Le but des Mitsvot Rabbénou Yérouham
Le but des Mitsvot
Le but des Mitsvot – Cours de Rabbi Yérou’ham Zatsal (Mashguia’h de la Yéshiva de Mir).
Traduit et adapté par le Rav Michael smadja
Sur le verset: « la Torah d’Hachem est parfaite, elle apaise l’âme« , le Midrash explique qu’entre les deux noms (Torah et âme) qui sont évoqués dans ce verset, constitué de deux phrases indépendantes, l’élément principal est l’âme car dans une construction grammaticale, il faut toujours faire dépendre le secondaire au principal et lire ainsi le verset: « d’où voit-on que la Torah est parfaite? Car elle apaise l’âme ».
Et ceci est une grande nouveauté ! Car nous avons toujours eu l’habitude de comprendre que le but et l’objectif est l’étude de la Torah, que le but et l’objectif est l’accomplissement des Mitsvot et que seulement pour arriver à ce but et cet objectif, l’homme a besoin de membres afin de les réaliser dans ce monde de l’action. Et ici, nos sages enseignent que cela ne se décompose pas ainsi !
Le but est d’arriver à la perfection de l’homme et pour cela, il faut passer par l’accomplissement des Mitsvot car celles-ci sont les moyens de perfectionnement des membres d’un homme.
Il est écrit dans kohélet: « il y a une petite ville dont les habitants sont peu nombreux, est venu sur elle un grand roi, il l’a assiégée et a dressé de grands pièges tout autour« .
Dans le traité « Nédarim », nos sages interprètent ce verset ainsi: « la petite ville » est le symbole du corps. « Il y a peu d’habitants » représente les membres du corps qui perçoivent et qui agissent. « Et un roi est venu sur elle » est le symbole du mauvais penchant. « Et il a dressé de grands pièges » ce sont les fautes.
Nous voyons de cette interprétation de cet adage de Kohélet une grande nouveauté dans le service divin. Nous avons l’habitude de penser que les fautes sont l’essence du mal. La définition même du mal. Elles sont le but et l’objectif du mal. La faute serait la finalité du mal. Pour cela le mauvais penchant est là pour faire fauter l’homme. Mais de cet enseignement, nous allons commencer à réfléchir autrement. Car le but ultime du mauvais penchant n’est pas de faire fauter l’homme mais de le posséder, de le dominer, d’investir son espace intérieur. Tous ses membres, ses pulsions ses pensées ses envies et son être le plus profond doivent être assujettis au mauvais penchant, par la matérialisation illusoire d’un ego permanent. Les fautes ne seraient que le moyen d’arriver à ce but ultime. Des pièges tendus par le mal pour posséder l’homme (comme nous voyons qu’à Rosh Hashana, nous sommes jugés sur le moment présent, c’est-à-dire sur le lien, la proximité avec la volonté divine au moment présent et les fautes ne seraient que le moyen pour déconnecter l’homme du moment présent).
Toute la guerre qui se déroule entre le bon et le mauvais penchant n’est pas une lutte entre faire une Mitsva ou ne pas la faire, fauter ou ne pas fauter car les fautes ne sont comparées qu’à des pièges, des filets qui servent à capturer l’homme mais c’est une guerre beaucoup plus pernicieuse beaucoup plus dangereuse où l’enjeu est la domination de notre corps, de notre esprit, de nos sens et de nos pulsions. S’ils vont dans le bien (unité) ou dans le mal (dualité). Incroyable! Car un homme peut être dans les mitsvot et dans la torah et être complètement sous la domination du mal ! Les portes de notre perception si elles sont sous la domination du mal peuvent tout transformer.
Les Mitsvot sont là pour diriger purifier nos membres spirituels et physiques. Chaque Mitsva correspond à un membre afin de le rendre sain.
Un homme ne se fatigue jamais de parler. Car l’action de parler est dans la nature de la bouche et celle-ci parle jour et nuit comme nous le vivons à chaque instant. Un homme est capable de parler sans s’interrompre de cuisine ou de football. Pour cela il a été donné à la bouche une Mitsva qui s’accomplie jour et nuit, l’étude de la Torah comme il est dit: « ce livre de la Torah ne devra pas quitter ta bouche et tu en parleras jour et nuit« . Et du fait que l’esprit pense continuellement sans interruption il lui a été donné une chose qui lui permet d’y penser, une chose qui est sans fin qui est la Torah.
Le Rambam écrit que l’homme est fait pour penser à des pensées pernicieuses car le vol et les mariages interdits, l’âme animale est attirée par eux et les désire fortement. Pour cela afin de se sauver de ces pensées, l’homme doit penser à des paroles de Torah car ces pensées pernicieuses ne se trouvent que dans un cœur vide de sagesse ».
Les gens pensent en général que celui qui veut se sauver des mauvaises pensées doit s’efforcer de les chasser de son esprit. Mais ce n’est pas la meilleure des façons. Au contraire il est connu et vérifié que plus un homme s’efforce d’arrêter ses pensées plus elles vont se renforcer sur lui et cela va entraîner une tristesse du fait de son incapacité à les contenir. Car puisqu’un homme a un organe qui pense sans interruption que ce soit volontairement ou malgré lui et il est impossible qu’il s’arrête de penser, la seule solution est uniquement d’inverser l’énergie de cet organe vers des bonnes pensées et pour se faire, Hachem a donné la Torah afin que l’homme remplisse son esprit de pensées de Torah, de craintes de D-ieu et de sagesse. Et par ce fait, s’annuleront les mauvaises pensées automatiquement. Car il est impossible au cerveau d’arrêter de penser et s’il s’est habitué à avoir des mauvaises pensées, celles-ci vont couler automatiquement dans son cerveau sans interruption jusqu’à l’envahir complètement.
En vérité, le but de l’homme est que tous ses membres fassent la volonté divine naturellement, c’est-à-dire que ses membres soient des membres qui se dirigent dans le bien sans devoir les commander consciemment mais qu’ils agissent déconnectés d’une conscience psychique illusoire et qu’ils fassent ce qui est bien pour eux sans passer par le système cérébrale ou se crée la personnalité.
De même la pensée doit être dans ce même niveau de pureté. Un homme doit penser les paroles de Torah sans intention ni acte volontaire ni conscience.
Ceci était en vérité le niveau spirituel des patriarches comme le décrit le Rambam dans son livre « le guide des égarés« : « les patriarches s’occupaient des affaires de ce monde (faire paître leurs troupeaux) et leurs pensées étaient dirigées uniquement vers Hachem« . L’inverse de notre génération où nos actions sont tournées vers Hachem et notre cœur et nos pensées s’évadent et sont dirigées vers le profane. Pour eux cela était le contraire, leur esprit était déconnecté de leurs pulsions organiques, libéré de ce carcan appelé personnalité qui est créé par notre système cérébral.
Un homme est capable de se déconnecter complètement de la vérité et malgré cela, penser s’occuper de paroles de Torah. Mais en fait tout est faux.
Nos sages enseignent qu’un homme doit toujours courir pour aller écouter des paroles de Torah même le shabbat car le salaire de l’étude est son empressement à aller étudier. Rashi explique: « le salaire principal que reçoit un homme qui court pour écouter un sage correspond au salaire de son empressement« . Ceci est quelque chose d’extraordinaire car le principal du salaire est l’étude de la torah qui vaut toutes les mitsvot et non l’empressement que l’on développe pour l’accomplir car ceci n’est qu’une préparation à la mitsva, un embellissement de la mitsva, a priori ?
Mais selon nos paroles, cela est très compréhensible car le principal n’est pas la Torah mais les membres qui expriment cette Torah. Car elle est là pour transformer les membres du corps, pour qu’ils inversent leurs tendances du mal vers le bien. Le principal de l’écoute d’un cours n’est pas les paroles de Torah pour elles-mêmes mais pour ce qu’elles produisent en nous. C’est-à-dire une légèreté des jambes un empressement une volonté à découvrir à rechercher. Et ceci passe par une purification de l’esprit. Les paroles de Torah sont une sorte de lubrifiant du cerveau afin que l’esprit qui habite le cerveau, envoie ses informations directement aux membres et ne passe plus par le système cérébral où se forme la pensée et donc la conscience.
Il est écrit dans le livre du Rosh: « tu ne dois pas sortir de ta bouche ni des paroles dures ni des paroles sales« . Le Sabba de Kelm remarque que le Rosh met sur le même pied d’égalité la parole dure et la parole sale. Voici qu’il est dit sur les paroles sales: « sur celui qui est décrété une longévité de soixante-dix ans de bien, le décret s’inversera en mal » et ici il est mis au même niveau les paroles dures qui a priori sont beaucoup moins graves puisque l’on ne trouve aucune interdiction explicite sur ces paroles dans le Shoulh’an aroukh ! Mais d’après ce que nous avons établi, cela est compréhensible car le principal est que l’âme de l’homme soit saine, et les paroles dures et mauvaises transforment et abîment les membres.
Et ainsi l’enseignement de nos sages: « le salaire de l’étude est la logique« , grâce à l’étude de la Torah l’homme va acquérir une droiture dans le raisonnement et ses pensées seront plus claires avec moins de questions. (Comme nous l’avons déjà étudié auparavant: les questions qu’un homme se pose, sont la conséquence d’un mauvais raisonnement) le principe actif d’une Mitsva n’est pas la Mitsva elle-même mais le fait de rendre droite la personne qui va l’accomplir. Et cela est un cadeau d’une valeur inestimable qui nous est octroyé du ciel. La règle est que le but n’est pas l’action de la Mitsva mais la perfection de l’homme c’est-à-dire que les 248 membres doivent tous être parfaits et bons afin que l’homme soit sans défaut dans tout son corps et son âme.
Le travail de l’homme dans ce monde est d’arranger et d’amener à la perfection les membres de son corps car c’est le corps qui va aller au paradis. C’est ce qui est appelé: « témimout » l’intégrité. Et par cela, il sera directement en relation avec la proximité divine, c’est pour cela qu’Hachem a rajouté un « H » au nom de Avraham: de Avram il est appelé Avraham (valeur numérique 248) pour dire que ses 248 membres sont devenus parfaits.
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