La lecture de la Méguila d’Esther Chapitres 2 et 3 Commentaires et éclairages. Michel Baruch
Méguila d’Esther commentaires
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Pour accéder aux commentaires sur les chapitres de la Méguila d’Esther :
- Introduction et chapitre 1
- Chapitres 2 et 3
- Chapitres 4 et 5
- Chapitres 6 et 7
- Chapitre 8
- Chapitres 9 et 10
בינו עמי עשו
La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages.
De Michel Baruch
Cette étude est dédiée à l’élévation de la Néchama de
Rohama Daisy Colette bat Ninette ז »ל
La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages. Chapitre II
En 3395 sur le conseil de ses valets et de ses intendants, le roi ordonne qu’on organise un grand concourt de beauté afin qu’il puisse choisir une digne remplaçante de la reine.
אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה כְּשֹׁךְ חֲמַת הַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ זָכַר אֶת וַשְׁתִּי וְאֵת אֲשֶׁר עָשָׂתָה, וְאֵת אֲשֶׁר נִגְזַר עָלֶיהָ : וַיֹּאמְרוּ נַעֲרֵי הַמֶּלֶךְ, מְשָׁרְתָיו: יְבַקְשׁוּ לַמֶּלֶךְ נְעָרוֹת בְּתוּלוֹת, טוֹבוֹת מַרְאֶה :
Après ces événements, quand la colère du roi Assuérus fut tombée, il se souvint de Vachty, de ce qu’elle avait fait et de la sentence prononcée contre elle : Alors les valets du roi, attachés à son service, dirent: « Qu’on recherche pour le roi des jeunes filles vierges, belles de visage :
Nos maitres soulignent que la sentence qui fut prononcée contre elle est attribuée à Ha-Chem, comme elle a agi envers Israël ainsi cela lui fut appliqué.
Le roi dont la colère s’était apaisée était entré dans une très grande dépression, il était plein de regret. Il se répétait sans cesse l’erreur terrible dont il avait été la victime sur les mauvais conseils de ses ministres.
Il est à noter que ce sont les valets et les servantes du roi qui le conseillent, il est étonnant que les ministres et les conseillers ne se présentent plus devant le roi. Ils n’osaient même plus approcher la salle du trône, se sentant responsables de la mort de la reine ils soupçonnaient que le roi ne s’en prenne à eux.
Le seul critère pour rechercher une femme digne d’être la reine d’un immense empire et l’épouse d’un roi puissant est uniquement la beauté. Alors que la logique voudrait que l’on recherche une fille de sang royal, éduquée selon les nobles règles, qui sache se conformer aux protocoles. Qui possède les nombreuses qualités requises pour être une reine digne de ce nom.
Cependant Assuérus accède à leurs propositions, on se met donc à la recherche de cette perle rare.
אִישׁ יְהוּדִי הָיָה בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה וּשְׁמוֹ מָרְדֳּכַי, בֶּן יָאִיר בֶּן שִׁמְעִי בֶּן קִישׁ אִישׁ יְמִינִי :
Or, à Suse, la capitale, vivait un homme de Yéhouda, au nom de Mordé’hai, fils de Yair, fils de Chim’yi, fils de Kich, un homme de Binyamin :
Selon Rabbi Yéhouda, c’est à partir de là que se dévoile le miracle dans toute son ampleur. Méguila 19a.
Mordé’hai est qualifié à deux reprises de « un homme », il est un personnage important qui possède les qualités de Yéhouda mais aussi celles de Binyamin. Yéhouda est celui qui a sanctifié le Nom de D en public, la royauté lui revient pour cette raison. Sa personne n’est que le vecteur de la Volonté du Seigneur à l’instar du roi David. Il est entièrement au service de D et de Son peuple, sa personne ne compte pas, l’essentiel est l’honneur de la Torah. Son nom contient les quatre lettres du Nom de D.
Binyamin est le seul des enfants de Yaakov qui ne s’est pas prosterné devant Essav ; Amalek tombe devant lui. Il possède les qualités des enfants de Ra’hel, son mérite n’est pas apparent, il n’est pas reconnu de ses semblables, bien au contraire, il cache sa véritable dimension aux yeux du peuple. Il est à l’image de son ainé Yossef, qui sanctifie le Nom dans la discrétion. On lui rajoutera alors le « Hé » du Nom au sien il devient « Yéhossef » יהוסף.
Ces deux qualités conjuguées permettent de vaincre Amalek. Qui lui aussi conjugue la force de Essav et celle d’Ychmael. La force de l’action et celle de l’écoute, Essav qui cache sa véritable nature à son père et celle d’Ychmael qui possède un mérite déclaré.
Nos maitres commentent son nom et détaillent ses qualités. Fils de Yair, qui a illuminé Israël par sa prière. (Yair signifie éclairer). Fils de Chim’yi, celui dont le Tout Puissant entend la prière (Chém’a signifie entendre). Fils de Kich, celui qui a frappé aux portes de la miséricorde et les a ouvertes. (Kich signifie frappé à la porte). Le nom de Mordé’hai est lui-même expliqué comme l’odeur agréable qui se dégage d’un parfum subtile. Mor étant le parfum et Da’hya la pureté, allusion à la prière qui est devant le Seigneur une agréable odeur qui apaise le courroux divin, à l’image de l’encens offert sur l’autel.
Voici comment nos maitres définissent les qualités du chef de la communauté, cet exemple se doit d’être suivi par tous ceux qui aux cours des générations prétendent aux fonctions les plus hautes du peuple d’Israël.
Il n’est pas dit de Mordé’hai qu’il a utilisé ses contacts auprès des gens du pouvoir pour qu’ils interviennent en faveur de son peuple ! Quelle leçon ! Quel exemple !
Il est fondamental comme nous l’avons souligné plus haut, Mordé’hai reste et maintient Israël dans son système particulier celui de la direction droite, la Hachga’ha Pratit, Le Yocher. Il ne doit surtout pas conférer la destinée d’Israël à la direction globale, il ne compte pas sur son « carnet d’adresses ». Il agit ainsi malgré l’incompréhension de l’ensemble du peuple, il va contre vent et marrées mener Israël vers la délivrance.
וַיְהִי אֹמֵן אֶת הֲדַסָּה הִיא אֶסְתֵּר והנערה יפת תאר ויפת מראה :
Il était le tuteur de Hadassa, c’est-à-dire d’Esther, cette jeune fille était belle de taille et belle de visage.
Esther est le nom perse de Hadassa, il signifie cacher en effet, pendant 4 longues années elle se cache pour éviter d’être prise par les fonctionnaires chargés de choisir les plus belles filles du royaume. Esther est le nom que lui ont donné les nations « Es-Tahar », la lune comme pour dire : « Elle est belle comme une lune par sa blancheur». Méguila 13a Rachi.
Tout comme la lune qui se renouvelle tous les 30 jours, le Roi la convoque 30 jours révolus. Esther a la valeur de 661, tout comme « La fleur de Lis » שושנה qui correspond au Nom « Ado-Naï » rempli de ses lettres sans le « Yod ». אלף-דלת- נון-יוד =671 il manque à Esther le 10 « Yod » qu’elle doit récupérer de chez Ahach-Véroch.
Elle aussi est qualifiée d’odeur agréable, c’est la « force de sa prière » qui va réaliser le miracle de la délivrance. Nos Matriarches Sarah Rivka Ra’hel et Léa sont aussi qualifiées du terme «Encens » לבונה ; la femme soupçonnée d’adultère ne met pas d’encens dans son offrande, elle ne ressemble pas aux Mères.מנחת סוטה אין בה לא שמן ולא לבונה
Esther, elle cache son mérite, rares sont ceux qui savent ses qualités.
Le Gaon explique que belle de taille est la beauté de ses actions, les Mitsvot. Belle de visage se sont les qualités humaines les Midoths.
Esther fut prise et emmenée au palais du roi et confiée à Hégai gardien des femmes :
Le grand concourt de beauté organisé en vue de remplacer la reine avait suscité un très grand enthousiasme dans la population. On se pressait pour y participer, pour tous les anonymes cela était une opportunité à ne pas manquer. Les pères encourageaient leurs filles à y participer. Cependant au sujet d’Esther il est dit « qu’elle fut prise » contre son gré, après qu’elle se soit cachée. C’est seulement quand le roi décréta que tout celui qui a une fille de grande beauté et qui ne la présente pas, sera mis à mort que Mordé’hai l’autorisa à se présenter au concourt de beauté. Elle fut alors prise contre son gré.
De peur qu’elle soit accusée, elle et sa famille, son peuple de ne vouloir se marier même avec le roi pour des raisons religieuses, Mordé’hai lui avait conseillé de ne pas dévoiler ses origines. Ce qu’elle fit même après qu’elle fut choisie. Elle continuait à mettre en pratique ses recommandations quand bien même les craintes étaient dissipées. Ce qui plus tard permettra le renversement de situation. Les paroles des Sages ne sont jamais vaines, les appliquées apporte toujours la bénédiction et la réussite.
En l’année 3399 au mois de Tévéth Esther devient la reine de l’empire :
Esther fut choisie comme reine au mois de Thevet de la septième année du règne d’Assuérus. Un deuxième rassemblement fut organisé afin de renvoyer toutes les jeunes filles chez elles, certains commentateurs y ajoutent toutes les concubines du roi, qui elles aussi furent renvoyées. Esther continua à ne pas révéler ses origines.
Il convient de souligner que le fait qu’une fille d’Israël ait été choisi pour être la compagne du roi doit être perçu par l’ensemble du peuple comme une blessure, une profanation de la sainteté, une humiliation pour la « Ché’hina ». Cet évènement aurait dû susciter de la part d’Israël une véritable Téchouva, tous auraient dû dire : « Mais que nous arrive-t-il ? Comment une telle chose peut-elle se produire ? ».
Dernier jalon que place la Providence dans cette histoire.
En 3400 Mordé’hai déjoue un complot contre Ahach-Véroch :
En ces jours où Mordé’hai était assis à la Porte du roi, Bigtana et Téréch, deux des eunuques du roi, préposés à la garde des portes (chambrelans), furent pris de rage. Ils cherchèrent à attenter à la vie du roi.
Le Yossef Léka’h explique que les deux eurent la même rage, ils étaient de par leurs fonctions dans l’obligation de rester debout, alors que Mordé’hai avait le droit d’être assis. Ils décidèrent donc pour se venger de cette « injustice » d’attenter à la vie d’Assuérus.
Mordé’hai eut connaissance du complot et en informa la reine Esther qui en fit part au roi au nom de Mordé’hai. La chose fut confirmer les deux (coupables) furent pendus à la potence et le fait fut consigné dans le livre des chroniques en présence du roi.
Rachi rapporte que les deux chambrelans parlaient en langue Torssy, Mordé’hai comme membre du Sanhédrin devait connaitre les 70 langues, il entendit leurs conversations et transmit l’information à la Reine. Son intention était qu’Esther en retire le bénéfice comme dit le verset : il raconta cela à Esther. ויגד לאסתר המלכה .
Alors que lorsqu’Esther transmet l’information au roi il est dit : elle le dit au roi. ותאמר אסתר למלך , de là nos maitres disent : que la délivrance arrive par celui qui dit une information en mentionnant sa source. Méguila 16a.
FIN de Méguila d’Esther commentaires sur le chapitre II
*
La lecture de la Méguila d’Esther Commentaires et éclairages. Chapitre III
En 3404 Hamann est élevé à la plus haute fonction de l’empire :
אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, גִּדַּל הַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ אֶת הָמָן בֶּן הַמְּדָתָא הָאֲגָגִי וַיְנַשְּׂאֵהוּ וַיָּשֶׂם אֶת כִּסְאוֹ מֵעַל כָּל הַשָּׂרִים אֲשֶׁר אִתּוֹ :
A la suite de ces événements, le roi Assuérus éleva Aman, fils d’Amedata, l’Agaguite, en l’appelant à la plus haute dignité, et lui attribua un siège au-dessus de tous les seigneurs attachés à sa personne :
A la suite des événements, lesquels ? Comme nous l’avons déjà dit, la Providence place les jalons du miracle bien avant que le problème n’apparait. Maintenant que les pions sont placés, Assuérus peut élever Hamann aux plus hautes fonctions.
Hamann est celui qui a proposé à Ahach-Véroch de changer les règles du protocole, de sorte que le roi détienne en ses mains tous les pouvoirs. En effet quand la reine Vachty refuse de se présenter devant le roi, son jugement est transmis aux 7 sages, ce conseil avait pour rôle de statuer et de décider sur tout ce qui concernait directement le roi. La proposition de Mémoukhan retire ce pouvoir aux sages et le redonne au roi. Hamann qui était le dernier à avoir rejoint le conseil des 7 sages se retrouve l’homme le plus important du royaume. Ici aussi la Providence élève Hamann au plus haut afin que sa chute soit terrible. La lumiére qui jaillira alors du miracle sera d’une ampleur telle que nous en serons éclairée jusqu’à la fin des temps.
וְכָל עַבְדֵי הַמֶּלֶךְ אֲשֶׁר בְּשַׁעַר הַמֶּלֶךְ כֹּרְעִים וּמִשְׁתַּחֲוִים לְהָמָן כִּי כֵן, צִוָּה לוֹ הַמֶּלֶךְ וּמָרְדֳּכַי לֹא יִכְרַע וְלֹא יִשְׁתַּחֲוֶה.
Tous les serviteurs du roi, admis à la cour royale, s’agenouillaient et se prosternaient devant Aman, car tel était l’ordre donné par le roi en son honneur; mais Mordé’hai ne s’agenouillait ni ne se prosternait.
Était-il vraiment interdit de se prosterner devant Hamann ? Deux avis sont mentionnés par nos maitres à ce sujet : Le 1er considère que Hamann avait placé sur son manteau une idole et qu’il était impossible de se soumettre à cet ordre. Même au prix de sa vie, un juif ne doit en aucun cas se prosterner à une idole. Pirké Dé Rabbi Eliézer ch. 50 ; Sanhédrin 61b.
Le 2eme considère que se prosterner devant Hamann ne tient pas de l’idolâtrie, cela n’était qu’une marque de respect. Méguila 12b.
Dans les deux cas il est reproché à Mordé’hai de ne pas avoir évité de se faire remarquer. Il aurait très bien pu faire en sorte de ne jamais être présent quand Hamann passait par l’entrée du palais royal. Cependant le décret royal ne concernait que les serviteurs du roi admis à la cour royale, cela ne s’applique donc pas à Mordé’hai qui n’était pas serviteur du roi. C’est pour justifier son comportement que Mordé’hai répond aux serviteurs du roi qu’il est juif, et que son attitude n’est en rien une provocation ni un manque de respect envers le roi.
וַיֹּאמְרוּ עַבְדֵי הַמֶּלֶךְ אֲשֶׁר בְּשַׁעַר הַמֶּלֶךְ לְמָרְדֳּכָי: מַדּוּעַ אַתָּה עוֹבֵר אֵת מִצְוַת הַמֶּלֶךְ וַיְהִי באמרם (כְּאָמְרָם) אֵלָיו יוֹם וָיוֹם וְלֹא שָׁמַע אֲלֵיהֶם וַיַּגִּידוּ לְהָמָן לִרְאוֹת הֲיַעַמְדוּ דִּבְרֵי מָרְדֳּכַי כִּי הִגִּיד לָהֶם אֲשֶׁר הוּא יְהוּדִי.
Les serviteurs du roi, admis à la cour royale, dirent à Mardochée: Pourquoi transgresses-tu l’ordre du roi? Comme ils lui faisaient cette observation jour par jour sans qu’il en tînt compte, ils dénoncèrent le fait à Hamann, pour voir si les propos de Mardochée auraient quelque valeur; car il leur avait raconté qu’il était juif.
L’attitude de Mordé’hai était remarquée, les serviteurs du roi ne la comprennent pas, ils disent à Mordé’hai le pouvoir d’Hamann va en grandissant son influence est de plus en plus importante, tu risques le pire. Les juifs eux-mêmes le critiquent, quelle folle attitude, quel entêtement, tu nous mets en danger. C’est l’incompréhension totale, Mordé’hai se retrouve seul contre tous. Mais que recherche Mordé’hai ? Pourquoi un tel comportement et en public, dans le palais même du roi ?
Les enfants d’Israël ont été esclaves de Pharaon en Egypte, à leur sortie ils sont devenus esclaves d’Ha-Chem comme dit le verset : Car à Moi sont les enfants d’Israël ; esclaves, Mes esclaves ! Les serviteurs du roi sont jaloux de ce statut particulier d’Israël, ils vont en informer Hamann, qui jusqu’à lors n’a rien remarqué. En effet il était tellement hautain qu’il ne portait aucune attention à tous ceux qui se prosternaient devant lui.
וַיַּרְא הָמָן כִּי אֵין מָרְדֳּכַי כֹּרֵעַ וּמִשְׁתַּחֲוֶה לוֹ וַיִּמָּלֵא הָמָן חֵמָה :
Hamann, s’apercevant que Mordé’hai ne s’agenouillait ni se prosternait devant lui, fut rempli d’une grande colère :
Hamann, va porter son attention sur le comportement de Mordé’hai, il va le surveiller, l’observer et malgré cela rien ne change dans l’attitude de Mordé’hai, il ne fait même pas un geste dans le sens de Hamann.
Hamann désir se venger de Mordé’hai pour cet affront quotidien qu’il lui fait subir. C’est Hamann qui voit en l’attitude de Mordé’hai un affront, comme le souligne le verset : il fut rempli de colère en s’apercevant que Mordé’hai ne se prosternait pas « à lui ». כֹּרֵעַ וּמִשְׁתַּחֲוֶה לו
Mais s’en prendre uniquement à Mordé’hai ne lui suffit pas. Il juge cela indigne de lui et de sa fonction.
En effet Mordé’hai est un personnage global qui représente l’ensemble d’Israël (ils ne sont pas esclaves des rois) devant les autorités du pays. Ce qu’il fait engage toute sa communauté. C’est le peuple d’Israël qui va subir la vengeance d’Hamann.
Nous avons souligné en introduction qu’à la destruction du temple et la dispersion d’Israël, la conduite spécifique du monde « Hachga’hat Ha Yocher » est mise en sommeil. Israël en perdant sa souveraineté perd du même coup la qualification de « Nation » les juifs ne sont plus que des individus. Cependant cela n’est perdu que pour le quotidien de chacun, mais la « Nation » juive se retrouve quand elle se rassemble dans les synagogues autour du maitre.
Ces rassemblements donnent à la direction spécifique du monde, celle particulière à Israël un réveil. Les événements politiques du monde, ceux qui dépendent de la direction globale et qui concernent l’ensemble des 70 nations peuvent alors être soumis et utiliser par la Providence pour le bien et la réussite du peuple d’Israël.
Mordé’hai cherche à unir le peuple juif dans la réparation de la faute commise lors du fameux rassemblement organisé par Nabuchodonosor devant son immense idole.
Il engage dans ce sens non seulement sa petite personne mais surtout l’ensemble d’Israël. Qui par cette attitude s’attachent à Sa destinée spécifique et particulière.
Le 1er Nissan 3404 Hamann tire le sort :
בַּחֹדֶשׁ הָרִאשׁוֹן הוּא חֹדֶשׁ נִיסָן בִּשְׁנַת שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה לַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ הִפִּיל פּוּר הוּא הַגּוֹרָל לִפְנֵי הָמָן מִיּוֹם לְיוֹם וּמֵחֹדֶשׁ לְחֹדֶשׁ שְׁנֵים עָשָׂר הוּא חֹדֶשׁ אֲדָר :
Le premier mois, qui est le mois de Nissan, dans la douzième année du règne d’Assuérus, on consulta le « POUR », c’est-à-dire le sort, devant Hamann, en passant d’un jour à l’autre et d’un mois à l’autre jusqu’au douzième mois, qui est le mois d’Adar.
Hamann qui était un très grand sorcier (Maagi, grand prêtre) qui maitrisait parfaitement les sorts et la lecture des astres tira au sort le jour propice pour détruire Israël hvc.
Hamann organise son tirage au sort sur trois points, il tire un 1er sort pour déterminer le jour de la semaine puis un 2eme pour choisir le mois de l’année et enfin le 3 eme pour le jour du mois de sorte qu’il puisse vérifier que ces trois tirages coïncident. C’est pour ces trois tirages que cette fête sera appelée Pourim qui est le pluriel de POUR.
Il adopte la même stratégie que son ancêtre Amalek qui choisit de s’attaquer à Israël avant le don de la Torah et l’alliance avec Ha-Chem.
Amalek sait qu’entre le temps de la traversée de la mer et le don de la Torah Israël est le plus vulnérable comme dit le verset : Souviens toi de ce que t a fait Amalek, lors de votre voyage à votre sortie de l’Egypte, il t’a surpris en chemin, il s’en est pris aux trainards par derrière : Tu étais alors fatigué et à bout de forces et lui ne craignait pas D…
Il est dit que ce tirage eut lieu devant Hamann, nos maitres disent qu’il ne trouva pas de jour où le Mazal d’Israël était le plus bas. En fait il n’arrivait pas à trouver le peuple d’Israël dans ses sorts.
En effet comme nous l’avons dit dans le système global du monde Israël n’existe pas. Avraham n’a pas de descendance sous les astres, mais au-dessus. Dans son tirage au sort Hamann ne trouve que le jour qui lui est favorable uniquement.
De plus il est très étonnant qu’il fasse ce tirage le jour de Roch Hodéch Nissan. Mais pourquoi choisit-il ce jour ? Et bien c’est le jour du 1er signe astrologique qui est le père des onze autres, le mois de Nissan est aussi appelé « Hodech Ha Aviv » חודש האביב
אביב אב – י »ב le père des douze signes du zodiaque. Cependant il oublie que ce mois est justement celui de la sortie d’Égypte, c’est le 1er mois où va se révéler totalement la direction miraculeuse de ce monde par la délivrance d’Égypte. L’agneau Pascal, le Korban Péssah est justement la soumission des astres à la destinée d’Israël, la force et la puissance que D a conférée aux astres s’annulent devant la destinée d’Israël. La 1ere Mitsva que D ordonne à Israël en tant que peuple est la fixation du Roch Hodéch Nissan, 15 jours avant la sortie d’Egypte.
Hamann sait que selon les sorts la direction miraculeuse de ce monde est en sommeil et cela depuis la destruction du temple et l’exil d’Israël parmi les nations, ce peuple se dit Hamann a perdu son « Mazal ». C’est ainsi qu’il le dit lui-même à Ahach-Véroch au verset suivant.
Le 13 Adar 3405 est fixé comme jour fatidique :
וַיֹּאמֶר הָמָן לַמֶּלֶךְ אֲחַשְׁוֵרוֹשׁ יֶשְׁנוֹ עַם אֶחָד מְפֻזָּר וּמְפֹרָד בֵּין הָעַמִּים, בְּכֹל מְדִינוֹת מַלְכוּתֶךָ וְדָתֵיהֶם שֹׁנוֹת מִכָּל עָם, וְאֶת דָּתֵי הַמֶּלֶךְ אֵינָם עֹשִׂים וְלַמֶּלֶךְ אֵין שֹׁוֶה לְהַנִּיחָם :
Puis Hamann dit au roi Ahach-Véroch : « Il est une nation répandue, disséminée parmi les autres nations dans toutes les provinces de ton royaume; ces gens ont des lois qui diffèrent de celles de toute autre nation; quant aux lois du roi, ils ne les observent point: il n’est donc pas de l’intérêt du roi de les conserver :
Le jour même du tirage au sort (13 Nissan 3404) Hamann se rend chez le roi pour obtenir le droit d’exterminer Israël :
Hamann ne mentionne pas le nom de ce peuple de crainte de soulever l’objection du roi, qui peut avoir des amitiés pour certains juifs comme Mordé’hai ou par crainte de la sanction divine. Il sait que tous les rois qui ont voulu porter atteinte à Israël ont été frappés par la Providence, comme Pharaon.
Il y a un peuple, nos maitres font un jeu de mot en disant que Hamann fait ici allusion au «Sommeil» de la Providence ישנו עם אחד ישן הוא, il dit à Ahach-Véroch leur D… s’Est endormi דורמיתא.. Pendant toute la période de l’exil il nous parait, il nous semble que les évènements du monde sont dirigés selon les règles qui ne dépendent que de la nature, de la conduite globale. Le mot «Ehad» fait une allusion certaine à l’unicité de D…, à la lecture du Chéma qui est justement la proclamation de cette unicité que rien en ce monde ne se fait en dehors de Sa Volonté.
Cependant le peuple juif en exil a perdu sa qualité de «Nation Juive», qui est soudé et régi par la direction miraculeuse, ils ne sont plus que des individus dispersés, éparpillés, chacun n’a plus alors que le souci de lui-même. Qui a à cœur l’intérêt général? Qui a à cœur la préoccupation du peuple dans sa globalité?
Hamann développe devant le roi tous les arguments qu’il a imaginé, ce peuple n’apporte pas grand-chose au royaume, le roi n’a rien à craindre de leur extermination, aucune des nations du royaume ne s’en plaindra, toutes resteront indifférentes au sort qui lui est réservé. C’est pour cela qu’il dit un peuple dispersé entre les nations, mais il reste séparé des autres, il en adopte pas les habitudes et les coutumes, il reste totalement dans sa différence et se distingue de tous. Le seul inconvénient serait la perte pour les caisses de l’état de l’impôt qu’ils payent, c’est pour cela que Hamann propose d’y remédier en versant cette somme lui-même de ses propres deniers.
אִם עַל הַמֶּלֶךְ טוֹב יִכָּתֵב לְאַבְּדָם וַעֲשֶׂרֶת אֲלָפִים כִּכַּר כֶּסֶף אֶשְׁקוֹל עַל יְדֵי עֹשֵׂי הַמְּלָאכָה לְהָבִיא אֶל גִּנְזֵי הַמֶּלֶךְ : וַיָּסַר הַמֶּלֶךְ אֶת טַבַּעְתּוֹ מֵעַל יָדוֹ וַיִּתְּנָהּ לְהָמָן בֶּן הַמְּדָתָא הָאֲגָגִי צֹרֵר הַיְּהוּדִים :
Si tel est le bon plaisir du roi, qu’il soit rendu un ordre écrit de les faire périr, et moi, je mettrai dix mille «Talents argent» à la disposition des agents [royaux] pour être versés dans les trésors du roi. » Le roi ôta son anneau du doigt et le remit à Hamann, fils de Hamedata, l’Hagaghite, le persécuteur des juifs :
Hamann propose au roi que la «sale besogne» soit faite par l’ensemble des peuples de sorte que les soldats du roi et les fonctionnaires de l’état n’aient pas besoin de se «salir» les mains. Les 10 000 talents argent que Hamann est prêt à payer pour acquérir le droit d’exterminer Israël sont en fait l’équivalent d’un demi-Chéquel pour 600 000 hommes l’ensemble du peuple. Mais la Mitsva du demi-Chéquel a pris les devants pour contrebalancer son action.
Ahach-Véroch n’hésite pas un instant il concède l’argent à Hamann le dispensant de payer et de suite lui confie son sceau pour sceller le sort d’Israël. Nos maitres soulignent que la haine d’Ahach-Véroch pour Israël était bien plus grande que celle d’Hamann.
וְנִשְׁלוֹחַ סְפָרִים בְּיַד הָרָצִים אֶל כָּל מְדִינוֹת הַמֶּלֶךְ לְהַשְׁמִיד לַהֲרֹג וּלְאַבֵּד אֶת כָּל הַיְּהוּדִים מִנַּעַר וְעַד זָקֵן טַף וְנָשִׁים בְּיוֹם אֶחָד בִּשְׁלוֹשָׁה עָשָׂר לְחֹדֶשׁ שְׁנֵים עָשָׂר הוּא חֹדֶשׁ אֲדָר וּשְׁלָלָם לָבוֹז : פַּתְשֶׁגֶן הַכְּתָב לְהִנָּתֵן דָּת בְּכָל מְדִינָה וּמְדִינָה גָּלוּי לְכָל הָעַמִּים לִהְיוֹת עֲתִדִים לַיּוֹם הַזֶּה :
Et par les courriers, les lettres furent expédiées dans toutes les provinces du roi, [ordonnant] de détruire, exterminer et anéantir tous les juifs jeunes et vieux, enfants et femmes en un seul jour, à savoir le treizième jour du douzième mois, qui est le mois d’Adar, et de faire main basse sur leur butin: La teneur de l’écrit [portait] qu’un ordre fût promulgué dans chaque province et porté à la connaissance de tous les peuples de se tenir prêts pour ce jour:
Le jour même les scribes du roi sont convoqués pour rédiger des missives telles que l’a ordonné Hamann. Il fait écrire plusieurs sortes de lettres aux différents gouverneurs des provinces ainsi qu’aux préfets et aux magistrats. De sorte qu’aucun d’entre eux ne sait vraiment l’ampleur du décret et sa véritable gravité, Hamann garde la chose secrète afin que cela ne s’ébruite pas à l’extérieur, qu’au jour fixé pour le décret les juifs soient surpris et ne s’y attendent pas.
ְ לְהַשְׁמִיד לַהֲרֹג וּלְאַבֵּד אֶת כָּל הַיְּהוּדִים…… .. וּשְׁלָלָם לָבוֹז :
De détruire, exterminer et anéantir tous les juifs …… et de faire main basse sur leur butin :
Il s’agit d’exterminer, de tuer, de détruire tous les juifs, jeunes, vieux, enfants, femmes en un seul jour, le 13 du mois de Adar (3405) et de piller tous leurs biens. Quatre termes sont employés pour décrire l’ampleur du désastre à venir, la destruction devait atteindre toutes les composantes de l’être juif, la Néchama qui est au niveau de l’accomplissement des Mitsvoth, l’esprit de la Torah le Roua’h et le Néféch lié au corps et enfin la possession de sorte que le souvenir même d’Israël soit effacé de la surface de la terre. Le jour de pourim nos maitres ont fixés quatre Mitsvoth à accomplir qui sont: la lecture de la Méguila, la joie et l’allégresse, le festin et l’obligation de faire des cadeaux aux indigents. Ces quatre Mitsvoth correspondent aux 4 choses que Hamann avait projetées contre Israël.
הָרָצִים יָצְאוּ דְחוּפִים בִּדְבַר הַמֶּלֶךְ וְהַדָּת נִתְּנָה בְּשׁוּשַׁן הַבִּירָה וְהַמֶּלֶךְ וְהָמָן יָשְׁבוּ לִשְׁתּוֹת וְהָעִיר שׁוּשָׁן נָבוֹכָה :
Les courriers partirent en toute hâte par ordre du roi, et dans Suse, la capitale; l’édit fut [aussi] publié. Le roi et Hamann s’attablèrent pour boire, tandis que la ville de Suze était désemparée :
Les juifs de Suze étaient dans le doute, ils ne connaissaient pas la teneur de l’édit, ils ne savaient pas vraiment ce qui les attendait. Comme nous l’avons dit plus haut Hamann fit écrire trois sortes de lettres, aux Satrapes il dit d’exterminer sans préciser de qui il s’agit, aux seigneurs des provinces uniquement il dévoila qu’il s’agissait des juifs et aux peuples, il les avertit d’être prêts pour le jour dit, c’est seulement alors qu’ils seront informés de l’extermination. De sorte que pendant toute cette période le doute règne afin que les juifs ne puissent pas faire intervenir leurs contacts au sein de l’administration royale et qu’ils ne puissent pas se défendre, la surprise étant totale.
Cependant le secret ne sera pas gardé car certains seigneurs des provinces vont en informer les juifs de leurs amis, la nouvelle va alors se rependre dans tout le royaume. N’ayant plus aucun recourt les juifs vont se rassembler dans les synagogues pour prier et jeûner et se repentir de leurs fautes. C’est uniquement dans la capitale que la nouvelle ne parvient pas, là les chefs de l’administration royale sont à la solde de Hamann.
FIN de Méguila d’Esther commentaires sur le chapitre III
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Fin de l’article « La lecture de la Méguila d’Esther Chapitres 2 et 3 Commentaires et éclairages. Michel Baruch« . Mis en ligne le 22 février 2018. Mis à jour le 1er mars 2020
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