Le sens ésotérique de Kippour – Rav Mordékhay Chriqui
sens ésotérique de Kippour
Adapté par Rav Michael Smadja
Avant d’essayer d’arrêter de donner une forme ou une image à D-ieu il faut arrêter de se faire une image de nous.
LE SENS ÉSOTÉRIQUE DE KIPPOUR : Pour la majorité des hommes Kippour signifie : le jour du « Grand pardon », l’expiation des fautes, la pénitence, etc.
Si toutes ces propositions sont des expressions de Kippour, elles ne signifient aucunement l’essence même de Kippour. Je veux parler de cet aspect ésotérique-divin de la Torah : l’aspect de l’Unité. Tout le monde est confortable dans la dualité, comprendre une chose par son contraire. Mais peut-on comprendre Kippour sans les fautes ; kippour sans le veau d’or ? Un peu comme si je vous disais : Pessah sans la matsa (pain azyme), Souccot sans les cabanes. Il est vrai que notre esprit a besoin de logique, de raison : on était en Egypte, alors on est sorti, on n’a pas eu le temps de … et voilà la matsa. Et pour le sens exotérique du shabbat : Dieu créa le monde en six jours, et le septième, Il se reposa, ou bien … tu étais esclave en Egypte, alors il faudrait donner aussi un repos aux travailleurs. Saisir une chose par son contraire : Repos-Esclavage-, Expiation-Faute, etc.
Si nous voulons saisir le vrai sens de Kippour (comme d’ailleurs pour chaque idée), il est important de se surpasser, de surpasser la dualité qui nous hante depuis l’Arbre de la connaissance. La connaissance empirique, ou expérimentale, nous permet d’évoluer dans une dimension inconnue, qu’on essaie de rendre tangible grâce à une éthique souvent farfelue. Revenons à Kippour, il est vrai que le peuple d’Israël a découvert Kippour après sa première faute, le veau d’or, et avec les secondes tables d’une Loi qui considère l’Homme, non selon sa plénitude (sortie d’Egypte et des limites du temps) mais dans sa décadence.
Ceci dit, étymologiquement Kippour signifie substitution, l’âme humaine se substitue au corps. C’est là le sens du jeûne : on arrête de vivre par le corps (juste 24h) et on est transporté par la prière ; et à la place de cinq plaisirs corporels viendront cinq prières, contre les cinq rigueurs de la matière de la création (mantsapa »kh). Cependant le jeûne en tant que tel n’est qu’un moyen, ce n’est pas le but. Le jeûne nous permet de nous unifier à notre âme, de devenir un avec elle, il nous dispose à pénétrer le Saint des Saints, comme le Grand prêtre. Un jour par an, il est ordonné à l’homme de devenir Homme, de dépasser sa nature corporelle et de s’unir au Divin et à l’absolu, au Vrai.
Selon les kabbalistes, pendant 10 jours – entre Rosh ha-Shana et Kippour – l’existence de l’univers se renouvelle chaque année. Cette existence c’est la makhout (royauté), la Présence divine, lʼessence de toute la « réalité » qui est en gestation. Le jour de Kippour correspond à lʼarrangement de l’intériorité du monde. En ce jour, nous recevons de nouveau lʼÂme du monde, nous devons par conséquent être purifiés des scories, si nous voulons être ce vecteur du tîqqȗn ʼolam. En ce jour, on pénètre le Saint des saints pour révéler cette Âme du monde pour toute une année qui vient.
Gmar hatima tova
Ps. Depuis quarante ans il y a une corrélation très lourde entre Kippour et la guerre de Kippour (1973), aussi pour nous signifier ce moment où les corps étaient dans un total danger. Nous avons atteint (malgré nous) cette abnégation du corps pour pouvoir pénétrer le Saint des Saints, et ressentir la véritable Âme de la Vie divine.
Mordékhaï Chriqui, l’Essence de la Torah II, Jérusalem, veille de Kippour 5775 (2014).
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