Le principe du monde futur – Rabbi Yérouh’am Leïbovitch
Principe du monde futur
Rabbi Yérou’ham Leïbovitch Zatsal était Mashguia’h de la Yéshiva de Mir
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Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
»Et Yaacov est resté seul » le prophète écrit: »et D-ieu règne seul et même Yaacov est resté seul ». Le prophète compare la qualité »d’esseulement » de D-ieu avec celle de Yaacov ! La qualité d’isolement de D-ieu n’est pas comme nous l’appréhendons car il n’y a rien d’autre que Lui. Être Seul chez le Créateur n’est pas une notion de solitude, séparé des autres, coupé des autres. Cette qualité d’isolement chez D-ieu est une notion en dehors de la dualité et donc beaucoup plus profonde et sans les limites de nos perceptions !
D-ieu a créé le monde avec une conduite spécifique au dévoilement de l’unité dans ce monde, par étapes. Pour que le monde puisse se dévoiler, il a fallu que l’unité divine se cache afin de laisser apparaître la dualité comme il est dit: »Celui qui crée Ses serviteurs » comme si D-ieu a besoin de sa création, a besoin d’aide ! ‘‘Donnez la force à D-ieu ». C’est la conduite divine dans la dualité avec toutes les qualités divines décrites en rapport avec la séparation, les lois de la nature fixées et immuables! Les lois de causes et d’effets.
Mais il y a une autre conduite en parallèle, la conduite dite d’avant la création, conduite de l’unité où l’empreinte de la création n’était pas encore révélée. »Le maître du monde qui régnait avant que le monde ne soit créé » alors, il était »seul », unité totale sans besoin d’autre que lui-même. Se suffisant et se régénérant de lui-même. Et ainsi est le but de la conduite de la dualité, retourner à l’unité » et après que tout soit terminé, il règnera de nouveau seul » seul sans aucun manque, perfection de l’unitude.
Ainsi Yaacov avait atteint cette dimension de l’unitude où il était seul, non isolé et séparé des autres mais dans son être réellement. L’unité dans la dualité, ayant atteint l’infini dans le fini ! Le même niveau de perception que Avraham Avinou au moment où il a été jeté dans la fournaise ardente par Nimrod. L’ange Gabriel voulant descendre refroidir le feu pour sauver Avraham! D-ieu l’en empêchant en lui disant que Lui (D-ieu) est unique dans mon monde et Avraham est unique dans son monde, il est logique que l’unique sauve l’unique. La qualité de D-ieu est l’unité, l’isolement, la solitude, l’esseulement. Ainsi Avraham a atteint cette qualité, ce niveau de perception, cette conduite divine absolue.
»Voici un peuple seul résidera, et parmi les nations, il ne sera pas considéré » le peuple d’Israël résidera dans le monde futur »seul » car d’où lui viendra cette qualité de ne pas se mélanger aux autres nations ? De ne pas suivre les coutumes des nations ? Car ils ont atteint cette qualité d’unicité, d’unitude et d’esseulement dans ce monde et donc, rien ne peut plus atteindre et déranger leur essence même. Par le mérite de leurs ancêtres, le peuple entier a atteint ce niveau d’adhésion à l’unicité de la réalité. Par héritage, ce peuple a en lui ce pouvoir d’atteindre cet état d’unitude où rien ne peut déranger, un état d’apaisement extraordinaire où le temps n’est plus le temps que l’on connaît tic-tac-tic-tac, les secondes s’égrenant dans un continuum espace-temps irréel lié aux vicissitudes de l’impermanence de la dualité.
Aucune interférence extérieure ne peut les perturber car ils ont en eux tout ce qu’ils ont besoin. C’est cela le principe même de l’unitude. Ne rien désirer d’autre que ce qui est en nous. C’est la qualité de D-ieu et du monde futur.
De cet enseignement, nous pouvons évaluer combien un homme est apte au monde futur ! Combien un homme est susceptible de pouvoir vivre sa vie en état d’esseulement sans être altéré par les vicissitudes du monde extérieur ! Il faut savoir qu’une simple pensée involontaire est le signe d’une interférence extérieure à son véritable être, à sa conscience pure. Soit une interférence due au monde extérieur soit une interférence due à ses pulsions organiques. Le véritable homme du monde futur, dans ce monde, est celui qui domine complètement ses contacts sensoriels au point de n’être plus altéré par eux ! C’est cela la définition de la singularité, qualité divine ! La qualité de l’esseulement ! N’être qu’un avec soi-même. Ne plus penser que notre monde extérieur est notre réalité vraie. Le monde extérieur étant le monde de la dualité qui est oui une réalité mais dans cette conduite dite de causes et d’effets. Arrêtons d’être atteint par ce monde en recentrant nos réactions le plus possible.
Il est enseigné dans les chapitres des pères: »quel est le sage ? Celui qui apprend de tout homme…quel est le fort ? Celui qui domine son mauvais penchant….quel est le riche ? Celui qui est heureux de ce qu’il a…quel est celui qui est honoré ? C’est celui qui honore les créatures ». Dans cette Michna, le maître nous enseigne un très grand principe ! Un homme dans son intérieur le plus profond, a toutes les qualités sans avoir besoin du monde extérieur pour les acquérir. Et au contraire, la perfection de ces qualités ne se révèle que lorsqu’elles viennent de sa propre essence. Combien est grande la puissance de ces qualités ! Car si la sagesse ne dépendait que d’un maître, alors lorsque ce maître disparaîtrait, la sagesse serait manquante car impossible à atteindre. Mais celui qui apprend de tout homme, voici qu’il montre qu’il aime la sagesse qui est en lui-même. Car chaque être est un révélateur de cette sagesse qui est en lui, il apprend sans aucun a priori car la sagesse est le révélateur de son être au plus profond de lui. La sagesse ne va pas être un moyen pour développer un ego surpuissant.
Lorsqu’un homme apprend d’un maître, celui-ci peut devenir son instrument, l’instrument de l’ego qui est à la superficie de son être. Un homme qui est prêt à faire taire son ego et à apprendre de toute personne, révèle en lui un goût exacerbé pour la sagesse elle-même. Et celui-ci a atteint la perfection car tant que l’ego existe, la perfection ne peut se révéler. Les hommes pensent qu’en étudiant les sagesses profanes de la matière, deviennent sages ! Mais cela est complètement faux. La sagesse ne peut venir que de l’étude de soi-même. Le sage n’est que celui qui apprend de lui-même et par lui-même ce qu’il y a en lui. Toute information extérieure ne doit être qu’un révélateur de son intériorité et non le contraire. Elle ne doit en aucun cas transformer le sage de manière extérieure. Transformation superficielle de son être qui n’agit en aucun sur ses actions et ses pensées. Si la force dépendait du fait de vaincre une autre personne, alors que se passerait-il si une tierce personne serait plus forte, où serait la puissance parfaite ? Mais celui qui domine son mauvais penchant, est le véritable homme fort car développant du plus profond de l’être, une force incroyable. Arriver à se contenir est une force parfaite et complète venant de l’intérieur qui domine tout élément extérieur. Rien ne peut l’atteindre, c’est cela la véritable force qui est en l’homme. Toute force qui se révèle extérieurement n’est qu’une altération de cette puissance intérieure.
De même, la richesse est une qualité supérieure et donc, cela ne peut être une richesse matérielle, car que serait-elle si elle venait à lui être dérobée ? Mais la richesse est une qualité extrême et intérieure qui ne peut se révéler que de la profondeur même de la personne. Lorsqu’un homme se réjouie d’une joie profonde et réelle de ce que D-ieu lui dispense et qu’il s’en satisfait de manière vraie, il développe en lui cette capacité à traduire les événements de la vie tels qu’ils sont réellement, sans manque et donc la véritable joie peut alors se révéler en lui. Car la véritable joie est une qualité intérieure provenant de son être le plus profond qui ne peut se révéler que lorsque l’homme arrive à comprendre que tout vient de D-ieu et que ce qu’il a, est ce qu’il doit avoir au moment T1 !
Si l’honneur d’un homme dépendait réellement des autres, que se passerait-il si plus personne ne l’honorait ? Honte à celui qui ferait dépendre son honneur des autres ! Mais en réalité, quel est le véritable honneur ? L’honneur véritable est dans le fait d’honorer les autres personnes car encore une fois cette qualité est une qualité de l’âme qui s’épanche de l’intérieur vers l’extérieur et non le contraire. Celui qui honore les personnes devant lui, développe au plus profond de lui, cette qualité supérieure de l’âme.
Tout est en vérité, une question d’intériorité. Tout est en nous. Il suffit de se retrouver en nous.
Ainsi est la qualité de l’esseulement, conduite divine qui est à l’intérieur de nous. Et à l’intérieur de nous se trouve le principe du monde futur.
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