L’importance vitale de la « raison », de la « cause »
Cour de Rabbi Yérou’am
(Mashguia’h de la Yéshiva de Mir)
חומרתה של סיבה
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Le cours en PDF : Rabbi-yerouham-limportance-vitale-de-la-cause
Comment comprendre l’enseignement de nos sages qui dit que le jour de Rosh hachana nous sommes jugés que sur le moment présent (et meme si nous allons fauter plus tard) [ כי שמע אלקים אל קול הנער באשר הוא שם] alors que le fils rebelle [בן סורר ומורה] est justement jugé et condamné maintenant ( à moins de 13 ans) de la peine capitale sur ce qu’il fera lorsqu’il deviendra adulte (à l’âge de 20 ans)? Les sages expliquant ce jugement ainsi: « il vaut mieux qu’il meurt méritant (propre de toute faute) et non rempli de fautes ». Il est donc jugé explicitement sur ses actes futurs!
Nous apprenons de cet enseignement le principe primordial du processus de la « cause » et de la « conséquence ». Ce fils rebelle est condamné d’une peine aussi conséquente que les trois plus grosses fautes de la Torah alors qu’il n’a encore rien fait pour être lapidé! Il n’a fait que voler et s’enivrer! Mais puisqu’en lui la source du mal s’est réveillée, les causes de la faute, carla Torah est arrivé jusque dans les profondeurs des méandres de l’esprit du fils rebelle et a dévoilé le futur de cet homme qui va devenir un brigand et un assassin, pour cela, il est jugé sur ses actes futurs qui ne se sont pas encore matérialisés. Cardans la cause, la source de la faute, est « compressé » tout le purgatoire, l’enfer, le « גהינום« . Une sorte de « puce électronique » où tout le futur est inséré, où plus encore un gène où son futur est gravé en potentiel dans l’A-D-N de sa constitution chromosomique et cela est comme s’il était un assassin bien que cela n’est qu’en puissance en lui. Par cela, il est jugé sur ce qu’il va faire plus tard. Mais s’il n’a pas encore réveillé en lui la source de ce mal, bien que le maître des pensées sait et a programmé le futur de l’homme, sur lui s’applique les mots du verset: » באשר הוא שם« . L’homme n’étant jugé que sur les actes de ce moment.
Il est enseigné que la haine gratuite équivaut aux trois plus grosses fautes que sont l’idolâtrie, le meurtre et l’inceste. Bien que dans la gravité de la faute elle-même, il est certain que ces trois fautes sont d’une rare gravité qui n’a aucune équivalence, le fait est que la haine gratuite est considérée plus pernicieuse que ces trois fautes. La raison en est que la haine gratuite est la cause, la source de tous les maux et il n’y a rien de plus grave que ce qui est à l’origine de la faute, c’est son énergie et son combustible.
Il est écrit: » et tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est une grande règle dans la Torah ». Et bien que sauver des vies « הצלת נפשות » est bien plus important dans son acte au fait d’aimer son prochain dans son cœur mais cet amour du prochain est la source et la cause de toutes les bonnes actions de l’homme, et la cause est le plus important et sans aucune mesure valeur par rapport à un acte particulier.
Il est écrit: » l’étude de la Torah équivaut à l’exécution de tous les commandements divins », de même que celui qui s’empêche d’étudier équivaut à la transgressions de tous les interdits! Car l’étude est la source et la cause, le potentiel énergétique de toutes les actions qui vont être effectuées comme il est enseigné: » l’étude amène à agir ». Et pour cela, il est considéré plus important que l’acte en soi.
De même ainsi fait remarquer le Ramban à propos de la faute de « maudire ses parents » qui est punie plus sévèrement (lapidation) que celui qui frappe ses parents (étranglement). Car le fait de maudire se réveille plus facilement car il est la raison, l’énergie maléfique qui génère le mal lui-même. Ceci est toute la gravité du mal qui s’insinue dans l’homme sans qu’il ne s’en rende compte.
Nous apprenons de tous ces enseignements l’importance des mauvaises qualités qui s’insinuent en l’homme qui sont en faitdes forces énergétiques maléfiques, ondes négatives car ce sont ces énergies qui vont être la source de tous les maux que l’homme peut développer. Combien de fautes sont engendrées par ces énergies négatives? En fait une mauvaise qualité est la source d’innombrables comportements qui portent préjudice à la santé spirituelle de l’homme. Et donc, force est de constater que les qualités de l’homme sont bien plus importantes que les actes eux-mêmes. De même dans la sainteté,les bonnes qualités que peut développer l’homme ont une conséquence sans commune mesure et entraînent nombre d’actions positives.
« אמרו לפני מלכיות שתמליכוני עליכם«
« exprimez devant moi les « royautés » et ainsi je régnerais sur vous »
Dans le Talmud, il est enseigné: » exprimez devant moi les royautés les souvenirs et les cornes de bélier, les royautés afin [כדי] que je règne sur vous » » אמרו לפני מלכיות כדי שתמליכנו עליכם« .
Rabbénou h’ananel n’a pas cette version mais plutôt « exprimez les royautés et ainsi je régnerais ». Car par le fait même d’exprimer le mot « מלכות« , l’expression de la royauté va se diffuser en nous. Par une concentration sur la prononciation des lettres, sur la « visualisation » de ces lettres qui composent le mot » מלכות« , le joug divin va se dévoiler et s’épancher sur l’esprit de l’homme.
Et ainsi nous pouvons comprendre cet enseignement: » tout celui qui répond amen « אמן » de toutes ses forces, les portes du jardin d’éden lui sont ouvertes ». Par ce simple acte, répondre amen, par ceci est contenue la possibilité de rentrer dans le גן עדן. Car les lettres en elles-mêmes contiennent une force spirituelle incommensurable qui peut transporter l’homme et lui faire traverser toutes les dimensions spirituelles pour atteindre les portes du paradis.
Comme nous voyons que le mot qui désigne la main en langage saint se dit « יד » qui a la valeur numérique de 14 qui est la constitution même de la main car 4 doigts sont constitués de trois phalanges et le pouce de deux phalanges, en tout la main est constituée de 14 phalanges.
Le mot est l’essence même de ce qu’il définit. Le problème est que notre éducation fait que nous nous attachons à la définition du mot et non à son essence. Comment atteindre l’essence même du mot c’est-à-dire la parole divine, le souffle qui donne vie à la création? En se fondant au mot et cela passe par une annulation de soi, de cet ego qui essaie tout le temps d’exister et de s’accaparer ce monde dans lequel nous vivons. Ainsi commence la royauté de D-ieu.