Rabbénou Yérouham Halévi Leïbovitch
L’homme du monde futur (première partie)
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Quelle est la différence entre le monde présent et le monde futur après que nous savons que ces deux mondes ne font qu’un ?!
Le verset dit: »que la terre fasse sortir une âme vivante ». Cette âme vivante c’est le souffle du premier homme! Combien est profond le principe de la terre, le principe du corps! Car le premier homme était dans le jardin d’Eden avec son corps. Nos sages enseignent: »dans le monde futur, il n’y a ni nourriture ni boisson mais les justes sont assis avec leur couronne sur leur tête et profitent du rayonnement de la présence divine ». Cela ne fait référence qu’au corps de ces justes ! Car l’âme divine, même dans ce monde, n’a aucune activité concernant la nourriture et la boisson. Le principe même du corps n’étant qu’une composition »chimique » de l’ordre de l »’éther », vaporeux jusqu’à n’être qu’une solution spirituelle !
Et donc quelle différence y a-t-il entre le monde présent et le monde futur puisque l’origine même du corps issu de ce monde est de l’ordre de l’éther, un état vaporeux jusqu’à l’extrême ? Nos sages définissent le monde futur comme étant un »apaisement », de l’ordre de la sensation comme il est enseigné »est meilleur un moment de repentir et de bonne action dans le monde présent plus que toute la vie du monde futur. Et est meilleur un moment d’apaisement dans le monde futur plus que toutes les vies du monde présent ». Le monde futur est le monde des plaisirs mais même ces plaisirs ne proviennent que des fruits de ce monde.
Prenons l’exemple du fruit et de son goût. Il est évident que ce sont deux choses différentes mais étant impossible de séparer. Le goût étant le principe et le dérivé du fruit, provenant du fruit lui-même. Le goût étant lui-même matériel et donc provenant de ce monde. Ainsi est le principe du monde futur ! Le monde futur étant le »goût » déjà existant dans ce monde. C’est le principe qui est diffusé dans »est meilleur un moment de repentir et de bonne action dans le monde présent plus que toute la vie du monde futur » ou bien de ce principe »celui qui se fatigue la veille de Shabbat, mangera Shabbat ». De ce monde, nous »extrayons » réellement le profit du monde futur. Il y a un point de traverse entre ces deux mondes afin de »transponder » le principe de ce monde dans l’autre monde car dans ce monde, il y a réellement le principe même du monde futur. Toute l’éternité est déjà potentiellement incrustée dans ce monde.
Nous devons ressentir que la mesure du monde futur que nous pouvons atteindre ne se révélera qu’à partir de ce monde. L’éternité étant dans ce monde!
»Ne soyez pas comme un esclave qui travaille pour recevoir un salaire ».
Avraham, lorsqu’il a reçu les invités à la chaleur de la journée au troisième jour de la circoncision, vous ne croyez pas qu’il souffrait ? Il est évident que la souffrance envahissait tout son corps. Mais le profit et le plaisir qu’il ressentait en accomplissant la Mitsva d’honorer les invités recouvrait toute la douleur produite pas son corps. La douleur étant l’écorce du fruit et le plaisir de la Mitsva étant le goût du fruit. Allons à l’essentiel et n’essayons pas de vouloir l’écorce mais le goût du fruit. Révélons le plaisir de la Mitsva dans ce monde et mettons en sommeil la souffrance de la peine. Réveillons le goût de l’éternité dans ce monde.
Si l’homme n’avait pas un plaisir à manger, il se dégoûterait de manger du fait de la fatigue et de la souffrance liée à de mastication et à la digestion. Mais grâce au plaisir qu’il perçoit par le fait de se sustenter, il en oublie sa souffrance.
Ainsi en est-il des Mitsvot. Réveillons le plaisir, il recouvrira la souffrance qui n’est que l’écorce du fruit.