dans les hauteurs. Il est rapporté dans le livre Yalkout Sofer au nom du RAMBAM que celui qui associe à sa détresse la souffrance de la She’hina, s’appliquera sur lui le verset « Je suis avec lui dans sa détresse, je le délivrerai et je l’honorerai. » Cette personne méritera d’être délivrée de sa détresse.
C’est pourquoi, lorsqu’on prie pour que nos enfants marchent dans le droit chemin, la pensée essentielle que l’on doit avoir doit être pour Hashem, afin que les enfants soient des gens qui craignent Hashem et qu’ils marchent dans Ses voies. De même, lorsqu’on prie pour avoir des enfants, on doit penser pour Hashem, afin que l’on puisse accomplir les Mitsvot de la Torah grâce à eux, et qu’ils grandissent dans la voie d’Hashem. De même, lorsqu’on prie pour se marier, on doit avoir à l’esprit que l’homme se construit principalement par le mariage, et afin de pouvoir servir Hashem, il doit se marier. Il en est de même pour d’autres domaines. Que nos prières soient acceptées avec volonté devant Hashem, AMEN.