Le travail du mois de Eloul : apprendre à juger pour le bien. Rav Yoshiahou Pinto
juger pour le bien
Cours de l’Admour Harif – Rav Yoshiahou Yossef Pinto Shlita – Paracha Choftim
Chacun doit travailler sur lui afin d’être un juge et un magistrat (un policier) qui juge les autres favorablement
« Tu institueras des juges et des magistrats (des policiers) dans toutes les villes »
Nous commençons une nouvelle semaine, un nouveau mois, le mois de la miséricorde et du pardon, une période où l’on peut avoir un grand attachement envers Hachem, nous avons pensé à commencer cette première semaine de ces jours élevés spirituellement en enseignant un principe fondamental.
La Paracha de la semaine (Choftim) nous enseigne : « Des juges et des magistrats (des policiers) tu te donneras dans toutes les villes« . Nos Sages questionnent sur le fait que la Torah qui est méticuleuse, commence par des mots au pluriel des juges et des magistrats mais ensuite poursuit au singulier : « tu te donneras » au lieu d’enseigner « vous vous donnerez », pourquoi avoir utilisé le singulier et non le pluriel ?
Juger pour le bien et en retour Hachem nous juge pour le bien
Chaque personne doit savoir que si elle juge le monde pour le bien, Hachem le juge en retour pour le bien. Mais si la personne juge du mauvais côté, Hachem le jugera également du mauvais côté. Hachem juge chaque personne selon la manière dont elle juge les autres. Si quelqu’un juge positivement et du bon côté chaque personne, alors elle aura le mérite qu’Hachem jugera le monde pour le bien, et pour elle-même également, ainsi elle apportera du bien dans le monde. Mais si la personne juge son prochain du mauvais côté, pense négativement sur les autres personnes, alors Hachem la jugera du mauvais côté, et chaque chose sera chez elle des plus dures.
La personne doit travailler sur elle-même, chaque jour, à chaque moment, que chaque chose qu’elle voit dans le monde, elle doit le juger pour le bien, du bon côté. Et si la personne agit ainsi alors sa vie sera aussi du bon côté. Chaque fois qu’une personne a des difficultés et pense négativement, alors elle sera de plus en plus enfermée sur elle-même, ainsi sa vie et son entourage seront lourds et pesants.
Bien évidemment, pendant cette période de miséricorde et de pardon, avant le jour du Jugement (Roch Hachana), chacun doit s’efforcer de penser du bien sur les autres personnes, et d’arrêter de vivre une vie de mensonges. La vie de mensonge est, lorsqu’on voit le bon côté, qu’on juge pour le bien les autres personnes, qu’on voit le monde en bien, qu’on s’entend bien avec tous, mais que dans le cœur on a des mauvaises pensées. Il faut commencer à juger positivement, et essayer d’être compréhensif envers prochain, car la personne ne voit que ce qui est proche d’elle, ce qui l’arrange et qui est bien pour elle. Une personne qui a été blessée juge l’autre partie comme un mécréant, une mauvaise personne, de la manière dont elle a été blessée elle jugera en négatif les autres personnes.
Chaque personne doit essayer de regarder positivement son prochain, que peut être elle a tort dans ses actions, ou que ses pensées ne sont pas correctes vis-à-vis de cette personne, donc elle doit juger pour le bien et non pour le mal. Lorsque la personne juge du mauvais côté, elle se renferme et attire sur elle-même de la rigueur, et plus rien ne va car tout son entourage est rempli de rigueur qui est une des choses les plus dures.
Mais du moment où quelqu’un juge les autres pour le bien, et pense pour le bien, qu’elle essaie de comprendre les autres, alors Hachem se conduira pareillement avec elle.
Nous avons déjà enseigné plusieurs fois la Guémara, qui ramène l’histoire d’un ouvrier qui a travaillé pendant trois années, dans la Haute Galilée, et chaque fois que venait le moment de la paie, il disait à son employeur qu’il préférait qu’il lui garde son salaire jusqu’à la fin de l’année. Lorsqu’il aura fini de travailler et qu’il retournera chez lui, l’employeur lui donnera ses salaires à ce moment-là. Ainsi pendant trois années qu’il travailla chez cet employeur, il mangeait le minimum et gardait le reste auprès de son employeur.
A la fin des trois années, la veille de Kippour, l’ouvrier vient demander son dû à son employeur et l’a prévenu qu’il retournait chez lui. Il souhaitait partir avec la somme de ses salaires qu’il a accumulés pendant les trois ans. Mais l’employeur lui répondit qu’il n’avait pas d’argent. Alors l’ouvrier demanda à recevoir des fruits en échange, mais l’employeur lui répondit qu’il n’avait pas de fruit. L’ouvrier demanda une parcelle de terrain afin qu’il puisse investir et ensuite gagner de l’argent, mais l’employeur lui répondit par la négative. L’ouvrier demanda des animaux, des habits, mais l’employeur répondit qu’il n’avait plus rien. La Guémara continue et nous informe que le salarié a pris ses outils et est rentré chez lui, déçu.
Une fois la fête de Souccot passée, l’employeur vient rendre visite à son ancien employé avec trois ânes remplis de nourritures, de boissons, et de bonnes choses et lui a payé son salaire des années travaillées. Les deux ressentaient une grande joie. Alors l’employeur a questionné l’ouvrier : lorsqu’il avait demandé son dû et qu’il lui avait répondu qu’il n’avait pas d’argent, comment l’avait-il jugé ou soupçonné ? L’ouvrier lui répondit qu’il ne l’a pas soupçonné et qu’il a pensé qu’il avait eu une affaire qui se présentait devant lui et que tout l’argent liquide qu’il avait il l’avait investi dans cette affaire, donc il n’avait plus de liquidités pour payer son employé.
L’employeur continua et le questionna : quand l’ouvrier lui a demandé des animaux et qu’il refusa car il n’en avait pas, qu’avait-il pensé à ce moment-là ? L’ouvrier répondit qu’il ne l’avait pas soupçonné et que l’employeur avait laissé ces animaux en gage auprès d’une autre personne. Ainsi l’employeur questionna l’ouvrier sur toutes les demandes qui a chaque fois ont été refusées, et que finalement il était parti sans rien recevoir, il répondit qu’il avait accepté et ne soupçonnait pas son employeur dans son cœur. L’employeur se leva et l’avertit que de la même manière qu’il avait jugé du bon côté, dans le Ciel il sera jugé du bon côté.
Nos Sages enseignent que l’ouvrier était Rabbi ‘Akiva, que pendant cette période il était un ignorant, et comme la Guémara l’enseigne il disait : « si on m’amène un Sage de Torah, je le mords comme un âne ». Rabbi ‘Akiva était entouré de l’attribut de rigueur, car il avait une grande âme élevée. Mais dès l’instant où il a jugé son employeur pour le bien, et qu’il ne l’a pas soupçonné, bien qu’il n’avait pas reçu de salaire, qu’il avait jugé pour le bien même dans son cœur, à ce moment-là il commença à être Rabbi ‘Akiva et monta de degré en degré dans la spiritualité. Il avait eu le mérite que les mauvaises choses qui l’entouraient se sont détachées de lui. Ce jugement de Rabbi ‘Akiva dans le bon sens lui donna un grand mérite dans le Ciel, et de là il est monté spirituellement pour devenir Rabbi ‘Akiva, la grande lumière du Peuple d’Israël.
Chaque personne a des moments importants dans sa vie, où elle peut juger de manière négative son prochain, pourquoi a-t-il agi ainsi ? etc … Mais si elle parvient à dépasser cela, et d’arriver à juger en bien, la personne pourra se défaire de tous les mauvais esprits et accusateurs qui l’entourent et pourra ainsi monter très haut spirituellement.
Une des spécificités du mois de Eloul, est qu’il faut travailler pour le jour du Jugement (Roch Hachana). Chaque jour Hachem juge la personne et prépare le procès de chacun. Si la personne ne juge pas les autres pour le bien, mais qu’elle pense que les autres ont tort, qu’ils sont des menteurs, des voleurs qui ne font que du mal, c’est une vision erronée qui ne lui entraînera que des mauvais effets.
C’est pour cela que la Torah nous enseigne : « des juges et des magistrats (des policiers), tu placeras devant tes portes« . La personne doit être juge et la personne doit être policier (vis-à-vis d’elle-même) dans le bon sens du terme, de ne pas juger son prochain en mal. Les personnes cherchent des conseils pour savoir comment se préparer au jour du jugement, et comment se préparer pendant le mois de Eloul, qui est le mois de la miséricorde et du pardon. La première chose est de penser pour le bien sur son prochain et de le juger en bien.
Une des premières choses qu’il faut prendre sur soi pour le mois de Eloul, c’est qu’il faut juger en bien, juger les autres de manière positive, et d’arrêter de voir les autres en négatif, d’arrêter de juger mal. Il faut voir en bien ses amis, ses parents, sa famille, son entourage. Dès le moment où elle le fera, Hachem le jugera en bien en retour et entraînera le mois de Eloul du bon côté. La personne ne doit pas seulement penser cela un instant puis l’oublier, il faut qu’elle intègre profondément en elle, qu’il faut juger en bien, ainsi Hachem le jugera en bien également.
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