Le mois de Av – La force de l’écoute. Cours magistral de Rav Moché Shapiro
Mois de Av écoute
חודש אב-כח השמיעה: שנת תשע״א
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Le mois de Av – La force de l’écoute.
Le livre de la création, ספר היצירה (Séfer Yétsira) qui est attribué à אברהם אבינו (Avraham notre Patriarche), partage les mois de l’année et les délimite en des énergies corporelles dans des actions que les hommes font en général. Cela commence par la parole, la pensée, le déplacement la vue et l’écoute.
Ce sont les cinq premiers éléments qui sont représentés par les 5 premiers mois de l’année: ניסן- אייר- סיון- תמוז- אב. (Nissan – Iyar – Sivane – Tamouz – Av, le décompte des mois commençant à ârtir du mois du printemps c’est-à-dire Nissan).
Le mois de אב (Av) délimite la puissance de l’écoute qu’il y a dans l’homme. Le mois de תמוז (Tamouz) entre dans une discussion parmi nos sages pour savoir s’il délimite la puissance du déplacement ou de la vue.
Le mois de אב étant la puissance de l’écoute. Le גאון מוולנא (Gaone de Vilna) explique que le mois de אב est le mois de la destruction. Alors qu’il devait être le mois de l’écoute juste et c’est justement dans ce mois que tout a été détruit. Ils [les explorateurs] auraient dû écouter les paroles justes à propos de la terre d’Israël et tout aurait changé. Seulement, ils ont mal écouté et toute la force qui se trouve dans l’écoute a été détruite. Ils ont écouté ce qu’ils n’avaient pas besoin d’écouter.
Le מהר״ל (Maharal) explique dans l’introduction de son livre « נצח ישראל » (Nétsa’h Ysraël) ainsi: » l’exil est une réalité anormale pour trois raisons:1/ exil territorial 2/ asservissement 3/ éparpillement.
1/ toute chose qui existe dans ce monde a sa place prédestinée. L’endroit est lié à la forme de l’homme car il est obligé de se fondre dans un endroit pour exister. L’endroit étant une partie du nom de l’homme. Comme à propos des actes de divorce où il y a obligation d’écrire le nom de l’endroit avec le nom de l’homme.
Toute chose a été créée d’une manière telle que tous ses composants se trouvent ensemble et réunis. Toute chose est créée avec la faculté d’être maîtresse d’elle-même. Elle est créée pour être maîtresse d’elle-même et non pour être dominée par quelque chose d’autre.
L’exil, la גלות(Galoute) englobe ces trois aspects qui débouchent sur une réalité anormale. La גלות est la matérialisation du déracinement et de l’asservissement aux royautés dans lesquelles D-ieu nous a exilés. Nous n’avons aucun lien avec elles mais elles nous rabaissent pour être sous leurs tutelles. Ce n’est pas une situation normale et naturelle. D-ieu ne nous a pas créés ainsi. De plus l’exil se matérialise par un éparpillement. Il y a une réalité complète et parfaite d’unicité mais qui s’est disloquée.
« ישנו עם אחד מפוזר ומפורד בין העמים »
« Il y a un peuple « uni » qui est « éparpillé » et disloqué ». La réalité de cette union se drape d’un voile qui fait que nous ressentons que nous sommes dispersés et seuls. C’est la conséquence de la גלות.
Si nous observions bien les mots de notre prière quotidienne, nous verrions que c’est sur ces trois anomalies qui découlent de l’exil que nous prions.
« תקע בשופר גדול לחרותינו »
« Sonne dans la grande corne pour annoncer notre liberté »: la fin de notre asservissement, la fin de l’esclavage.
« ושא נס לקבץ גלויותינו »
« et élève le drapeau pour réunir nos exils »: la fin de notre dispersement.
« וקבצנו יחד מארבע כנפות הארץ »
« et rassemble nous ensemble des 4 coins de la terre »: le retour à notre terre, à notre endroit.
Nous prions pour retrouver notre véritable réalité qui se matérialise par ces trois dimensions de notre être. Et puisque la bénédiction finale de cette prière est « מקבץ נדחי עמו ישראל » « qui rassemble les repoussés de son peuple d’Israël » nous apprenons d’ici que la racine de ces trois matérialisations de l’exil est le « פיזור » la dispersion. C’est le point principal. Car cette dispersion entraîne la perte de la terre, impossibilité d’un territoire spécifique. De plus elle rend impossible le dévoilement de notre réalité profonde, pour cela nous sommes asservis sous les royautés étrangères car le dispersement est le contraire total de la royauté.
Le roi est celui qui crée l’unification du peuple. L’exil est l’annulation de la royauté.
Voici les paroles du midrash: » ויאמר לאברהם ידוע תדע כי גר יהיה זרעך » « et D-ieu dit à Avraham: »sache que ta descendance sera étrangère »: « ידוע תדע »sache que je vais les éparpiller et sache que je vais les rassembler. Sache que je vais les prendre en gage et sache que je vais les racheter. Sache que je vais les asservir et sache que je vais les délivrer »
Le מהר״ל(Maharal de Prague) explique ainsi la répétition « ידוע תדע » « sache tu sauras ». Sache une connaissance parmi une seconde connaissance. Il est connu que je vais les disperser, saches que je vais les assembler.
Il est connu que je vais les prendre en gage comme un homme qui place un gage dans la maison d’un autre et de là-bas sache que je vais les racheter et les ramener à leur endroit. Il est connu que je vais les asservir à un autre roi et à un autre peuple.
D-ieu a créé l’homme de telle sorte qu’il puisse et doive construire lui-même sa propre réalité et lorsqu’il est asservi à un autre homme, il ne peut accomplir cette tâche qui lui incombe. Pour cela nous espérons la délivrance car cette situation d’exil n’est pas une réalité normale. Une situation qui ne peut être fixe et immuable. Sache que je vais les extraire de cette dimension.
Par cet acte de dispersion, ainsi l’unité du peuple se disloque. המן רשע (Aman le mécréant du livre d’Esther) l’avait bien compris:
» ישנו עם מפוזר ומפורד בין העמים »
« Il y a un peuple « uni » qui est « éparpillé » et disloqué » ; son intention était de détruire cette dimension de « peuple » qu’il y avait chez Israël.
Dans le langage saint, לשון הקדש, le mot qui est employé pour appeler au rassemblement du peuple est « וישמע » « et il a entendu » comme dans le verset:
» וישמע שאול את העם ויפקדם בטלאים »
» et shaoul a entendu le peuple et ils les a comptés avec des agneaux ».
Il les a rassemblés tous ensemble et les a appelés pour les réunir.
Nous apprenons de ce verset que cette force qu’il y a en l’homme qui s’appelle « שמיעה » « l’écoute » est le principe même de cette puissance de réunification de tous les dispersés. Essayons d’expliquer cette révélation.
Lorsque nous recevons sur nous le joug divin « עול מלכות שמים » deux fois par jour par ces mots « שמע ישראל » « Écoute Israël », l’intention n’est pas de réveiller uniquement la fonction auditive de l’oreille mais l’écoute qui est l’action de rassembler et de réunir. L’écoute est le fait de rassembler chaque son que l’oreille perçoit et en faire des phrases. Chaque son prononcé, en lui-même ne veut rien dire mais par la force de l’écoute, nous pouvons arriver à assembler chacun des sons pour en faire une phrase compréhensible. L’écoute se souvient de la parole et rassemble chaque lettre pour en faire un mot puis pour en faire une phrase. Certains ont la possibilité d’écouter une phrase et d’autres beaucoup plus. Pour cela lorsque nous disons « שמע ישראל » notre intention est de dire: « concentre-toi », à partir du moment où il est décrété sur nous l’exil la communauté s’éparpille et se sépare. Le décret de l’exil tombe sur chaque individu et chaque homme d’intelligence vit cette réalité et la comprend de lui-même. Chaque homme en lui-même est une réalité éparpillée, individualisée et c’est l’exil qui a créé cette réalité. Toute forme humaine quelle qu’elle soit, est éparpillée et dispersée, un moment dans un certain état d’esprit et le moment d’après dans un autre état d’esprit. Un moment, il est fort et l’autre moment en état de faiblesse, un moment il se tient debout et le moment d’après il tombe.
L’homme devant se recentrer et créer en lui un état d’humeur égal, c’est cela l’intention du « שמע ישראל ». Rassemble toutes tes humeurs, tes différents états d’esprits (tristesse-joie-colère-humilité-orgueil-miséricorde-clémence-cupidité-don de soi..) qui sont éparpillés au gré des événements et des réactions pulsionnelles et reçoit sur toi une seule ligne de conduite: unification de nos réactions et détachement vis-à-vis de tout ce qui touche nos sens par ce moyen de la שמיעה, énergie divine qui arrive à unifier nos humeurs et nos états d’âme.
Nous commençons par « שמע » « écoute » « rassemble tes émotions » « devient serein » pour arriver à « אחד » « un » l’unité divine.
La puissance de rassembler, lorsqu’un homme se disloque et s’éparpille parmi un nombre de personnes et donc nombre d’avis et de pensées différentes. Voulant ceci puis ceci, se disperse ne prête plus attention à ses pulsions et n’arrive plus à se focaliser sur une même idée directrice une même pensée, l’esprit ne pouvant se concentrer. Il commence à penser à une chose qui l’entraîne sur une autre chose pour sauter sur une troisième idée et une quatrième…c’est notre lot quotidien à chaque moment et à chaque instant de notre vie. Cette force d’écoute étant à double tranchant. Soit courir après chaque information pour se l’accaparer, essayer de rassembler toutes ces informations. Où bien faire abstraction d’elles et ainsi cette force de rassemblement pourra exprimer tout son potentiel en se concentrant sur la nature vraie de chaque son faisant découvrir notre réalité, cette unité d’avec le divin. Si notre conscience reste dans notre esprit bien présent, alors la force de l’écoute va se réveiller pleinement pour découvrir l’unité même de notre réalité et arriver au אחד du « שמע ».
Lorsque nous disons le « שמע » notre intention est: recentre-toi, réintègre tous les agrégats qui composent ta réalité. Le זהר(Zohar) explique que de la même manière que D-ieu est unité, Sa présence ne peut résider que sur quelque chose qui est unité. L’unité ne peut s’unir avec une chose qui n’est pas unité. La multitude n’est pas unité et ne peut supporter l’unité. Et donc il est impossible, si l’on peut s’exprimer ainsi que la présence divine réside dans la multitude (en fait cela veut dire que sa présence ne peut se percevoir dans un esprit qui se disperse). Lorsque nous voulons unifier son nom (c’est-à-dire s’unir à Lui) arriver au « אחד » « un », nous commençons par « שמע ישראל » (Shéma Ysraël). Uniquement par ce travail de « שמע », nous pouvons arriver au יחוד, à la perfection appelée « unité ».
D’un point de vue physique, un sourd n’a plus aucun lien avec le monde extérieur. Le Talmud dit que celui qui rend sourd une personne doit lui payer la valeur de tout son être car il ne peut plus être vendu en tant qu’esclave car il n’a plus de lien avec la réalité physique et ne peut plus se relier avec aucune conduite dictée par une autre personne.
Le זהר(Zohar) explique que les mots « שמע ישראל » sont les initiales des mots « שאו מרום עיניכם » » levez vos yeux vers les hauteurs » « ש-מ-ע » » écoute » ; prend conscience et perçois « qui a créé tout ceci » « מי ברא אלה ». Le mot « אלה » fait allusion à la pluralité à la multiplicité de ce monde, cette dispersion illusoire qui en fait va arriver à l’unité, sous la réalité de « מי ברא אלה ». C’est l’explication du nom divin « אלהים » qui est l’association des deux mots « מי אלה »
Le nom divin « אלהים » est employé au pluriel, c’est-à-dire que ce nom unifie toutes les pluralités de la création. En disant « שמע » notre intention est aussi de réunir toutes la pluralité de ce monde vers l’unité créatrice. Dans le mot « שמע » se trouve la force d’unifier toute chose.
Nous avons mentionné l’écoute physique de base qui a la qualité de rassembler des détails pour en faire une entité unique et complète. C’est ce que fait l’écoute physique la plus matérielle qu’elle soit.
Mais il y a un point beaucoup plus profond qu’il faut développer. Nous trouvons dans toutes les perceptions de l’homme ce que nous avons trouvé dans l’écoute. Il est écrit dans משלי, Michlé à propos de l’écoute: » הט אזניך ושמע דברי חכמים » » tend ton oreille et écoute les paroles sages ». Un homme doit prêter attention afin d’écouter. Nous ne trouvons cette condition dans aucune autre perception telle que la perception visuelle où dans le toucher. Que signifie cette action de « se concentrer » à propos de l’écoute?
Toute concentration est une aptitude intérieure par rapport à quelque chose d’extérieure. Je me tourne vers moi-même vers cette force qui fait que je puisse me recentrer et qui fait que mon attention devienne de plus en plus forte. Unifier ma conscience à une source beaucoup plus élevée. C’est une force qui ne se réveille que par cette perception qui s’appelle l’écoute. L’homme peut réfléchir avec son esprit mais il est impossible que les yeux puissent voir plus que ce qu’ils perçoivent. Les sens sont des ustensiles uniquement, un moyen de percevoir sans aucune conscience propre.
Dans la מסכת מגילה (Talmoud traité Méghilla), il est enseigné que jusqu’au dernier des prophètes qui était עזרא Ezra), la prophétie se faisait par רוח הקדש, par le souffle divin. Mais depuis, la prophétie se matérialise par « הט אזניך ושמע דברי חכמים » « concentre-toi et écoute les paroles sages ».
Lorsque la parole venait du haut, le Créateur s’exprimait directement (si l’on peut dire). Dans la מסכת גיטין(Talmoud, traité Guittine) au sujet de la destruction du temple, il est écrit: » מי כמוכה בא-לים » » qui est comme toi parmi les dieux ». Nos sages expliquent ce verset ainsi: « מי כמוכה באלמים » » qui est comme toi parmi les muets ». C’est-à-dire que le créateur ne nous parle plus dans notre monde. Nous n’entendons plus. La communication est interrompue. Que devons-nous faire? Comment savoir comment agir? Depuis le don de la torah, D-ieu communiquait avec nous directement pendant 1000 ans puis la prophétie est apparue au sein du peuple d’Israël se révélant à un prophète qui s’adressait au peuple pour à la fin devenir « מי כמוכה באלמים ». Que peut-on faire alors? « הט אזניך ושמע דברי חכמים ». A partir de ce moment, il ne faut plus attendre que les vérités viennent vers toi d’elles-mêmes. C’est à toi de prendre » ton oreille » afin de la faire converger vers ces vérités.
Lorsque les prophètes parlaient enveloppés de l’esprit saint, ברוח הקדש, en fait cela voulait dire que D-ieu les envoyait vers nous afin qu’il nous parle. Lorsque ce moyen de communication s’est interrompu et que la parole ne se dirigeait plus vers nous, alors nous avons eu besoin de prendre cette oreille (l’attention) et la faire tendre vers la parole.
C’est l’enseignement du Talmud: » מכאן ואילך הט את אזנך ושמע דברי חכמים » « Tendre l’oreille » veut dire « associer l’oreille à la parole » prendre ces paroles et les associer à tout ce que tu connais. L’écoute doit se prolonger. L’écoute est la faculté de rassembler ce qui s’appelle « la torah orale » « תורה שבעל פה ». Le Talmud défini cela ainsi: » חכם עדיף מנביא » » le sage est meilleur que le prophète ». (C’est-à-dire que des « simples » mots de la torah, avec ce don qu’il y a dans cette faculté qu’est l’écoute, l’homme va « creuser » au plus profond de lui-même pour retrouver tous les secrets cachés de la torah écrite.)
Cette supériorité du sage sur le prophète vient de la parole, d’où vient-elle? Chez le prophète, elle lui arrive à son oreille alors que le sage amène son oreille à la parole. Il entend différemment la parole. Toute écoute est une somme d’associations de lettres et de mots. Le sage la développe afin que cette association se matérialise dans une dimension beaucoup plus élevée. Tout dépend comment tendre l’oreille. Un même son peut s’interpréter différemment selon la personne sa sensibilité et son état d’esprit. Où place-t-il son esprit et ses pensées au moment de la perception auditive. Et même après que la torah orale ait été transcrite, la perception de cette torah ne peut se faire que par la faculté auditive. Approfondissement infinie par cette perception, par cette faculté unificatrice de chaque mot, allant au-delà de sa perception superficielle.
Nous vivons l’instant présent, le « ici » le « maintenant ». L’homme qui tend son oreille, qui prête attention au moment présent, vit sa vie pleinement, c’est-à-dire dans une réalité hautement élevée. Il se trouve sous l’influence du soleil dans une conduite divine extrême. Mais lorsque nous nous « déconnectons » de cette réalité, du moment présent, de l’endroit présent, alors nous nous dispersons, nous dispersons tous nos agrégats. Notre corps dans un endroit, notre esprit dans un autre. Notre corps en ce moment et notre esprit dans le passé ou le futur laissant libre-court à nos pulsions et nos humeurs: tristesse-mélancolie-stress-peur de l’avenir. « שמע » « écoute » « שאו מרום עיניכם » « Levez vos yeux vers les hauteurs » et la suite du verset étant: »ראו מי ברא אלה » » regardez qui a créé tout ceci ». C’est-à-dire prendre ce « אלה » et l’associer au « מי » afin de dévoiler « אלהים » (un des noms de D.ieu).
Nous vivons aujourd’hui. Notre souci est de savoir comment va se passer l’instant d’après et lorsqu’arrive ce moment, nous pensons au moment suivant. Mais si nous « tendons l’oreille » si nous prêtons attention au moment présent, alors nous nous élevons et nous vivons dans une dimension extrême qui réunit chaque instant vécu automatiquement. Notre problème est que nous voulons accaparer ces moments présents et par cela nous courons après le moment d’après tout en nous référant au moment passé mais si nous lâchons prise et vivons le moment présent tel qu’il est sans essayer de le juger, alors ces moments seront de véritables moments de vie qui vont s’associer d’eux-mêmes et créer en nous une réalité qui va nous contrôler et nous emporter dans d’autres niveaux de perceptions.
Nos grandes souffrances ont commencé par la brisure des tables de l’alliance, ici a commencé la destruction le חרבן. Ici ont commencé les 5 événements qui se sont déroulés à l’époque de nos ancêtres et la destruction finale a été l’interdiction d’entrer en terre d’Israël et ont été détruits les deux temples, la royauté s’étant terminée par la destruction de la ville de Bétar, nous laissant complètement démunis.
La מסכת פסחים(Talmoud traité Pessa’him) enseigne: » D-ieu a exilé Israël parmi les nations afin de rassembler les convertis ». Au moment de la brisure des tables, le don de la torah s’est complètement éparpillé et puisque le don de la torah était un événement planétaire qui concernait tout le monde, l’éparpillement des paroles divines s’est matérialisé sur toute la surface de la terre. Ce même feu qui s’est révélé sur le mont Sinaï s’est dispersé dans le monde et n’est plus concentré dans un seul endroit. Et donc le décret de l’exil est un décret afin de rassembler toutes ces étincelles de torah. Le מהר״ל explique que là où Israël est en exil, la torah est aussi en exil. Ces parcelles de torah, le אר״י ז״ל(Ari Zal) les appelle « נצוצות » » étincelles ». Le feu qui s’était dévoilé au mont Sinaï s’est disloqué en d’innombrables particules de feu qui se sont dispersées dans toute la matière. Pour cela chaque juif a un rôle et doit se trouver là où il est afin de rassembler ces étincelles de torah qui se trouvent là où il est en développant sa sensibilité à la torah. Chaque exil a sa manière de dévoiler la forme de la torah, sa façon de l’appréhender et de la comprendre.
Chaque endroit de la terre a en elle une partie de torah c’est-à-dire une manière particulière d’appréhender la torah. « Rassembler les convertis » fait allusion à rassembler toutes ces façons de comprendre la torah, toutes les facettes de la sainte torah, qui ont été mélangées au milieu des nations. Notre travail est de retrouver les particules de torah qui se sont mélangées dans les philosophies des nations.
Comme exemple à cela, le Rambam (Maïmonide) lui-même qui se servait de la sagesse Grecque pour comprendre les paroles de torah car cela est le décret de l’exil. Il essayait d’extraire la torah de cette philosophie.
Lorsque le Talmud dit: » חכמה בגוים תאמין » » la sagesse parmi les nations tu dois croire ». Pourquoi devrons-nous être obligés de croire? Quel rapport avec la croyance? De plus il est écrit: » תורה בגוים אל תאמין » » la torah chez les nations, ne crois pas ». Explication: il y a de la sagesse parmi les nations mais elle n’arrive pas à torah car il n’y a pas de torah en elles. Il y a de la sagesse parmi les nations qui n’est pas torah. Notre travail en exil est de transformer ces sagesses en torah. Quel rapport avec le fait de « croire ». Toute sagesse soit je la comprends soit je ne la comprends pas. Ce n’est pas une question de croyance! En fait la croyance est dans le fait que ces sagesses viennent de la torah. Mais ne croit pas que la torah conduit à leurs sagesses. Elle reste ici.
Tendre l’oreille veut dire « relier tout à la parfaite réalité qui est contenue dans les tables de l’alliance et qui s’est éparpillée par la brisure de celles-ci. » Cela étant l’ordre du « שמע ».
A priori le mois de אב (av) a été fixé lorsque משה רבינו (Moshé) a envoyé les מרגלים (explorateurs) afin qu’ils rapportent la vérité de la réalité, la bonne interprétation des événements, la bonne association des messages perçus et écoutés. Si le peuple avait reçu le jour du 9 av avec joie et confiance les messages que les explorateurs lui transmettaient, le lendemain les enfants d’Israël se seraient introduits en terre sainte et auraient construit le בית המקדש (temple). Ainsi était conçu le plan divin.
Le Talmud fait une similitude entre le 15 אב(15 Av) et le 10 תשרי (10 Tishri) qui est le jour de יום כיפור (Yom Kippour). Ce jour étant le jour de la réception des 2èmes tables d’alliance et le 15 אב(Av) étant logiquement le jour où le temple aurait dû être construit dès leur entrée en terre d’Israël. Nos sages enseignent que le jour du 9 אב(9 Av) deviendra plus tard un jour saint comme פסח, pessah (la Pâques juive). Le 9 אב étant le premier jour du חג, de la fête et le 15 אב étant le 7eme et dernier jour du חג (la fête). Alors le saint temple se dévoilera dans sa perfection.
Dans son essence profonde, le mois de אב(Av) aurait dû être le mois de la révélation, de la compréhension et de la perfection par le moyen de la faculté de l’écoute. Le mois du rassemblement de toutes ces étincelles de torah qui se sont dispersés mais au contraire ce mois est devenu le mois de la dispersion. Et lorsque nous percevrons la torah comme une entité unique qui s’est dispersée au milieu des nations, alors le mois de אב se dévoilera comme étant aussi élevé que le jour de יום כיפור (Yom Kippour). Ce jour saint, nous avons reçu de nouveau la torah mais pas de façon parfaite. Nous espérons que la torah va se parfaire de nouveau et revenir au niveau des premières tables et ceci se fera le mois de אב (Av).
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