L’immense frayeur de Its’hak lors de l’inversion des bénédictions. Réouven Carceles
inversion des bénédictions
Au retour d’Essav, Its’hak apprend qu’il vient de bénir son fils Yaakov et non pas Essav, comme il le souhaitait. Dans la Paracha de la semaine (Toledot), la torah nous dit (Ch. 27 v. 33) :
וַיֶּחֱרַד יִצְחָק חֲרָדָה, גְּדֹלָה עַד-מְאֹד, וַיֹּאמֶר מִי-אֵפוֹא הוּא הַצָּד-צַיִד וַיָּבֵא לִי וָאֹכַל מִכֹּל בְּטֶרֶם תָּבוֹא, וָאֲבָרְכֵהוּ; גַּם-בָּרוּךְ, יִהְיֶה.
Isaac fut saisi d’une immense frayeur et il dit : « Quel est donc cet autre, qui avait pris du gibier et me l’avait apporté ? J’ai mangé de tout avant ton arrivée et je l’ai béni. Eh bien ! Il restera béni! »
Rachi explique qu’il vit l’enfer sous lui. Le Midrach Rabba de rajouter, au nom de Rabbi Hama bar Hanina, que cette frayeur était supérieure à celle qu’il avait ressentie lors de la Akeda (le « sacrifice » d’Its’hak). Comment comprendre que ce transfert de bénédictions d’Essav vers Yaakov lui amène une si grande frayeur, supérieure à celle qu’il avait ressentie lorsqu’il avait été ligoté et face au couteau tranchant sur son cou, lors de la Akeda ?
Il faut comprendre ici un grand fondement, c’est qu’Its’hak était convaincu, depuis de nombreuses années, que c’était son ainé Essav, qu’il aimait bien, qui était le plus digne de sa bénédiction. Il savait que son fils Essav, luttait continuellement pour permettre à son intériorité de lutter et de l’emporter sur son extériorité, et il pensait que son fils avait besoin d’aide et que grâce à sa bénédiction, celui-ci réussirait ce combat. Essav aurait pu même être plus grand que Yaakov.
En revanche Its’hak pensait que Yaakov, n’avait pas besoin de cette bénédiction pour exprimer son intériorité. Pourtant, la torah nous dit (Ch. 27 v27), qu’au moment de la bénédiction, Its’hak respira le parfum des vêtements de Yaakov et il le bénit. La Guémara (Talmud) dans sanhédrin, explique, qu’il ne faut pas lire « ses vêtements » mais « ses traitres« [1]. A ce moment-là, Its’hak, a eu une vision prophétique, et comprit que l’homme qui se trouvait devant lui (Yaakov), engendrerait lui aussi des traitres dans l’avenir et que descendraient de lui aussi des Réchaims (mécréants). Il prend de suite conscience de son erreur (dont personne n’aurait pu le faire changer d’avis, même pas son épouse Rivka, qui dans ce domaine était plus clairvoyante que lui).
Le Rav Dessler nous explique, que ce point était peut-être l’épreuve la plus difficile de son existence, et il reconnait qu’il doit changer d’avis et bénir Yaakov. Il réussit à remettre en question tout son système de pensée et d’évaluation. Il comprend que les bénédictions doivent aussi être données au Tsadik qui est au-dessus du combat matériel, et que lui aussi a besoin de Hessed. Le Zohar nous dit que la bénédiction devait venir de D.ieu lui-même, il bénit donc Yaakov, mais pas le Yaakov qui était devant lui. Il bénit le Yaakov de l’avenir, qui lui aura besoin aussi de sa bénédiction, comme le rapporte le Midrach (la descendance).
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Soyons tous comme Its’hak, et soyons capable de nous remettre en question, et accepter les décisions de D.ieu de bon cœur, même si cela nous parait incompréhensible à notre niveau.
[1] La Guémara Sanhédrin 37a indique qu’il ne faut pas lire בגדיו (ses vêtements) mais בוגדיו (ses traîtres)
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Ce cours « L’immense frayeur de Its’hak lors de l’inversion des bénédictions. Réouven Carceles » a été mis en ligne le 9 novembre 2018 et mis à jour le 17 Novembre 2020